Le cours s'ensuivit pendant deux heures. Le maillot en fait ne me taillait pas rop grand mais trop petit et il s'enfonçait dans mon bas-ventre. Le bonnet me tirait les cheveux et me faisait mal, et j'étais dégoûtée d'être faible, j'étais dégoûtée d'être moi, j'étais dégoûtée des autres, je voulais juste être moi, mon vrai moi, et pas ma vraie moi. Et j'en avais marre de ces garçons immatures et puériles qui me regardaient... Etait-ce un crime d'être belle ? D'un coup j'm'en voulais de ce que j'avais jamais fait au sexe féminin. Peut-être qu'elle n'aurait pas voulu elles non plus qu'on les regarde ? Qu'on se moque d'elles ? Qu'on les sous-estime ?
Je m'en voulais, je m'en voulais de ce que je leur avais fait, à toutes. Même à ma soeur tiens.
Nous continuâmes à nager deux heures durant et je retournai dans les vestiaires des filles. Dans mon coin, j'enlevais tout doucement le tampon. Il n'y avait presque pas de sang dessus. c'était peut-être fini les menstruations... Quelle horreur d'ailleurs ces trucs, comment elles font pour vivre avec ce truc ? Je mis quand même une serviette sous ma culotte et me revêtit. Je ne rigolais plus aux blagues de Christine et j'étais la première à sortir. Je me mis à attendre devant la porte quand notre vraie prof de sport vint me parler.

-Hey Sophia, tu as très bien nagé aujourd'hui.
-Merci.
-T'en fais pas à propos du maître nageur, il est macho mais...
-Mais quoi ?! Je suis plus forte que la moitié des garçons de cette classe alors pourquoi il m'a mis dans un niveau moins élevé ?!
-Hey calme-toi !
-Non ! Pourquoi je dois subir tout ça hein ? J'en ai marre de cette aventure !

Et je m'écroulai en larmes. Un garçon me montra du doigt mais j'en avais rien à faire. La prof essayait de me réconforter mais je me repliai sur moi-même. Je ne voulais plus rien entendre. Je sentis des mains se poser sur moi, me caressait, mais je n'y prêtais guère attention. Je voulais redevenir moi, cette aventure avait trop duré.

...

J'étais allongée sur mon lit. Apparemment c'était Christine qui m'avait aidé à revenir dans le bus et m'avait ramené chez moi. De toute façon, on sortait à 15 h 30. J'expérimentais la fameuse fontaine à larmes de ma soeur. Je ne voulais plus m'arrêter. Enfin si, je voulais m'arrêter à moi. J'en avais marre de cette aventure. Très tôt, je m'endormis, encore une nuit dans ce corps, sous cette chair féminine. Avec ses longs cheveux sur lesquels reposait ma tête. Avec son petit nez par lequel rentrait et sortait ma respiration. Avec ses seins qui m'avaient posé tant de problèmes et d'intérêts. Avec... Avec ce corps, avec ce corps avec lequel je sortais tous les jours, avec ce visage que je montrais aux autres, sans que moi-même je puisse le voir.
J'espérais que cette aventure se terminerait cette nuit.