Note de la fic :
Publié le 03/09/2013 à 10:03:23 par Lucie
(Note : Là voilà, Naon, désolée de l'attente, mais je n'aime pas beaucoup ce chapitre, sans doute y apporterai-je des modifications plus tard. Bonne lecture!)
[c]Viendras-tu me rejoindre ?[/c]
[c]« Tu noies tes chagrins dans l'alcool ? Méfie-toi, ils savent nager. »
[Yves Mirande][/c]
Il est à peine neuf heures du matin quand je pose un pied sur le carrelage qui recouvre le sol du bar de Bob. Habituellement, je serais déjà à la boutique de Shela afin d'effectuer un travail qui ne m'intéresse plus, mais après un coup de fil à ma patronne, elle a accepté de me donner ma journée. Une seule envie me tiraille : venir te voir. Mais, au lieu de ça, je m'assois au comptoir et m'entend commander une vodka avec un automatisme qui frôle l'absurde. Bob ne pose pas de question.
Tant mieux.
Larry arrive à son tour. Je ne daigne pas lui jeter coup d’œil et j'imagine qu'il adopte la même attitude de son côté. Il s'installe ; laissant un tabouret vide nous séparer, puis commande un verre de vin blanc. Les petites habitudes ont la vie dure, dit-on, sans doute que cela convient-il à la situation de ce vieux grincheux.
Je bois mon verre d'un trait, en quémande un autre et sors mon téléphone portable. Aucune nouvelle. Je me demande comment je peux encore attendre quoi que ce soit de toi. Pourtant, ça me paraît évident que c'est un espoir vain qui anime cette partie de mon cerveau qui croit encore que tu peux t'intéresser à moi. Les larmes me montent aux yeux alors je bois mon verre cul sec.
Les heures passent. L'aiguille de la pendule avance, indéniablement. Ce simple fait m’exaspère, comme si mon humeur noire et morose avait le seul pouvoir d'arrêter le pouvoir du temps. Mais j'ai tord, mon malheur n'empêche pas le monde de tourner rond. Les gens se fichent pas mal de moi, pour eux la vie à toujours les mêmes couleurs, les mêmes saveurs.
Et toi Evan, comment perçois-tu le monde, quand tu te réveilles le matin ?
Il est midi passée. D'autres personnes sont entrés dans le bars depuis neuf heures, mais je ne les vois pas. Leurs regards insistants n'ont aucun effet sur moi, plus depuis que j'ai décidé de m'en foutre de ce qu'ils pouvaient penser de ma personne. J'ai trop bu, j'en suis consciente. Pourtant, je commande un nouveau verre, que je bois cul sec. L'assaut du liquide brûlant qui passent dans ma gorge ne me fait même plus grimacer, à présent ; il n'en a plus le pouvoir. Je paye ce que je dois, peut-être même que je laisse un peu trop de billets sur le comptoir, mais je m'en contrefiche. Je descend de mon tabouret tant bien que mal, maudissant le sol d'être aussi bas. Une fois dehors, j'inspire une grande bouffée d'air salvatrice. J'ai l'impression d'avoir les yeux gonflés et tordus. Mes jambes me portent à peine, j'ai l'impression d'être aussi lourde qu'un éléphant. Je m'avance pour traverser la route, deux boulets accrochés à mes chevilles.
Un pied. C'est tout ce qu'il a suffit, je crois. Peut-être. Je ne sais pas, je ne sais plus. Il y a juste le crissement violent des pneus sur le bitume sous le freinage forcé. Ensuite, vient l'impact violent. J'ai l'impression de partir loin. Très loin. Loin de toi. Loin de tout. Puis vient le néant. Tout est noir et sans vie. Il n'y a rien sinon...le rien. Je me sens partir de plus en plus loin. Et je me demande, Evan....
Viendras-tu me rejoindre ?
La lumière est intense. Trop intense. Je referme les yeux et attend quelques secondes avant de les rouvrir prudemment. J'ai l'esprit embrumé, la bouche pâteuse et le corps dégoulinant de sueur. Je tourne lentement la tête sur le côté, découvrant une perfusion reliée à la veine de ma main gauche. J'ai du mal à respirer et, dans un accès de panique, j'arrache l'aiguille qui me retient prisonnière sans plus attendre, ignorant la douleur que je m'inflige dans ce geste. En gémissant, je rejette le drap qui recouvrent mes jambes et tente de descendre du lit. Je n'arrive cependant qu'à me rétamer lamentablement sur le carrelage blanc. Un cri m'échappe. Mes côtes ne m'ont jamais autant fait souffrir. Je me tortille sur le sol à la recherche de quelque chose qui pourrait m'aider à me redresser ; mais j'ai trop mal, c'est comme des gros chocs électriques qu'on me lancerait sous la peau. Je n'arrive plus à reprendre ma respiration et quand j'y parviens enfin, mon estomac se contracte. Je vomis. Plusieurs fois ; pendant ce qui me paraît être une éternité. Éjecter tout ça de mon corps me fait un mal de chien, je pleurniche seule sur le sol froid, la bouche et le nez brûlant sous l'assaut du liquide acide.
Pendant un instant de lucidité, je me demande ce que je fous là, allongée par terre comme une vieille chaussette, baignant dans mon propre vomi. Je me demande qu'est-ce que j'ai bien pu faire pour terminer dans un état pareil. Des cascades de larmes dégoulinent de mes yeux ; je me sens pathétique et juste avant de tourner de l’œil, je me surprend à rechercher ta compagnie, Evan.
Quand je me réveille pour la seconde fois, je suis à nouveau dans le lit, reliée à cette même perfusion. J'ai encore cette saveur dégueulasse de régurgitation dans la bouche, je sais pourtant que mes vêtements ont été changés et que mon corps a été entièrement nettoyé. En cet instant, je me sens juste minable. La même impulsion me reprend et je suis sur le point d'arracher ma perfusion de sang-froid quand une main m'attrape le poignet.
- Il n'en est pas question, Claire. Reste calme, tu es à l'hôpital.
J'ai envie de répondre à Jess que j'en ai rien à foutre, mais je me retiens. Comment se fait-il que je n'ai pas remarquer sa présence dans la pièce ? Et pourquoi suis-je tant déçu que ce ne soit pas toi qui se tienne à sa place ? Je détourne le regard du sien ; il est empli de tendresse dégoûtante que je ne peux supporter une seconde de plus.
-Qu'est-ce que je fais ici ? Je demande simplement, détaillant les fenêtres crasseuses de ma chambre d'hôpital.
-Tu ne t'en souviens pas ? Chuchote t-il en faisant glisser sa main qui retenait mon poignet jusqu'à la mienne pour y entrelacer nos doigts. Je me laisse faire, las. Il continue : Tu étais bourrée et j'imagine que tu as traversée n'importe comment. Tu t'es pris une voiture. Heureusement, il n'arrivait pas très vite. Il a eu le temps de freiner un peu, tu as seulement une côte de fêler et quelques hématomes pas jolis à regarder.
Je hoche à peine le menton. Heureusement ou malheureusement qu'il n'arrivait pas trop vite ? Je me pose la question pendant une demi-seconde. Jess lâche mes doigts pour venir me lisser les cheveux. Ses caresses me laisse de glace. Je me sens fatiguée. J'ai mal partout.
- J'ai soif.
Il me sert un verre d'eau sans broncher. Il m'aide à me redresser un peu dans le lit et je bois quelques gorgées avec difficulté, appréciant le fait que ça fasse passer un peu le goût du vomi qui persistait sur mon palet.
Les minutes passent sans que je n'ouvre la bouche. Jess se tait, lui aussi et se contente de me faire des caresses apaisantes mais qui en fait ne font qu'empirer mon état. C'est lui qui est près de moi, et c'est pourtant à toi que je ne fais que penser. Dois-je m'en vouloir pour ça ?
L'infirmière qui entre dans la chambre m'empêche de répondre à cette question. Elle se poste devant moi, un calepin en main. Je la regarde à peine, mais je remarque le sourire qui orne ses lèvres. Je la déteste déjà, elle et son chignon parfait.
-Il faudrait que je parle à mademoiselle seule, dit-elle en jetant un coup d’œil insistant à Jess.
-Il peut rester, c'est mon copain, je rétorque plus pour le plaisir de la contredire qu'autre chose.
-Oh, je vois, ce sera donc une bonne nouvelle pour tout les deux, lâche t-elle en un sourire plus franc.
Je soupire. Elle m’énerve plus que la logique ne le permet.
-Après les examens que nous vous avons fait passer suite à votre accident, nous avons découvert que vous abritez un petit être depuis environ six semaines.
-Quoi ?
J'ai forcément mal compris. Mais au sourire plus franc que l'infirmière affiche à présent, j'ai du mal à le croire.
-Félicitation, mademoiselle, vous êtes enceinte et le bébé se porte comme un charme.
Evan, qu'avons-nous fait pour mériter ça ?
[c]Viendras-tu me rejoindre ?[/c]
[c]« Tu noies tes chagrins dans l'alcool ? Méfie-toi, ils savent nager. »
[Yves Mirande][/c]
Il est à peine neuf heures du matin quand je pose un pied sur le carrelage qui recouvre le sol du bar de Bob. Habituellement, je serais déjà à la boutique de Shela afin d'effectuer un travail qui ne m'intéresse plus, mais après un coup de fil à ma patronne, elle a accepté de me donner ma journée. Une seule envie me tiraille : venir te voir. Mais, au lieu de ça, je m'assois au comptoir et m'entend commander une vodka avec un automatisme qui frôle l'absurde. Bob ne pose pas de question.
Tant mieux.
Larry arrive à son tour. Je ne daigne pas lui jeter coup d’œil et j'imagine qu'il adopte la même attitude de son côté. Il s'installe ; laissant un tabouret vide nous séparer, puis commande un verre de vin blanc. Les petites habitudes ont la vie dure, dit-on, sans doute que cela convient-il à la situation de ce vieux grincheux.
Je bois mon verre d'un trait, en quémande un autre et sors mon téléphone portable. Aucune nouvelle. Je me demande comment je peux encore attendre quoi que ce soit de toi. Pourtant, ça me paraît évident que c'est un espoir vain qui anime cette partie de mon cerveau qui croit encore que tu peux t'intéresser à moi. Les larmes me montent aux yeux alors je bois mon verre cul sec.
Les heures passent. L'aiguille de la pendule avance, indéniablement. Ce simple fait m’exaspère, comme si mon humeur noire et morose avait le seul pouvoir d'arrêter le pouvoir du temps. Mais j'ai tord, mon malheur n'empêche pas le monde de tourner rond. Les gens se fichent pas mal de moi, pour eux la vie à toujours les mêmes couleurs, les mêmes saveurs.
Et toi Evan, comment perçois-tu le monde, quand tu te réveilles le matin ?
Il est midi passée. D'autres personnes sont entrés dans le bars depuis neuf heures, mais je ne les vois pas. Leurs regards insistants n'ont aucun effet sur moi, plus depuis que j'ai décidé de m'en foutre de ce qu'ils pouvaient penser de ma personne. J'ai trop bu, j'en suis consciente. Pourtant, je commande un nouveau verre, que je bois cul sec. L'assaut du liquide brûlant qui passent dans ma gorge ne me fait même plus grimacer, à présent ; il n'en a plus le pouvoir. Je paye ce que je dois, peut-être même que je laisse un peu trop de billets sur le comptoir, mais je m'en contrefiche. Je descend de mon tabouret tant bien que mal, maudissant le sol d'être aussi bas. Une fois dehors, j'inspire une grande bouffée d'air salvatrice. J'ai l'impression d'avoir les yeux gonflés et tordus. Mes jambes me portent à peine, j'ai l'impression d'être aussi lourde qu'un éléphant. Je m'avance pour traverser la route, deux boulets accrochés à mes chevilles.
Un pied. C'est tout ce qu'il a suffit, je crois. Peut-être. Je ne sais pas, je ne sais plus. Il y a juste le crissement violent des pneus sur le bitume sous le freinage forcé. Ensuite, vient l'impact violent. J'ai l'impression de partir loin. Très loin. Loin de toi. Loin de tout. Puis vient le néant. Tout est noir et sans vie. Il n'y a rien sinon...le rien. Je me sens partir de plus en plus loin. Et je me demande, Evan....
Viendras-tu me rejoindre ?
La lumière est intense. Trop intense. Je referme les yeux et attend quelques secondes avant de les rouvrir prudemment. J'ai l'esprit embrumé, la bouche pâteuse et le corps dégoulinant de sueur. Je tourne lentement la tête sur le côté, découvrant une perfusion reliée à la veine de ma main gauche. J'ai du mal à respirer et, dans un accès de panique, j'arrache l'aiguille qui me retient prisonnière sans plus attendre, ignorant la douleur que je m'inflige dans ce geste. En gémissant, je rejette le drap qui recouvrent mes jambes et tente de descendre du lit. Je n'arrive cependant qu'à me rétamer lamentablement sur le carrelage blanc. Un cri m'échappe. Mes côtes ne m'ont jamais autant fait souffrir. Je me tortille sur le sol à la recherche de quelque chose qui pourrait m'aider à me redresser ; mais j'ai trop mal, c'est comme des gros chocs électriques qu'on me lancerait sous la peau. Je n'arrive plus à reprendre ma respiration et quand j'y parviens enfin, mon estomac se contracte. Je vomis. Plusieurs fois ; pendant ce qui me paraît être une éternité. Éjecter tout ça de mon corps me fait un mal de chien, je pleurniche seule sur le sol froid, la bouche et le nez brûlant sous l'assaut du liquide acide.
Pendant un instant de lucidité, je me demande ce que je fous là, allongée par terre comme une vieille chaussette, baignant dans mon propre vomi. Je me demande qu'est-ce que j'ai bien pu faire pour terminer dans un état pareil. Des cascades de larmes dégoulinent de mes yeux ; je me sens pathétique et juste avant de tourner de l’œil, je me surprend à rechercher ta compagnie, Evan.
Quand je me réveille pour la seconde fois, je suis à nouveau dans le lit, reliée à cette même perfusion. J'ai encore cette saveur dégueulasse de régurgitation dans la bouche, je sais pourtant que mes vêtements ont été changés et que mon corps a été entièrement nettoyé. En cet instant, je me sens juste minable. La même impulsion me reprend et je suis sur le point d'arracher ma perfusion de sang-froid quand une main m'attrape le poignet.
- Il n'en est pas question, Claire. Reste calme, tu es à l'hôpital.
J'ai envie de répondre à Jess que j'en ai rien à foutre, mais je me retiens. Comment se fait-il que je n'ai pas remarquer sa présence dans la pièce ? Et pourquoi suis-je tant déçu que ce ne soit pas toi qui se tienne à sa place ? Je détourne le regard du sien ; il est empli de tendresse dégoûtante que je ne peux supporter une seconde de plus.
-Qu'est-ce que je fais ici ? Je demande simplement, détaillant les fenêtres crasseuses de ma chambre d'hôpital.
-Tu ne t'en souviens pas ? Chuchote t-il en faisant glisser sa main qui retenait mon poignet jusqu'à la mienne pour y entrelacer nos doigts. Je me laisse faire, las. Il continue : Tu étais bourrée et j'imagine que tu as traversée n'importe comment. Tu t'es pris une voiture. Heureusement, il n'arrivait pas très vite. Il a eu le temps de freiner un peu, tu as seulement une côte de fêler et quelques hématomes pas jolis à regarder.
Je hoche à peine le menton. Heureusement ou malheureusement qu'il n'arrivait pas trop vite ? Je me pose la question pendant une demi-seconde. Jess lâche mes doigts pour venir me lisser les cheveux. Ses caresses me laisse de glace. Je me sens fatiguée. J'ai mal partout.
- J'ai soif.
Il me sert un verre d'eau sans broncher. Il m'aide à me redresser un peu dans le lit et je bois quelques gorgées avec difficulté, appréciant le fait que ça fasse passer un peu le goût du vomi qui persistait sur mon palet.
Les minutes passent sans que je n'ouvre la bouche. Jess se tait, lui aussi et se contente de me faire des caresses apaisantes mais qui en fait ne font qu'empirer mon état. C'est lui qui est près de moi, et c'est pourtant à toi que je ne fais que penser. Dois-je m'en vouloir pour ça ?
L'infirmière qui entre dans la chambre m'empêche de répondre à cette question. Elle se poste devant moi, un calepin en main. Je la regarde à peine, mais je remarque le sourire qui orne ses lèvres. Je la déteste déjà, elle et son chignon parfait.
-Il faudrait que je parle à mademoiselle seule, dit-elle en jetant un coup d’œil insistant à Jess.
-Il peut rester, c'est mon copain, je rétorque plus pour le plaisir de la contredire qu'autre chose.
-Oh, je vois, ce sera donc une bonne nouvelle pour tout les deux, lâche t-elle en un sourire plus franc.
Je soupire. Elle m’énerve plus que la logique ne le permet.
-Après les examens que nous vous avons fait passer suite à votre accident, nous avons découvert que vous abritez un petit être depuis environ six semaines.
-Quoi ?
J'ai forcément mal compris. Mais au sourire plus franc que l'infirmière affiche à présent, j'ai du mal à le croire.
-Félicitation, mademoiselle, vous êtes enceinte et le bébé se porte comme un charme.
Evan, qu'avons-nous fait pour mériter ça ?
Commentaires
- naon
29/09/2013 à 18:32:11
Vivement la correction/suite.