Note de la fic : Non notée
(tentative_pitoyable_numero_deux_de_pondre_une_suite_a_AE_)
Par : Pseudo supprimé
Genre : Inconnu
Statut : C'est compliqué
Chapitre 4
Publié le 19/08/2013 à 01:15:40 par Pseudo supprimé
Une douleur. Unique, pulsatile et fébrile. Il me sembla qu’un gigantesque courant électrique me secouait, brisant ma raison et me faisant sombrer vers les méandres d’une folie solitaire.
J'avais terriblement mal.
S’il avais mal, pouvais-je être mort ? Non. Dans mes représentations mentales, la douleur était l’unique apanage du vivant ressentant. Un ressenti brutal, au gout amer et métallique. Froid.
J'avais froid dans la bouche, sur le visage, dans le dos, le bas du ventre. On m’avait emmailloté dans un lange fait de fer. Un fer glacé, blanc, agressif.
Je n’étais donc pas encore mort. Dans un sens, ma vie avait trouvé un achèvement noble sur la terre russe où mon corps s’était écrasé. Mon âme s’était vaporisée en même temps que mes membres amputés.
Une série de chiffres verts, suspendus au fond noir de ses yeux fermés, défila. Je les lisais de façon claire, alors que je me concevais à présent aveugle. En réalité, mon corps tout entier refusait de répondre. Déconnecté de la matrice matérielle, je me retrouvais dans la position étrange d’une simple conscience indistincte, si ce n’est du fait que je me savais être au monde.
L’expérience me troubla.
Pour la première fois de ma courte vie, je n’étais plus du tout maitre de moi-même.
Une nouvelle décharge lm transperça. Cette fois, ma conscience se vrilla terriblement, et on me siphonna vers des contrées obscures.
- Relayez la contention chimique et réenclenchez les points d’accroches mécaniques.
- Oui major.
On manipulait des objets autour de moi. Des objets en métal, dans une pièce qui résonnait faiblement. Un ventilateur ronronnait tranquillement, assurant un apport d’air frais.
- Ouverture des canaux visuels.
Un éblouissement totalement blanc agressa mes yeux. Moi qui me croyais aveugle, je découvrais avec effroi que non seulement que je n’avais pas perdu ce sens, mais qu’il semblait beaucoup plus puissant qu’avant le crash.
Une série d’indications en lettres orangées et vertes s’affichèrent. A quelques différences près, ils étaient semblables à ceux de l’amplificateur du Pacific.
- Senseurs visuels opérationnels. Disponibilité actuelle à quarante trois pour cents.
- C’est parfait, cybernaute. Redressez la table.
- Tout de suite, major.
Je fixais un plafond gris au détail que celui-ci était en grande partie masqué par la lueur éclatante d’un éclairage de bloc opératoire. Ma position passa progressivement d’un plan vertical à un plan horizontal.
Deux hommes se tenaient alors devant moi. Le premier était de taille moyenne, châtain, les yeux noirs, une expression d’insécurité sur le visage.
Le second, au contraire, émanait d’une telle force de caractère que je voulus baisser son regard. En vain. A l’exception de son œil gauche et de sa bouche, le reste de son corps n’était qu’un assemblage de divers éléments métalliques brillants, qui luisait à la lumière. Il s’approcha , et déconnecta une série de câble.
- Gregor Mac Mordan, ancien capitaine de la section armée aérienne de l’organisation d’Atlanta. Pas d’erreurs ?
- Euh … Non, murmurais-je.
Je fus surpris par ma propre voix. Autrefois rauque et chaude, elle était devenu un souffle totalement froid et mécanique, artificiel.
Je baissai les yeux vers ses bras. Et compris la douloureuse réalité.
- Oskar Asweltorf, major cybernaute de la Confédération. Vous avez êtes très chanceux, ironisa le cyborg. Si nos hommes ne vous avaient pas amené ici, vous seriez mort.
Je me retins de lui répondre que c’était ce qu’il aurait souhaité.
- Etant donné la gravité de vos blessures, nous n’avons eux d’autres choix que d’implanter du matériel cybernétique. Vos deux jambes, vos deux bras, votre colonne vertébrale, vos yeux, une partie de votre encéphale et de votre crâne … Bref, hormis quelques parties saines de votre anatomie, vous n’avez plus grand-chose à voir avec ce que vous étiez avant. C’est un changement brutal, je le conçois parfaitement.
Il retira un ultime câble branché à mon bras gauche, et les lourdes menottes qui maintenaient poignets et chevilles se dérobèrent
- Mais vous apprendrez à vous y faire et à apprécier ce changement, conclut le cybernaute en souriant.
- Qu’avez-vous de ma main gauche, monsieur ? Demandais-je d’un air suspicieux, tout en fixant la pince aux lignes arrondies qui avaient pris place à mon poignet.
- Major, rectifia Oskar. Vous l’avez perdu dans le crash, vous ne vous souvenez pas ?
- Très … Très vaguement, concédais-je. Tout est encore flou.
- Le choc psychologique d’un tel événement … Enfin, cela n’a plus d’importance. Vous êtes ici et maintenant, c’est bien cela le principal.
Il s’écarta de l’ancien capitaine et se dirigea vers une porte, au fond du bloc.
- Eh bien ? Suivez moi donc.
Accompagné de mes sauveurs impromptus, j'empruntais une série de couloirs particulièrement obscurs sans que cela ne me gênât, tandis que je m’adaptais à la perception de ce corps qui n'en était plus vraiment. Une perception qui restait très froide, ne provoquant en moi qu’une sombre curiosité, à la limite de l’indifférence. Je ne m’en étonnais pas.
J'arrivais dans une cave au plafond relativement haut, de dimension réduites, et où étaient disposés de nombreux appareils électroniques. Oskar n’y prêta pas attention, et m'invita à m’assoir dans un fauteuil disposé au centre de la pièce. Une pointe de méfiance me piqua une fraction de seconde, sans que je n’en sache la cause. Je consentis sans discuter à m’assoir dans le lourd fauteuil de métal, et deux épais bandeaux de métal vinrent piéger mes mains contre la structure du mobilier.
- Gregor, avoua le cybernaute. Je sais pertinemment que vous n’êtes pas venu ici de votre plein gré, n’est-ce-pas ?
Un hologramme surgit devant moi. Oskar s’approcha , et commença à manipuler les schémas, complexes, qui surgissaient rapidement.
- L’appareil que vous pilotiez était un bombardier modifié pour transporter de lourdes charges sur le secteur de la Caspienne et de la basse Volga. Deux bombes à grenailles ont été larguées quelques secondes avant votre crash.
Il se tut un instant.
- Pourtant, et à ma grande surprise, vous n’avez pas fait feu contre les deux avions de chasses qui vous pourchassaient. Vous n’avez pas non plus répondu aux signaux radios qu’ils vous ont communiqués, et, chose plus étonnante, à ceux que la base de Kobalky vous transmettait.
Il détourna alors son regard vers moi. Un regard franc, dur, et profondément interrogateur.
- Pourquoi êtes-vous venu ici, Gregor ? Demanda-t-il, un accent dur sur les lèvres, détachant chaque mot de sa phrase.
J'hésitai de longues secondes. Pouvais-je espérer revenir à Kobalky ? Je compris que non. Les cyborgs avaient été banni depuis longtemps des forces armées atlantistes. Ma vie ne pouvait pas être comme avant, et dans, une certaine mesure, j'avais parfaitement accompli mon acte de mort. Je venais de renaitre dans un monde glacé par l’aspect étalonné et artificiel de chaque objets, homme, mot ou pensée. Mon sauveur était un inquisiteur impitoyable qui, s’il l’avait voulu, aurait très bien put me tuer d’une seule pensée.
Ce même monde qui me sauvait. Je renaissais différent, presque naïf, lavé des actes passés. Je pouvais espérer commencer sur de nouvelles bases, sans pour cela nier ce qu’e j'avais été pendant vingt huit ans.
- J’ai volé en ayant pour but de me suicider, lâchais-je avec raideur. Aucun de mes supérieurs ni de mes camardes n’était au courant. J’ai suivi l’ordre de mission jusqu’ici, pour leur échapper et dans le même temps ne pas désobéir aux ordres.
- Une poutre et une corde sont deux objets nettement plus efficace dans ce cas, ironisa le cybernaute.
- Je voulais venger des amis, sifflais-je. J’avais … une promesse à tenir envers eux.
Oskar ne répondit pas, et continua à pianoter dans les airs, en faisant abstraction de ma presence.
- Vous rendez vous compte, Gregor, du sort qui vous attend ?
- Je serais converti, et après ?
- Vous auriez facilement pu mentir, vous avouer déserteur, Gregor. Prétexter l’avarie mécanique pour justifier du largage de deux bombes à fragmentation.
- Je n’avais pas à mentir. Question d’honneur.
- L’honneur ne sauve, en aucune façon, un homme seul. L’honneur ne sauve pas non plus un cadavre, Gregor.
- M’offrez-vous donc une rédemption, major ? Ironisais-je.
- Cette pince qui vous intriguait tant, elle, est la preuve que certaine personne vous considère comme un être ayant droit à certains privilège. Certaines personnes qui sont vénérés par des millions d’autres, et qui demande à ce que vous portiez encore longtemps certaines de vos valeurs. En reconnaissant votre grade d’officier et en l’intégrant dans votre chair maintenant que vous êtes un confédéré, nous avons entériné votre valeur morale, Gregor. Rien ni personne ne pourra plus vous retirez cet attribut. Vous n’imaginez pas encore la chance qui vous a été offerte…
Il se rapprocha de moi. Je le fixais avec un mélange d’appréhension teinté de curiosité. Un câble avait surgit de la main droite d’Oskar, et se tortillait en tout sens.
- Mais tout cela va changer, Gregor. Dans quelques heures, vous aurez compris ce que je voulais vous dire …
D’un geste rapide et souple, le cybernaute enficha le câble dans ma nuque. Je serrai les dents. Une douleur violente percuta mon crâne de l’intérieur, liquéfiant mon cerveau. Je me sentais tomber à la renverse, fixant une dernière fois l’holo et le cybernaute responsable de cet état de conscience, avant que des ténèbres oppressantes ne m’engloutissent définitivement.
« Alors … Alors c’est comme ça ? Il n’y a ni couleurs, ni artifices, ni bruits, ni souffles lointains ?
Tout semble si fade.
Tout est si vide.
Je ne comprends pas. »
Je m’étonnais de pouvoir avoir encore conscience de mon existence. Les rares personnes qui avaient subit cet acte n’était jamais revenu vers Atlanta, et les témoignages oraux n’allaient pas dans le sens d’un état réjouissant.
Le vide comportait cet aspect angoissant, me livrant à ma seule conscience. Pour la seconde fois en à peine quelques heures, je me retrouvais en proie à mon propre étonnement. Quelque chose n’allait pas. Coincé dans cet état de fait, j'espérais une délivrance.
Un flot de lumière venu d’hypothétiques cieux brisa les ténèbres, me happa et me propulsan vers la surface d’un monde qui ne me manquait guère.
J'entrouvris mon œil valide, après quoi celui, artificiel, qui assurait l’essentiel de ma vue, ne se réenclenche.
Oskar secoua la tête, visiblement perplexe.
- La procédure n’était pas normale, n’est ce pas major ?
Je lançais ce constat avec une implacable froideur. Le cybernaute me répondit du tac-au-tac.
- Et ce n’est pas bon signe pour vous.
Oskar s’absenta aussitôt de la pièce, quelques minutes. A ma grande surprise, les liens d’aciers qui me maintenaient au siège s’ouvrirent, me laissant libre. Je me relevais, arpentais le réduit en détaillant tous ce qui s’y trouvait. Je ne connaissais pas les outils qui s’étalaient sur un établi métallique maculé d’huiles noirâtres et d’une multitude de câbles et d’unités centrales éventrées, mais je me doutais que tout cela avait une grande utilité pour le cybernaute.
La porte de la pièce grinça, laissant passer Oskar, une expression de haine glacé sur le visage, suivi de quatre cyborgs dont les gueules des fusils étaient braqués sur moi.
- Vous allez nous suivre, lâcha le cybernaute. Quelqu’un peut sans aucun doute vous aider. Mais si vous refusez …
Il laissa courir un temps.
- Si vous refusez, nous vous abattrons, Gregor.
Je soupirai, résigné, et me dirigeai vers la sortie.
J'avais terriblement mal.
S’il avais mal, pouvais-je être mort ? Non. Dans mes représentations mentales, la douleur était l’unique apanage du vivant ressentant. Un ressenti brutal, au gout amer et métallique. Froid.
J'avais froid dans la bouche, sur le visage, dans le dos, le bas du ventre. On m’avait emmailloté dans un lange fait de fer. Un fer glacé, blanc, agressif.
Je n’étais donc pas encore mort. Dans un sens, ma vie avait trouvé un achèvement noble sur la terre russe où mon corps s’était écrasé. Mon âme s’était vaporisée en même temps que mes membres amputés.
Une série de chiffres verts, suspendus au fond noir de ses yeux fermés, défila. Je les lisais de façon claire, alors que je me concevais à présent aveugle. En réalité, mon corps tout entier refusait de répondre. Déconnecté de la matrice matérielle, je me retrouvais dans la position étrange d’une simple conscience indistincte, si ce n’est du fait que je me savais être au monde.
L’expérience me troubla.
Pour la première fois de ma courte vie, je n’étais plus du tout maitre de moi-même.
Une nouvelle décharge lm transperça. Cette fois, ma conscience se vrilla terriblement, et on me siphonna vers des contrées obscures.
- Relayez la contention chimique et réenclenchez les points d’accroches mécaniques.
- Oui major.
On manipulait des objets autour de moi. Des objets en métal, dans une pièce qui résonnait faiblement. Un ventilateur ronronnait tranquillement, assurant un apport d’air frais.
- Ouverture des canaux visuels.
Un éblouissement totalement blanc agressa mes yeux. Moi qui me croyais aveugle, je découvrais avec effroi que non seulement que je n’avais pas perdu ce sens, mais qu’il semblait beaucoup plus puissant qu’avant le crash.
Une série d’indications en lettres orangées et vertes s’affichèrent. A quelques différences près, ils étaient semblables à ceux de l’amplificateur du Pacific.
- Senseurs visuels opérationnels. Disponibilité actuelle à quarante trois pour cents.
- C’est parfait, cybernaute. Redressez la table.
- Tout de suite, major.
Je fixais un plafond gris au détail que celui-ci était en grande partie masqué par la lueur éclatante d’un éclairage de bloc opératoire. Ma position passa progressivement d’un plan vertical à un plan horizontal.
Deux hommes se tenaient alors devant moi. Le premier était de taille moyenne, châtain, les yeux noirs, une expression d’insécurité sur le visage.
Le second, au contraire, émanait d’une telle force de caractère que je voulus baisser son regard. En vain. A l’exception de son œil gauche et de sa bouche, le reste de son corps n’était qu’un assemblage de divers éléments métalliques brillants, qui luisait à la lumière. Il s’approcha , et déconnecta une série de câble.
- Gregor Mac Mordan, ancien capitaine de la section armée aérienne de l’organisation d’Atlanta. Pas d’erreurs ?
- Euh … Non, murmurais-je.
Je fus surpris par ma propre voix. Autrefois rauque et chaude, elle était devenu un souffle totalement froid et mécanique, artificiel.
Je baissai les yeux vers ses bras. Et compris la douloureuse réalité.
- Oskar Asweltorf, major cybernaute de la Confédération. Vous avez êtes très chanceux, ironisa le cyborg. Si nos hommes ne vous avaient pas amené ici, vous seriez mort.
Je me retins de lui répondre que c’était ce qu’il aurait souhaité.
- Etant donné la gravité de vos blessures, nous n’avons eux d’autres choix que d’implanter du matériel cybernétique. Vos deux jambes, vos deux bras, votre colonne vertébrale, vos yeux, une partie de votre encéphale et de votre crâne … Bref, hormis quelques parties saines de votre anatomie, vous n’avez plus grand-chose à voir avec ce que vous étiez avant. C’est un changement brutal, je le conçois parfaitement.
Il retira un ultime câble branché à mon bras gauche, et les lourdes menottes qui maintenaient poignets et chevilles se dérobèrent
- Mais vous apprendrez à vous y faire et à apprécier ce changement, conclut le cybernaute en souriant.
- Qu’avez-vous de ma main gauche, monsieur ? Demandais-je d’un air suspicieux, tout en fixant la pince aux lignes arrondies qui avaient pris place à mon poignet.
- Major, rectifia Oskar. Vous l’avez perdu dans le crash, vous ne vous souvenez pas ?
- Très … Très vaguement, concédais-je. Tout est encore flou.
- Le choc psychologique d’un tel événement … Enfin, cela n’a plus d’importance. Vous êtes ici et maintenant, c’est bien cela le principal.
Il s’écarta de l’ancien capitaine et se dirigea vers une porte, au fond du bloc.
- Eh bien ? Suivez moi donc.
Accompagné de mes sauveurs impromptus, j'empruntais une série de couloirs particulièrement obscurs sans que cela ne me gênât, tandis que je m’adaptais à la perception de ce corps qui n'en était plus vraiment. Une perception qui restait très froide, ne provoquant en moi qu’une sombre curiosité, à la limite de l’indifférence. Je ne m’en étonnais pas.
J'arrivais dans une cave au plafond relativement haut, de dimension réduites, et où étaient disposés de nombreux appareils électroniques. Oskar n’y prêta pas attention, et m'invita à m’assoir dans un fauteuil disposé au centre de la pièce. Une pointe de méfiance me piqua une fraction de seconde, sans que je n’en sache la cause. Je consentis sans discuter à m’assoir dans le lourd fauteuil de métal, et deux épais bandeaux de métal vinrent piéger mes mains contre la structure du mobilier.
- Gregor, avoua le cybernaute. Je sais pertinemment que vous n’êtes pas venu ici de votre plein gré, n’est-ce-pas ?
Un hologramme surgit devant moi. Oskar s’approcha , et commença à manipuler les schémas, complexes, qui surgissaient rapidement.
- L’appareil que vous pilotiez était un bombardier modifié pour transporter de lourdes charges sur le secteur de la Caspienne et de la basse Volga. Deux bombes à grenailles ont été larguées quelques secondes avant votre crash.
Il se tut un instant.
- Pourtant, et à ma grande surprise, vous n’avez pas fait feu contre les deux avions de chasses qui vous pourchassaient. Vous n’avez pas non plus répondu aux signaux radios qu’ils vous ont communiqués, et, chose plus étonnante, à ceux que la base de Kobalky vous transmettait.
Il détourna alors son regard vers moi. Un regard franc, dur, et profondément interrogateur.
- Pourquoi êtes-vous venu ici, Gregor ? Demanda-t-il, un accent dur sur les lèvres, détachant chaque mot de sa phrase.
J'hésitai de longues secondes. Pouvais-je espérer revenir à Kobalky ? Je compris que non. Les cyborgs avaient été banni depuis longtemps des forces armées atlantistes. Ma vie ne pouvait pas être comme avant, et dans, une certaine mesure, j'avais parfaitement accompli mon acte de mort. Je venais de renaitre dans un monde glacé par l’aspect étalonné et artificiel de chaque objets, homme, mot ou pensée. Mon sauveur était un inquisiteur impitoyable qui, s’il l’avait voulu, aurait très bien put me tuer d’une seule pensée.
Ce même monde qui me sauvait. Je renaissais différent, presque naïf, lavé des actes passés. Je pouvais espérer commencer sur de nouvelles bases, sans pour cela nier ce qu’e j'avais été pendant vingt huit ans.
- J’ai volé en ayant pour but de me suicider, lâchais-je avec raideur. Aucun de mes supérieurs ni de mes camardes n’était au courant. J’ai suivi l’ordre de mission jusqu’ici, pour leur échapper et dans le même temps ne pas désobéir aux ordres.
- Une poutre et une corde sont deux objets nettement plus efficace dans ce cas, ironisa le cybernaute.
- Je voulais venger des amis, sifflais-je. J’avais … une promesse à tenir envers eux.
Oskar ne répondit pas, et continua à pianoter dans les airs, en faisant abstraction de ma presence.
- Vous rendez vous compte, Gregor, du sort qui vous attend ?
- Je serais converti, et après ?
- Vous auriez facilement pu mentir, vous avouer déserteur, Gregor. Prétexter l’avarie mécanique pour justifier du largage de deux bombes à fragmentation.
- Je n’avais pas à mentir. Question d’honneur.
- L’honneur ne sauve, en aucune façon, un homme seul. L’honneur ne sauve pas non plus un cadavre, Gregor.
- M’offrez-vous donc une rédemption, major ? Ironisais-je.
- Cette pince qui vous intriguait tant, elle, est la preuve que certaine personne vous considère comme un être ayant droit à certains privilège. Certaines personnes qui sont vénérés par des millions d’autres, et qui demande à ce que vous portiez encore longtemps certaines de vos valeurs. En reconnaissant votre grade d’officier et en l’intégrant dans votre chair maintenant que vous êtes un confédéré, nous avons entériné votre valeur morale, Gregor. Rien ni personne ne pourra plus vous retirez cet attribut. Vous n’imaginez pas encore la chance qui vous a été offerte…
Il se rapprocha de moi. Je le fixais avec un mélange d’appréhension teinté de curiosité. Un câble avait surgit de la main droite d’Oskar, et se tortillait en tout sens.
- Mais tout cela va changer, Gregor. Dans quelques heures, vous aurez compris ce que je voulais vous dire …
D’un geste rapide et souple, le cybernaute enficha le câble dans ma nuque. Je serrai les dents. Une douleur violente percuta mon crâne de l’intérieur, liquéfiant mon cerveau. Je me sentais tomber à la renverse, fixant une dernière fois l’holo et le cybernaute responsable de cet état de conscience, avant que des ténèbres oppressantes ne m’engloutissent définitivement.
« Alors … Alors c’est comme ça ? Il n’y a ni couleurs, ni artifices, ni bruits, ni souffles lointains ?
Tout semble si fade.
Tout est si vide.
Je ne comprends pas. »
Je m’étonnais de pouvoir avoir encore conscience de mon existence. Les rares personnes qui avaient subit cet acte n’était jamais revenu vers Atlanta, et les témoignages oraux n’allaient pas dans le sens d’un état réjouissant.
Le vide comportait cet aspect angoissant, me livrant à ma seule conscience. Pour la seconde fois en à peine quelques heures, je me retrouvais en proie à mon propre étonnement. Quelque chose n’allait pas. Coincé dans cet état de fait, j'espérais une délivrance.
Un flot de lumière venu d’hypothétiques cieux brisa les ténèbres, me happa et me propulsan vers la surface d’un monde qui ne me manquait guère.
J'entrouvris mon œil valide, après quoi celui, artificiel, qui assurait l’essentiel de ma vue, ne se réenclenche.
Oskar secoua la tête, visiblement perplexe.
- La procédure n’était pas normale, n’est ce pas major ?
Je lançais ce constat avec une implacable froideur. Le cybernaute me répondit du tac-au-tac.
- Et ce n’est pas bon signe pour vous.
Oskar s’absenta aussitôt de la pièce, quelques minutes. A ma grande surprise, les liens d’aciers qui me maintenaient au siège s’ouvrirent, me laissant libre. Je me relevais, arpentais le réduit en détaillant tous ce qui s’y trouvait. Je ne connaissais pas les outils qui s’étalaient sur un établi métallique maculé d’huiles noirâtres et d’une multitude de câbles et d’unités centrales éventrées, mais je me doutais que tout cela avait une grande utilité pour le cybernaute.
La porte de la pièce grinça, laissant passer Oskar, une expression de haine glacé sur le visage, suivi de quatre cyborgs dont les gueules des fusils étaient braqués sur moi.
- Vous allez nous suivre, lâcha le cybernaute. Quelqu’un peut sans aucun doute vous aider. Mais si vous refusez …
Il laissa courir un temps.
- Si vous refusez, nous vous abattrons, Gregor.
Je soupirai, résigné, et me dirigeai vers la sortie.