Note de la fic : :noel: :noel: :noel:

Ondine


Par : Droran
Genre : Fantastique
Statut : C'est compliqué



Chapitre 1


Publié le 06/09/2016 à 05:37:53 par Droran





Cavalcade calcinante : la belle exaltée et la culbute de la foi.




Les flammes surgirent soudainement en un mur ardent, immense et ondulant. Un gigantal obstacle s’interposant à leur course, coupant en deux l’abord de la falaise où s’éteignait un soleil fatigué.
Le cavalier, bien que frappé de stupeur, battit les flancs de son destrier pour filer au plus vite. Ses compagnons de chasse furent tout autant surpris, mais ne s’arrêtèrent aucunement, tous prêts à braver chaleur et fumée pour ne pas perdre la proie.
« Eleana ! » Cria-t-il, alors que la silhouette fugitive s’échappait par-delà le feu.
Aiguillonnant son courage, il fondit en direction des flammes, prêt à passer au travers pour ne pas perdre la fuyarde ; mais des cris s’élevant devant lui stoppèrent son élan.
Terrifié par la vue de l’obstacle embrasé, un animal s’ébroua, tenta de désarçonner sa jeune cavalière dont la crinière rougeoyante fouettait l’air alors qu’elle se cramponnait aux crins du cheval pour ne pas finir éjectée.
La poursuite n’était dès lors plus de mise, et le cavalier tira sur la bride de sa monture, lui intima d’entamer une nouvelle course. Il fila en direction de la demoiselle en danger.
« Gabriel ! Que fais-tu ?! Elle s’échappe ! » Vînt hurler en galopant à ses côtés l’un de ses compagnons, homme à la longue chevelure châtaine coiffée d’un grand chapeau sombre surmonté d’une grosse plume blanche, élégamment habillé d’un costume de velours aux couleurs marines, caché sous une longue cape noire passant par-dessus son épaule.
« Contourne la fournaise, ne perds pas sa trace ! » Répondit-il à l’homme, en se penchant vers lui.
Devant eux, la monture indocile cessa de se battre avec sa cavalière, débuta une course guidée par la peur, qui les précipiterait par-delà la falaise.
L’homme au chapeau comprit qu’il ne saurait lui-même la sauver.
« Emmerault, file ! » Rugit une nouvelle fois le cavalier, sans plus jeter un regard à son compagnon, qui abdiqua en s'écartant de sa route.
« Revenez-nous à Althun ! » S'époumona ce dernier, en s'éloignant vers le rideau pourpre rôtissant les nuages.
Gabriel en convint, hocha la tête, puis éperonna son cheval afin qu’il exécute une pointe de vitesse. La monture en fuite, moins rapide que la sienne, serait incapable de le distancer.
La demoiselle tenta de se remettre droite sur sa selle, referma une main sur les bords de l’accessoire de cuir et tira sur ses bras aussi fort qu’il lui fut possible de le faire. Les foulées de son canasson flanquaient de puissantes impulsions la faisant rebondir et se cogner contre le revêtement rêche du harnais, instillant dans ses articulations une douleur menaçant de la faire lâcher prise sans qu’il lui soit possible de se réceptionner. Ces difficultés la persuada que la chute était inéluctable, elle tira sur ses avant-bras jusqu’à atteindre le cou de la bête, s’y cramponna pour gagner en équilibre. Son pied gauche se dégagea de l’étrier, passa par-dessus le dos du cheval. Elle s’apprêta à lâcher prise tout en repoussant son corps le plus loin possible en vue de rouler sur l’herbe sans finir piétinée.
Ce qu’elle fit. Elle émit une impulsion, se jeta en arrière ; seulement, son pied droit resta pris dans l’étrier métallique rattaché à la selle. Elle chuta, mais resta accrochée à l’animal. Sa cheville se tordit, et sa petite taille lui épargna de cogner le sol, de se faire broyer les os par les pas du destrier affolé. Son corps se balança au-dessus du vide, tête en bas, passant tour à tour sous l’animal et sur son flanc droit.
« Non, non, non… » S’inquiéta Gabriel, le cavalier, pris de panique à la vue de ce qui se jouait devant lui.
Ballottée en tous sens, la jeune femme ne perdit pas ses esprits, se plia tant bien que possible en deux et tendit une main pour tenter d’atteindre son pied bloqué. Acte physiquement éprouvant, vain et irréalisable. Elle relâcha un instant ses efforts, et figea son visage cramoisi par l’afflux sanguin dès que son regard distingua le cavalier accoutré de vêtements amples, la pourchassant pour lui porter secours sans qu’elle n’ait perçu sa chevauchée.
Les sabots des montures fouettaient l’herbe sur laquelle se reflétait la valse des flammes s’étirant jusqu’au ciel. L’écart entre l’évadée et son poursuivant s’effaça bien vite. La demoiselle détourna la tête à en faire bruyamment craquer son cou dès que son sauveur régula sa course au côté de l’animal incontrôlable.
— Eulalie ! Tendez-moi votre main ! L’implora-t-il en se penchant sur le côté, bras tendu vers la malmenée, dont les cheveux ondulés raclaient l’herbe qui défilait sous les sabots battant puissamment le sol.
—Attrapez-moi… Le supplia-t-elle en tendant difficilement une main vers lui.
Il s’en saisit, usa de sa force pour tenter de la relever. Hélas, le cheval fou varia sa direction, le corps de la malheureuse s’étendit entre les deux montures. L’écart arracha l’étreinte qui la liait à son sauveur, et sa hanche frappa le flanc de l’animal effrayé, elle se remit à se balancer sous les sabots arrachant mottes de terre et brins d’herbe à chaque foulée.
Gabriel leva un regard inquiet devant lui, et perdit son sang-froid en évaluant le danger mortel que représentait la falaise, alors plus proche que jamais ; le faisant ainsi douter pouvoir lui-même éviter sa propre chute s’il en venait à continuer.
Il porta une main au fourreau longeant sa taille, et la referma autour d’une fusée qu’il écarta pour dévoiler une lame argentée. Bijou d’artisanat à l’éclat parfait reflétant d’une part les flammes, et de l’autre le soleil orangé.
La jeune femme leva son regard vers l’objet, comprit immédiatement ce qu’il allait advenir.
« Faites-le ! Ne fléchissez-pas ! » Hurla-t-elle, le sang pulsant dans son crâne avec la force d’un marteau y assénant de puissants coups.
Il ne prit pas le temps de répondre, abattit l’épée sur la lanière unissant l’étrier au reste de la selle. Le cuir se déjoignit, la gravité amorça son méfait. La jeune femme poussa un infâme cri de douleur en percutant le sol, se démit l’épaule et passa sous les lourds pas du cheval, qui brisa en deux sa jambe et perdit l’équilibre. Ses pattes s’arquèrent tandis que la femme roulait tout en frappant le sol. Il heurta ainsi le destrier de Gabriel, le fit se cambrer en avant et valdinguer sur le côté. L’animal hennit, et écrasa son cavalier lors d’une roulade les précipitant inévitablement dans le vide s’ouvrant au-dessus d’un cours d’eau bordé de rochers acérés, hors de la bordure délimitant la falaise. Plongeon emportant avec eux quelques pierres s’étant décrochées de la corniche secouée par leur culbute.
Aspirés par la gravité, virevoltant le long du massif jonché d'arbustes et de lichen, ils plongèrent en une seule masse vers les eaux troubles s'écoulant entre les rochers, dont la surface s'écarta en de grande éclaboussées pour les laisser pénétrer dans leurs tumultueuses profondeurs.


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