Note de la fic :
Publié le 22/03/2010 à 10:01:13 par Salmanzare
La Première Mort (Début de la partie I)
Tout cela est tellement loin à présent que je ne sais où me fixer. J'ai gommé sciemment ma mémoire pour ne plus faire face au passé. La fuite perpétuelle vers l'avant, toujours la fuite... Il faut soulever le voile, s'accrocher à des bribes colorées, réminiscences fugaces. La maison aux volets bleues ! C'est elle qui me faut ! Je tente de restituer le souvenir, de faire vagabonder mes yeux vers les volets fermés. Je les imagine toujours fermé, je n'ai pas souvenir de les avoir vu un jour ouvert. La maison aux volets bleus est une maison close, la prison de mon enfance. Je prends conscience doucement à présent. J'ai peur d'aller plus loin, de passer par la porte à la recherche de mon propre personnage.
Ca ne suffit pas, tout cela est trop loin. Je me rue vers la cave, pousse les cartons en pagailles qui obstrue le fond. Au fond de la pièce, dans la grande malle, l'album photo. Et la poussière, toute la poussière qui s'est accumulé depuis des années. Je ne voulais pas l'ouvrir.
Je suis remonté, j'ai ouvert la première page. La maison aux volets bleus. Ouverts cette fois-ci. Mon souvenir tronqué me fait tressaillir. Dans quel mesure suis-je en train de réécrire. Qu'importe t-il le plus ? Est-ce le ressenti du souvenir ou l'exacte réalité de l'instant passé ? Où se trouve le mensonge là-dedans. Menteur vient encore heurter mes oreilles, et dans la fenêtre, toujours le reflet blême qui me juge sous les battements sanglants du coeur de la nature.
Je ferme les yeux. La maison aux volets bleus devant moi, je m'avance doucement. Je pousse la porte. Je monte l'escalier. Je pousse la porte. J'ai peur. Je suis devant moi. Je dois avoir un peu plus d'un an. Petit garçon. Je joue avec une peluche trop grande pour moi. Un perroquet dont le coeur s'illumine. La porte grince une nouvelle fois, mon père apparaît. Le visage souriant, il vient me chercher pour le repas. Et moi je suis heureux.
J'ai un an, et c'est mon tout premier souvenir. Chaleur de la famille. C'est le seul souvenir que j'ai de la maison au volets bleus. Je ferme les yeux.
J'ouvre à nouveau. Virginie me regarde du haut de sa clôture avec malice. Nos parents respectifs sont persuadés que nous sommes amoureux. Ils nous imaginent déjà ensemble. C'est faux. Ca l'est pour moi en tout cas, elle, elle a toujours eu un petit béguin pour moi. Elle passe par dessus la haie et me rejoint.
- On va dans l'atelier de mon père ? Y a tout ce qu'il faut.
Je lui montre que j'ai trouvé le bout de bois nécessaire à l'opération. On rit. Je dois avoir 7 ans je pense. Et en enfants innocents, nous nous apprêtons à commettre une action cruelle sans même s'en rendre compte.
L'atelier est sombre, cela nous conforte dans nos rôles de conspirateurs. On va se venger ! De quoi ? De la simple présence que nous impose Sullyann chaque jour. Résultante d'une politique de covoiturage, la fille que je hais de tout mon soûl se place chaque matin et chaque soir à côté de moi. Aujourd'hui, je ne pourrais même plus dire pourquoi j'en veux à celle-ci. Ce sont les mystères de la vie.
Quoi qu'il en soit, nous voilà à l'arrière d'une voiture, l'atelier se révélant être le fond du garage. Et nous voilà en train d'enfoncer des clous rouillés dans la planche de bois, coups de marteaux rageurs pour les enfouir solidement. On tape, on en rajoute, on rit et on imagine déjà les résultats de notre farce. Placé sous le pneu arrière de la voiture du père de Sullyann, on invente le départ de celui-ci et le pneu qui explose. En y réfléchissant, la plus grande stupidité du moment en occultant le danger d'un tel acte est de ne pas avoir pensé que ce serait une raison supplémentaire de supporter la pimbêche dans la voiture familiale.
Je m'explose le doigt sur un clou et commence à saigner. Je serre le poings, je peux pas me permettre de pleurer devant une fille. Mon père m'a toujours dit que ça ne servait à rien et que c'était pour les faibles. Alors je serre aussi les dents. Virginie doit s'en apercevoir car elle vient me faire un câlin. Je ne dis rien.
Une fois notre machine de guerre achevée, nous nous en allons vers le garage de Sullyann. Il n'y a pas de danger dans ce village dortoir à portée de la centrale nucléaire. Tous des agents EDF qui se connaissent les uns les autres, la notion de danger n'existe pas ici. On est libre de se balader où l'on veut, la circulation est inexistante. La petite ville nous appartient. On arrive devant le lieu de notre crime, on place craintivement la planche à clou devant le pneu avant de façon à ce qu'il soit visible pour quiconque voudrait monter dans la voiture. Notre manière de se décharger de la prise de risque. Au final, plus que vouloir provoquer un problème, nous cherchions à affirmer une intention.
Souvenirs flous.
Dans le jardin vert, Gorki, mon chien me saute autour. J'aime monter sur son dos et m'imaginer cavalier. Je tiens toujours quelques mètres avant de tomber en riant aux éclats. Et vient ensuite toujours la fessée car il ne faut pas le faire, pas de larmes : on ne pleure pas quand on est un homme, ça ne sert à rien.
Souvenirs flous.
Je suis dans le jardin, toujours et encore, il obsède mes souvenirs. Il y a ma soeur, Maïlis, et les deux Juliens. Les deux auto proclamés amoureux de ma soeur. Je hais l'un autant que j'apprécie le second. Je ne me l'explique pas. Alors je le pince avec les pinces à linge pour le lui faire comprendre. Et il me le rends bien.
Souvenirs flous.
Océane ! Le nom me frappe. Voilà pourquoi je ne suis pas amoureux de Virginie. Océane n'est pas si belle que ça, mais elle possède un charme exotique et un prénom qui me donne envie de devenir aventurier. Pour elle, je ferais n'importe quoi. Océane ! Elle me fait rêver de mondes aquatiques, de poissons incroyables et de terrains inconnus. J'ai toujours eu un rapport fusionnel avec l'eau que je ne m'explique pas. Quand je suis dedans, je me sens en sécurité : totalement apaisé. Océane a donc tout pour me plaire.
Nous sommes en CE1 je pense. Dans le grand lycée catholique, tenue exemplaire exigé, on ne badine pas avec l'éducation ici. Nous sommes les dirigeant de demain, pas de place pour le reste. Soyez des hommes ! Mais moi je m'en moque de tout ça. Je veux impressionner Océane. Gagner des pogs et des billes finit par ne plus suffire, c'est trop quelconque. J'ai beau avoir la collection la plus impressionnante, je ne suis toujours pas un héros. Alors bêtement, je décide de provoquer une guerre. J'ai huit ans seulement à peine et je pressens déjà que ce sont les femmes qui sont à l'origine de toutes les grandes histoires. Pas de grands hommes sans grandes femmes pour inspirer des qualités qu'on ne soupçonne pas. Je vais provoquer la guerre !
Dans mon école, il y a deux camps. Jimmy, fils de la coiffeuse et meilleur ami, une dizaine d'autres et moi ; puis les autres ! Les autres monstrueux car alliés aux CLISS pour gagner. Les CLISS sont des enfants à problèmes, trisomiques pour certains ou en grandes difficultés scolaires, donc plus vieux que nous et des problèmes de communications énormes. Je ne connais personne ici qui ne se soit pas fait coincé au moins une fois en allant aux toilettes par un CLISS. Terreur enfantine, nous sommes obligés de nous organiser en bande pour ne pas se faire coincer là-bas. Jimmy et moi sommes plus ou moins les lieutenants de notre bande. Je ne suis pas aussi grand que lui, mais j'ai l'esprit tactique. Jimmy m'a vite pris sous sa protection faisant naître entre nous une amitié profonde.
Mais voilà, Océane est là. Elle va contribuer à la création de notre plus grande guérilla dans la cour de récrée. Pendant l'une des récréations, je vais de mon propre gré trouver notre rival. J'en ai oublié son nom avec le temps. Je le frappe. Bon sang ! En écrivant tout ceci, je m'en rends à quel point j'ai pu être un enfant violent par moment. Je le frappe donc et me retrouve entouré d'une dizaine de gamins énervés. Je suis sur leur territoire après tout.
- Va prévenir Jimmy qu'on tient l'un des siens.
Et le sous-fifre de filer prévenir mon meilleur ami. Sauf que lui n'est pas idiot, et le message a tôt fait d'être capturé. Chacun possède son otage, chacun refuse de céder. Je connais que trop bien les deux personnages, ni l'un ni l'autre ne prendra le risque de perdre la face. Du coup, l'escalade des mots laisse vite place aux gestes. C'est le début de ma grande guerre.
Au début, nous sommes une vingtaine, on commence à prendre peur quand les CLISS arrivent en courant vers nous. Ils bavent, sont plus grands et leurs visages mêmes marquent une différence trop grandes pour des enfants de notre âge. Mais Océane fait battre mon coeur, je fais demi-tour et fonce dans le tas, suivi alors de Jimmy. Le reste suit alors. Et le conflit s'étend. Il grandit dans la cour de récrée ! Nous sommes maintenant une petite centaine à se battre dans la grande école privée.
On se prends des coups, on rit, on pleure mais bon sang : on vit. Dans cette violence enfantine née pour une femme se révèlent des guerriers acharnés. Le goût du sang dans la bouche en devient presque euphorisant, se battre nous grise un à un. L'ambiance est électrique.
Alors, Il finit par intervenir. Il ? Le Directeur ! Un cri et plus personne n'ose bouger. Commence sa diatribe sur l'éducation, le respect, la tenue... La honte commence à nous submerger.
- Êtes vous des hommes ou des bêtes ?
Sentence sans appel. La punition tombe. Nous marchons tous en rond dans la cours pendant deux longues heures. Les cervelles tournent, je ne me battrais plus jamais. Je frapperais plus jamais quelqu'un, je m'en fais la promesse mentale.
Océane m'invita par la suite à son anniversaire. Il ne se passa rien de plus. Tout ce déchaînement de violence fut purement inutile, je n'ai aucune idée de ce qu'elle est devenue.
Je garde aussi de cette année là un trace indélébile sur mon corps. Un jour, attendant que ma mère récupère ma petite soeur, je me balançais la tête en bas sur une des barrières protégeant un petit carré d'herbe à proximité de la classe. Toujours en quête de sensation forte, je me balançais de plus en plus fort. Je finis alors par tomber, on ne joue pas impunément avec les lois de la gravité ! Et mon dos de s'érafler de haut en bas sur l'arête du béton. Cris et hurlements ! J'ai le dos entier qui saigne. Ma mère me badigeonnera de mercurochrome rose n'empêchant pas pour autant de me laisser une cicatrice à vie...
Tout cela est tellement loin à présent que je ne sais où me fixer. J'ai gommé sciemment ma mémoire pour ne plus faire face au passé. La fuite perpétuelle vers l'avant, toujours la fuite... Il faut soulever le voile, s'accrocher à des bribes colorées, réminiscences fugaces. La maison aux volets bleues ! C'est elle qui me faut ! Je tente de restituer le souvenir, de faire vagabonder mes yeux vers les volets fermés. Je les imagine toujours fermé, je n'ai pas souvenir de les avoir vu un jour ouvert. La maison aux volets bleus est une maison close, la prison de mon enfance. Je prends conscience doucement à présent. J'ai peur d'aller plus loin, de passer par la porte à la recherche de mon propre personnage.
Ca ne suffit pas, tout cela est trop loin. Je me rue vers la cave, pousse les cartons en pagailles qui obstrue le fond. Au fond de la pièce, dans la grande malle, l'album photo. Et la poussière, toute la poussière qui s'est accumulé depuis des années. Je ne voulais pas l'ouvrir.
Je suis remonté, j'ai ouvert la première page. La maison aux volets bleus. Ouverts cette fois-ci. Mon souvenir tronqué me fait tressaillir. Dans quel mesure suis-je en train de réécrire. Qu'importe t-il le plus ? Est-ce le ressenti du souvenir ou l'exacte réalité de l'instant passé ? Où se trouve le mensonge là-dedans. Menteur vient encore heurter mes oreilles, et dans la fenêtre, toujours le reflet blême qui me juge sous les battements sanglants du coeur de la nature.
Je ferme les yeux. La maison aux volets bleus devant moi, je m'avance doucement. Je pousse la porte. Je monte l'escalier. Je pousse la porte. J'ai peur. Je suis devant moi. Je dois avoir un peu plus d'un an. Petit garçon. Je joue avec une peluche trop grande pour moi. Un perroquet dont le coeur s'illumine. La porte grince une nouvelle fois, mon père apparaît. Le visage souriant, il vient me chercher pour le repas. Et moi je suis heureux.
J'ai un an, et c'est mon tout premier souvenir. Chaleur de la famille. C'est le seul souvenir que j'ai de la maison au volets bleus. Je ferme les yeux.
J'ouvre à nouveau. Virginie me regarde du haut de sa clôture avec malice. Nos parents respectifs sont persuadés que nous sommes amoureux. Ils nous imaginent déjà ensemble. C'est faux. Ca l'est pour moi en tout cas, elle, elle a toujours eu un petit béguin pour moi. Elle passe par dessus la haie et me rejoint.
- On va dans l'atelier de mon père ? Y a tout ce qu'il faut.
Je lui montre que j'ai trouvé le bout de bois nécessaire à l'opération. On rit. Je dois avoir 7 ans je pense. Et en enfants innocents, nous nous apprêtons à commettre une action cruelle sans même s'en rendre compte.
L'atelier est sombre, cela nous conforte dans nos rôles de conspirateurs. On va se venger ! De quoi ? De la simple présence que nous impose Sullyann chaque jour. Résultante d'une politique de covoiturage, la fille que je hais de tout mon soûl se place chaque matin et chaque soir à côté de moi. Aujourd'hui, je ne pourrais même plus dire pourquoi j'en veux à celle-ci. Ce sont les mystères de la vie.
Quoi qu'il en soit, nous voilà à l'arrière d'une voiture, l'atelier se révélant être le fond du garage. Et nous voilà en train d'enfoncer des clous rouillés dans la planche de bois, coups de marteaux rageurs pour les enfouir solidement. On tape, on en rajoute, on rit et on imagine déjà les résultats de notre farce. Placé sous le pneu arrière de la voiture du père de Sullyann, on invente le départ de celui-ci et le pneu qui explose. En y réfléchissant, la plus grande stupidité du moment en occultant le danger d'un tel acte est de ne pas avoir pensé que ce serait une raison supplémentaire de supporter la pimbêche dans la voiture familiale.
Je m'explose le doigt sur un clou et commence à saigner. Je serre le poings, je peux pas me permettre de pleurer devant une fille. Mon père m'a toujours dit que ça ne servait à rien et que c'était pour les faibles. Alors je serre aussi les dents. Virginie doit s'en apercevoir car elle vient me faire un câlin. Je ne dis rien.
Une fois notre machine de guerre achevée, nous nous en allons vers le garage de Sullyann. Il n'y a pas de danger dans ce village dortoir à portée de la centrale nucléaire. Tous des agents EDF qui se connaissent les uns les autres, la notion de danger n'existe pas ici. On est libre de se balader où l'on veut, la circulation est inexistante. La petite ville nous appartient. On arrive devant le lieu de notre crime, on place craintivement la planche à clou devant le pneu avant de façon à ce qu'il soit visible pour quiconque voudrait monter dans la voiture. Notre manière de se décharger de la prise de risque. Au final, plus que vouloir provoquer un problème, nous cherchions à affirmer une intention.
Souvenirs flous.
Dans le jardin vert, Gorki, mon chien me saute autour. J'aime monter sur son dos et m'imaginer cavalier. Je tiens toujours quelques mètres avant de tomber en riant aux éclats. Et vient ensuite toujours la fessée car il ne faut pas le faire, pas de larmes : on ne pleure pas quand on est un homme, ça ne sert à rien.
Souvenirs flous.
Je suis dans le jardin, toujours et encore, il obsède mes souvenirs. Il y a ma soeur, Maïlis, et les deux Juliens. Les deux auto proclamés amoureux de ma soeur. Je hais l'un autant que j'apprécie le second. Je ne me l'explique pas. Alors je le pince avec les pinces à linge pour le lui faire comprendre. Et il me le rends bien.
Souvenirs flous.
Océane ! Le nom me frappe. Voilà pourquoi je ne suis pas amoureux de Virginie. Océane n'est pas si belle que ça, mais elle possède un charme exotique et un prénom qui me donne envie de devenir aventurier. Pour elle, je ferais n'importe quoi. Océane ! Elle me fait rêver de mondes aquatiques, de poissons incroyables et de terrains inconnus. J'ai toujours eu un rapport fusionnel avec l'eau que je ne m'explique pas. Quand je suis dedans, je me sens en sécurité : totalement apaisé. Océane a donc tout pour me plaire.
Nous sommes en CE1 je pense. Dans le grand lycée catholique, tenue exemplaire exigé, on ne badine pas avec l'éducation ici. Nous sommes les dirigeant de demain, pas de place pour le reste. Soyez des hommes ! Mais moi je m'en moque de tout ça. Je veux impressionner Océane. Gagner des pogs et des billes finit par ne plus suffire, c'est trop quelconque. J'ai beau avoir la collection la plus impressionnante, je ne suis toujours pas un héros. Alors bêtement, je décide de provoquer une guerre. J'ai huit ans seulement à peine et je pressens déjà que ce sont les femmes qui sont à l'origine de toutes les grandes histoires. Pas de grands hommes sans grandes femmes pour inspirer des qualités qu'on ne soupçonne pas. Je vais provoquer la guerre !
Dans mon école, il y a deux camps. Jimmy, fils de la coiffeuse et meilleur ami, une dizaine d'autres et moi ; puis les autres ! Les autres monstrueux car alliés aux CLISS pour gagner. Les CLISS sont des enfants à problèmes, trisomiques pour certains ou en grandes difficultés scolaires, donc plus vieux que nous et des problèmes de communications énormes. Je ne connais personne ici qui ne se soit pas fait coincé au moins une fois en allant aux toilettes par un CLISS. Terreur enfantine, nous sommes obligés de nous organiser en bande pour ne pas se faire coincer là-bas. Jimmy et moi sommes plus ou moins les lieutenants de notre bande. Je ne suis pas aussi grand que lui, mais j'ai l'esprit tactique. Jimmy m'a vite pris sous sa protection faisant naître entre nous une amitié profonde.
Mais voilà, Océane est là. Elle va contribuer à la création de notre plus grande guérilla dans la cour de récrée. Pendant l'une des récréations, je vais de mon propre gré trouver notre rival. J'en ai oublié son nom avec le temps. Je le frappe. Bon sang ! En écrivant tout ceci, je m'en rends à quel point j'ai pu être un enfant violent par moment. Je le frappe donc et me retrouve entouré d'une dizaine de gamins énervés. Je suis sur leur territoire après tout.
- Va prévenir Jimmy qu'on tient l'un des siens.
Et le sous-fifre de filer prévenir mon meilleur ami. Sauf que lui n'est pas idiot, et le message a tôt fait d'être capturé. Chacun possède son otage, chacun refuse de céder. Je connais que trop bien les deux personnages, ni l'un ni l'autre ne prendra le risque de perdre la face. Du coup, l'escalade des mots laisse vite place aux gestes. C'est le début de ma grande guerre.
Au début, nous sommes une vingtaine, on commence à prendre peur quand les CLISS arrivent en courant vers nous. Ils bavent, sont plus grands et leurs visages mêmes marquent une différence trop grandes pour des enfants de notre âge. Mais Océane fait battre mon coeur, je fais demi-tour et fonce dans le tas, suivi alors de Jimmy. Le reste suit alors. Et le conflit s'étend. Il grandit dans la cour de récrée ! Nous sommes maintenant une petite centaine à se battre dans la grande école privée.
On se prends des coups, on rit, on pleure mais bon sang : on vit. Dans cette violence enfantine née pour une femme se révèlent des guerriers acharnés. Le goût du sang dans la bouche en devient presque euphorisant, se battre nous grise un à un. L'ambiance est électrique.
Alors, Il finit par intervenir. Il ? Le Directeur ! Un cri et plus personne n'ose bouger. Commence sa diatribe sur l'éducation, le respect, la tenue... La honte commence à nous submerger.
- Êtes vous des hommes ou des bêtes ?
Sentence sans appel. La punition tombe. Nous marchons tous en rond dans la cours pendant deux longues heures. Les cervelles tournent, je ne me battrais plus jamais. Je frapperais plus jamais quelqu'un, je m'en fais la promesse mentale.
Océane m'invita par la suite à son anniversaire. Il ne se passa rien de plus. Tout ce déchaînement de violence fut purement inutile, je n'ai aucune idée de ce qu'elle est devenue.
Je garde aussi de cette année là un trace indélébile sur mon corps. Un jour, attendant que ma mère récupère ma petite soeur, je me balançais la tête en bas sur une des barrières protégeant un petit carré d'herbe à proximité de la classe. Toujours en quête de sensation forte, je me balançais de plus en plus fort. Je finis alors par tomber, on ne joue pas impunément avec les lois de la gravité ! Et mon dos de s'érafler de haut en bas sur l'arête du béton. Cris et hurlements ! J'ai le dos entier qui saigne. Ma mère me badigeonnera de mercurochrome rose n'empêchant pas pour autant de me laisser une cicatrice à vie...
Commentaires
- CrazyMarty
12/04/2010 à 15:14:52
Ecoute salmanzare, j'ai besoin que tu écrives la suite.
Merde, je crois que tu as un vrai talent . - IIXdarkXII
22/03/2010 à 18:18:01
je trouve que rire de tout ça (dans les commentaires) est totalement hypocrite car salmanzare est pas seul a devoir dire ce qu'il pense réellement sauf qu'il est le seul a avoir le courage de s'exprimer sur un site sur lequel tout le monde peut voir ce texte moi je dis bravo rien que pour avoir le courage d'écrire ici