Une pluie diluvienne venait de s'abattre. S'il n'y avait que ça, Graig pourrait peut-être enfin retrouver le sourire. Mais en plus de la pluie, c'est une flopée d'hommes qui voulaient l'abattre. Il avait réussi à s'enfuir et gagnait péniblement les sentiers tracés de la forêt. Il était trempé et couvert de boue. A sa sortie, il avait pu se rendre compte qu'il faisait nuit noire. Et en forêt en pleine nuit, en plus de la peur environnante, il n'y voyait absolument rien. Le pauvre avait réussi à s'enfuir en rampant dans des flaques de boue pendant dix bonnes minutes. La première et dernière fois de sa vie qu'il prenait un bain de boue. Il se repérait grâce à la lumière de son téléphone, essayant péniblement d'apercevoir une quelconque route. Graig frôlait la panique et avait une respiration très lourde et saccadée. Appeler la police n'était clairement pas une bonne idée, pas après tout ça.

Il marchait à vive allure en essayant d'éviter les chemins abritant trop de faunes et de flores. Il craignait la rencontre avec un animal sauvage, ou pire, un quelconque fou. Ou encore les gens qui le détenait qui n'allaient pas tarder à s'apercevoir de son absence. Alternant marche rapide et plus silencieuse, il s'essayait à fredonner et chanter plusieurs airs de chansons pour se rassurer.

" I've been through the desert on a horse with no name, it felt good to be out of the rail... putain... j'en peux plus... "

Ses pieds trainaient. L'homme était épuisé et complètement usé. Ses pas résonnaient dans l'obscurité la plus totale. Craquements de branches, gouttes de pluie s'écrasant de plus en plus sur le sol... trempé de la tête aux pieds, l'eau qui perlait sur son visage, il s'arrêta quelques instants pour répondre à son téléphone qui vibrait.

"Justine... ? ... C'est toi ? "

" Reviens. Tu étais en sécurité, pauvre idiot. On te protégeait ! Tu vas mourir si tu y vas, tu le sais ? "

"Tiens, Ash. Vous saviez que j'allais m'échapper, alors pourquoi m'avoir laissé faire ? "

"Le choix t'appartenait. Tout comme maintenant, tu as un ultime choix à faire. Ou bien tu reviens, ou bien tu tentes d'y aller, et dans ce cas, tu sais toi-même ce qui va se passer. "

" Va te faire foutre, je ne peux pas vous laisser faire ça ! "

" Ouais... Memento finis. "

Et son interlocuteur raccrocha. Évidemment, il prétend lui laisser le choix... Ne pas intercepter cette mallette équivaudrait à gagner une place pour l'enfer, si tant est qu'il existe. A force de persévérance, Graig put enfin apercevoir des phrases de voiture. Complètement gelé, il s'aperçut aussi que la ville se trouvait juste à côté. Par chance, les bureaux du Mezoplex ne se trouvaient pas trop loin. Il pressa le pas et gagna la première station de métro qu'il put apercevoir.

"Tu arrives trop tard. Trop tard pour tout. "