Fleur au fusil





- 21 Février 1914.

Une rumeur de guerre circule dans les campagnes. Le postier surnommé « Baritoux » nous apporte des nouvelles de Paris environ toutes les deux semaines. Notre petit village est situé à trois jours de cheval de Tours ( une journée avec une automobile ), j’ai 19 ans et je suis un candidat idéal pour l’armée sauf que je ne souhaite nullement m’engager ! Mes amis et moi avons tous reçu des lettres nous demandant de faire des journées de « préparation à la défense », comme il l’appelle. Mais je n’y crois pas … il y a des trucs louches qui se préparent.

J’habite dans un village nommé St Perré, un endroit rempli d’espace vert, ou l’air est vivifiant. Mes études se sont terminées il y a deux mois et j’espère bien devenir journaliste.

Baritoux a annoncé qu’il y avait beaucoup de tract de recrutement dans les grandes villes. J’y ai beaucoup réfléchi et je pense que le pays va bientôt entrer en guerre ... Je ne l’ai dis à personne … On me prendrait pour un fou.

Mes amis sont impatients de rejoindre les rangs de l’armée mais je ne les comprends pas. Ils ne se rendent pas compte qu’ils sont manipulés par ces affiches placardées dans toutes les places. J’ai lu tous les livres de la vieille bibliothèque, j’y ai appris nombre de chose sur la politique et le déroulement des grandes batailles.

Si nous pouvons éviter la guerre, c’est tant mieux.

Enfin ; C’est mon avis.


- 3 Juin 1914.

Ils sont totalement inconscients !

J’ai retrouvé ce journal dans le fond d’une armoire, je vais donc continué de décrire ce qui se passe …

Toutes mes connaissances sont parties … Ils avaient le sourire aux lèvres, ces idiots ! Ils vont droit vers un massacre ; l’Allemagne s’est pratiquement déclaré comme étant notre ennemi mais rien d’officiel … Evidemment ; ça ferai tache.

Il ne reste que les anciens et les femmes dans mon village. Je suis tombé follement amoureux d’une jeune fille, Cassandra, j’aimerai bien rester vivre avec elle mais un officier de l’armée a frappé à mon domicile il y a quelques heures …

Je vais citer ses paroles :

« Vous êtes bien Edouard Shanks ? Bonjour, je suis le lieutenant Fisher. Vous devez être au courant que nous avons besoin de toutes les personnes physiquement aptes pour surveiller nos frontières ?.. Et bien je dois dire que c’est plutôt étonnant, j’ai pris connaissance de vos antécédents et de vos talents, vous pourriez faire un parfait soldat spécialisé dans les rapports et la communication !
… Je vais vous faire une fleur, je ne signalerai pas à mes supérieurs que vous avez voulu vous défiler ; vous m’avez compris … Je veux vous voir demain matin, 8 heures, à la base qui a été installé près de Limoges, c’est à douze kilomètres d’ici. Au revoir. »

Au moins, ils me laissaient le choix. Soit je reste chez moi et je fini par me faire arrêter ou pire … soit j’accepte et je me retrouve avec tous ces malades avides de sang !

Bon évidemment je caricature mais c’est vrai ! Il faut être dingue pour accepter d’intégrer l’armée à cette période.

C’est en faisant mes valises que je t’ai retrouvé, mon précieux journal. Tu vas sans doute être mon seul ami durant les mois qui vont suivre … J’espère que je serai suffisamment raisonnable pour continuer de te raconter ma vie ... ou du moins ce qu'il en reste ...