Si je devais tirer un bilan de ma rentrée scolaire, je dirais que c’était en tout point une bonne journée. Des rencontres sympathiques, pas de malaise particulier, pas d’embrouille, il n’y a que le cancer de mon père adoptif, mais ça ne me fait ni chaud ni froid. Je ne suis pas pour autant insensible mais je n’ai pas les capacités de guérison que peuvent avoir certains personnages de jeux vidéo.


Il est 17h30 quand je rentre au centre, j’ai une tonne de papiers à faire signer, bon je m’invente une signature et ça fera l’affaire. Le seul hic, c’est qu’elle diffère selon les documents, je n’ai pas réussi à reproduire l’espèce de machin illisible que j’ai fait en premier, tant pis. Je mange un morceau ensuite, des Donuts que j’avais achetés hier, mmmmh, ça c’est la vraie vie. Et ce soir j’ai envie d’aller manger un croustibat, alors je ne vais pas m’en priver. En attendant, je n’ai pas de devoirs ou quoi que ce soit à faire, donc go TF2. Après 2h de jeux intensives, mon estomac commence à hurler et à se plaindre parce qu’il est maltraité. Je me rends donc à la cafétéria du coin pour me goinfrer comme ça ne devrait pas être permis en France tout du moins.


La nuit commence déjà à tomber. J’ai peur, je transpire, je tremble, j’hurle ! Non, en fait la cafétéria est de l’autre côté de la rue, elle vient d’ouvrir là et c’est déjà surchargé de sexagénaires qui offrent des bonbons aux tout petits enfants. Quel manque de discrétion alors... Je me sers des frites, un steack haché saignant, en entrée une part de pizza, et je prends la dernière glace au chocolat devant le nez d’un jeune bambin.


Bambin : Maaaaiiiiis elle est à moi.
Moi : Bah non écoute, c’est moi qui la tient regarde .
Mère : Viens Kévin, il en reste à la pistache.
Moi : pistache, Kévin, famille d’autistes non ?
Mère : Pardon ? Tu peux répéter ce que tu viens de dire ?
Moi : Non non j’ai déjà oublié.
Mère : Ta mère t’a mal élevé c’est ça ?
Moi : Ma mère elle vous emmerderait si elle était là.
Mère : L’ingrate, quelle honte d’avoir un fils comme toi...
Moi : Ferme-la sinon...
Père : Sinon quoi ?
Moi : Je t’ai parlé à toi ?

VLAN ! Et allez, et mon plateau par terre, tout est tombé, tout est cassé, l’assiette, le vers, la nourriture est fichue...


Caissière : Vous allez payer monsieur.
Moi : Mais c’est de sa faute !
Caissière : J’ai tout vu, c’est mérité !
Moi : Mais omg, j’hallucine...
Caissière : Ça vous fera un total de 15,85€.
Moi : Pfff, sacrée connasse vas (j’ai parlé tout bas )
Caissière : Merci, bonne soirée.


J’avais une envie de lui en coller une à elle, un hippopotame rose, barbu avec la peau qui pend en dessous du cou, un personnage de documentaire animalier sans doute. Mais j’avais faim, je repasse donc avec un nouveau plateau. Les cuistots me regardent d’un air amusé, c’est désagréable... je prends la même chose, mais sans la glace cette fois-ci, une crème nature sucrée fera l’affaire. Rebelotte, 15€, mais j’ai changé de caisse ce coup-ci.


Après cet incident « mineur » et ce repas tout de même à la hauteur de mes espérances, je retourne au foyer, il est 20h45 déjà. Je regarde mon iPhone, aucun nouveau message, sur Facebook, une notification : « Jean Bon vous invite à l’apéro », ah ok... Bref, je pense qu’il faut encore attendre une semaine avant que ma vie sociale ne prenne vraiment forme, que je chope quelques numéros, des msn, des amis Facebook... OLOL je vais être sociable. Bon allez, une partie de GoW2, un peu de musique, et au plumard à 23h, demain j’ai cours à 8h.


Waaaaaaaaaaaaah, tel est le cri du grand guerrier qui s’apprête à se rendre à une journée de chasse intensive. Ou à une journée de cours strictement ennuyante aussi. Il est 6h45, je suis à l’heure. Je prends ma douche, je mets du déodorant sisi, puis mes lentilles, je me rase, et je vais petit déjeuner. Mais aujourd’hui je serai visiblement seul à table, pas étonnant, tous des abonnés du pôle emploi dans ce pays . Bref, la routine avant de me mettre en route à 7h45, la sonnerie retentit à 8h05 si mes calculs sont exacts (un cours = 55 minutes, S spotted). J’ai donc le temps, et durant le trajet un peu de Michael Jackson ne se refuse pas. J’arrive au lycée à 7h55, j’ai un peu traîné c’est vrai, au moins j’ai le temps de trouver la salle, j’ai 2h de français en 211, avec une femme dont j’ai omis le nom. Je m’y retrouve plus facilement que ce que j’avais prévu, et devant la salle je vois déjà Vincent et Bertrand.


Vincent : Bien mec ou quoi ?
Moi : Ouais ouais tranquille et vous ?
Bertrand : Grave, eh regarde les 3 meufs à côté là, pas mal hein ?
Moi : Elles sont dans notre classe ?
Vincent : Ouais, et elles me matent depuis tout à l’heure
Bertrand : Non non, c’est moi qu’elles matent, j’ai le cul moulé vieux.
Vincent : T’es taré toi, regarde toi t’es laid comme une truie unijambiste.
Moi : OMG, bien le 15-18 ?
Bertrand : Ah, moi j’y vais plus, Vince non plus d’ailleurs, mais bon j’avoue on parle comme eux des fois.
Moi : Il roxx ce forum.
Vincent : Oui mais Suumas me kick tout le temps, enfin pas que Suumas en fait, tous les modos je crois.
Moi : Moi j’y traîne plus aussi.
Bertrand : Ouais, la vie sociale c’est mieux.


On dirait moi en ce moment, des anciens nolife devenus yeslife mais qui ont bien gardé la connerie quand même. Ça c’est intéressant. Dimitri arrive juste avant la sonnerie, on le salue, la prof arrive et on se cale tous les 4 au même rang tout au fond.

Prof : Ne vous asseyez pas c’est inutile, c’est moi qui vous place.
Moi : Bien l’école primaire ?
Prof : Je ne veux pas de commentaires, la prochaine fois tu prends la porte.


Bref, un prof qui nous place, ça ne m’était pas arrivé depuis la 6ème je crois, bien la dictature ? Elle va vite me souler je crois, de toute façon j’ai eu 13 au bac de français l’année dernière à l’écrit, et 15 à l’oral, je suis tombé sur le seul texte que je connaissais un peu (on avait eu contrôle dessus 1 mois avant), donc je ne repasse pas mon bac. Une année sans trop de pression, ça c’est la classe, en plus je suis un PGM en maths je vais me balader, tandis que les kikoos TRU3 R3B3LZ « mdr c koi x srx c pouri ». Le stéréotype qui semblait refléter la réalité dans ma classe cependant après les quelques observations que j’ai pu effectuer.


La prof nous place donc, aucun mec n’est à côté d’un autre mec, normal on est 9 et les filles sont 27, autrement dit je vais sans doute être entre deux filles.

Prof : Le rang du fond, de gauche à droite : Caroline, David M***** , Justine et Danièle.


Je vois alors les filles débouler sur le côté, et l’une d’entre elle était . Même une autre, avec moins de formes mais un visage éblouissant. Quant à Danièle que je vois s’asseoir au bout, un vrai Saupiquet, elle fait baisser le niveau c’est clair. J’entends Vincent placer quelques mots pas très discrets à ce moment là :

Vincent : T’as de la ch*tte toi, mate moi les jambons, ils sont frais ceux là !
Une fille : Pfff tu penses qu’à ça toi !
Vincent : Bah j’suis pas venu à ce bahut pour me faire gay en même temps.


Pas mal pas mal. Je m’assois donc à côté de la divinité qui s’avérait être Justine, et l’autre mignonne aussi, Caroline, bien qu’elle ait des lunettes tordues assez bizarroïdes. On attend que la prof finisse de placer tout le monde, et elle commence à nous sortir son speech, celui que tous les profs vont nous faire de toute façon. Pas un mot des deux filles et moi qui n’ose pas parler... Chaud le mec coincé quand même. En deuxième heure on révise les figures de style.


Prof : Qu’est-ce qu’un Soleil Noir ?
Moi : Une blague, la lumière noire n’existe pas.
Prof : Mais Monsieur a fait l’école du rire à ce que je vois !
Moi : Non mais j’ai fait S et vous dites n’importe quoi !
Prof : Bon, quelqu’un de sensé ?
Justine : C’est un oxymore.
Prof, Ah, bien merci.


Chaud, j’étais très sérieux en plus, j’étais nul moi en figure de style, je connaissais juste la métaphore, la personnification (exemple : un chimpanzé joue à la gameboy ) et la paraphrase parce qu’en Histoire-Géographie le prof me le mettait toujours sur ma copie dans la marge. Justine avait cependant souri après mon dialogue avec la prof, GG... Non ou alors elle s’est foutue de moi aussi, à voir.


Pas un mot de plus au terme des 2 heures de français. Après c’était au tour de l’histoire où je me suis retrouvé avec Dimitri, il m’a parlé de WoW pendant 2h aussi, pendant que le prof nous expliquait laborieusement les origines de la Révolution Industrielle. Et quand il a interrogé Bertrand :

Prof : Qui a inventé le train à vapeur ?
Bertrand : La SNCF m’sieur.


Tout le monde a ri, il avait l’air tellement sérieux cet autiste quand il a répondu ça, mais au fond c’était vraiment nul. Mais que voulez-vous, la mentalité et la culture des ES, on ne se refait pas. Après 4 heures de cours, c’est l’heure de manger, Vincent nous propose de nous incruster dans un groupe de filles de la classe, les trois de tout à l’heure devant la salle de français, qui étaient en plus avec Justine et une autre. Ce que nous fûmes sans broncher.

Vincent : On peut squatter les minettes ?
Une fille : -_-
Moi : Les filles*
Justine : Oui venez ^^.


Les présentations se font. Nous avons là une Laurie un peu gamine, une Amandine qui aime le poney et la crotte d’étalon, une Eve qui était, sans mentir, aussi blanche que le lait ou la farine et Audrey qui était elle très souriante. Laurie était la plus jolie des 4, mais il ne faut pas oublier Justine qui avait son mot à dire MAIS QUI VA GAGNER ONCHE ONCHE ? Non calmons nous, déjà il faut faire connaissance, lâcher quelques blagues uniquement si elles sont drôles, être aimable et sympathique. J’ai vu ça sur le net . Bref, un repas sympathique bien qu’on ait seulement parlé des cours, des profs, et que Vincent ait lâché quelques vannes. On retourne en cours, on avait qu’une seule heure, et on finissait à 14h !


Vincent : Eh David, lâche toi un peu, sors de ta bulle, t’as vu un peu Justine elle est mignonne hein ?
Moi : Faut voir si son QI dépasse celui d’un chromosome d’huître aussi.
Vincent : Baaaah allez tu t’en fous, faut bien commencer un jour non ?
Moi : Commencer quoi ?
Vincent : T’as déjà eu une meuf ?
Moi : Bah, une vraie non...
Vincent : Ok ok, alors engage toi, commence à lui parler, faut que tu réussisses à choper son numéro et son msn.
Moi : Et toi elle te plaît pas ?
Vincent : Non, elle met pas de strings...
Moi : Ah ok chaud, t’es...
Bertrand : Moi je vais me faire Laurie nofake.
Dimitri : Vous croyez qu’il y en a une qui joue à Aion ?
Moi : Ben écoute, demande leur.
Dimitri : Ok.
Vincent : Lui c’est vraiment un déconnecté du monde réel.
Bertrand : Il va tenter de leur vendre un compte .
Moi : Bon on y va à ce cours de SES ?
Bertrand : Ouais, Vince move your asshole !


Direction le 2ème étage, et en retard...

Prof: Bon ça ira pour cette fois, asseyez-vous.

Je me retrouve à côté d’une autre fille, moins attirante que Justine mais potable, par contre elle passe son temps à faire mumuse avec son piercing sur la langue, c’est assez stressant. Le cours passe rapidement, j’ai bien pris des notes je n’avais rien eu d’autre à faire de toute façon.


Vincent : Bon les gars on fait quoi ce soir ?
Bertrand : Bah, on va en boîte ? Pour fêter la rentrée.
Vincent : Ouais ouais bonne idée, je dis aux autres de venir, tu viens David ?
Moi : Euh, ça peut être sympa, je vais voir.
Bertrand : Allez sois pas coincé du cul, viens !
Moi : Bon ok...


Blanc. Imaginez, un nolife faire sa première sortie en boîte, mais dans quoi je me suis embarqué moi ?