Note de la fic :
Sander Cohen, l'histoire d'un artiste dément
Par : Hold-em
Genre : Réaliste
Statut : Terminée
Chapitre 4 : Sander Cohen, au Pays des Merveilles
Publié le 24/09/2011 à 13:32:25 par Hold-em
Rapture, décembre 1959.
L'artiste n'était plus. Ne restait de Sander Cohen qu'un homme psychotique et addicte à l'absinthe. Il avait accompli le but de sa vie et allait sûrement passer le reste de son existence à se complaire dans ses oeuvres. Encore et encore, il faisait jouer Finnegan et Fitzpatrick son oeuvre, le Requiem à Ryan. Il l'écoutait en permanence, et l'avait même fait enregistré sur un disque qu'il écoutait quand ses deux assistants ne jouaient pas, assez rarement, en fait.
Brusquement, Finnegan s'arrêta, posa le violon à terre et s'en alla. Il ne laissa aucune explication sinon «Je me tire d'ici, c'est pas en jouant pour un espèce de taré que je vais gagner ma vie!». Fou de rage, Cohen le laissa partir, réfléchissant au sort de cet incrédule. Cohen avait emporter avec lui à Rapture ses anciens tableaux, et même si la peinture n'était plus dans ses intérêts, ils les conservaient quand même dans sa galerie, qui faisait la jonction entre l'Atrium et la Place Poséidon. Il verrouilla les deux portes de sécurité, et condamna le sort de son assistant en simplement en appuyant sur un bouton. Des gens étaient encore dedans, et alors? Qu'est-ce que ça pouvait faire? De toute façon, ces personnes seraient mortes un jour ou l'autre, alors cette galerie d'art allait être pour Finnegan ainsi que les quelques personnes présentes leur tombeau. McDonagh, toujours trop prévenant, avait dit à tout les responsables de locaux de Rapture qu'ils fallait «impérativement chauffer les canalisations, sinon elle vont geler et éclater». Et puis ce qui devait arriver... arriva.
Il ne savait alors pas du tout de ce qu'il adviendrait de Finnegan. Il n'avait ni l'envie ni les moyens de le savoir, en fait.
Cobb était à la boutique de disque et Rodriguez quelque part, sûrement en train de boire. Tout les gêneurs étaient parti... Fitzpatrick pouvait alors cultiver son talent. Mais lui aussi commençait à être fatigué, et avait demandé une pause. Pas question! Sander le força à rester assis, à jouer sa partition, jusqu'à ce qu'il la joue parfaitement, que chaque note sur le papier correspondent à celles jouées.
Pendant ce temps, Cohen allait chercher sa livraison de sacs de plâtre, fraîchement arrivée par les pneumatiques. Il avait fait des tableaux, de la musique, alors, après avoir atteint ses objectifs dans ces deux arts, il se décida à se lancer dans la sculpture, comme une suite logique.
Il s'essayait sur un mannequin de la boutique de Sophia, le recouvrir, lui ajouter des membres, faire un visage, des expressions... En quelques heures seulement, il avait réussit à faire une sculpture, le représentant lui. Dans une position étrange certes, mais c'était ressemblant.
Il retourna au Hall de la Marine en laissant son autoportrait dans le magasin. Fitzpatrick n'était plus au théâtre. Cohen était littéralement fou de rage. Il avait cultivé son talent, avait fait de lui un artiste, lui avait appris tout ce qu'il savait, et c'est comme ça qu'il le remerciait?! Cet ingrat, il allait le retrouver, et faire que jamais plus il ne quitte son piano sans permission!
Quelque jours plus tard, Cohen se félicitait encore de son idée: le moyen qu'il avait trouvé pour que Fitzpatrick reste en place était une vrai révélation. Il emprisonnait désormait des gens dans le plâtre, mais quel art! Cohen offrais leur vie à l'art, n'en est-ce pas justement la quintessence? Cohen transformait des gens en art, leur permettait d'accéder au rang suprême de la création... C'est d'ailleurs une certaine ironie de transformer des gens en être fait de chair et de sang en art pur sans qu'ils l'aient voulu alors que lui-même a poursuivi ce but toute sa vie sans jamais y arriver.
Rapture, janvier 1960.
Cohen ne raisonnait plus. L'absinthe, mélangé à l'Adam, pouvait faire de lui un monstre, un être évolué, et peut-être finalement atteindre une sorte de rang divin! Il avait pris un plasmide Houdini, l'un des tout derniers de Rapture, tant il avait été populaire. Ca ne lui était pas vraiment indispensable, mais tant qu'à prendre de l'Adam, autant prendre quelque chose qui soit utile.
En plein extase, il pris une seringue, la remplit d'Adam avec le flacon qu'il avait acheté un peu plus tôt, mis en marche son phonographe, et, du même temps, s'injecta tout l'Adam de la seringue et but tout l'absinthe de sa bouteille d'une gorgée.
(à remettre au début jusqu'à la fin)
Il était un chat, qui gambadait quelque part dans une prairie du conté de Chester. Comme à chaque heure du jour et de la nuit, une joyeuse bande d'amis prenait le thé près d'un rosier. Les pauvres, le chapelier était parti se jeter dans le ruisseau depuis longtemps, en leur laissant sa montre détraquée pour seul héritage. Du thé, des miettes de pain et du beurre, il n'en faut pas beaucoup pour casser une montre. Alors pour ses anciens amis, prendre du thé était une obligation, puisque l'heure l'indiquait.
Toujours est-il que le Chat vint s'asseoir au bout de la nappe. Quand plusieurs convives ont commencé à le regarder étrangement, il mit son masque de lapin, et tout allait alors pour le mieux. Oh, c'est vrai, le cadavre du Lapin blanc traînait toujours, là, à sa gauche, et pourrissait de jour en jour. Il avait demandé à la Reine Rouge de le faire décapiter, et elle, évidemment, l'a fait. Il n'avait qu'à pas défier le Chat, voilà tout. Tous à ce pique-nique savait que c'était de sa faute, mais il a fallu que le Chat porte un masque de Lapin, et alors plus personne ne se rendit compte que le vrai Lapin était parti.
La Reine Rouge... Ah, une vraie femme de caractère! Saviez-vous qu'elle avait été jusqu'à tuer son Valet? Son Valet, apparemment, avait mal fait la plomberie, et elle l'a embroché sur un pilier de son hall. Et maintenant, elle se confrontait à la Reine Blanche, qui avait certes tout le peuple de son côté, mais aucun pouvoir. La Reine Rouge, si peu était ses partisans encore vivants, restait la Reine.
Le Chat regarda autour de lui, et fit liste dans sa tête de ses compagnons de thé: il y avait Tweedledee à sa droite, qui comme à son habitude, fumait le cigare en se disputant avec son frère, Tweedledum, qui lui portait comme à son habitude un chapeau melon, et il se prenait pour un lord... Pitoyable, pensait le Chat. C'est alors que Tweedledee brûla «accidentellement» son frère avec son cigare, et chacun en riait... Vraiment, c'était un pique-nique fort plaisant.
Ensuite venait la chenille bleue, qui comme toujours, ne descendait pas de sa pierre, et fumait, se recouvrant entièrement de fumée... Il fallait vraiment savoir qu'elle était là, celle-là. A la droite de la chenille, il y avait un jeu de l'oie, dont la partie n'était même pas finie, et en face, une bouteille à moitié renversée. C'est vraiment dommage de gâcher ça. Une pipe traînait au sol, dieu sait pour qui. La théière, elle, abritait le Loir, qui ne faisait que dormir. Au milieu, des cartes à jouer. C'est une honte de laisser des cartes de la Reine Rouge au milieu de cette bande d'abruti. Un As et un Dix. Le Lièvre, pour finir, se cachait derrière un phonographe. Il était sans doute persuadé que le Chat ne l'avait pas vu.
Dans l'arbre derrière, le Chat remarqua une souris. La souris!! Le Chat n'aura finalement pas perdu son temps en venant ici. D'un saut fantomatique, le Chat disparu dans les airs, et réapparu sur la branche. Il se léchait les lèvres rien qu'à voir cette petite souris vulnérable, et souri alors de toutes ses dents.
Tout à coup, sortant de nul part, un papillon de nuit fit son apparition sur la nappe à carreaux. Oh, rien de bien intéressant, pensa le Chat. Jusqu'à ce que sans la moindre hésitation, il arrive jusqu'à lui et pousse la Souris du haut de l'arbre. Le Chat, aussi étonné qu'admiratif, descendit de son arbre, et pris soin de séparer le bon du mauvais dans le corps de la Souris déjà un peu raide, quelque peu... explosé sur le sol. Le Papillon n'attendait même pas, prit la tête de la Souris et sur les conseil du Chat, la planta sur le rosier. Ce dernier était réellement subjugué par ce Papillon, il avait quelque chose d'extraordinaire. Il allait faire de ce thé un carnage sans nom.
Le Chat, qui n'en finissait pas de remercier le Papillon, lui dit de prendre une épine du rosier et d'aller, tout autour de cette nappe, semer la mort. Mais pour que le désir morbide du Chat soit satisfait, il devait tout ramener sur le rosier, et ainsi... créer la plus belle oeuvre que son monde ait connu. Le Papillon en arracha une épine. Une épine particulièrement pointue et aiguisée.
Il voleta, les ailes gracieuses, jusqu'au nuage de fumée de la Chenille, et sous les yeux médusés des invités, entra dans la brume, sans un bruit. Puis, dans le silence de mort qui régnait sur la nappe, on entendit un déchirement. Quelque chose se déchirait dans ce brouillard, et quelques souffles rauques se faisaient entendre. Le Papillon en sortit quelque minutes plus tard, avec une chose informe, immonde!
Il avait, en fait, littéralement ouvert le ventre de la Chenille, et arraché le futur morpho bleu, tout juste un foeœtus dégoulinant de sang et de lymphe. Il était mou, ensanglanté et tout simplement répugnant. Quand le Papillon l'empala sur une autre épine du rosier, le Chat eu même l'impression de voir cette ignoble chose bouger.
Sans faillir à la tâche, le papillon repartit de plus belle. Les animaux présents à la table n'en revenait pas, et s'efforçait se boire leur thé aussi tranquillement que la situation leur permettait, en priant d'être épargné. Il entra dans la bouteille de vin, en fit rapidement le tour, et en sortit. Un peu plus de répit pour le Lièvre et le Loir. Un peu plus de temps à vivre, se dirent-ils. Le regard noir et menaçant du Chat les empêchait de partir. Il leva une griffe, puis deux, puis trois, et ouvrit grand les yeux en leur direction. Son sourire ne finissait pas de s'étirer en regardant les futurs victime apeurées.
Le Papillon prit la direction de la théière. Cette théière... La Reine elle-même conservait les lettres du roi dedans, autrefois. Un amour à distance, caché. Mais un jour, elle l'a découvert avec la Reine Blanche! Elle a brûlé ses lettres une par une et fait décapité le Roi. Maintenant, le Loir y dormait, sans grande conscience de son sort.
La Chenille, inexplicablement, tomba au pied de sa pierre. Elle était ouverte du bout de sa queue jusqu'au menton. Il coulait hors d'elle une sorte de liquide verdâtre et purulent, au moins aussi répugnant que son évolution définitive, coincée là, juste à côté du Chat, encore tiède.
Le Papillon entra dans le théière, et ressortit presque aussitôt par le versoir, tenant une patte du Loir. Évidemment, qu'il ne passerait pas tout entier, soupira nonchalamment le Chat, mais ça ne semblait pas être un problème pour le Papillon. Il tira, tira, sans même regarder ce qu'il faisait. Il tira soudainement un grand coup, et c'est tout sa patte qui s'arracha. Du sang coulait, beaucoup, tout le long du versoir, de la théière et commençait à tâcher un coin de la nappe avec du sang. Son reste de patte gigotais, comme un poisson sorti de l'eau, coincé dans le bout du versoir, ne pouvant pas se dégager. Son pelage était devenu rouge sombre, sa chair était en lambeaux, et pourtant, le Loir bougeait encore. Le Chat, pour s'assurer de la mort du Loir, se rendit presque aussitôt à côté de la théière et posa sa patte dessus, ignorant totalement les coups qui secouait la théière. La théière bougeait de moins en moins, le Loir faiblissait tandis que le Chat regardait le plus sereinement du monde le Lièvre, droit dans les yeux.
La patte du Loir, elle, finit plantée sur une épine. L'épine était plantée sur le coude, sur la bouillie de sang étant au bout, faisant de l'infortuné membre une prolongation du rosier.
Le Chat, ivre de joie, fit tourner sur le phonographe un disque de musique classique, en se rappelant d'un bal.
Un bal au château de la Reine Rouge, tous dansait, et dansait... Les femmes tournait autour des messieurs, dans de longues et belles robes, dans cette salle au plafond étonnement haut. Alice y était allée danser. Mais quelle déception, personne n'était venue lui proposer une danse...
La Reine Blanche avait choisie ce soir-là pour faire irruption à la fête, et a tout gâcher. La panique emplie la salle, tous essayèrent de courir vers la sortie. Tout était fini seulement quelques minutes plus tard. Alice, elle, en avait profité pour partir. Elle était blessée au visage, à ce qu'on disait.
C'est donc avec grande surprise que le Chat appris qu'Alice avait rejoint la cour de la Reine Blanche, celle qui l'avait indirectement défigurée. C'est triste...
Le Chat passa délicatement une griffe sur le cou du Lièvre. Il pleurait et gémissait, au plus grand plaisir du Chat qui ne put se retenir de rire.
Vint alors son tour. Le Papillon arriva, se posa sur l'instrument à musique. Devant lui se tenait les longues oreilles du Lièvre, dressées, à l'écoute. Il plaqua les oreilles sur le rebord du phonographe, et d'un coup, d'un seul, trancha ses oreilles. Naturellement, le Lièvre se mit à hurler de douleur, mais ne saignait pas tant que les deux compères l'avaient espéré... Tandis que le Chat en finissait avec le Lièvre, le Papillon punaisa les oreilles du Lièvre, pendante lamentablement sur le rosier.
L'animal, privé d'oreilles, colla ses jambes contre son corps, saisit ses genoux avec ses pattes et se balançait peu à peu, gémissant quelque chose, traumatisé de ce qui lui était arrivé à lui et aux autres. Le Chat, de son côté, retourna s'asseoir. Il contempla son oeuyvre, laissa partir le Papillon, eu un bref coup d'oeil vers ses anciens amis et enfin, pris une gorgée de thé.
L'artiste n'était plus. Ne restait de Sander Cohen qu'un homme psychotique et addicte à l'absinthe. Il avait accompli le but de sa vie et allait sûrement passer le reste de son existence à se complaire dans ses oeuvres. Encore et encore, il faisait jouer Finnegan et Fitzpatrick son oeuvre, le Requiem à Ryan. Il l'écoutait en permanence, et l'avait même fait enregistré sur un disque qu'il écoutait quand ses deux assistants ne jouaient pas, assez rarement, en fait.
Brusquement, Finnegan s'arrêta, posa le violon à terre et s'en alla. Il ne laissa aucune explication sinon «Je me tire d'ici, c'est pas en jouant pour un espèce de taré que je vais gagner ma vie!». Fou de rage, Cohen le laissa partir, réfléchissant au sort de cet incrédule. Cohen avait emporter avec lui à Rapture ses anciens tableaux, et même si la peinture n'était plus dans ses intérêts, ils les conservaient quand même dans sa galerie, qui faisait la jonction entre l'Atrium et la Place Poséidon. Il verrouilla les deux portes de sécurité, et condamna le sort de son assistant en simplement en appuyant sur un bouton. Des gens étaient encore dedans, et alors? Qu'est-ce que ça pouvait faire? De toute façon, ces personnes seraient mortes un jour ou l'autre, alors cette galerie d'art allait être pour Finnegan ainsi que les quelques personnes présentes leur tombeau. McDonagh, toujours trop prévenant, avait dit à tout les responsables de locaux de Rapture qu'ils fallait «impérativement chauffer les canalisations, sinon elle vont geler et éclater». Et puis ce qui devait arriver... arriva.
Il ne savait alors pas du tout de ce qu'il adviendrait de Finnegan. Il n'avait ni l'envie ni les moyens de le savoir, en fait.
Cobb était à la boutique de disque et Rodriguez quelque part, sûrement en train de boire. Tout les gêneurs étaient parti... Fitzpatrick pouvait alors cultiver son talent. Mais lui aussi commençait à être fatigué, et avait demandé une pause. Pas question! Sander le força à rester assis, à jouer sa partition, jusqu'à ce qu'il la joue parfaitement, que chaque note sur le papier correspondent à celles jouées.
Pendant ce temps, Cohen allait chercher sa livraison de sacs de plâtre, fraîchement arrivée par les pneumatiques. Il avait fait des tableaux, de la musique, alors, après avoir atteint ses objectifs dans ces deux arts, il se décida à se lancer dans la sculpture, comme une suite logique.
Il s'essayait sur un mannequin de la boutique de Sophia, le recouvrir, lui ajouter des membres, faire un visage, des expressions... En quelques heures seulement, il avait réussit à faire une sculpture, le représentant lui. Dans une position étrange certes, mais c'était ressemblant.
Il retourna au Hall de la Marine en laissant son autoportrait dans le magasin. Fitzpatrick n'était plus au théâtre. Cohen était littéralement fou de rage. Il avait cultivé son talent, avait fait de lui un artiste, lui avait appris tout ce qu'il savait, et c'est comme ça qu'il le remerciait?! Cet ingrat, il allait le retrouver, et faire que jamais plus il ne quitte son piano sans permission!
Quelque jours plus tard, Cohen se félicitait encore de son idée: le moyen qu'il avait trouvé pour que Fitzpatrick reste en place était une vrai révélation. Il emprisonnait désormait des gens dans le plâtre, mais quel art! Cohen offrais leur vie à l'art, n'en est-ce pas justement la quintessence? Cohen transformait des gens en art, leur permettait d'accéder au rang suprême de la création... C'est d'ailleurs une certaine ironie de transformer des gens en être fait de chair et de sang en art pur sans qu'ils l'aient voulu alors que lui-même a poursuivi ce but toute sa vie sans jamais y arriver.
Rapture, janvier 1960.
Cohen ne raisonnait plus. L'absinthe, mélangé à l'Adam, pouvait faire de lui un monstre, un être évolué, et peut-être finalement atteindre une sorte de rang divin! Il avait pris un plasmide Houdini, l'un des tout derniers de Rapture, tant il avait été populaire. Ca ne lui était pas vraiment indispensable, mais tant qu'à prendre de l'Adam, autant prendre quelque chose qui soit utile.
En plein extase, il pris une seringue, la remplit d'Adam avec le flacon qu'il avait acheté un peu plus tôt, mis en marche son phonographe, et, du même temps, s'injecta tout l'Adam de la seringue et but tout l'absinthe de sa bouteille d'une gorgée.
(à remettre au début jusqu'à la fin)
Il était un chat, qui gambadait quelque part dans une prairie du conté de Chester. Comme à chaque heure du jour et de la nuit, une joyeuse bande d'amis prenait le thé près d'un rosier. Les pauvres, le chapelier était parti se jeter dans le ruisseau depuis longtemps, en leur laissant sa montre détraquée pour seul héritage. Du thé, des miettes de pain et du beurre, il n'en faut pas beaucoup pour casser une montre. Alors pour ses anciens amis, prendre du thé était une obligation, puisque l'heure l'indiquait.
Toujours est-il que le Chat vint s'asseoir au bout de la nappe. Quand plusieurs convives ont commencé à le regarder étrangement, il mit son masque de lapin, et tout allait alors pour le mieux. Oh, c'est vrai, le cadavre du Lapin blanc traînait toujours, là, à sa gauche, et pourrissait de jour en jour. Il avait demandé à la Reine Rouge de le faire décapiter, et elle, évidemment, l'a fait. Il n'avait qu'à pas défier le Chat, voilà tout. Tous à ce pique-nique savait que c'était de sa faute, mais il a fallu que le Chat porte un masque de Lapin, et alors plus personne ne se rendit compte que le vrai Lapin était parti.
La Reine Rouge... Ah, une vraie femme de caractère! Saviez-vous qu'elle avait été jusqu'à tuer son Valet? Son Valet, apparemment, avait mal fait la plomberie, et elle l'a embroché sur un pilier de son hall. Et maintenant, elle se confrontait à la Reine Blanche, qui avait certes tout le peuple de son côté, mais aucun pouvoir. La Reine Rouge, si peu était ses partisans encore vivants, restait la Reine.
Le Chat regarda autour de lui, et fit liste dans sa tête de ses compagnons de thé: il y avait Tweedledee à sa droite, qui comme à son habitude, fumait le cigare en se disputant avec son frère, Tweedledum, qui lui portait comme à son habitude un chapeau melon, et il se prenait pour un lord... Pitoyable, pensait le Chat. C'est alors que Tweedledee brûla «accidentellement» son frère avec son cigare, et chacun en riait... Vraiment, c'était un pique-nique fort plaisant.
Ensuite venait la chenille bleue, qui comme toujours, ne descendait pas de sa pierre, et fumait, se recouvrant entièrement de fumée... Il fallait vraiment savoir qu'elle était là, celle-là. A la droite de la chenille, il y avait un jeu de l'oie, dont la partie n'était même pas finie, et en face, une bouteille à moitié renversée. C'est vraiment dommage de gâcher ça. Une pipe traînait au sol, dieu sait pour qui. La théière, elle, abritait le Loir, qui ne faisait que dormir. Au milieu, des cartes à jouer. C'est une honte de laisser des cartes de la Reine Rouge au milieu de cette bande d'abruti. Un As et un Dix. Le Lièvre, pour finir, se cachait derrière un phonographe. Il était sans doute persuadé que le Chat ne l'avait pas vu.
Dans l'arbre derrière, le Chat remarqua une souris. La souris!! Le Chat n'aura finalement pas perdu son temps en venant ici. D'un saut fantomatique, le Chat disparu dans les airs, et réapparu sur la branche. Il se léchait les lèvres rien qu'à voir cette petite souris vulnérable, et souri alors de toutes ses dents.
Tout à coup, sortant de nul part, un papillon de nuit fit son apparition sur la nappe à carreaux. Oh, rien de bien intéressant, pensa le Chat. Jusqu'à ce que sans la moindre hésitation, il arrive jusqu'à lui et pousse la Souris du haut de l'arbre. Le Chat, aussi étonné qu'admiratif, descendit de son arbre, et pris soin de séparer le bon du mauvais dans le corps de la Souris déjà un peu raide, quelque peu... explosé sur le sol. Le Papillon n'attendait même pas, prit la tête de la Souris et sur les conseil du Chat, la planta sur le rosier. Ce dernier était réellement subjugué par ce Papillon, il avait quelque chose d'extraordinaire. Il allait faire de ce thé un carnage sans nom.
Le Chat, qui n'en finissait pas de remercier le Papillon, lui dit de prendre une épine du rosier et d'aller, tout autour de cette nappe, semer la mort. Mais pour que le désir morbide du Chat soit satisfait, il devait tout ramener sur le rosier, et ainsi... créer la plus belle oeuvre que son monde ait connu. Le Papillon en arracha une épine. Une épine particulièrement pointue et aiguisée.
Il voleta, les ailes gracieuses, jusqu'au nuage de fumée de la Chenille, et sous les yeux médusés des invités, entra dans la brume, sans un bruit. Puis, dans le silence de mort qui régnait sur la nappe, on entendit un déchirement. Quelque chose se déchirait dans ce brouillard, et quelques souffles rauques se faisaient entendre. Le Papillon en sortit quelque minutes plus tard, avec une chose informe, immonde!
Il avait, en fait, littéralement ouvert le ventre de la Chenille, et arraché le futur morpho bleu, tout juste un foeœtus dégoulinant de sang et de lymphe. Il était mou, ensanglanté et tout simplement répugnant. Quand le Papillon l'empala sur une autre épine du rosier, le Chat eu même l'impression de voir cette ignoble chose bouger.
Sans faillir à la tâche, le papillon repartit de plus belle. Les animaux présents à la table n'en revenait pas, et s'efforçait se boire leur thé aussi tranquillement que la situation leur permettait, en priant d'être épargné. Il entra dans la bouteille de vin, en fit rapidement le tour, et en sortit. Un peu plus de répit pour le Lièvre et le Loir. Un peu plus de temps à vivre, se dirent-ils. Le regard noir et menaçant du Chat les empêchait de partir. Il leva une griffe, puis deux, puis trois, et ouvrit grand les yeux en leur direction. Son sourire ne finissait pas de s'étirer en regardant les futurs victime apeurées.
Le Papillon prit la direction de la théière. Cette théière... La Reine elle-même conservait les lettres du roi dedans, autrefois. Un amour à distance, caché. Mais un jour, elle l'a découvert avec la Reine Blanche! Elle a brûlé ses lettres une par une et fait décapité le Roi. Maintenant, le Loir y dormait, sans grande conscience de son sort.
La Chenille, inexplicablement, tomba au pied de sa pierre. Elle était ouverte du bout de sa queue jusqu'au menton. Il coulait hors d'elle une sorte de liquide verdâtre et purulent, au moins aussi répugnant que son évolution définitive, coincée là, juste à côté du Chat, encore tiède.
Le Papillon entra dans le théière, et ressortit presque aussitôt par le versoir, tenant une patte du Loir. Évidemment, qu'il ne passerait pas tout entier, soupira nonchalamment le Chat, mais ça ne semblait pas être un problème pour le Papillon. Il tira, tira, sans même regarder ce qu'il faisait. Il tira soudainement un grand coup, et c'est tout sa patte qui s'arracha. Du sang coulait, beaucoup, tout le long du versoir, de la théière et commençait à tâcher un coin de la nappe avec du sang. Son reste de patte gigotais, comme un poisson sorti de l'eau, coincé dans le bout du versoir, ne pouvant pas se dégager. Son pelage était devenu rouge sombre, sa chair était en lambeaux, et pourtant, le Loir bougeait encore. Le Chat, pour s'assurer de la mort du Loir, se rendit presque aussitôt à côté de la théière et posa sa patte dessus, ignorant totalement les coups qui secouait la théière. La théière bougeait de moins en moins, le Loir faiblissait tandis que le Chat regardait le plus sereinement du monde le Lièvre, droit dans les yeux.
La patte du Loir, elle, finit plantée sur une épine. L'épine était plantée sur le coude, sur la bouillie de sang étant au bout, faisant de l'infortuné membre une prolongation du rosier.
Le Chat, ivre de joie, fit tourner sur le phonographe un disque de musique classique, en se rappelant d'un bal.
Un bal au château de la Reine Rouge, tous dansait, et dansait... Les femmes tournait autour des messieurs, dans de longues et belles robes, dans cette salle au plafond étonnement haut. Alice y était allée danser. Mais quelle déception, personne n'était venue lui proposer une danse...
La Reine Blanche avait choisie ce soir-là pour faire irruption à la fête, et a tout gâcher. La panique emplie la salle, tous essayèrent de courir vers la sortie. Tout était fini seulement quelques minutes plus tard. Alice, elle, en avait profité pour partir. Elle était blessée au visage, à ce qu'on disait.
C'est donc avec grande surprise que le Chat appris qu'Alice avait rejoint la cour de la Reine Blanche, celle qui l'avait indirectement défigurée. C'est triste...
Le Chat passa délicatement une griffe sur le cou du Lièvre. Il pleurait et gémissait, au plus grand plaisir du Chat qui ne put se retenir de rire.
Vint alors son tour. Le Papillon arriva, se posa sur l'instrument à musique. Devant lui se tenait les longues oreilles du Lièvre, dressées, à l'écoute. Il plaqua les oreilles sur le rebord du phonographe, et d'un coup, d'un seul, trancha ses oreilles. Naturellement, le Lièvre se mit à hurler de douleur, mais ne saignait pas tant que les deux compères l'avaient espéré... Tandis que le Chat en finissait avec le Lièvre, le Papillon punaisa les oreilles du Lièvre, pendante lamentablement sur le rosier.
L'animal, privé d'oreilles, colla ses jambes contre son corps, saisit ses genoux avec ses pattes et se balançait peu à peu, gémissant quelque chose, traumatisé de ce qui lui était arrivé à lui et aux autres. Le Chat, de son côté, retourna s'asseoir. Il contempla son oeuyvre, laissa partir le Papillon, eu un bref coup d'oeil vers ses anciens amis et enfin, pris une gorgée de thé.