Note de la fic :
Revolution | Tumultus
Par : llbartabacll
Genre : Science-Fiction, Action
Statut : C'est compliqué
Chapitre 4
Publié le 11/03/2016 à 13:03:03 par llbartabacll
Sourate #3 : Le prix du sang, au nom de la Liberté
184ème Cycle – An 114
L’odeur de putréfaction se promenait dans l’air au même rythme qu’elle pénétrait dans mes narines. Ma place parmi les morts n’était pas venue, du moins pas encore, et pourtant, j’y étais en ce moment. Je me trouvai certainement là où les Nouveaux Noms jetaient tous ceux qui étaient tombés sous leurs mains. À vrai dire, il m’était difficile d’y voir clair sous la montagne de cadavres dans laquelle je croupissais.
Mon Père avait réussi son plan à la perfection. En me faisant passer pour morte, il garantissait ma sécurité tout en se donnant le champ libre pour en finir avec le Souverain. Néanmoins, il me connaissait bien trop pour savoir que je ne m’arrêterais pas là. Il était, tout comme moi, pressé par le temps, ce qui laissait peu de place à l’échec.
Je m’extirpai, non sans mal, des cadavres qui me submergeaient. Fort heureusement, le lieu se trouvait être tout proche de la Capitale, je pouvais y voir la tour où siégeait le Souverain. Rapidement, je dégotai un vêtement cachant mon visage et me mis aussitôt en route vers mon objectif.
La Capitale était le fief des Nouveaux Noms, là où toute leur histoire s’était bâtie. Derrière le Souverain, mille personnes l’épaulaient. Mille piliers supportant celui qui les avaient sauvés, leur Rédempteur, leur Dieu Affân. Pourtant, l’histoire veillait à ne retenir qu’une seule personne et ça, les mille autres personnes l’acceptaient tout en sachant qu’elle était fausse. Faisaient-elles cela de leur plein gré ou dans la peur de subir les conséquences d’une trahison ? De tout mon cœur, je voulais que l’histoire change mais était-ce le bon choix ? N’étions pas en train de recréer les grands événements du passé… Terminer une histoire pour en commencer une nouvelle… Le peuple opprimé deviendrait le dominateur et inversement. Telle une boucle, tout devait-il se répéter indéfiniment ? Qui étions-nous pour choisir de revenir à zéro et commencer une autre histoire… ?
Avec crainte, j’arrivai aux portes de la Capitale. Par chance, une caravane, provenant d’un autre Secteur, attendait son droit d’entrée. Je me faufilai parmi elle pour entrer sans grabuges dans la cité. Bien qu’avancée sur de nombreux points, elle n’était pas auto-suffisante du point de vue de la main-d’œuvre. Sous la pression, certains Secteurs avaient accepté l’envoi de personnes qualifiées. Ce problème n’en était donc pas un, la peur qui pesait sur tous les Secteurs les obligeaient forcément à accepter.
Une fois à l’intérieur, je me séparai rapidement de la caravane. Errant dans les rues étonnement vides, je pus, pour la première fois, découvrir ce qu’était la Capitale. Toute la beauté de son architecture me faisait presque oublier ce qu’il y avait hors de ses frontières. Je n’étais pas encore arrivée à la tour du Souverain mais pourtant, son imposante stature prenait toute la place et obstruait une partie de la lumière.
Au pied de cette dernière, je remarquai que du monde s’y trouvait. Ils étaient tous par terre, à prier et vénérer leur Souverain. Malheureusement, ils me bloquaient l’entrée. Contrainte de passer par là, je le faisais dans la plus grande discrétion. À mi-chemin, un son aigu et strident retentit. Chaque personne se leva, me regardant fixement. Une première essaya de m’attraper mais il ne réussit qu’à ôter ma capuche. En petit nombre, je maîtrisai chaque attaquant d’un seul coup. En conséquence, le nombre d’assaillants augmenta drastiquement, réussissant à stopper mon avancée. Le Souverain, accompagné de quelques gardes, en profita pour sortir. D’un charisme imposant, il se rapprocha jusqu’à arriver face à moi. « Vous essayez de paraître comme le Souverain que vous êtes censé être mais au fond, j’ai bien vu que vous êtes apeuré. » lui assénai-je, sèchement. Il sourit et remit ma capuche. « 3 Msh (minutes)… Votre Père sera mort dans 3 Msh. » finit-il avant de retourner dans le bâtiment.
D’un cri de rage, je me débarrassai de ceux qui me retenaient. Avant même de tenter quoi que ce soit d’autre, un tir calma mes ardeurs. Faisant comme si j’avais été touchée, je m’effondrai. Un des gardes arriva à mon niveau. D’une balayette, ce dernier trébucha. Au même moment, je récupérai son arme avant même qu’elle ne touche le sol. Les autres gardes n’eurent le temps de presser la détente qu’ils étaient déjà à terre avec leur jambe meurtrie.
Je pénétrai enfin dans la tour, là où un ascenseur semblait déjà m’attendre. Ce dernier ne mit qu’une poignée de Sindan (secondes) pour atteindre le dernier étage. À ma grande surprise, les gardes étaient tous en rang, au garde à vous tout le long du couloir. J’avançai avec prudence jusqu’à la seule salle de l’étage, pensant que les gardes me tomberaient dessus au meilleur moment. L’un d’eux me bloqua l’entrée, me demandant de lui remettre mon arme, ce que je fis immédiatement. Il m’ouvrit la porte et s’écarta pour me laisser entrer, retrouvant mon Père à genoux et le Souverain proche de lui.
« Prenez l’arme sur le présentoir, s’exclama ce dernier en déniant me regarder. Ne vous en faites pas, celle-là est bien chargée.
-Vous voulez vraiment me tester… ?
-Vous ne pourrez avoir qu’un seul et unique tir.
-C’est toujours un de trop, répondis-je en saisissant l’arme et en le visant.
-Je m’en doute. »
J’hésitai quelques instants avant de me décider. Pourtant, je n’arrivai pas à presser la détente. Ce n’est pas que je ne voulais pas, mais je ne pouvais, tout simplement, pas tirer. L’arme refusait que j’en finisse avec le Souverain.
« Ici, ce sont mes règles qui prônent et j’ai décidé que vous n’alliez pas me tirer dessus. Je vous l’accorde, je ne ferais pas un bon soldat mais pour le reste, j’ai déjà fait mes preuves. Vous vous posez des questions sur l’avenir mais vous n’avez pas les réponses. Vous êtes encore là, à jouer avec vos "si", à être incertain de ce qui se passera ensuite. Mes questions ont trouvé leur réponse depuis bien longtemps. Mes "si" ne sont plus que la réalité, cette même réalité qui vous dépasse. Les grands événements ont causé votre chute parce que vous n’avez pas fait en sorte que vos rêves deviennent votre réalité. Vivre avec des rêves et des "si" ne vous feront jamais avancer, il faut les réaliser et ce, quoiqu’il en coûte.
-Vous ne voyez même plus ce que vous causez autour de vous.
-Bien au contraire, je ne peux que le voir, tout comme les conséquences qui en découlent. Mais voyez-vous, un choix ne peut pas plaire à tout le monde, c’est impossible. Vous ne ferez rien en cherchant à contenter tout le monde. Pour faire évoluer les choses, il faut mettre de côté ceux qui sont réticents.
-Au point d’en arriver là ? À mettre des numéros sur ceux qui sont réticents et à en venir aux armes s’ils osent se rebeller ?
-Ce ne sont que des conséquences de mes choix. Vous croyez que je n’avais pas envisagé tout ça ? Pourtant, j’ai poussé mes rêves jusqu’au bout et je ne regretterai jamais. J’ai écarté les problèmes et j’ai fait ce qui était nécessaire pour bâtir une nouvelle histoire.
-Ce qui donne ce régime totalitaire qui n’est là que pour répandre tout ce qui est mauvais.
-Et qui vous dit que ce n’est pas ce dont Gliese a besoin ? Pour vous, un système démocratique équivaut au bien et inversement pour un système totalitaire ? La démocratie a été bénéfique pour Gliese tout comme le totalitarisme. La démocratie a entraîné les grands événements et le totalitarisme entraîne ce qui se passe en ce moment même. Le système parfait n’existe pas mais vous, vous pensez que si. Vous pensez que vos rêves sont partagés, que tout le monde attend ce moment. Puis soudain, vous comprenez que non, que certains rêvaient les choses autrement et devinez quoi ? Ces personnes en ont assez et tout recommence, mais les rôles sont inversés. Gliese fonctionne ainsi, vous ne changerez rien. Malheureusement, vous ne voulez pas comprendre, finit-il en pointant une arme sur l’arrière-crâne de mon Père.
-Comme vous dites, il faut aller jusqu’au bout pour réaliser ses rêves, répondis-je en tirant sur mon paternel. Maintenant, à vous… »
Le Souverain n’eut le temps de relever son arme. Je lui fis lâcher cette dernière et le trainai jusqu’à son balcon. Je le penchai lentement dans le vide. "Ce visage… Avez-vous peur, Affân ?" lui demandai-je avant de le lâcher. In-extremis, j’agrippai sa jambe.
« … Je me suis toujours demandé pourquoi je tenais le plus de ma Mère... J’étais encore jeune quand elle est partie et depuis, je vis avec mon Père. Avec tout ce qui se passe, il est facile de prendre les armes pour combattre. Je mentirai si je disais que je n’ai jamais été tenté d’agir de la sorte mais une partie de moi m’a toujours dit que ce n’était pas la bonne solution. Tout le temps, elle me rappelle à la raison… Comme ma Mère l’aurait fait ? Une fois encore, je l’entends répéter en boucle "Ne fais pas ça, tu n’as pas à le faire" et sans savoir pourquoi, je l’écoute… »
Je le remontai sur le balcon, nos regards s’échangèrent un court instant. Il semblait totalement choqué. Soudain, un tir se logea dans le crâne du Souverain, le faisant tomber dans le vide. Passive sur la situation, je ne pouvais que le regarder s’écraser sur le sol.
« Tu as beau ne pas aimer les armes, tu n’en restes pas moins une excellente tireuse, s’exclama mon Père.
-Mais pourquoi le tuer ? demandai-je, d’une voix émue.
-Il le fallait.
-Non… Absolument pas… »
184ème Cycle – An 114
L’odeur de putréfaction se promenait dans l’air au même rythme qu’elle pénétrait dans mes narines. Ma place parmi les morts n’était pas venue, du moins pas encore, et pourtant, j’y étais en ce moment. Je me trouvai certainement là où les Nouveaux Noms jetaient tous ceux qui étaient tombés sous leurs mains. À vrai dire, il m’était difficile d’y voir clair sous la montagne de cadavres dans laquelle je croupissais.
Mon Père avait réussi son plan à la perfection. En me faisant passer pour morte, il garantissait ma sécurité tout en se donnant le champ libre pour en finir avec le Souverain. Néanmoins, il me connaissait bien trop pour savoir que je ne m’arrêterais pas là. Il était, tout comme moi, pressé par le temps, ce qui laissait peu de place à l’échec.
Je m’extirpai, non sans mal, des cadavres qui me submergeaient. Fort heureusement, le lieu se trouvait être tout proche de la Capitale, je pouvais y voir la tour où siégeait le Souverain. Rapidement, je dégotai un vêtement cachant mon visage et me mis aussitôt en route vers mon objectif.
La Capitale était le fief des Nouveaux Noms, là où toute leur histoire s’était bâtie. Derrière le Souverain, mille personnes l’épaulaient. Mille piliers supportant celui qui les avaient sauvés, leur Rédempteur, leur Dieu Affân. Pourtant, l’histoire veillait à ne retenir qu’une seule personne et ça, les mille autres personnes l’acceptaient tout en sachant qu’elle était fausse. Faisaient-elles cela de leur plein gré ou dans la peur de subir les conséquences d’une trahison ? De tout mon cœur, je voulais que l’histoire change mais était-ce le bon choix ? N’étions pas en train de recréer les grands événements du passé… Terminer une histoire pour en commencer une nouvelle… Le peuple opprimé deviendrait le dominateur et inversement. Telle une boucle, tout devait-il se répéter indéfiniment ? Qui étions-nous pour choisir de revenir à zéro et commencer une autre histoire… ?
Avec crainte, j’arrivai aux portes de la Capitale. Par chance, une caravane, provenant d’un autre Secteur, attendait son droit d’entrée. Je me faufilai parmi elle pour entrer sans grabuges dans la cité. Bien qu’avancée sur de nombreux points, elle n’était pas auto-suffisante du point de vue de la main-d’œuvre. Sous la pression, certains Secteurs avaient accepté l’envoi de personnes qualifiées. Ce problème n’en était donc pas un, la peur qui pesait sur tous les Secteurs les obligeaient forcément à accepter.
Une fois à l’intérieur, je me séparai rapidement de la caravane. Errant dans les rues étonnement vides, je pus, pour la première fois, découvrir ce qu’était la Capitale. Toute la beauté de son architecture me faisait presque oublier ce qu’il y avait hors de ses frontières. Je n’étais pas encore arrivée à la tour du Souverain mais pourtant, son imposante stature prenait toute la place et obstruait une partie de la lumière.
Au pied de cette dernière, je remarquai que du monde s’y trouvait. Ils étaient tous par terre, à prier et vénérer leur Souverain. Malheureusement, ils me bloquaient l’entrée. Contrainte de passer par là, je le faisais dans la plus grande discrétion. À mi-chemin, un son aigu et strident retentit. Chaque personne se leva, me regardant fixement. Une première essaya de m’attraper mais il ne réussit qu’à ôter ma capuche. En petit nombre, je maîtrisai chaque attaquant d’un seul coup. En conséquence, le nombre d’assaillants augmenta drastiquement, réussissant à stopper mon avancée. Le Souverain, accompagné de quelques gardes, en profita pour sortir. D’un charisme imposant, il se rapprocha jusqu’à arriver face à moi. « Vous essayez de paraître comme le Souverain que vous êtes censé être mais au fond, j’ai bien vu que vous êtes apeuré. » lui assénai-je, sèchement. Il sourit et remit ma capuche. « 3 Msh (minutes)… Votre Père sera mort dans 3 Msh. » finit-il avant de retourner dans le bâtiment.
D’un cri de rage, je me débarrassai de ceux qui me retenaient. Avant même de tenter quoi que ce soit d’autre, un tir calma mes ardeurs. Faisant comme si j’avais été touchée, je m’effondrai. Un des gardes arriva à mon niveau. D’une balayette, ce dernier trébucha. Au même moment, je récupérai son arme avant même qu’elle ne touche le sol. Les autres gardes n’eurent le temps de presser la détente qu’ils étaient déjà à terre avec leur jambe meurtrie.
Je pénétrai enfin dans la tour, là où un ascenseur semblait déjà m’attendre. Ce dernier ne mit qu’une poignée de Sindan (secondes) pour atteindre le dernier étage. À ma grande surprise, les gardes étaient tous en rang, au garde à vous tout le long du couloir. J’avançai avec prudence jusqu’à la seule salle de l’étage, pensant que les gardes me tomberaient dessus au meilleur moment. L’un d’eux me bloqua l’entrée, me demandant de lui remettre mon arme, ce que je fis immédiatement. Il m’ouvrit la porte et s’écarta pour me laisser entrer, retrouvant mon Père à genoux et le Souverain proche de lui.
« Prenez l’arme sur le présentoir, s’exclama ce dernier en déniant me regarder. Ne vous en faites pas, celle-là est bien chargée.
-Vous voulez vraiment me tester… ?
-Vous ne pourrez avoir qu’un seul et unique tir.
-C’est toujours un de trop, répondis-je en saisissant l’arme et en le visant.
-Je m’en doute. »
J’hésitai quelques instants avant de me décider. Pourtant, je n’arrivai pas à presser la détente. Ce n’est pas que je ne voulais pas, mais je ne pouvais, tout simplement, pas tirer. L’arme refusait que j’en finisse avec le Souverain.
« Ici, ce sont mes règles qui prônent et j’ai décidé que vous n’alliez pas me tirer dessus. Je vous l’accorde, je ne ferais pas un bon soldat mais pour le reste, j’ai déjà fait mes preuves. Vous vous posez des questions sur l’avenir mais vous n’avez pas les réponses. Vous êtes encore là, à jouer avec vos "si", à être incertain de ce qui se passera ensuite. Mes questions ont trouvé leur réponse depuis bien longtemps. Mes "si" ne sont plus que la réalité, cette même réalité qui vous dépasse. Les grands événements ont causé votre chute parce que vous n’avez pas fait en sorte que vos rêves deviennent votre réalité. Vivre avec des rêves et des "si" ne vous feront jamais avancer, il faut les réaliser et ce, quoiqu’il en coûte.
-Vous ne voyez même plus ce que vous causez autour de vous.
-Bien au contraire, je ne peux que le voir, tout comme les conséquences qui en découlent. Mais voyez-vous, un choix ne peut pas plaire à tout le monde, c’est impossible. Vous ne ferez rien en cherchant à contenter tout le monde. Pour faire évoluer les choses, il faut mettre de côté ceux qui sont réticents.
-Au point d’en arriver là ? À mettre des numéros sur ceux qui sont réticents et à en venir aux armes s’ils osent se rebeller ?
-Ce ne sont que des conséquences de mes choix. Vous croyez que je n’avais pas envisagé tout ça ? Pourtant, j’ai poussé mes rêves jusqu’au bout et je ne regretterai jamais. J’ai écarté les problèmes et j’ai fait ce qui était nécessaire pour bâtir une nouvelle histoire.
-Ce qui donne ce régime totalitaire qui n’est là que pour répandre tout ce qui est mauvais.
-Et qui vous dit que ce n’est pas ce dont Gliese a besoin ? Pour vous, un système démocratique équivaut au bien et inversement pour un système totalitaire ? La démocratie a été bénéfique pour Gliese tout comme le totalitarisme. La démocratie a entraîné les grands événements et le totalitarisme entraîne ce qui se passe en ce moment même. Le système parfait n’existe pas mais vous, vous pensez que si. Vous pensez que vos rêves sont partagés, que tout le monde attend ce moment. Puis soudain, vous comprenez que non, que certains rêvaient les choses autrement et devinez quoi ? Ces personnes en ont assez et tout recommence, mais les rôles sont inversés. Gliese fonctionne ainsi, vous ne changerez rien. Malheureusement, vous ne voulez pas comprendre, finit-il en pointant une arme sur l’arrière-crâne de mon Père.
-Comme vous dites, il faut aller jusqu’au bout pour réaliser ses rêves, répondis-je en tirant sur mon paternel. Maintenant, à vous… »
Le Souverain n’eut le temps de relever son arme. Je lui fis lâcher cette dernière et le trainai jusqu’à son balcon. Je le penchai lentement dans le vide. "Ce visage… Avez-vous peur, Affân ?" lui demandai-je avant de le lâcher. In-extremis, j’agrippai sa jambe.
« … Je me suis toujours demandé pourquoi je tenais le plus de ma Mère... J’étais encore jeune quand elle est partie et depuis, je vis avec mon Père. Avec tout ce qui se passe, il est facile de prendre les armes pour combattre. Je mentirai si je disais que je n’ai jamais été tenté d’agir de la sorte mais une partie de moi m’a toujours dit que ce n’était pas la bonne solution. Tout le temps, elle me rappelle à la raison… Comme ma Mère l’aurait fait ? Une fois encore, je l’entends répéter en boucle "Ne fais pas ça, tu n’as pas à le faire" et sans savoir pourquoi, je l’écoute… »
Je le remontai sur le balcon, nos regards s’échangèrent un court instant. Il semblait totalement choqué. Soudain, un tir se logea dans le crâne du Souverain, le faisant tomber dans le vide. Passive sur la situation, je ne pouvais que le regarder s’écraser sur le sol.
« Tu as beau ne pas aimer les armes, tu n’en restes pas moins une excellente tireuse, s’exclama mon Père.
-Mais pourquoi le tuer ? demandai-je, d’une voix émue.
-Il le fallait.
-Non… Absolument pas… »