Note de la fic :
Publié le 26/06/2011 à 20:48:00 par Twixy385
Chapitre trois : L'apocalypse.
Après avoir quitté la centrale, je cherchais vainement mes clefs de voiture dans mes poches. Je ne les trouvais pas, j'étais paniqué. Mes mains tremblaient. Je venais d'assisté au massacre de plusieurs personnes et les images du jeune soldat se réveillant, en étant pourtant éventré, persistaient dans ma tête. Du parking j'entendais les hurlements des personnes présentes sur la centrale. Je ne pouvais rien faire. Des coups retentirent, puis des cris.
Au bout de quelques minutes de recherches, j'ai réussi à retrouver mes clefs, dans la poche de ma veste. Lorsque j'appuyai sur le bouton, un bip sonore retentit me signalant où se trouvait la voiture. Je mis fébrilement les clefs sur le contact, c'est alors que je me suis rendu compte que ma veste était couverte de sang. Ce sang provenait du docteur, je m'en rappelle. Lorsqu'un zombie commença à le « manger », il tomba sur une artère. Un petit détail sans valeur, qui m'horrifiait encore plus.
Je gardais mon masque à gaz en permanence, pour éviter tout contacte avec le gaz. Je sais que dans mon abri, trois masques sont à notre disposition, pour se protéger des attaques gazeuses. La France a été attaqué trois fois au gaz : une fois par les États Unis pour répondre à l'opération Œil De L'Aigle, visant à détruire Washington au napalm, et les deux autres fois pas la Corée du Nord, pour nous intimider.
La route séparant la centrale de chez moi est bordée d'une forêt s'étendant sur quinze hectares permettant d'essayer de réduire la pollution. Malheureusement, la forêt est trop petite pour réduire la forte quantité de gaz que l'Homme a émis.
Cette forêt suit une longue autoroute qui me permet de rejoindre le travail. D'habitude, je mettais une heure allez pour arriver à destination. Étant donné mon empressement, je n'ai pas eu le temps de rejoindre l'autoroute et j'ai donc choisi les petites rues.
Lorsque je voyais ces enfants jouer dans la rue, ces parents discuter de tout et de rien, je pensais à eux. Eux qui seraient sans doute devenu des monstres dans les heures qui suivent. Au départ, ils étaient comme nous. Après, se sont des monstres sanguinaires.
La radio diffusait de la musique lorsqu'un flash spécial fut lancé :
« Mesdames et messieurs bonsoir, nous devons stopper la diffusion de votre heure rock 'n roll pour un flash de sécurité territorial voir national. Une erreur commise à la centrale numéro quinze provoqua un accident encore inconnu par les chercheurs. Un petit groupe de scientifiques s'est accordé pour déclarer qu'une fusion du réacteur deux pourrait être en cause de ce désastre. Les effets du cœur étant encore inconnu, nous vous reco... Eh c'est quoi c'bordel ? C'est qui lui ? Eh mec calme toi... pourquoi t'as du sang là ?... non reste la te... non te rapproche pas... putain mais les gars vous êtes ou ? Marc ? Thibault ?... ah Thibault... mais t'es blanc comme un linge ça va ?... réponds moi... mais lâche moi ! Qu'est ce que tu fais là ?... mais me mords pas ! AAAAH MON BRAS... »
La communication s'est interrompue. À en juger par les cris de l'animateur, les zombies ont dû attaquer le bâtiment de diffusion de la radio. Mais, cela veut dire que le gaz a réussi à l'atteindre sachant qu'il est à environ cinquante kilomètres de Toulouse ? Les vents expliquent tout.
Après la première demi heure de route, les premiers malades apparaissaient, toussant et crachant du sang. J'ai même vu un premier zombie, errant sur la route, à côté d'un corps complètement dévoré. Celui-ci était trop endommagé pour pouvoir revenir.
Je suis arrivé chez moi trois quart d'heure après mon départ de la centrale. Les activités n'avaient pas changé, les enfants s'amusaient toujours autant et ma femme avait pris ma place sur le transat. Je lui dis :
- Chérie, viens vite, il faut qu'on parle c'est urgent.
- Que se passe-t-il ? Pourquoi tu as du sang ?! Tu es blessé ? Réponds moi !
- Téléphone aux mères des gosses, dis leurs qu'il faut qu'elles passent les chercher tout de suite et qu'elles se mettent dans leurs abris antiatomiques.
- Mais... pourquoi ?
- Fais ça tout de suite c'est urgent ! Je t'expliquerai après.
Inquiète et en même temps surprise de mon comportement, elle fit ce que je lui demandais. Une heure après, les mères arrivèrent et reprirent leurs gamins en maugréant. Je me demande si elles se sont protégées. Lorsque tout le monde fût parti, elle s'approcha et le demanda :
- Alors ? Que se passe-t-il ?
Je ne savais pas quoi répondre. Tellement de choses s'étaient passées devant moi. La mort d'une bonne centaine de personnes dans la centrale m'obsédait. Je n'ai rien pu faire, j'ai crié, mais ils ne m'ont pas cru. Ils avaient sans doute une famille chacun et chacune, mais la mienne passait avant tout. Le masque à gaz sur mon visage m'empêchait de bien parler, mais je devais faire avec.
- Pas le temps, nos vies sont en jeu. Enfilez tout de suite un masque à gaz, puis met Grégoire dans l'abri antiatomique, je vais t'aider à récupérer plus de nourriture.
- De quoi ? Pourquoi l'abri ? On va subir une attaque ?
- En quelques sortes. Allez mets ton masque ! Récupères tout ce que tu peux, divertissements, photos, vidéos, eau et nourriture bien évidemment.
- Mais pourquoi des « divertissements » ?
- Je t'en parlerais après !
Après avoir enfilé le masque à Grégoire, notre fils, elle partit chercher de la nourriture. A l'aide d'un petit sac, je mis mon ordinateur portable dedans, puis quelques DVD. Je jetai un œil à mon fils et lui dis :
- Grégoire ! Met ton masque et emportes se sac dans l'abri !
- Mais... C'est chiant à porter ! Bougonna Grégoire.
- Tu veux vraiment que je me déplace et que je te botte ton derrière ? Et ton langage ! Allez !
- Pfft...
En ronchonnant, il emporta mon sac dans l'abri. De suite, j'entrepris de débrancher la télévision du salon. Un sacré engin. Il me fallut près d'un quart d'heure pour tout enlever.
- Chérie ? Tu as tout pris ? Criai-je.
- Oui, le frigo a été cambriolé.
- Fonce alors à l'abri et garde Grégoire.
- Et toi ?
- J'arrive, deux secondes.
Après avoir déposé la télévision au seuil de la porte, je monta à l'étage et récupéra les quelques affaires personnelles qui me tenaient à cœur. Mon paquet de chewing-gum, un livre et ma boule de billard numérotée 8 porte bonheur.
En arrivant à l'abri, c'était l'une des dernières fois que je pouvais voir le monde tel qu'il était avant. Cette maison ne sera sans doute plus comme ça à partir du carnage.
L'abri antiatomique que nous avions fait construire était l'un des meilleurs dans son genre. Considéré comme une véritable maison, il était à soixante-quinze pour cent enterrée et disposait d'un générateur d'électricité écologique fournissant assez d'énergie pour chauffer l'eau et nous permettre de vivre comme avant, de la nourriture pour six mois, de deux chambres, d'une salle de bain et d'une cuisine avec salon.
Lorsque nous refermâmes la porte de trente centimètres d'épaisseur, les premiers cris de souffrances apparurent, à en fendre le cœur. Ma femme essuya une larme et tenta d'ouvrir la porte :
- Mon dieu ! Qu'est ce qui leur arrive ? Il faut les aider.
- Non ! Ferme ! répondis-je fermement.
- Mais...
- Ferme cette porte !
Elle la repoussa en pleurant. Des hurlements déchirants la retenaient de temps en temps, mais elle avait compris que notre vie était en jeu. Le traitement de l'air à l'intérieur de l'abri achevé, nous avons enfin pu enlever nos masques. Un bonheur indescriptible.
Pendant que Grégoire et moi installions l'écran, ma femme me bombardait de questions.
- Alors ? Que se passe-t-il ?
- Je vais vous expliquer...
Je me suis installé dans le canapé, ma femme à mes côtés et mon fils dans des coussins répandus sur le sol. Je ne savais toujours pas par ou commencer, le problème au travail ou la découverte des effets du Kratium. Comment expliquer ce que j'ai vu ? Comment le faire comprendre à ma femme ? Si elle me prenait fou ? Comment l'expliquer à mon fils qui n'avait que dix ans ?
J'ai tout déballé, comme ça. C'est sorti tout seul. J'ai tout décrit, dans le moindre détail. Ma femme m'écoutait, bouche-bée. Mon fils était choqué, ça se voyait sur son visage. Je lui interdisais tout ce qui n'était pas de son âge, en particulier les films d'horreur. Là, j'ai brisé cette interdiction. Et il n'en revenait pas. Après ça, je me suis effondré, en larmes. Clarice, ma femme, brisa le silence.
- Combien ?
- Quoi ?
- Combien de temps devons-nous rester ici ?
- Je ne sais pas. J'ai juste des approximations en tête. Le taux de Kratium devrait ne plus être dangereux dans environ six mois, voir sept.
- Nous allons resté sept mois ici ?
- Mais je sortirais, je pense, une fois par mois pour voir où ça en est la haut.
- On va en discuter sérieusement tout à l'heure.
- Papa ? Ils sont si dangereux que ça en haut ?
- Oui, ils sont très dangereux et peuvent nous tuer. Tu resteras avec Maman ici.
- Alors pourquoi tu sors ?
- Pour voir s'il n'y a pas des personnes en vie, comme nous.
- Je voudrais venir avec toi aussi...
- Non, je ne veux pas prendre ce risque.
Il savait très bien que je ne changerais pas d'avis. Il s'est donc mis à bouder dans ses coussins en fixant la télévision. Ma femme me prit le bras.
- Crois-tu vraiment que l'on peut survivre ? Avec ce que tu m'as raconté, j'ai très peur.
- Ne t'inquiète pas. Je vous protégerais coute que coute. Je ferais tout. Nous avons notre nouvelle maison pour les mois à venir. Nous avons des divertissements et des jeux. En plus, j'ai fais le compte de la nourriture, nous en avons plus que prévu. On a des médicaments si nous sommes malades et nous pouvons compter les uns sur les autres. Ça va aller.
Je la pris dans mes bras. Son contact effaça les images et les choses que j'ai vécu jusqu'à présent. Une nouvelle vie commence, plus horrible qu'avant, mais pour moi à ce moment, elle restait la même.
Le soir venu, une idée folle me vint en tête. Nos vivres étaient largement suffisantes pour nous trois. On pouvait même, avec un peu plus de restrictions, inviter quelqu'un à survivre.
Nous étions partagés sur ce sujet. Ma femme voulait inviter sa petite sœur, Loona, et moi, je voulais inviter Romain, mon meilleur ami d'enfance. Nous savions que ce choix aurait de lourdes conséquences, mais nous restions quand même figer sur nos projets bien distincts.
Romain était dans le même collège et le même lycée que moi. Fan d'arts martiaux, il a toujours été un soutien et il a décidé de me suivre dans le sud de la France après avoir passer le Bac. Il vit désormais dans un pavillon à deux rues d'ici.
Loona est l'une des plus grandes pestes que je n'ai jamais connu. Nous lui avons confié notre enfant lorsque nous partions en soirée ou en vacances et Grégoire ne l'a jamais appréciée. Elle lui faisait faire toutes les corvées. En plus de ça, son égoïsme et sa personnalité hautaine me tapait sur les nerfs.
Le choix était dur. Le repas tournait mal et au fur et à mesure que le temps avançait, les tensions apparaissaient. Je n'aimais pas Loona et elle n'aimait pas Romain. Dans la logique de l'utilité, Romain serait préférable à Loona mais je ne pouvais pas me disputer avec ma femme dans de telles conditions.
- C'est d'accord ! Je vais chercher Loona. Mais je te préviens d'une chose, s'il lui est arrivé quelque chose, ce qui pourrait être possible, je vais chercher Romain.
- D'accord. Fait attention à toi !
- J'y vais, mettez vos masques.
- Attends papa !
Il me retint par le bras.
- Et s'ils t'attaquent, tu ne pourras pas te défendre si tu n'as pas d'armes !
- Bien vu Grégoire.
En effet, je partais tête baissée à la mort si je ne prenais pas quelques choses pour me défendre. En entendant les cris d'agonies tout à l'heure, de nombreuses personnes ont dû se transformer.
En fouillant dans l'abri, je n'ai pu trouver qu'une vieille batte de baseball.
- J'irai voir en même temps si je ne trouve pas une nouvelle arme.
En sortant de l'abri, je ne m'attendais pas à ça. Mais il fallait bien que j'y aille. Je devais sauver une vie, à tout prix.
Après avoir quitté la centrale, je cherchais vainement mes clefs de voiture dans mes poches. Je ne les trouvais pas, j'étais paniqué. Mes mains tremblaient. Je venais d'assisté au massacre de plusieurs personnes et les images du jeune soldat se réveillant, en étant pourtant éventré, persistaient dans ma tête. Du parking j'entendais les hurlements des personnes présentes sur la centrale. Je ne pouvais rien faire. Des coups retentirent, puis des cris.
Au bout de quelques minutes de recherches, j'ai réussi à retrouver mes clefs, dans la poche de ma veste. Lorsque j'appuyai sur le bouton, un bip sonore retentit me signalant où se trouvait la voiture. Je mis fébrilement les clefs sur le contact, c'est alors que je me suis rendu compte que ma veste était couverte de sang. Ce sang provenait du docteur, je m'en rappelle. Lorsqu'un zombie commença à le « manger », il tomba sur une artère. Un petit détail sans valeur, qui m'horrifiait encore plus.
Je gardais mon masque à gaz en permanence, pour éviter tout contacte avec le gaz. Je sais que dans mon abri, trois masques sont à notre disposition, pour se protéger des attaques gazeuses. La France a été attaqué trois fois au gaz : une fois par les États Unis pour répondre à l'opération Œil De L'Aigle, visant à détruire Washington au napalm, et les deux autres fois pas la Corée du Nord, pour nous intimider.
La route séparant la centrale de chez moi est bordée d'une forêt s'étendant sur quinze hectares permettant d'essayer de réduire la pollution. Malheureusement, la forêt est trop petite pour réduire la forte quantité de gaz que l'Homme a émis.
Cette forêt suit une longue autoroute qui me permet de rejoindre le travail. D'habitude, je mettais une heure allez pour arriver à destination. Étant donné mon empressement, je n'ai pas eu le temps de rejoindre l'autoroute et j'ai donc choisi les petites rues.
Lorsque je voyais ces enfants jouer dans la rue, ces parents discuter de tout et de rien, je pensais à eux. Eux qui seraient sans doute devenu des monstres dans les heures qui suivent. Au départ, ils étaient comme nous. Après, se sont des monstres sanguinaires.
La radio diffusait de la musique lorsqu'un flash spécial fut lancé :
« Mesdames et messieurs bonsoir, nous devons stopper la diffusion de votre heure rock 'n roll pour un flash de sécurité territorial voir national. Une erreur commise à la centrale numéro quinze provoqua un accident encore inconnu par les chercheurs. Un petit groupe de scientifiques s'est accordé pour déclarer qu'une fusion du réacteur deux pourrait être en cause de ce désastre. Les effets du cœur étant encore inconnu, nous vous reco... Eh c'est quoi c'bordel ? C'est qui lui ? Eh mec calme toi... pourquoi t'as du sang là ?... non reste la te... non te rapproche pas... putain mais les gars vous êtes ou ? Marc ? Thibault ?... ah Thibault... mais t'es blanc comme un linge ça va ?... réponds moi... mais lâche moi ! Qu'est ce que tu fais là ?... mais me mords pas ! AAAAH MON BRAS... »
La communication s'est interrompue. À en juger par les cris de l'animateur, les zombies ont dû attaquer le bâtiment de diffusion de la radio. Mais, cela veut dire que le gaz a réussi à l'atteindre sachant qu'il est à environ cinquante kilomètres de Toulouse ? Les vents expliquent tout.
Après la première demi heure de route, les premiers malades apparaissaient, toussant et crachant du sang. J'ai même vu un premier zombie, errant sur la route, à côté d'un corps complètement dévoré. Celui-ci était trop endommagé pour pouvoir revenir.
Je suis arrivé chez moi trois quart d'heure après mon départ de la centrale. Les activités n'avaient pas changé, les enfants s'amusaient toujours autant et ma femme avait pris ma place sur le transat. Je lui dis :
- Chérie, viens vite, il faut qu'on parle c'est urgent.
- Que se passe-t-il ? Pourquoi tu as du sang ?! Tu es blessé ? Réponds moi !
- Téléphone aux mères des gosses, dis leurs qu'il faut qu'elles passent les chercher tout de suite et qu'elles se mettent dans leurs abris antiatomiques.
- Mais... pourquoi ?
- Fais ça tout de suite c'est urgent ! Je t'expliquerai après.
Inquiète et en même temps surprise de mon comportement, elle fit ce que je lui demandais. Une heure après, les mères arrivèrent et reprirent leurs gamins en maugréant. Je me demande si elles se sont protégées. Lorsque tout le monde fût parti, elle s'approcha et le demanda :
- Alors ? Que se passe-t-il ?
Je ne savais pas quoi répondre. Tellement de choses s'étaient passées devant moi. La mort d'une bonne centaine de personnes dans la centrale m'obsédait. Je n'ai rien pu faire, j'ai crié, mais ils ne m'ont pas cru. Ils avaient sans doute une famille chacun et chacune, mais la mienne passait avant tout. Le masque à gaz sur mon visage m'empêchait de bien parler, mais je devais faire avec.
- Pas le temps, nos vies sont en jeu. Enfilez tout de suite un masque à gaz, puis met Grégoire dans l'abri antiatomique, je vais t'aider à récupérer plus de nourriture.
- De quoi ? Pourquoi l'abri ? On va subir une attaque ?
- En quelques sortes. Allez mets ton masque ! Récupères tout ce que tu peux, divertissements, photos, vidéos, eau et nourriture bien évidemment.
- Mais pourquoi des « divertissements » ?
- Je t'en parlerais après !
Après avoir enfilé le masque à Grégoire, notre fils, elle partit chercher de la nourriture. A l'aide d'un petit sac, je mis mon ordinateur portable dedans, puis quelques DVD. Je jetai un œil à mon fils et lui dis :
- Grégoire ! Met ton masque et emportes se sac dans l'abri !
- Mais... C'est chiant à porter ! Bougonna Grégoire.
- Tu veux vraiment que je me déplace et que je te botte ton derrière ? Et ton langage ! Allez !
- Pfft...
En ronchonnant, il emporta mon sac dans l'abri. De suite, j'entrepris de débrancher la télévision du salon. Un sacré engin. Il me fallut près d'un quart d'heure pour tout enlever.
- Chérie ? Tu as tout pris ? Criai-je.
- Oui, le frigo a été cambriolé.
- Fonce alors à l'abri et garde Grégoire.
- Et toi ?
- J'arrive, deux secondes.
Après avoir déposé la télévision au seuil de la porte, je monta à l'étage et récupéra les quelques affaires personnelles qui me tenaient à cœur. Mon paquet de chewing-gum, un livre et ma boule de billard numérotée 8 porte bonheur.
En arrivant à l'abri, c'était l'une des dernières fois que je pouvais voir le monde tel qu'il était avant. Cette maison ne sera sans doute plus comme ça à partir du carnage.
L'abri antiatomique que nous avions fait construire était l'un des meilleurs dans son genre. Considéré comme une véritable maison, il était à soixante-quinze pour cent enterrée et disposait d'un générateur d'électricité écologique fournissant assez d'énergie pour chauffer l'eau et nous permettre de vivre comme avant, de la nourriture pour six mois, de deux chambres, d'une salle de bain et d'une cuisine avec salon.
Lorsque nous refermâmes la porte de trente centimètres d'épaisseur, les premiers cris de souffrances apparurent, à en fendre le cœur. Ma femme essuya une larme et tenta d'ouvrir la porte :
- Mon dieu ! Qu'est ce qui leur arrive ? Il faut les aider.
- Non ! Ferme ! répondis-je fermement.
- Mais...
- Ferme cette porte !
Elle la repoussa en pleurant. Des hurlements déchirants la retenaient de temps en temps, mais elle avait compris que notre vie était en jeu. Le traitement de l'air à l'intérieur de l'abri achevé, nous avons enfin pu enlever nos masques. Un bonheur indescriptible.
Pendant que Grégoire et moi installions l'écran, ma femme me bombardait de questions.
- Alors ? Que se passe-t-il ?
- Je vais vous expliquer...
Je me suis installé dans le canapé, ma femme à mes côtés et mon fils dans des coussins répandus sur le sol. Je ne savais toujours pas par ou commencer, le problème au travail ou la découverte des effets du Kratium. Comment expliquer ce que j'ai vu ? Comment le faire comprendre à ma femme ? Si elle me prenait fou ? Comment l'expliquer à mon fils qui n'avait que dix ans ?
J'ai tout déballé, comme ça. C'est sorti tout seul. J'ai tout décrit, dans le moindre détail. Ma femme m'écoutait, bouche-bée. Mon fils était choqué, ça se voyait sur son visage. Je lui interdisais tout ce qui n'était pas de son âge, en particulier les films d'horreur. Là, j'ai brisé cette interdiction. Et il n'en revenait pas. Après ça, je me suis effondré, en larmes. Clarice, ma femme, brisa le silence.
- Combien ?
- Quoi ?
- Combien de temps devons-nous rester ici ?
- Je ne sais pas. J'ai juste des approximations en tête. Le taux de Kratium devrait ne plus être dangereux dans environ six mois, voir sept.
- Nous allons resté sept mois ici ?
- Mais je sortirais, je pense, une fois par mois pour voir où ça en est la haut.
- On va en discuter sérieusement tout à l'heure.
- Papa ? Ils sont si dangereux que ça en haut ?
- Oui, ils sont très dangereux et peuvent nous tuer. Tu resteras avec Maman ici.
- Alors pourquoi tu sors ?
- Pour voir s'il n'y a pas des personnes en vie, comme nous.
- Je voudrais venir avec toi aussi...
- Non, je ne veux pas prendre ce risque.
Il savait très bien que je ne changerais pas d'avis. Il s'est donc mis à bouder dans ses coussins en fixant la télévision. Ma femme me prit le bras.
- Crois-tu vraiment que l'on peut survivre ? Avec ce que tu m'as raconté, j'ai très peur.
- Ne t'inquiète pas. Je vous protégerais coute que coute. Je ferais tout. Nous avons notre nouvelle maison pour les mois à venir. Nous avons des divertissements et des jeux. En plus, j'ai fais le compte de la nourriture, nous en avons plus que prévu. On a des médicaments si nous sommes malades et nous pouvons compter les uns sur les autres. Ça va aller.
Je la pris dans mes bras. Son contact effaça les images et les choses que j'ai vécu jusqu'à présent. Une nouvelle vie commence, plus horrible qu'avant, mais pour moi à ce moment, elle restait la même.
Le soir venu, une idée folle me vint en tête. Nos vivres étaient largement suffisantes pour nous trois. On pouvait même, avec un peu plus de restrictions, inviter quelqu'un à survivre.
Nous étions partagés sur ce sujet. Ma femme voulait inviter sa petite sœur, Loona, et moi, je voulais inviter Romain, mon meilleur ami d'enfance. Nous savions que ce choix aurait de lourdes conséquences, mais nous restions quand même figer sur nos projets bien distincts.
Romain était dans le même collège et le même lycée que moi. Fan d'arts martiaux, il a toujours été un soutien et il a décidé de me suivre dans le sud de la France après avoir passer le Bac. Il vit désormais dans un pavillon à deux rues d'ici.
Loona est l'une des plus grandes pestes que je n'ai jamais connu. Nous lui avons confié notre enfant lorsque nous partions en soirée ou en vacances et Grégoire ne l'a jamais appréciée. Elle lui faisait faire toutes les corvées. En plus de ça, son égoïsme et sa personnalité hautaine me tapait sur les nerfs.
Le choix était dur. Le repas tournait mal et au fur et à mesure que le temps avançait, les tensions apparaissaient. Je n'aimais pas Loona et elle n'aimait pas Romain. Dans la logique de l'utilité, Romain serait préférable à Loona mais je ne pouvais pas me disputer avec ma femme dans de telles conditions.
- C'est d'accord ! Je vais chercher Loona. Mais je te préviens d'une chose, s'il lui est arrivé quelque chose, ce qui pourrait être possible, je vais chercher Romain.
- D'accord. Fait attention à toi !
- J'y vais, mettez vos masques.
- Attends papa !
Il me retint par le bras.
- Et s'ils t'attaquent, tu ne pourras pas te défendre si tu n'as pas d'armes !
- Bien vu Grégoire.
En effet, je partais tête baissée à la mort si je ne prenais pas quelques choses pour me défendre. En entendant les cris d'agonies tout à l'heure, de nombreuses personnes ont dû se transformer.
En fouillant dans l'abri, je n'ai pu trouver qu'une vieille batte de baseball.
- J'irai voir en même temps si je ne trouve pas une nouvelle arme.
En sortant de l'abri, je ne m'attendais pas à ça. Mais il fallait bien que j'y aille. Je devais sauver une vie, à tout prix.