Note de la fic :
Publié le 26/06/2011 à 20:49:04 par Twixy385
Chapitre quatre : Le Sauveur
La vision qui s'offrit à moi était invraisemblable. Certes, un gaz se propage rapidement, surtout avec les changements de vents impossibles à prévoir, mais les dégâts qu'il provoqua était inimaginable.
La panique humaine a toujours été la pire des catastrophes. La nuit tombait sur la rue et déjà les feux de maisons et les voitures enflammées illuminaient le ciel. Plusieurs personnes pleuraient assises sur un trotoire, tentant d'arrêter les quelques voyageurs sur la route. Des zombies dévoraient un corps, à l'opposé de ma position, et un homme agonisait d'une morsure dans le dos. Sa femme était déjà « morte », à ses côtés.
Je n'osais pas approcher, les morts-vivants m'effrayaient. Je ne voulais pas être confronté à ces monstres. Batte à la main, je traversais fébrilement le jardin.
Les dégâts n'étaient pas considérables, pas au point que le monde soit complètement détruit, mais la zone était salement amochée. Je ne pensais pas que cela pouvait autant dégénérer en quelques heures.
Je ressentais une peur indescriptible. Elle me paralysait tous les cinq mètres. En voyant ces morts, je repensais aux personnes dans la tente, quelques heures plus tôt. Mais d'un côté, j'étais confiant, sûr de moi. J'allais sauvé une personne tout de même.
Après avoir traversé la maison, je marchais tranquillement le long de la route en direction du croisement. Je vis plusieurs morts sur le bas côté, dont un qui se réveillait. Une scène effroyable. Le souffle qui reprenait, les yeux injectés de sang et, alors que quelques minutes plus tôt ils étaient humains, ils se retrouvaient changés.
Lorsque j'arrivai au croisement, je fus assez surpris de la situation. Un groupe de voitures calcinées bloquait la rue. Pris au dépourvu, je décidai d'utiliser un petit raccourci.
C'était un petit chemin entre deux petits pavillons d'environ un mètre de large. Bordé de haies, il y régnait une ambiance morbide. J'avançais, batte à la main, prêt à affronter le moindre danger.
Lorsque je repris confiance en moi, un zombie, une femme d'une vingtaine d'année avec le visage déformé par d'énormes griffures, se mit en travers de ma route. Je ne pouvais reculer, elle me poursuivrait. Je devais l'affronter. Je me suis approché lentement, pour voir sa réaction. Elle émit un grognement sinistre. Avait-elle remarqué ma présence ? Il fallait que je le sache, avant de le regretter.
- Viens ma belle...
Je fis trois pas en avant près à frapper à la moindre approche. Elle releva la tête et montra ses crocs. Sur le coup, elle resta fixe. Mais, au moment ou j'entamais un quatrième pas dans sa direction, je me retrouvais à trois mètres d'elle. Elle bondit sur moi. Je lui lança un coup de batte au torse. Mes coups firent craquer sa poitrine et elle s'effondra sur le sol. Je pensais en avoir fini, mais elle se releva et se rejeta sur moi avec la même énergie qu'au départ. Comment fait-elle ? On aurait dit que le coup au thorax ne l'avait même pas ébranlée. Un humain normal serait quasiment mort après un tel coup, mais elle se releva. Pris de panique, je lui lança le bout de ma batte dans la tête, lui explosant le visage. Cette fois ci, je crois que c'était la bonne. Elle ne bougeait plus, ma batte plantée au niveau des deux yeux. Avant de repartir, je tirai d'un coup sec mon arme qui sortit en emportant avec elle quelques morceaux de ce que peut contenir la tête d'une personne. Je sprintai vers la maison de Loona en pleurant.
Je savais que c'était un monstre, qui voulait ma chair, me tuer. Mais le fait de repenser à sa vie antérieur, elle avait sans doute une famille, un petit copain. Elle était trop jeune pour finir ainsi.
Après plusieurs dizaines de mètres parmi les morts, les décombres et les personnes en pleine panique, j'atteignis la maison de Loona. Une magnifique maison, un petit peu plus grande que la nôtre.
La voiture encastrée dans le mur ne me disait rien de bon. Elle avait pris feu, éclairant le côté principal de la maison. Une lumière clignotait dans la cuisine, on la voyait à travers une fenêtre. J'hésitais à entrer. Elle me faisait penser aux maisons hantées dans les fêtes foraines quand j'étais petit.
Je déglutis difficilement puis je rentrai dans la maison. La télévision du salon était allumée en neige, comme si l'on avait décrocher les câbles derrières. Elle éclairait le canapé en face et une forme étrange devant. Je ne pouvais pas la distinguer clairement de quoi il s'agissait.
Lorsque j'entrai dans la cuisine, j'appelai Loona.
- Loona ! Viens ici ! C'est Pierre ! On va se mettre en sécurité viens ! Met ton masque à gaz !
Mais elle ne répondait pas. La lumière de la cuisine clignotant me laissa apercevoir une lampe de poche sur le bar. La chance me sourit lorsque je testai les piles : elle fonctionnait.
Avec la batte dans une main et la lampe de poche dans l'autre, je me sentais plus rassuré. Je m'avançais d'un pas discret vers le salon, en direction de cette forme inconnue aperçue à l'entrée. Mon estomac se retourna. Ma lampe de poche éclairait un homme, du moins ce qu'il en restait, complètement démembré et dévoré. Pris d'une envie soudaine, je vomis sur le canapé.
- Oh... mon... Dieu...
Je me suis rendu compte de la situation : elle devait être comme eux si c'est elle qui a commis ces atrocités, sinon elle devait se terrer à l'étage.
J'entrepris de gravir les marches lorsque je l'aperçus, en haut.
- Viens vite !
Elle émit un grognement. « C'est trop tard... Je suis désolé Clarice... » pensais-je. Elle bondit sur moi. Je l'esquivai in extremis et lui donnai un coup de batte à l'arrière du crâne. De toute évidence, les frapper à la tête était beaucoup plus efficace que n'importe quel autre coup.
Je me mis à fouiller la maison. Tout ce qui est bon ou utile pourrait nous servir un jour, voir nous sauver la vie. Le rez-de-chaussé ne contenait rien d'intéressant, mise à part une série de couteaux de cuisine particulièrement aiguisés.
Le premier étage était beaucoup plus utile. Je dénichai un pistolet avec un chargeur de douze balles et une boite de munitions contenant trente balles. En outre, le masque à gaz découvert dans la salle de bain pourrait nous servir, soit pour Romain s'il a oublié le sien, soit pour ma famille, si l'un d'entre nous le perd.
Je mis tout mon butin dans un petit sac de toile, et sortis de la maison. Je n'arrivais pas à me faire à ce nouveau monde, même si les morts-vivants de la rue se comptaient sur les doigts de la main et les survivants commençaient à s'aider mutuellement.
Je sprintai, zigzaguant entre les débris. J'atteignis la maison de Romain plus tôt que prévu. La pleine lune me permettait de voir comme en plein jour, et je me suis permis de ranger la lampe de poche dans le sac, la jugeant inutile pour le moment.
Je n'avais jamais tiré avec une arme jusqu'à présent et je pensais pas qu'un simple pistolet serait aussi lourd. Je le brandissais devant moi avec une telle maladresse que j'aurais pu me tuer moi même.
Je frappai à la porte, habitude complètement inutile maintenant. Personne ne me répondit.
- Romain ? C'est Pierre ! Ouvre !
Pas de réponse et la porte était fermée à clef. Une seule solution. Je donnai un coup de pied en son milieu. Un petit craquement se fit entendre. Je repris à nouveau et une fissure apparut, la fendant en deux. Je pris mon élan et la défonçai d'un coup d'épaule.
Je me fis accueillir par le bruit caractéristique d'un fusil à pompe. Romain releva le canon de son arme :
- Pierre ? J'ai eu peur, je croyais que c'était un de ces putains de monstres.
Je lui tendis le masque à gaz et répondis :
- Enfile ça tout de suite, on discutera après.
Il l'enfila à la hâte et respira avec une telle vitesse que je croyais qu'il allait s'étouffer.
- Tu es au courant de se bordel ? demandai-je en vérifiant si les zombies ne nous avaient pas remarqués.
- Ouais, ils en parlent aux infos. Les chercheurs disent qu'ils ne savent pas comment éteindre le feu à la centrale et arrêter le gaz. On est pas dans la merde. Il paraît que Bordeaux a été touché mais, ce sont que des rumeurs.
- Je te propose un truc. J'ai fais un petit calcul, le gaz devrait ne plus être dangereux dans six mois. Avec ma femme, nous avons récolté assez de nourriture pour vivre à quatre pendant au moins un an. On peut s'entraider ! On a assez de place, et vu comment tu es armé, on pourra bien se défendre. T'en penses quoi ?
- Je dis oui sans hésitation. Tu me permets d'aller chercher un petit truc dans ma chambre ?
- Pas de problèmes je te couvre, mais dépêches toi !
Il courut dans les escaliers et disparut en une fraction de seconde. Je me tenais devant la porte, faisant le gai pendant qu'il allait chercher ses affaires précieuses. Il réapparut une minute plus tard.
- Je l'ai !
Il brandissait un ancien nunchaku en bois.
- Quoi ? Un nunchaku ?
- C'est celui de mon maître. Je lui ai promis que j'en prendrais soin et je ne vais pas le laisser entre les mains de ces choses.
- Bon, avant de rentrer on va fouiller une ou deux maisons pour récupérer quelques trucs.
- Je te suis.
Nous sommes sortis prudemment de la maison. Le vent soufflait, propageant encore plus le gaz dans notre région. Je suis sur qu'il a déjà atteint les côtes. Mais est ce que ce gaz pourrait se répandre dans l'Europe ? Voire le monde ? Ce que je sais, c'est que depuis que les États Unis ont appris pour notre combustible, ils ont commencé à l'utiliser.
Nous marchions vers la maison la plus proche. Elle était un peu plus petite que celle de Loona. Mais, elle comportait tout de même un étage. A vu d'œil, elle devait s'étendre sur environ soixante mètres carrés.
Romain s'occupait de l'étage, moi du rez-de-chaussée. La porte était bloquée. Heureusement qu'il était la car il possédait une sacrée force, au moins trois fois supérieur à la mienne. En un coup d'épaule, il la défonça.
- Un jeu d'enfant, dit-il.
Le rez-de-chaussée était composé d'un salon assez vaste, d'une cuisine et d'une petite salle de bain. Le salon était intact, hormis quelques dégâts et tâches de sang sur le canapé. La télévision marchait et le range-DVD en était rempli. Une petite place dans le fond du sac me permit de les récupérer. Aucune arme en vue dans cette pièce.
Puis vint le tour de la cuisine qui était sans dessus dessous. Tables renversées, couteaux éparpillés et nombreuses tâches de sang sur le sol. La nourriture est largement suffisante à l'abri, mais les boites de conserves et les pâtes fraiches étaient toujours bonnes, je ne pouvais pas gâcher de tels vivres.
- R.A.S. cria Romain depuis l'escalier, mise à part quelques livres sur la magie, rien d'intéressant.
- OK on part.
Nous recherchâmes une nouvelle maison mais la plupart était encore occupée et nous ne pouvions pas nous permettre de cambrioler, malgré les événements qui se déroulaient.
C'est alors que je suis tombé nez à nez avec une villa. Signe qu'elle n'est plus habitée ? Les lumières sont éteintes et la porte d'entrée grande ouverte. Même moi, malgré le chaos régnant, je n'aurais pas laissé ma porte ouverte. Je n'aurais permis à personne de cambrioler ma maison. Mais celle-ci était inhabitée et l'occasion de récupérer des objets intéressants était trop grande.
- Je sais que tu as envie, dit Romain, on y va !
- Cool ! Bon j'ai déjà visité cette maison, on a failli l'acheter avec Clarice. Je vais passer par devant, il y a un escalier menant à l'étage en forme de T. Tu passe par derrière, tu visite le garages et la cuisine. Je vais faire une brève visite dans le salon, on se retrouve à l'entrée après inspection OK ?
- OK. C'est parti !
Il piqua un sprint en direction du garage. J'ouvris la porte discrètement, pistolet pointé vers l'intérieur. Je dis :
- Il y a quelqu'un ?
Aucune réponse. C'était bon signe. J'entrai dans l'immense hall, entouré de magnifiques cadres représentants des figures mythiques. D'après les images, les anciens occupants aimaient la mythologie grec.
Le salon possédait deux canapés de cuir géants, positionnés en face d'un gigantesque écran. Je ne pus cacher mon étonnement :
- Ouah !
J'ai pris le temps de fouiller chaque recoins du salon. Rien de spécial captivai mon attention mise à part une collection de BD. Pour mon fils, cela sera parfait. En faisant un peu de place sur le sac, je pouvais en mettre deux ou trois. Je choisis avec précaution, sachant les goûts de mon fils. Romain m'interpella.
- On arrête de lire ! T'as trouvé des trucs ?
- Rien de spécial et toi ?
- Deux vélos pour rentrer plus vite et deux boites pleines de munitions pour fusil à pompe. La chance nous sourit on dirait.
- T'as raison. Je vais faire un tour à l'étage, tu garde l'entrée ?
- Pas de problèmes.
Il s'installa sur une chaise en face de la porte d'entrée, le fusil sur ses genoux et commença à manipuler son nunchaku. J'étais étonné et intrigué par ces performances mais je devais me concentrer sur mon objectif.
Je gravis les marches trois par trois, puis entamai les recherches. Les deux premières chambres étaient vides. Rien de suspect à part quelques livres trainant par ci par là. En revanche, la troisième chambre se montra plus généreuse. Un magnifique revolver .357, à mon avis de collection, avec deux boîtes de munitions. J'étais comme un enfant à qui l'on offrait un nouveau jeu.
- Je sens que je vais m'amuser avec ça...
C'est alors que Romain poussa un cri. Je cherchai le fonctionnement et ouvris par inadvertance le barillet du revolver : il était plein. Je mis les boîtes dans le sac et dévala les escaliers aussi vite que je pouvais. Romain se débattait avec un zombie obèse. Il pesait tout son poids sur mon coéquipier, qui avait du mal à s'en dégager.
- Mais tire bordel !
Je visai le gros et tirai un coup. Le recul me surprit, me faisant mal à l'épaule. J'atteignis le zombie dans l'épaule, ce qui le fit basculer sur le côté droit. Je le remis en joue et appuyai deux fois sur la détente. Malgré mon appréhension de la puissance du revolver, je reculai d'un pas par tir. J'atteignis le zombie à l'abdomen et à la tête. Il s'effondra sur le sol en poussant un gémissement. Inquiet, je bondis au côté de Romain.
- T'as pas été mordu ?
- Non c'est bon. Il m'a eu par surprise. J'ai pas eu le temps de prendre mon arme, j'ai juste pu lui marteler la tête à coup de nunchaku, sans effet.
- C'est ce qui compte.
- Super le flingue ! Tu l'as eu où ?
- Là haut, j'ai pas eu le temps de fouiller complètement, on pourrait peut être te trouver une meilleure arme non ?
- Non merci, je préfère mon fusil à pompe.
- Bon, ils sont où les vélos ?
- Dans le garage, viens.
Nous partîmes dans le garage, où se trouvait les fameux vélos, deux VTT quasiment neufs. Une pompe à vélo était accrochée à côté.
- On y va ? proposa-t-il en enfourchant le VTT.
- Allez ! répondis-je en montant à mon tour.
- Au faite, je t'ai pas dis merci ! Tu es mon Sauveur !
- Tu me remercieras plus tard allez on y va, faut pas traîner ici.
Nous sommes repartis vers l'abri en vitesse. Les vélos étaient très simples à manœuvrer, et nous avons atteint l'abri en moins de cinq minutes.
Je frappai à la porte et ma femme m'ouvrit.
- Clarice, je suis...
- J'y ai réfléchi et il est préférable pour nous de prendre... Ah ! Salut Romain entre !
Nous pouvions enfin commencer notre vie dans l'abri. Plus que six mois. Six mois.
La vision qui s'offrit à moi était invraisemblable. Certes, un gaz se propage rapidement, surtout avec les changements de vents impossibles à prévoir, mais les dégâts qu'il provoqua était inimaginable.
La panique humaine a toujours été la pire des catastrophes. La nuit tombait sur la rue et déjà les feux de maisons et les voitures enflammées illuminaient le ciel. Plusieurs personnes pleuraient assises sur un trotoire, tentant d'arrêter les quelques voyageurs sur la route. Des zombies dévoraient un corps, à l'opposé de ma position, et un homme agonisait d'une morsure dans le dos. Sa femme était déjà « morte », à ses côtés.
Je n'osais pas approcher, les morts-vivants m'effrayaient. Je ne voulais pas être confronté à ces monstres. Batte à la main, je traversais fébrilement le jardin.
Les dégâts n'étaient pas considérables, pas au point que le monde soit complètement détruit, mais la zone était salement amochée. Je ne pensais pas que cela pouvait autant dégénérer en quelques heures.
Je ressentais une peur indescriptible. Elle me paralysait tous les cinq mètres. En voyant ces morts, je repensais aux personnes dans la tente, quelques heures plus tôt. Mais d'un côté, j'étais confiant, sûr de moi. J'allais sauvé une personne tout de même.
Après avoir traversé la maison, je marchais tranquillement le long de la route en direction du croisement. Je vis plusieurs morts sur le bas côté, dont un qui se réveillait. Une scène effroyable. Le souffle qui reprenait, les yeux injectés de sang et, alors que quelques minutes plus tôt ils étaient humains, ils se retrouvaient changés.
Lorsque j'arrivai au croisement, je fus assez surpris de la situation. Un groupe de voitures calcinées bloquait la rue. Pris au dépourvu, je décidai d'utiliser un petit raccourci.
C'était un petit chemin entre deux petits pavillons d'environ un mètre de large. Bordé de haies, il y régnait une ambiance morbide. J'avançais, batte à la main, prêt à affronter le moindre danger.
Lorsque je repris confiance en moi, un zombie, une femme d'une vingtaine d'année avec le visage déformé par d'énormes griffures, se mit en travers de ma route. Je ne pouvais reculer, elle me poursuivrait. Je devais l'affronter. Je me suis approché lentement, pour voir sa réaction. Elle émit un grognement sinistre. Avait-elle remarqué ma présence ? Il fallait que je le sache, avant de le regretter.
- Viens ma belle...
Je fis trois pas en avant près à frapper à la moindre approche. Elle releva la tête et montra ses crocs. Sur le coup, elle resta fixe. Mais, au moment ou j'entamais un quatrième pas dans sa direction, je me retrouvais à trois mètres d'elle. Elle bondit sur moi. Je lui lança un coup de batte au torse. Mes coups firent craquer sa poitrine et elle s'effondra sur le sol. Je pensais en avoir fini, mais elle se releva et se rejeta sur moi avec la même énergie qu'au départ. Comment fait-elle ? On aurait dit que le coup au thorax ne l'avait même pas ébranlée. Un humain normal serait quasiment mort après un tel coup, mais elle se releva. Pris de panique, je lui lança le bout de ma batte dans la tête, lui explosant le visage. Cette fois ci, je crois que c'était la bonne. Elle ne bougeait plus, ma batte plantée au niveau des deux yeux. Avant de repartir, je tirai d'un coup sec mon arme qui sortit en emportant avec elle quelques morceaux de ce que peut contenir la tête d'une personne. Je sprintai vers la maison de Loona en pleurant.
Je savais que c'était un monstre, qui voulait ma chair, me tuer. Mais le fait de repenser à sa vie antérieur, elle avait sans doute une famille, un petit copain. Elle était trop jeune pour finir ainsi.
Après plusieurs dizaines de mètres parmi les morts, les décombres et les personnes en pleine panique, j'atteignis la maison de Loona. Une magnifique maison, un petit peu plus grande que la nôtre.
La voiture encastrée dans le mur ne me disait rien de bon. Elle avait pris feu, éclairant le côté principal de la maison. Une lumière clignotait dans la cuisine, on la voyait à travers une fenêtre. J'hésitais à entrer. Elle me faisait penser aux maisons hantées dans les fêtes foraines quand j'étais petit.
Je déglutis difficilement puis je rentrai dans la maison. La télévision du salon était allumée en neige, comme si l'on avait décrocher les câbles derrières. Elle éclairait le canapé en face et une forme étrange devant. Je ne pouvais pas la distinguer clairement de quoi il s'agissait.
Lorsque j'entrai dans la cuisine, j'appelai Loona.
- Loona ! Viens ici ! C'est Pierre ! On va se mettre en sécurité viens ! Met ton masque à gaz !
Mais elle ne répondait pas. La lumière de la cuisine clignotant me laissa apercevoir une lampe de poche sur le bar. La chance me sourit lorsque je testai les piles : elle fonctionnait.
Avec la batte dans une main et la lampe de poche dans l'autre, je me sentais plus rassuré. Je m'avançais d'un pas discret vers le salon, en direction de cette forme inconnue aperçue à l'entrée. Mon estomac se retourna. Ma lampe de poche éclairait un homme, du moins ce qu'il en restait, complètement démembré et dévoré. Pris d'une envie soudaine, je vomis sur le canapé.
- Oh... mon... Dieu...
Je me suis rendu compte de la situation : elle devait être comme eux si c'est elle qui a commis ces atrocités, sinon elle devait se terrer à l'étage.
J'entrepris de gravir les marches lorsque je l'aperçus, en haut.
- Viens vite !
Elle émit un grognement. « C'est trop tard... Je suis désolé Clarice... » pensais-je. Elle bondit sur moi. Je l'esquivai in extremis et lui donnai un coup de batte à l'arrière du crâne. De toute évidence, les frapper à la tête était beaucoup plus efficace que n'importe quel autre coup.
Je me mis à fouiller la maison. Tout ce qui est bon ou utile pourrait nous servir un jour, voir nous sauver la vie. Le rez-de-chaussé ne contenait rien d'intéressant, mise à part une série de couteaux de cuisine particulièrement aiguisés.
Le premier étage était beaucoup plus utile. Je dénichai un pistolet avec un chargeur de douze balles et une boite de munitions contenant trente balles. En outre, le masque à gaz découvert dans la salle de bain pourrait nous servir, soit pour Romain s'il a oublié le sien, soit pour ma famille, si l'un d'entre nous le perd.
Je mis tout mon butin dans un petit sac de toile, et sortis de la maison. Je n'arrivais pas à me faire à ce nouveau monde, même si les morts-vivants de la rue se comptaient sur les doigts de la main et les survivants commençaient à s'aider mutuellement.
Je sprintai, zigzaguant entre les débris. J'atteignis la maison de Romain plus tôt que prévu. La pleine lune me permettait de voir comme en plein jour, et je me suis permis de ranger la lampe de poche dans le sac, la jugeant inutile pour le moment.
Je n'avais jamais tiré avec une arme jusqu'à présent et je pensais pas qu'un simple pistolet serait aussi lourd. Je le brandissais devant moi avec une telle maladresse que j'aurais pu me tuer moi même.
Je frappai à la porte, habitude complètement inutile maintenant. Personne ne me répondit.
- Romain ? C'est Pierre ! Ouvre !
Pas de réponse et la porte était fermée à clef. Une seule solution. Je donnai un coup de pied en son milieu. Un petit craquement se fit entendre. Je repris à nouveau et une fissure apparut, la fendant en deux. Je pris mon élan et la défonçai d'un coup d'épaule.
Je me fis accueillir par le bruit caractéristique d'un fusil à pompe. Romain releva le canon de son arme :
- Pierre ? J'ai eu peur, je croyais que c'était un de ces putains de monstres.
Je lui tendis le masque à gaz et répondis :
- Enfile ça tout de suite, on discutera après.
Il l'enfila à la hâte et respira avec une telle vitesse que je croyais qu'il allait s'étouffer.
- Tu es au courant de se bordel ? demandai-je en vérifiant si les zombies ne nous avaient pas remarqués.
- Ouais, ils en parlent aux infos. Les chercheurs disent qu'ils ne savent pas comment éteindre le feu à la centrale et arrêter le gaz. On est pas dans la merde. Il paraît que Bordeaux a été touché mais, ce sont que des rumeurs.
- Je te propose un truc. J'ai fais un petit calcul, le gaz devrait ne plus être dangereux dans six mois. Avec ma femme, nous avons récolté assez de nourriture pour vivre à quatre pendant au moins un an. On peut s'entraider ! On a assez de place, et vu comment tu es armé, on pourra bien se défendre. T'en penses quoi ?
- Je dis oui sans hésitation. Tu me permets d'aller chercher un petit truc dans ma chambre ?
- Pas de problèmes je te couvre, mais dépêches toi !
Il courut dans les escaliers et disparut en une fraction de seconde. Je me tenais devant la porte, faisant le gai pendant qu'il allait chercher ses affaires précieuses. Il réapparut une minute plus tard.
- Je l'ai !
Il brandissait un ancien nunchaku en bois.
- Quoi ? Un nunchaku ?
- C'est celui de mon maître. Je lui ai promis que j'en prendrais soin et je ne vais pas le laisser entre les mains de ces choses.
- Bon, avant de rentrer on va fouiller une ou deux maisons pour récupérer quelques trucs.
- Je te suis.
Nous sommes sortis prudemment de la maison. Le vent soufflait, propageant encore plus le gaz dans notre région. Je suis sur qu'il a déjà atteint les côtes. Mais est ce que ce gaz pourrait se répandre dans l'Europe ? Voire le monde ? Ce que je sais, c'est que depuis que les États Unis ont appris pour notre combustible, ils ont commencé à l'utiliser.
Nous marchions vers la maison la plus proche. Elle était un peu plus petite que celle de Loona. Mais, elle comportait tout de même un étage. A vu d'œil, elle devait s'étendre sur environ soixante mètres carrés.
Romain s'occupait de l'étage, moi du rez-de-chaussée. La porte était bloquée. Heureusement qu'il était la car il possédait une sacrée force, au moins trois fois supérieur à la mienne. En un coup d'épaule, il la défonça.
- Un jeu d'enfant, dit-il.
Le rez-de-chaussée était composé d'un salon assez vaste, d'une cuisine et d'une petite salle de bain. Le salon était intact, hormis quelques dégâts et tâches de sang sur le canapé. La télévision marchait et le range-DVD en était rempli. Une petite place dans le fond du sac me permit de les récupérer. Aucune arme en vue dans cette pièce.
Puis vint le tour de la cuisine qui était sans dessus dessous. Tables renversées, couteaux éparpillés et nombreuses tâches de sang sur le sol. La nourriture est largement suffisante à l'abri, mais les boites de conserves et les pâtes fraiches étaient toujours bonnes, je ne pouvais pas gâcher de tels vivres.
- R.A.S. cria Romain depuis l'escalier, mise à part quelques livres sur la magie, rien d'intéressant.
- OK on part.
Nous recherchâmes une nouvelle maison mais la plupart était encore occupée et nous ne pouvions pas nous permettre de cambrioler, malgré les événements qui se déroulaient.
C'est alors que je suis tombé nez à nez avec une villa. Signe qu'elle n'est plus habitée ? Les lumières sont éteintes et la porte d'entrée grande ouverte. Même moi, malgré le chaos régnant, je n'aurais pas laissé ma porte ouverte. Je n'aurais permis à personne de cambrioler ma maison. Mais celle-ci était inhabitée et l'occasion de récupérer des objets intéressants était trop grande.
- Je sais que tu as envie, dit Romain, on y va !
- Cool ! Bon j'ai déjà visité cette maison, on a failli l'acheter avec Clarice. Je vais passer par devant, il y a un escalier menant à l'étage en forme de T. Tu passe par derrière, tu visite le garages et la cuisine. Je vais faire une brève visite dans le salon, on se retrouve à l'entrée après inspection OK ?
- OK. C'est parti !
Il piqua un sprint en direction du garage. J'ouvris la porte discrètement, pistolet pointé vers l'intérieur. Je dis :
- Il y a quelqu'un ?
Aucune réponse. C'était bon signe. J'entrai dans l'immense hall, entouré de magnifiques cadres représentants des figures mythiques. D'après les images, les anciens occupants aimaient la mythologie grec.
Le salon possédait deux canapés de cuir géants, positionnés en face d'un gigantesque écran. Je ne pus cacher mon étonnement :
- Ouah !
J'ai pris le temps de fouiller chaque recoins du salon. Rien de spécial captivai mon attention mise à part une collection de BD. Pour mon fils, cela sera parfait. En faisant un peu de place sur le sac, je pouvais en mettre deux ou trois. Je choisis avec précaution, sachant les goûts de mon fils. Romain m'interpella.
- On arrête de lire ! T'as trouvé des trucs ?
- Rien de spécial et toi ?
- Deux vélos pour rentrer plus vite et deux boites pleines de munitions pour fusil à pompe. La chance nous sourit on dirait.
- T'as raison. Je vais faire un tour à l'étage, tu garde l'entrée ?
- Pas de problèmes.
Il s'installa sur une chaise en face de la porte d'entrée, le fusil sur ses genoux et commença à manipuler son nunchaku. J'étais étonné et intrigué par ces performances mais je devais me concentrer sur mon objectif.
Je gravis les marches trois par trois, puis entamai les recherches. Les deux premières chambres étaient vides. Rien de suspect à part quelques livres trainant par ci par là. En revanche, la troisième chambre se montra plus généreuse. Un magnifique revolver .357, à mon avis de collection, avec deux boîtes de munitions. J'étais comme un enfant à qui l'on offrait un nouveau jeu.
- Je sens que je vais m'amuser avec ça...
C'est alors que Romain poussa un cri. Je cherchai le fonctionnement et ouvris par inadvertance le barillet du revolver : il était plein. Je mis les boîtes dans le sac et dévala les escaliers aussi vite que je pouvais. Romain se débattait avec un zombie obèse. Il pesait tout son poids sur mon coéquipier, qui avait du mal à s'en dégager.
- Mais tire bordel !
Je visai le gros et tirai un coup. Le recul me surprit, me faisant mal à l'épaule. J'atteignis le zombie dans l'épaule, ce qui le fit basculer sur le côté droit. Je le remis en joue et appuyai deux fois sur la détente. Malgré mon appréhension de la puissance du revolver, je reculai d'un pas par tir. J'atteignis le zombie à l'abdomen et à la tête. Il s'effondra sur le sol en poussant un gémissement. Inquiet, je bondis au côté de Romain.
- T'as pas été mordu ?
- Non c'est bon. Il m'a eu par surprise. J'ai pas eu le temps de prendre mon arme, j'ai juste pu lui marteler la tête à coup de nunchaku, sans effet.
- C'est ce qui compte.
- Super le flingue ! Tu l'as eu où ?
- Là haut, j'ai pas eu le temps de fouiller complètement, on pourrait peut être te trouver une meilleure arme non ?
- Non merci, je préfère mon fusil à pompe.
- Bon, ils sont où les vélos ?
- Dans le garage, viens.
Nous partîmes dans le garage, où se trouvait les fameux vélos, deux VTT quasiment neufs. Une pompe à vélo était accrochée à côté.
- On y va ? proposa-t-il en enfourchant le VTT.
- Allez ! répondis-je en montant à mon tour.
- Au faite, je t'ai pas dis merci ! Tu es mon Sauveur !
- Tu me remercieras plus tard allez on y va, faut pas traîner ici.
Nous sommes repartis vers l'abri en vitesse. Les vélos étaient très simples à manœuvrer, et nous avons atteint l'abri en moins de cinq minutes.
Je frappai à la porte et ma femme m'ouvrit.
- Clarice, je suis...
- J'y ai réfléchi et il est préférable pour nous de prendre... Ah ! Salut Romain entre !
Nous pouvions enfin commencer notre vie dans l'abri. Plus que six mois. Six mois.