Note de la fic : Non notée
Publié le 20/12/2009 à 22:01:29 par Kaïm
Tandis que la nuit devenait plus profonde, le grondement de la foule s'intensifiait, mais maintenant qu'une lueur apparaît dans le ciel à l'est, sans prévenir, le bruit fait place au silence.
Kaïm se tient debout sur la place centrale de la ville. Les fêtards, eux aussi, s'y amassent peu à peu, jusqu'à ce que, presque avant qu'il ne s'en aperçoive, la place pavée de pierres ne soit bondée.
Kaïm sent qu'on lui tape sur l'épaule.
« Je ne pensais pas vous voir ici ! », dit l'aubergiste.
Alors que Kaïm lui sourit en silence, l'aubergiste semble quelque peu embarrassé et dit :
« J'ai oublié de vous dire quelque chose tout à l'heure... »
« Oh... ? »
« Enfin, vous savez, le tremblement de terre a eu lieu il y a très longtemps. Avant mon père et ma mère, avant même la génération de mes grands-parents. Ça peut sembler étrange de ma part, mais je n'arrive pas à m'imaginer cette ville en ruine. »
« Je vois ce que vous voulez dire. »
« Pourtant je pense vraiment qu'il peut y avoir des choses dans ce monde dont on peut se souvenir même si on n'y a pas assisté réellement. Comme le tremblement de terre : je ne l'ai pas oublié. Et je ne suis pas le seul. Il a beau s'être produit il y a deux cents ans, personne dans cette ville ne l'a oublié. On n'arrive pas à se l'imaginer, mais on arrive pas non plus à l'oublier. »
Au moment où Kaïm acquiesce de nouveau pour signifier à l'aubergiste qu'il l'a compris, une mélodie grave résonne sur la place. C'est l'heure à laquelle le tremblement de terre a détruit la ville.
Toutes les personnes rassemblées ici ferment les yeux, se tiennent la main et se mettent à prier, l'aubergiste et Kaïm y compris.
Les visages souriants de sa femme et de sa fille défuntes lui apparaissent. Pourquoi sont-ils si beaux et si tristes, ces visages qui croyaient de tout coeur qu'ils verraient le lendemain ?
La musique s'arrête.
Le soleil du matin s'élève au-dessus de l'horizon.
Et partout dans la ville, une multitude de fleurs blanches éclosent.
En deux cents ans, les fleurs blanches ont changé.
Les scientifiques ont avancé l'hypothèse que « le tremblement de terre a pu modifier la nature du sol », mais personne n'en connaît la raison avec certitude.
La vie des fleurs s'est rallongée.
Là où l'espace d'une journée suffisait pour les voir éclore et faner, elles restent maintenant en fleur pendant trois ou quatre jours.
Humidifiées par la rosée du matin, baignées par la lumière du soleil, les fleurs blanches s'évertuent à profiter de leur vie au maximum. Elles embellissent la ville, comme si elles s'efforçaient de vivre la portion de vie qui avait été arrachée à celles qui n'avaient jamais connu les « lendemains ».
Kaïm se tient debout sur la place centrale de la ville. Les fêtards, eux aussi, s'y amassent peu à peu, jusqu'à ce que, presque avant qu'il ne s'en aperçoive, la place pavée de pierres ne soit bondée.
Kaïm sent qu'on lui tape sur l'épaule.
« Je ne pensais pas vous voir ici ! », dit l'aubergiste.
Alors que Kaïm lui sourit en silence, l'aubergiste semble quelque peu embarrassé et dit :
« J'ai oublié de vous dire quelque chose tout à l'heure... »
« Oh... ? »
« Enfin, vous savez, le tremblement de terre a eu lieu il y a très longtemps. Avant mon père et ma mère, avant même la génération de mes grands-parents. Ça peut sembler étrange de ma part, mais je n'arrive pas à m'imaginer cette ville en ruine. »
« Je vois ce que vous voulez dire. »
« Pourtant je pense vraiment qu'il peut y avoir des choses dans ce monde dont on peut se souvenir même si on n'y a pas assisté réellement. Comme le tremblement de terre : je ne l'ai pas oublié. Et je ne suis pas le seul. Il a beau s'être produit il y a deux cents ans, personne dans cette ville ne l'a oublié. On n'arrive pas à se l'imaginer, mais on arrive pas non plus à l'oublier. »
Au moment où Kaïm acquiesce de nouveau pour signifier à l'aubergiste qu'il l'a compris, une mélodie grave résonne sur la place. C'est l'heure à laquelle le tremblement de terre a détruit la ville.
Toutes les personnes rassemblées ici ferment les yeux, se tiennent la main et se mettent à prier, l'aubergiste et Kaïm y compris.
Les visages souriants de sa femme et de sa fille défuntes lui apparaissent. Pourquoi sont-ils si beaux et si tristes, ces visages qui croyaient de tout coeur qu'ils verraient le lendemain ?
La musique s'arrête.
Le soleil du matin s'élève au-dessus de l'horizon.
Et partout dans la ville, une multitude de fleurs blanches éclosent.
En deux cents ans, les fleurs blanches ont changé.
Les scientifiques ont avancé l'hypothèse que « le tremblement de terre a pu modifier la nature du sol », mais personne n'en connaît la raison avec certitude.
La vie des fleurs s'est rallongée.
Là où l'espace d'une journée suffisait pour les voir éclore et faner, elles restent maintenant en fleur pendant trois ou quatre jours.
Humidifiées par la rosée du matin, baignées par la lumière du soleil, les fleurs blanches s'évertuent à profiter de leur vie au maximum. Elles embellissent la ville, comme si elles s'efforçaient de vivre la portion de vie qui avait été arrachée à celles qui n'avaient jamais connu les « lendemains ».
Commentaires
- Sheyne
03/01/2010 à 14:17:52
Suberbe ! C'est assez bien raconter et on perçoit bien le désespoir de l'éternité de Kaïm
Allé un petit 5, merci de m'avoir fait partager cette histoire !