- Ça n'est surement pas grand chose. Tu sais, elle pleure souvent en ce moment ...
Je regarde la fille. Elle a ramené ses genoux contre elle, et sa tête contre sa poitrine. On ne voit pas les larmes, mais quelques soubresauts parfois. Son pied gauche tombe aussi, elle le ramène sans cesse.
Elle n'est pas belle. Jolie, mais sans plus.
- Tu en veux combien ? Lui demandais-je en sortant une liasse de billets de ma sacoche en bandoulière.
- Elle n'est pas inaccessible, tu sais. Ta question, c'est stupide ...
Je le fixe. Son sourire se veut neutre, avec une sympathie de façade. C'est un requin. Un vendeur de putain. Un gars de l'Est.
- Tu veux tout , c'est ça ?
- Attends, je ...
Il ne dit rien de plus. Je prends sa main, boursoufflé à cause des drogues. Les billets sont poisseux. Il referme quand même ses doigts dessus, en souriant.
- Bon, eh bah ... elle est à toi dans ce cas.
Je regarde la fille. Non, elle n'est pas belle. J'ai peut-être fait une connerie.
- Ouais, on dirait bien.
Le vendeur de putain claque sa langue contre son palais. La fille détourne son regard du sol, pour venir s'échouer sur lui. Il lui parle en russe, je ne comprends pas. Elle fini par se lever, marchant doucement vers nous.
- Tu seras gentille avec monsieur.
- Oui, glisse-t-elle, terrorisée.
Je n'ose plus la regarder. Pourtant, maintenant, c'est à moi cette fille.