Note de la fic : :noel: :noel: :noel:

L'autre monde.


Par : Globax
Genre : Fantastique
Statut : C'est compliqué



Chapitre 36 : Mort ?


Publié le 19/08/2013 à 01:10:42 par Globax

[c]Chapitre 1, Saison 2[/c]

 
Le vent charriait l'insupportable puanteur de l'endroit.

C'était comme si le gouffre amer de la mort punissait les défunts en leur collant le visage dans une déchèterie. Et tout autour, suintait la viscosité des cris, des relents de désespoirs...
J'entendais tout, et rien à la fois. Les sons se perdaient si vite dans cette sombre grotte que tout demeurait inaudible. Les plaintes s'amplifiaient si fort sur les crasseuses parois qu'elles semblaient résonner de nos propres pensées, jetant aux ténèbres de l'endroit nos peurs les plus profondes, celles qui émanaient des tréfonds de notre inconscience.

Ce lieu obscur oppressait, tandis que le souffle de flutes mal accordées dardait de leurs affreuses cacophonies. Et les gémissements de douleurs, d'épouvantes, partout, couvraient à peine ce bruit infernal qui mettait les nerfs et l'esprit à vif.

Je frissonnais, des sueurs froides me perlant dans le dos, le laissant paraître semblables aux roches poisseuses qui tapissaient les murs glacials de la caverne.
Je connaissais cet endroit, j'espérais ne plus jamais le revoir...

Et cette chose qui se mouvait, lentement, raclant les aspérités du sol. Je me dirigeais malgré moi, immobile, transi, vers cette abomination qui avançait... Inexorablement. Véritable gouffre de souffrance, de terreur pure. Il y avait des gens à l'intérieur; ils hurlaient, souhaitant sortir, souhaitant mourir.
Et sans m'en rendre compte, je me mis à courir en sens inverse, tentant désespérément d'échapper à un monstre dont j'ignorai jusqu'au nom. Mes pas foulaient la terre craquelée. Noircis de fumée, mes poumons brulaient tandis qu'ils recrachaient l'air putride au rythme, au fil de mes râles d'agonie. Bientôt ce furent des grésillements qui s'échappèrent de mes pieds calcinés, du sang qui s'écoula de ma gorge brulée.
Le temps semblait fuir cet endroit, et les voix se moquaient, elles voulaient que je les rejoigne dans leurs horreurs. Les secondes s'égrenaient comme des semaines et la masse informe se rapprochait, encore et toujours, lentement.

Elle gagnait du terrain et je semblais reculer. Serrant les dents, je gémis dans un ultime effort, une larme perlant de mes yeux aveugles. C'est alors qu'un de mes pieds percuta un rocher, retournant un ongle sur le coup dans un craquement sinistre.
Hurlant de douleur je m'écrasais au sol. N'osant même pas regarder dans quel état j'étais.

Et la mort avançait, la plaie ouverte, la bouche béante rampait vers moi... Toujours.
Alors, je me laissais envahir par le désespoir, et fermais mes yeux asséchés, priant pour me réveiller.
Ne pensant à rien je sentais ses crocs me dévorer les jambes, les bras...

Me sentais mourir...






« Le numéro BK-X7689 est demandé au comptoir d'enregistrement, je répète, le numéro BK-X7689 est demandé au comptoir d'enregistrement ! »
« Le numéro XH-502J7 est demandé à la révision d'investissement personnel pour un changement de formulaire ! »
« Le numéro UI-879ML est demandé … »

Péniblement, j'ouvris les yeux.
Tout autour de moi les gens hurlaient, criaient. Certain debout, le poing levé, protestant contre la mauvaise organisation de l'endroit; d'autre assis, leurs papiers vert, jaune, bleu, à la main, la tête entre les genoux, se balançant d'avant en arrière; d'autres encore, allongés sur les coudes, le corps à moitié enseveli dans l'eau putride, regardaient la scène sans comprendre, avant de se lever avec peine.

Je décidais de les imiter en regardant tout autour de moi.
Pestant contre mes vêtements trempés, j'aperçus une plaine désolante, s'étendant à perte de vue, noire de monde. Le seul endroit qui semblait différer quelque peu du reste était ce lac plein d'eau verte derrière moi.
En levant les yeux, je pouvais apercevoir ce canal, cette brèche, dans un plafond d'un blanc immaculé, duquel tombait à rythme irrégulier de nombreuses personnes. L'une après l'autre, elles jaillissaient, éjectées de ce puits dans les cieux, pour venir s'écraser à la surface de l'étang dans une gerbe d'eau.

Et cette voix qui continuait sans cesse à rabattre des numéros aussi compliqués qu'incompréhensibles. Soupirant j'essayais de me rappeler comment j'étais arrivé ici lorsqu'une bête énorme me saisit par l'épaule, me l'arrachant presque sur le coup. J'écarquillais les yeux.
Haute de deux mètres, elle semblait taillée dans le marbre, tandis que sa peau se teintait d'une effrayante couleur sanglante. Était-ce ses deux gigantesques cornes, desquelles suintait un liquide rougeâtre, ou bien son visage tordu dans un masque de haine qui dégageait cette impression de malaise et d'infériorité persistante ? Je n'eus pu le dire...

« Prends un ticket et va dans la queux »

Sa voix caverneuse me fit frissonner. Encore sous le choc je regardais la bobine de papier qu'il me tendait de sa main énorme. Il pourrait broyer facilement une tête humaine avec ça...
Dans la seconde, la deuxième se contracta en un poing menaçant pendant qu'il semblait me démembrer du regard.

Sans hésiter, je détournais les yeux, saisissais l'un de ses bouts de papier avant d'aller me perdre un peu plus loin, juste au cas ou...
machinalement mes yeux se portèrent sur le numéro inscrit sur mon ticket. ZZ-99X87
Et cette voix qui ne cessait de résonner...

« Le numéro BK-X7689 est demandé au comptoir d'enregistrement...




Le numéro XH-502J7 est demandé à la révision d'investissement personnel pour un changement de formulaire...




Le numéro BK-X7689 est demandé au comptoir d'enregistrement... »



Où est-ce que je suis tombé...


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