Note de la fic :
Publié le 16/07/2010 à 18:40:41 par Ploumi
Chapitre 28
- Plaît-il ?
- Tu es ... LE David M***** ?
- Non mais attends, tu crois qu’il en existe combien IRL ?
- TU ES LE VRAI, L’ULTIME, LE GRAND !
- Ok dégage...
- Eh oh oh oh atteeennds mec, je me présente : Nicolas Dubuisson
- Et ?
- Je suis animateur radio et j’ai parlé de toi pas plus tard que dans les infos du morning là!
- À cause de ma disparition ?
- Oui et de ton lien avec l’affaire des mafieux !
- Mh je vois.
- Je peux t’interviewer dis-moi ? Ça me filerait un sacré coup de pouce parce qu’en ce moment on tourne un peu au ralenti ... ça me ferait une putain d’excluuuu !
- Je gagne quoi en échange ?
- Roh allez mec, tu vas passer à la radio !
- Me faire connaître c’est pas trop mon trip tu vois, je préfère rester anonyme, en plus je suis SDF, j’ai honte tu vois ? J’aimerais garder le peu d’estime qu’il me reste.
- On ne dira pas que tu es SDF t’en fais pas mec ça..
- Ça finira par se savoir, c’est ça que tu voulais pas me dire ? Ouais bah non.
- Donne moi ton numéro, j’arriverai à te convaincre j’en suis sûr.
- Mais non mais...
À l’instant où j’allais répliquer, des caméras s’amenaient ! Un mec avec un micro était également là, ils couraient vers moi. Tous des fous ces médias vraiment, ils pouvaient aller crever en enfer, je ne leur dirai absolument rien. Je pris mon sac et m’enfuis aussi rapidement que possible. Je bousculais les passants de manière brusque et très sauvage mais je voulais m’assurer que les caméramans ne pourraient pas me suivre. Je bifurquai dans une ruelle moins fréquentée après 2 minutes de sprint intensif afin de souffler et je regardai si je les avais bien semés. Visiblement oui. Tiens je reconnaissais cet endroit, c’était là que le mafieux avait failli me prendre ma vie, je m’en souvenais très bien.
Et maintenant, qu’allais-je faire ? D’ici quelques minutes je ne serai plus porté disparu, les médias m’avaient vu alors la France entière allait être au courant que j’étais en vie, donc je n’irai pas au Poste de Police, ça me paraissait inutile. Mon appétit comblé, les nouvelles lues, je n’avais plus d’endroits où aller, j’étais entrain de me souvenir que je m’étais désinscrit du lycée Homard d’ailleurs, ainsi, ni domicile où vivre, ni cours à suivre, ni personnes à qui me confier ... C’était donc ça toucher le fond, et continuer à creuser quand même. Je passais devant un Cybercafé, j’en profitais pour aller brancher mon iPhone afin qu’il se recharge, je me doutais bien que ma boîte de réception n’allait pas être vide. Après 3h de surf sur le net, dont un pavé écrit sur le 15-18 pour raconter mon histoire que personne n’a crue, une connexion discrète sur Facebook pour voir comment tout le monde se portait et quelques autres conneries inutiles, je partais dehors et m’installais sur un banc minable pour lire mes messages (un SDF avec un iPhone quand même ) : 67 nouveaux messages . Le dernier datait d’il y a 3 jours, j’étais donc encore hospitalisé je crois, il s’agissait de Valentine qui me confiait qu’elle allait dénoncer toutes ces magouilles à la police et qu’on me retrouverait avant qu’il ne soit trop tard. Elle ne m’avait pas sauvé la vie mais au moins les pourritures qui m’avaient tant fait souffrir allaient passer une bonne partie du restant de leurs jours derrière les barreaux. Quant aux autres messages ils se ressemblaient tous, « où tu es », « comment tu vas » « t’es mort ? » (Comme si un mort pouvait répondre à un sms) etc, bref des messages d’inquiétude à mon égard, c’était touchant mais visiblement ils avaient arrêté de croire à ma possible existence il y a 3 jours.
Ainsi je repris la route sans savoir où j’allais ni ce que je cherchais. Je marchais péniblement avec mon horrible bagage sur l’épaule, il donnait l’impression de s’alourdir de jour en jour. Tout comme le poids de ma vie qui me pesait de plus en plus, ça en devenait presque insoutenable, et plus rien ne me retenait à cette triste existence pourtant je ne perdais pas espoir, j’ignorais vraiment pourquoi. Alors que je menais toutes ces réflexions, je me retrouvai tout à coup devant une drôle de « boutique », qui n’en était en fait pas une, ça s’appelait « Chez les Dépressifs Anonymes », on aurait dit une sorte d’association ou un lieu de réunion pour les ... dépressifs . L’endroit m’interpelait, je décidais donc d’entrer. Un vieil homme se tenait derrière un comptoir et un ordinateur à l’entrée, il me salua très chaleureusement :
- Bien l’bonjour jeune homme, quel vent t’amène ici ?
- Bonjour ... euh, la curiosité m’sieur ...
- Je vais t’expliquer, ici c’est anonyme et gratuit, tu dois juste donner un nom lors des réunions mais pas forcément le tien, on en organise tous les soirs, l’idéal c’est 2 ou 3 par semaine par personne, si ça t’intéresse alors ...
- Qui vous dit que je suis dépressif ?
- Allons bon, j’suis un vieux loup d’mer ! J’ai créé cette association il y a 25 ans p’tit gars, et je sais lire la détresse sur un visage, tu m’as l’air abattu et bien démuni en plus !
- C’est pas faux, alors euh, des réunions vous dites ? Gratuites hein ?
- Totalement gratuites, les gens s’y confient, par petit groupe, par 2, dans une grande salle, selon leur bon vouloir et les souhaits qu’ils prononcent.
- Ah, mais je ne sais pas si j’aurai le courage de parler monsieur parce que...
- S’il faut attendre ta 50ème réunion pour t’entendre c’pas un problème p’tit gars, on a des « guides » qui comblent les silences par des histoires vraies de la vie de gens de tous les jours pour sensibiliser les membres et leur redonner de l’espoir, notre objectif c’est de t’ouvrir aux autres, de te permettre de faire des connaissances, et petit à petit, de reprendre goût à la vie p’tit gars !
- Bon, je veux bien essayer alors.
- Ok, t’es disponible quand ?
- Tout le temps ?
- Tu vas pas à l’école, t’as pas de parents ?
- Non aucun des deux, et je suis SDF.
- SDF ? Mais t’as quel âge ?
- 17 m’sieur...
- Oulà, mais c’est sérieux là. Et des amis t’as bien des amis ? T’as pas trouvé un foyer pour dormir ? L’État n’a rien fait pour toi ?
- Bah j’étais dans un foyer mais on m’a exclu pour une connerie, j’me suis énervé après un mec qui m’a bousculé, je l’ai insulté, et en fait c’était le patron ... mon père adoptif est mort, ma mère adoptive est en taule, j’ai pas connu mes vrais parents, ils m’ont abandonné, j’suis déscolarisé et j’ai failli mourir plusieurs fois en 2 semaines. Voilà.
- C’est pas que d’un soutien dont t’as besoin toi ! Bon je vais manger, reviens me voir dans l’après-midi petit, allez, à toute à l’heure. Ah et tiens, mon numéro de téléphone.
À première vue, ce « Gaston » de son prénom semblait être un brave homme, avec un grand cœur et un altruisme à toute épreuve, enfin bref je verrai bien ce que ça donnera, rien ne pouvait plus me faire de mal désormais. Je passais mon repas du midi dans une pizzeria, la 4 fromages à 6,50€ puis je me rendais dans un parc à 2 pas d’ici où j’avais pu observer des groupes de jeunes profiter des dernières chaleurs avant que l’automne ne s’impose vraiment. Certains étaient plus jeunes que moi, d’autres un peu plus vieux, d’autres devaient avoir mon âge, mais tous avaient le sourire gravé sur leur visage, et tous avaient des amis sur qui ils pouvaient compter. Non aucune jalousie ne s’emparait de moi, juste des regrets et de la haine, je me sentais ridicule, terriblement seul et ma vie rimait avec « raté », raté, raté, raté, raté, ce mot raisonnait à l’intérieur de moi. J’ai cru que ma tête allait exploser tellement je me convainquais de ma nullité profonde. Enfin bref, il était déjà 16h, je retournais voir Gaston dont l’association se trouvait à deux petits pâtés de maison de là où je me morfondais. Tiens, il n’était pas seul visiblement.
- Ah gaillard te revoilà, t’as de quoi t’acheter à manger dis-moi ?
- Oui oui j’ai pas mal d’argent sur mon compte en banque.
- Mh, je te présente Corinne, l’une des nombreux bénévoles de l’association, elle coordonne les réunions 3 fois par semaine, elle est l’une de mes chefs d’équipe !
- Bonjour
- Bonjour, tu t’appelles comment ?
- Euh je ...
- Tu n’es pas obligé de le dire me rétorqua Gaston.
- David, c’est David.
- Tu viens à la réunion de ce soir alors David ?
- Ben je sais pas trop, j’appréhende un peu...
- Ah ! s’exclama Gaston, comme tous les nouveaux, mais t’en fais pas, elle va bien te prendre en charge !
- Bon ok, quelle heure ?
- 21h !
- J’y serai alors.
Corinne s’en alla.
- Bien, à ce soir alors !
- Ouais, à ce soir...
- Ciao Coco !
Un blanc se fit sentir .
- Mignonne hein ?
- Ça pourrait être ma grande sœur aussi.
- Elle, un autre, ou plusieurs personnes deviendront en quelque sorte un membre de ta famille, c’est un peu ce qui permet au puzzle de tenir en place tu comprends ?
- Oui oui tout à fait.
- Alors j’en ai pas terminé avec toi p’tit gars, t’as bien quelqu’un qui te suit non ?
- Avant une assistante sociale mais plus depuis un moment, elle ne m’a pas rappelé depuis un bail et elle ne répond plus à mes appels, et ce depuis que j’ai été exclu du foyer.
- On ne peut pas se permettre de te laisser dans la misère comme ça ! Bon je vis dans un endroit particulier, une sorte de foyer aussi mais c’est en fait une grande maison où j’accueille temporairement les plus démunis et j’ai l’impression que t’en as bien besoin.
- Désolé mais, je préfère rester seul et assumer ma condition de...
- Mais c’est juste le temps de te trouver une piaule p’tit gars !
- Bah je refuse pas que vous m’aidiez à chercher mais j’ai assez profité de la générosité des gens, désolé.
- Bon, t’as l’air ancré sur ta position, je ne te force pas, mais si tu changes d’avis t’as mon numéro !
- Ok ok.
- Le but c’est de trouver avant l’hiver parce que sinon tu vas morfler...
- Ouais je sais.
- Bref, j’ai quelques amis haut placés qui pourront étudier ton cas, je me suis fait connaître en 25 piges crois-moi ! Donc je leur passerai un coup d’fil demain et je te dirai ce qu’il en est, ok ?
- Ok ok ...
- Allez, j’te dis à ce soir Dominique !
- Euh... c’est David !
- Ah oui oui, David, pardon !
Qu’est-ce que j’allais bien pouvoir faire d’ici 21h ? La vie paraissait très ennuyante, mon désormais ex-lycée ne se trouvait pas loin d’ici, je m’y rendais donc, à pied bien entendu. Je me calais à une cinquantaine de mètres de la sortie avec la capuche sur la tête bien entendu pour ne pas être reconnu, et j’observais attentivement les allées et venues. Environ un quart d’heure plus tard, je voyais arriver un groupe de jeune qui m’était très familier : Vincent, Bertrand, Elise, Justine, Dimitri ... et Valentine ! Mais, Valentine ... main dans la main avec un autre mec, un grand blond stylé un peu surfeur hawaïen, mais OMFG, pas possible, Valentine, ma Valentine, pas toi ! Ma Valentine ? Je délirais carrément, jamais je n’avais vraiment compté à ses yeux, peut-être un peu mais ce n’avait été que de la pitié, rien d’autre. Et elle embrassait son mec joyeusement, il la tenait carrément par le cul, et moi je je... j’étais tétanisé devant cette scène. Chaque millième de seconde à les regarder faisait fondre ce fragment de cœur qu’il me restait, il brûlait vivant, et la flamme ardente compliquait même ma respiration, je ne vivais plus, mes yeux pleuraient d’eux-mêmes, alors qu’un coup de tonnerre gigantesque se fit entendre, et que dans les secondes qui suivirent, un déluge s’abattit sur ma carcasse. Cette pluie de cendres se mêlait à la braise de mon âme, j’avais placé trop de faux espoirs en cette fille, peut-être qu’inconsciemment c’était elle qui me retenait à la vie ? C’en était terminé, je baissais la tête alors qu’ils passaient devant moi comme si de rien n’était.
- Chérie on va chez moi, tu vas être trempée sinon !
- On va réviser alors ?
- Oui toute l’anatomie humaine tu vas voir.
- Ouuuuh *rires* .
Voilà, Cupidon là haut semblait très heureux, plus je me détruisais, plus les gens autour de moi semblaient sourire de plus belle, mon chagrin nourrissait les fous rires et mon déclin allait m’amener à mourir.
- Plaît-il ?
- Tu es ... LE David M***** ?
- Non mais attends, tu crois qu’il en existe combien IRL ?
- TU ES LE VRAI, L’ULTIME, LE GRAND !
- Ok dégage...
- Eh oh oh oh atteeennds mec, je me présente : Nicolas Dubuisson
- Et ?
- Je suis animateur radio et j’ai parlé de toi pas plus tard que dans les infos du morning là!
- À cause de ma disparition ?
- Oui et de ton lien avec l’affaire des mafieux !
- Mh je vois.
- Je peux t’interviewer dis-moi ? Ça me filerait un sacré coup de pouce parce qu’en ce moment on tourne un peu au ralenti ... ça me ferait une putain d’excluuuu !
- Je gagne quoi en échange ?
- Roh allez mec, tu vas passer à la radio !
- Me faire connaître c’est pas trop mon trip tu vois, je préfère rester anonyme, en plus je suis SDF, j’ai honte tu vois ? J’aimerais garder le peu d’estime qu’il me reste.
- On ne dira pas que tu es SDF t’en fais pas mec ça..
- Ça finira par se savoir, c’est ça que tu voulais pas me dire ? Ouais bah non.
- Donne moi ton numéro, j’arriverai à te convaincre j’en suis sûr.
- Mais non mais...
À l’instant où j’allais répliquer, des caméras s’amenaient ! Un mec avec un micro était également là, ils couraient vers moi. Tous des fous ces médias vraiment, ils pouvaient aller crever en enfer, je ne leur dirai absolument rien. Je pris mon sac et m’enfuis aussi rapidement que possible. Je bousculais les passants de manière brusque et très sauvage mais je voulais m’assurer que les caméramans ne pourraient pas me suivre. Je bifurquai dans une ruelle moins fréquentée après 2 minutes de sprint intensif afin de souffler et je regardai si je les avais bien semés. Visiblement oui. Tiens je reconnaissais cet endroit, c’était là que le mafieux avait failli me prendre ma vie, je m’en souvenais très bien.
Et maintenant, qu’allais-je faire ? D’ici quelques minutes je ne serai plus porté disparu, les médias m’avaient vu alors la France entière allait être au courant que j’étais en vie, donc je n’irai pas au Poste de Police, ça me paraissait inutile. Mon appétit comblé, les nouvelles lues, je n’avais plus d’endroits où aller, j’étais entrain de me souvenir que je m’étais désinscrit du lycée Homard d’ailleurs, ainsi, ni domicile où vivre, ni cours à suivre, ni personnes à qui me confier ... C’était donc ça toucher le fond, et continuer à creuser quand même. Je passais devant un Cybercafé, j’en profitais pour aller brancher mon iPhone afin qu’il se recharge, je me doutais bien que ma boîte de réception n’allait pas être vide. Après 3h de surf sur le net, dont un pavé écrit sur le 15-18 pour raconter mon histoire que personne n’a crue, une connexion discrète sur Facebook pour voir comment tout le monde se portait et quelques autres conneries inutiles, je partais dehors et m’installais sur un banc minable pour lire mes messages (un SDF avec un iPhone quand même ) : 67 nouveaux messages . Le dernier datait d’il y a 3 jours, j’étais donc encore hospitalisé je crois, il s’agissait de Valentine qui me confiait qu’elle allait dénoncer toutes ces magouilles à la police et qu’on me retrouverait avant qu’il ne soit trop tard. Elle ne m’avait pas sauvé la vie mais au moins les pourritures qui m’avaient tant fait souffrir allaient passer une bonne partie du restant de leurs jours derrière les barreaux. Quant aux autres messages ils se ressemblaient tous, « où tu es », « comment tu vas » « t’es mort ? » (Comme si un mort pouvait répondre à un sms) etc, bref des messages d’inquiétude à mon égard, c’était touchant mais visiblement ils avaient arrêté de croire à ma possible existence il y a 3 jours.
Ainsi je repris la route sans savoir où j’allais ni ce que je cherchais. Je marchais péniblement avec mon horrible bagage sur l’épaule, il donnait l’impression de s’alourdir de jour en jour. Tout comme le poids de ma vie qui me pesait de plus en plus, ça en devenait presque insoutenable, et plus rien ne me retenait à cette triste existence pourtant je ne perdais pas espoir, j’ignorais vraiment pourquoi. Alors que je menais toutes ces réflexions, je me retrouvai tout à coup devant une drôle de « boutique », qui n’en était en fait pas une, ça s’appelait « Chez les Dépressifs Anonymes », on aurait dit une sorte d’association ou un lieu de réunion pour les ... dépressifs . L’endroit m’interpelait, je décidais donc d’entrer. Un vieil homme se tenait derrière un comptoir et un ordinateur à l’entrée, il me salua très chaleureusement :
- Bien l’bonjour jeune homme, quel vent t’amène ici ?
- Bonjour ... euh, la curiosité m’sieur ...
- Je vais t’expliquer, ici c’est anonyme et gratuit, tu dois juste donner un nom lors des réunions mais pas forcément le tien, on en organise tous les soirs, l’idéal c’est 2 ou 3 par semaine par personne, si ça t’intéresse alors ...
- Qui vous dit que je suis dépressif ?
- Allons bon, j’suis un vieux loup d’mer ! J’ai créé cette association il y a 25 ans p’tit gars, et je sais lire la détresse sur un visage, tu m’as l’air abattu et bien démuni en plus !
- C’est pas faux, alors euh, des réunions vous dites ? Gratuites hein ?
- Totalement gratuites, les gens s’y confient, par petit groupe, par 2, dans une grande salle, selon leur bon vouloir et les souhaits qu’ils prononcent.
- Ah, mais je ne sais pas si j’aurai le courage de parler monsieur parce que...
- S’il faut attendre ta 50ème réunion pour t’entendre c’pas un problème p’tit gars, on a des « guides » qui comblent les silences par des histoires vraies de la vie de gens de tous les jours pour sensibiliser les membres et leur redonner de l’espoir, notre objectif c’est de t’ouvrir aux autres, de te permettre de faire des connaissances, et petit à petit, de reprendre goût à la vie p’tit gars !
- Bon, je veux bien essayer alors.
- Ok, t’es disponible quand ?
- Tout le temps ?
- Tu vas pas à l’école, t’as pas de parents ?
- Non aucun des deux, et je suis SDF.
- SDF ? Mais t’as quel âge ?
- 17 m’sieur...
- Oulà, mais c’est sérieux là. Et des amis t’as bien des amis ? T’as pas trouvé un foyer pour dormir ? L’État n’a rien fait pour toi ?
- Bah j’étais dans un foyer mais on m’a exclu pour une connerie, j’me suis énervé après un mec qui m’a bousculé, je l’ai insulté, et en fait c’était le patron ... mon père adoptif est mort, ma mère adoptive est en taule, j’ai pas connu mes vrais parents, ils m’ont abandonné, j’suis déscolarisé et j’ai failli mourir plusieurs fois en 2 semaines. Voilà.
- C’est pas que d’un soutien dont t’as besoin toi ! Bon je vais manger, reviens me voir dans l’après-midi petit, allez, à toute à l’heure. Ah et tiens, mon numéro de téléphone.
À première vue, ce « Gaston » de son prénom semblait être un brave homme, avec un grand cœur et un altruisme à toute épreuve, enfin bref je verrai bien ce que ça donnera, rien ne pouvait plus me faire de mal désormais. Je passais mon repas du midi dans une pizzeria, la 4 fromages à 6,50€ puis je me rendais dans un parc à 2 pas d’ici où j’avais pu observer des groupes de jeunes profiter des dernières chaleurs avant que l’automne ne s’impose vraiment. Certains étaient plus jeunes que moi, d’autres un peu plus vieux, d’autres devaient avoir mon âge, mais tous avaient le sourire gravé sur leur visage, et tous avaient des amis sur qui ils pouvaient compter. Non aucune jalousie ne s’emparait de moi, juste des regrets et de la haine, je me sentais ridicule, terriblement seul et ma vie rimait avec « raté », raté, raté, raté, raté, ce mot raisonnait à l’intérieur de moi. J’ai cru que ma tête allait exploser tellement je me convainquais de ma nullité profonde. Enfin bref, il était déjà 16h, je retournais voir Gaston dont l’association se trouvait à deux petits pâtés de maison de là où je me morfondais. Tiens, il n’était pas seul visiblement.
- Ah gaillard te revoilà, t’as de quoi t’acheter à manger dis-moi ?
- Oui oui j’ai pas mal d’argent sur mon compte en banque.
- Mh, je te présente Corinne, l’une des nombreux bénévoles de l’association, elle coordonne les réunions 3 fois par semaine, elle est l’une de mes chefs d’équipe !
- Bonjour
- Bonjour, tu t’appelles comment ?
- Euh je ...
- Tu n’es pas obligé de le dire me rétorqua Gaston.
- David, c’est David.
- Tu viens à la réunion de ce soir alors David ?
- Ben je sais pas trop, j’appréhende un peu...
- Ah ! s’exclama Gaston, comme tous les nouveaux, mais t’en fais pas, elle va bien te prendre en charge !
- Bon ok, quelle heure ?
- 21h !
- J’y serai alors.
Corinne s’en alla.
- Bien, à ce soir alors !
- Ouais, à ce soir...
- Ciao Coco !
Un blanc se fit sentir .
- Mignonne hein ?
- Ça pourrait être ma grande sœur aussi.
- Elle, un autre, ou plusieurs personnes deviendront en quelque sorte un membre de ta famille, c’est un peu ce qui permet au puzzle de tenir en place tu comprends ?
- Oui oui tout à fait.
- Alors j’en ai pas terminé avec toi p’tit gars, t’as bien quelqu’un qui te suit non ?
- Avant une assistante sociale mais plus depuis un moment, elle ne m’a pas rappelé depuis un bail et elle ne répond plus à mes appels, et ce depuis que j’ai été exclu du foyer.
- On ne peut pas se permettre de te laisser dans la misère comme ça ! Bon je vis dans un endroit particulier, une sorte de foyer aussi mais c’est en fait une grande maison où j’accueille temporairement les plus démunis et j’ai l’impression que t’en as bien besoin.
- Désolé mais, je préfère rester seul et assumer ma condition de...
- Mais c’est juste le temps de te trouver une piaule p’tit gars !
- Bah je refuse pas que vous m’aidiez à chercher mais j’ai assez profité de la générosité des gens, désolé.
- Bon, t’as l’air ancré sur ta position, je ne te force pas, mais si tu changes d’avis t’as mon numéro !
- Ok ok.
- Le but c’est de trouver avant l’hiver parce que sinon tu vas morfler...
- Ouais je sais.
- Bref, j’ai quelques amis haut placés qui pourront étudier ton cas, je me suis fait connaître en 25 piges crois-moi ! Donc je leur passerai un coup d’fil demain et je te dirai ce qu’il en est, ok ?
- Ok ok ...
- Allez, j’te dis à ce soir Dominique !
- Euh... c’est David !
- Ah oui oui, David, pardon !
Qu’est-ce que j’allais bien pouvoir faire d’ici 21h ? La vie paraissait très ennuyante, mon désormais ex-lycée ne se trouvait pas loin d’ici, je m’y rendais donc, à pied bien entendu. Je me calais à une cinquantaine de mètres de la sortie avec la capuche sur la tête bien entendu pour ne pas être reconnu, et j’observais attentivement les allées et venues. Environ un quart d’heure plus tard, je voyais arriver un groupe de jeune qui m’était très familier : Vincent, Bertrand, Elise, Justine, Dimitri ... et Valentine ! Mais, Valentine ... main dans la main avec un autre mec, un grand blond stylé un peu surfeur hawaïen, mais OMFG, pas possible, Valentine, ma Valentine, pas toi ! Ma Valentine ? Je délirais carrément, jamais je n’avais vraiment compté à ses yeux, peut-être un peu mais ce n’avait été que de la pitié, rien d’autre. Et elle embrassait son mec joyeusement, il la tenait carrément par le cul, et moi je je... j’étais tétanisé devant cette scène. Chaque millième de seconde à les regarder faisait fondre ce fragment de cœur qu’il me restait, il brûlait vivant, et la flamme ardente compliquait même ma respiration, je ne vivais plus, mes yeux pleuraient d’eux-mêmes, alors qu’un coup de tonnerre gigantesque se fit entendre, et que dans les secondes qui suivirent, un déluge s’abattit sur ma carcasse. Cette pluie de cendres se mêlait à la braise de mon âme, j’avais placé trop de faux espoirs en cette fille, peut-être qu’inconsciemment c’était elle qui me retenait à la vie ? C’en était terminé, je baissais la tête alors qu’ils passaient devant moi comme si de rien n’était.
- Chérie on va chez moi, tu vas être trempée sinon !
- On va réviser alors ?
- Oui toute l’anatomie humaine tu vas voir.
- Ouuuuh *rires* .
Voilà, Cupidon là haut semblait très heureux, plus je me détruisais, plus les gens autour de moi semblaient sourire de plus belle, mon chagrin nourrissait les fous rires et mon déclin allait m’amener à mourir.