Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

Et plus si affinités


Par : PaulAllender
Genre : Sentimental, Fantastique
Statut : C'est compliqué



Chapitre 17 : Immersion


Publié le 19/09/2010 à 22:10:17 par PaulAllender

Enfin, en fauteuil roulant c'était tout de suite plus difficile, pas toujours évident de traverser la ville le cul dans une chaise montée sur 4 roues. Mais bon, c'était pour la bonne cause après tout. Le père de Maxime avait bricolé une sorte de passage en pente dans les escaliers "pour pas que je l'emmerde à lui demander de me descendre à chaque fois", parfait. Je me dirigeai donc vers la porte d'entrée, sortant de chez moi, commençant à rouler en direction de mon ancienne maison. Le trajet toucha rapidement à sa fin (je connaissais le chemin à force), j'avais arrêté mon fauteuil devant la grande maison blanche que j'avais habitée toute ma vie. Je n'y étais pas venue depuis mon changement de corps avec Maxime, j'étais pétrifiée. Après tout, la dernière fois que j'avais vu mes parents remontait déjà à plusieurs mois. Puis, à quoi bon être venue juste ici, j'étais pas non plus sa messagère. Enfin, maintenant que j'y étais... J'approchai mon fauteuil de la porte et collait mon poing contre cette dernière. Impossible de frapper à la porte, je n'osai pas. Je pris tout de même sur moi et toquai à la porte.

*Toc toc*

Pas de réponse.
Je toquai une nouvelle fois, un peu plus fort que la fois précédente.

*TOC TOC*

Toujours pas de réponse. A ce moment là, je perdis mon sang froid et me mis à marteler la porte de mes deux mains, pendant plusieurs minutes, je frappai la porte aussi fort que possible jusqu'à en saigner des mains. Je fondis en larme en posant mon front contre la porte blanche de laquelle mon sang coulait en cascade, finissant sa course sur mon front, coulant sur mon nez pour finalement gouter jusque devant la porte, se mêlant à mes larmes. Réceptacle lacrymal taché par des averses écarlates, le paillasson de la porte d'entrée d'origine blanc devenait peu à peu rouge, à l'instar de mon âme. Je fis donc demi tour et commençai à rouler quand un personne m'adressa la parole.

-Si tu cherches les Perec-Dimarzo, ils n'habitent plus ici mon garçon.
-Qu...

Le type était adossé contre la boite au lettre, grand, large, vieux, une crinière blanche luisant au soleil recouvrait son crâne jusqu'aux épaules. Son front était dégarni, abimé et ridé, comme le reste du visage. Ses yeux d'un gris métallisé étaient cachés derrière une petite paire de lunette. Une moustache arrivait jusqu'au bas de son menton, entourant sa bouche dans laquelle était placée une pipe en bois rongée par les âges, à l'image de son propriétaire. Il était habillé d'un T-Shirt des Stray Cats, d'un pantalon en tissu et d'une paire de santiags, avec des éperons.
Quelle immonde faute de goût...

-Ca va faire deux semaines qu'ils ont déménagés.
-Ah oui, où ça ?
-Marseille.
-Pardon... ?

"Là, c'est vraiment une blague, plus poisseuse tu crèves, quelle était la probabilité qu'ils aient déménagés pendant mon coma, putain de merde, c'est pas possible..."

-Pffff...
-Pourquoi, c'était la petite Alice que tu voulais voir hein, c'est ça ? :rire2:
-...Euh...oui oui, c'est elle que je cherchais.
-T'arrives un peu tard, en même temps c'était plus possible pour eux de vivre ici...
-C'est à dire... ?
-Bah, ils ont eu pas mal de soucis des derniers temps...
-Mais encore ?
-Entre le petit qui se fait émasculer, la gosse qui manque de se tuer en passant par la fenêtre et le père qui renverse un gosse en l'amenant à l'hôpital, ça faisait beaucoup d'un coup...
-...

*BOM*


-


Je continuai ma promenade, les mains dans les poches, tête baissée, m'asseyant finalement sur le bord du quai, les jambes dans le vide.

"Sauter en fait, ça serait pas une mauvaise idée quand j'y pense..."

Je me tenais là, assis à un mètre au dessus de la mer, c'était tentant de rejoindre la mouette de tout à l'heure au fond de la Méditerranée.

-Pffffff quelle vie de merde...
-Haha ça tu l'as dit.

*PLOOOUUF*

Je sursautai, tombant à la mer sur le coup, me cognant la tête contre le quai. C'était bien ma veine... Bon au moins, ça m'avait évité d'me prendre la tête à décider si j'devais sauter ou pas... Ca c'était fait au moins. Je coulai comme une masse, l'air de mes poumons commençait à s'épuiser, j'allais mourir. Ca me faisait un peu chier de crever comme ça quand même, yavait encore plein de truc que j'aurais voulu faire... Sauter à l'élastique, faire du kite-surf, mon baptême de l'air, faire un slam dans le public à un concert de rock, ou plus généralement, avoir au moins une copine dans ma vie. Malgré toutes mes débilités de ces derniers mois, je savais toujours pas y faire. Au fond, c'était ça, mon seul regret ; avec WoW.
Pas très cartésien comme raisonnement hein ? J'm'en foutais un peu de tous ces débiles que j'avais pu côtoyer, mes parents, ma soeur, les gens du lycéée ; qu'ils crèvent, un par un.

"La seule personne que je regretterai, c'est Cyril !"

J'étais sur le point de crever, autant penser à Dieu maintenant... Aussi stupide que ça puisse paraître, je me mis à prier, intérieurement, moi qui n'avait jamais été croyant pour un sou. C'était tout de même curieux cette faculté que nous avions de faire appel à Dieu quand nous étions sur le point de mourir. La vie était elle si précieuse pour qu'elle vaille la peine qu'on s'attarde dans des supplications sur une entité imaginaire (qu'on avait ignoré jusque là) censée nous sauver la vie ? A mon avis, c'était pas tellement à la vie que nous étions attachés, ça n'était pas non plus que nous n'avions pas envie de laisser nos proches et nos vies derrières nous, non non. La vérité, c'est que nous avions peur, peur de ce que nous ne connaissions pas, peur de l'inconnu ; peur de la mort. Quand on se dirigeait vers ce qui dépassait la connaissance humaine, la science, on se tournait vers l'irrationalité , vers la croyance en l'invisible ; on suppliait "Dieu", par peur de mourir.
Alors que je crachais ma dernière bulle d'air, je senti qu'on m'agrippait à la taille et qu'on me ramenait à la surface.

-Huuuuuuuuuuu...
-Putain, tu m'as fait une sacrée peur...


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