Note de la fic : Non notée
Publié le 19/08/2013 à 01:15:31 par Pseudo supprimé
Il n'est pas toi, tu es lui ; et cela à jamais.
_____________
« Encore. On reprend depuis le début.»
L'effet fut plus rapide qu'une balle de revolver. Alors que j'atteignais le haut de l'escalier, ces enfoirés m'avaient vidé un seau d'eau sur la tronche ; ce qui n'était -c'est le cas de le dire- pas sympa du tout.
Bien sûr, je rêvais. Comme précisé plus avant, les neuroleptiques ne me faisaient aucun effet. J'avais bel et bien agressée les deux hommes qui tentaient de me faire porter une camisole – ce qui me valu d'être défini comme potentiellement dangereux- mais cela ne les poussa pas à me prendre pour cobaye. Non. Tout ce qu'on exigeait de moi, c'était des réponses. Il n'était pas question d'un important secret enfoui dans une partie ensommeillée de mon lobe temporale, mais plutôt d'informations banales et sans intérêts, qu'on me faisait inlassablement répéter pour je ne sais quelle raison.
Ni médocs ni médecins. Ces gens qui me gardaient captif ne me donnèrent pas l'impression d'avoir plus étudié la médecine que moi les mathématiques. Il était plausible que je me trompe, oui. Tant que c'était moi qui portais la camisole, cela n'avait aucune importance.
—Je faisais un cauchemar. Pourquoi m'en avoir sorti ? Demandais-je à voix basse, tête baissée et regard posé sur mon ventre.
Je me retrouvais dans une insipide salle d’interrogatoire. Les murs étaient gris et en béton, comme le sol. Mis à part une table de bois et deux chaises métalliques, la pièce ne comptait aucun meuble. Il est triste de voir à quel point tout cela manquait de cachet ; mais comme j'y passais le plus clair de mon temps, j'avais fini par m'en accommoder.
Comme on peut le deviner, j'étais assis sur une des deux chaises. Leur seau devait avoir une bonne contenance : tout le haut de mon corps était trempé malgré l'épaisseur de la camisole. Mes cheveux me tombaient sur les yeux et gouttaient sur mon pantalon.
Un homme était assis face à moi. Je ne l'avais pas encore regardé, mais je savais que c'était lui qui allait me questionner aujourd'hui ; et non pas celui qui se tenait sur ma gauche. Nous étions trois, sans compter la caméra qui nous surveillait. J'aurais préféré être seul et continuer à cauchemarder.
—Voulez-vous bien me parler de ce rêve ? Me demanda l'homme assis face à moi.
—Je m'échappai de ce trou à rat.
—Et quel est votre avis sur ce songe ?
—Allez vous faire foutre, lui dis-je d'un souffle, en me rappelant avoir envoyer chier un de ses collègues quelques heures auparavant, à cause des questions.
Il avait la quarantaine. Cheveux coupés courts, mal rasé, yeux noisettes et regard las ; sans oublier la blouse blanche, qui devait être l'uniforme réglementaire chez ces imposteurs.
—Êtes-vous maintenant d'humeur à répondre à mes questions ?
—Elles n'ont pas de sens, vos questions...
—Pour nous, elles en ont. Je ne me souviens pas de votre prénom, quel est-il déjà ?
—Alexis...et vous vous foutez de moi car vous le connaissez très bien.
—Mais non, voyons. Comment l'écrivez-vous ?
—A-L-E-X-I-S.
—Vous prononcez donc le « s ». Vous ne trouvez pas cela amusant, «Alexisse » ?
—Pas vraiment, non. Je vois mal comment le prononcer autrement.
—Et quel est votre nom de famille ?
—Matveiev. Je vous laisse deviner comment cela s'écrit.
—Le problème, voyez-vous, c'est que j'ai dû mal à en saisir la prononciation. Je ne sais si vous dîtes « Matiaf » « Matfief » ou « Matfiaf ». Comment l'écrivez-vous ?
—M-A-T-V-E-I-E-V, sale illettré. Prononcez-le comme vous le souhaitez, je ne m'en sentirai pas blessé, répondis-je blasé par ses questions à la con.
—Bien. Nous allons maintenant revoir quelques unes de vos dépositions. Où habitez-vous ?
—Eldan.
—Vous voulez dire...dans Eldan ?
—Non, sa banlieue. Comme vous le savez, la ville est quelque peu dangereuse.
—Ah oui ? C'est curieux, cette dernière n'existe plus depuis quelques années.
—On me l'a expliqué ce matin, photo à l'appuie. Je n'ai pas envie d'en parler.
—Je vois...Avez-vous des parents ?
—Si la banlieue n'est plus, j'ai peur qu'il en soit de même pour eux.
—Petite copine ?
Je restais silencieux quelques secondes. L'espace d'un instant, j'eus envie de répondre positivement ; mais rien ne me le permettait. Je n'avais aucun souvenir d'une quelconque compagne et pourtant, cette simple question était parvenue à me rendre étrangement pensif. Une part de vide s'immisçait en moi, comme une pièce manquante qu'on aurait donné à quelqu'un d'autre. Étrange impression. La réponse à donner était pourtant simple.
—Non, répondis-je sans être sûr de moi.
—Je vous crois, répondis-t-il en souriant, non sans avoir analyser mon hésitation. Que faites-vous dans la vie ?
—Je vais en cours, comme les jeunes de mon âge.
—Et êtes-vous branché « religion » ?
—Religion ? Je ne suis pas sûr de vous suivre...vous me parlez d'Elucil ?
—Oui. De qui d'autre voulez-vous que je parle ?
Qui d'autre ? Je cernais déjà mieux celui qui se tenait face à moi, rien qu'à ces mots. Pour sortir cette énormité, qu'Elucil se trouvait être la seule divinité, ce gars devait être un putain d'illuminé. Le fait qu'il puisse se permettre de me poser une telle question en présence de son camarade muet signifiait tout bonnement que toute l'heure organisation mouillait dedans. J'étais tombé chez les tarés.
—L'Ange devenue déesse, tout la mythologie autour d'elle, le mal qui touche les anges...non, je n'y ai jamais vraiment cru.
—Vous avez l'air d'en savoir beaucoup à ce sujet, Alexis.
Soudainement surpris autant par mes paroles que par mes pensées, j'hésitais à répondre. De ma vie, jamais je n'avais étudié la religion. Quelques jours plus tôt, je ne savais encore rien là-dessus. J'en suis certain. C'était étrange. Plus encore lorsque je me rendis que l'homme su quoi penser de mon silence.
—J'ai ouvert deux où trois bouquins, rien de plus, répondis-je maladroitement.
—Vous ne vous en rendez peut-être pas compte, mais notre entretient se fait de plus en plus intéressant.
—Ah oui ? D'après-moi, tout cela ne sert à rien. D'ailleurs, j'aimerais faire une pause.
—Pas encore. J'ai encore pas mal de questions à vous poser.
—Non non non, lorsque je dis que j'aimerais faire une pause, cela signifie : je fais une pause.
—Comprenez que vous ne dictez pas les règles, monsieur Matveiev.
Je restais silencieux quelques secondes, à le regarder dans les yeux.
—Vous me prenez peut-être pour un con, mais je me rends compte de ce que vous êtes : de faux médecins, tarés, religieux...certainement d'Eldan, d'ailleurs. Et puisque vous parlez si étrangement de cette ville, j'imagine qu'on en est loin. Promel...ou plutôt Espier, qui même si elle est plus indépendante, est moins surveillée. Puis il y a moi aussi, je me rends compte de mon anormalité. Je n'étais pas le même il y a quelques jours. C'est le bordel en moi. Il y a des trucs qui ne devraient y être et d'autres qui ne sont plus là. J'imagine que vous êtes la cause de tout cela...dois-je vous dire merci où vous insulter ?
Pour toute réponse, il ouvrit grand les yeux et se leva de sa chaise.
—La pause est accordée, me dit-il, en adressant un signe à son camarade muet.
—Youp...
Je n'eus même pas le droit de savourer ce moment. Le gaillard, à ma droite, appliqua un objet sur ma nuque. Un courant électrique s'immisça dans mon corps. Une décharge, encore. Comme c'est douloureux...
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« Encore. On reprend depuis le début.»
L'effet fut plus rapide qu'une balle de revolver. Alors que j'atteignais le haut de l'escalier, ces enfoirés m'avaient vidé un seau d'eau sur la tronche ; ce qui n'était -c'est le cas de le dire- pas sympa du tout.
Bien sûr, je rêvais. Comme précisé plus avant, les neuroleptiques ne me faisaient aucun effet. J'avais bel et bien agressée les deux hommes qui tentaient de me faire porter une camisole – ce qui me valu d'être défini comme potentiellement dangereux- mais cela ne les poussa pas à me prendre pour cobaye. Non. Tout ce qu'on exigeait de moi, c'était des réponses. Il n'était pas question d'un important secret enfoui dans une partie ensommeillée de mon lobe temporale, mais plutôt d'informations banales et sans intérêts, qu'on me faisait inlassablement répéter pour je ne sais quelle raison.
Ni médocs ni médecins. Ces gens qui me gardaient captif ne me donnèrent pas l'impression d'avoir plus étudié la médecine que moi les mathématiques. Il était plausible que je me trompe, oui. Tant que c'était moi qui portais la camisole, cela n'avait aucune importance.
—Je faisais un cauchemar. Pourquoi m'en avoir sorti ? Demandais-je à voix basse, tête baissée et regard posé sur mon ventre.
Je me retrouvais dans une insipide salle d’interrogatoire. Les murs étaient gris et en béton, comme le sol. Mis à part une table de bois et deux chaises métalliques, la pièce ne comptait aucun meuble. Il est triste de voir à quel point tout cela manquait de cachet ; mais comme j'y passais le plus clair de mon temps, j'avais fini par m'en accommoder.
Comme on peut le deviner, j'étais assis sur une des deux chaises. Leur seau devait avoir une bonne contenance : tout le haut de mon corps était trempé malgré l'épaisseur de la camisole. Mes cheveux me tombaient sur les yeux et gouttaient sur mon pantalon.
Un homme était assis face à moi. Je ne l'avais pas encore regardé, mais je savais que c'était lui qui allait me questionner aujourd'hui ; et non pas celui qui se tenait sur ma gauche. Nous étions trois, sans compter la caméra qui nous surveillait. J'aurais préféré être seul et continuer à cauchemarder.
—Voulez-vous bien me parler de ce rêve ? Me demanda l'homme assis face à moi.
—Je m'échappai de ce trou à rat.
—Et quel est votre avis sur ce songe ?
—Allez vous faire foutre, lui dis-je d'un souffle, en me rappelant avoir envoyer chier un de ses collègues quelques heures auparavant, à cause des questions.
Il avait la quarantaine. Cheveux coupés courts, mal rasé, yeux noisettes et regard las ; sans oublier la blouse blanche, qui devait être l'uniforme réglementaire chez ces imposteurs.
—Êtes-vous maintenant d'humeur à répondre à mes questions ?
—Elles n'ont pas de sens, vos questions...
—Pour nous, elles en ont. Je ne me souviens pas de votre prénom, quel est-il déjà ?
—Alexis...et vous vous foutez de moi car vous le connaissez très bien.
—Mais non, voyons. Comment l'écrivez-vous ?
—A-L-E-X-I-S.
—Vous prononcez donc le « s ». Vous ne trouvez pas cela amusant, «Alexisse » ?
—Pas vraiment, non. Je vois mal comment le prononcer autrement.
—Et quel est votre nom de famille ?
—Matveiev. Je vous laisse deviner comment cela s'écrit.
—Le problème, voyez-vous, c'est que j'ai dû mal à en saisir la prononciation. Je ne sais si vous dîtes « Matiaf » « Matfief » ou « Matfiaf ». Comment l'écrivez-vous ?
—M-A-T-V-E-I-E-V, sale illettré. Prononcez-le comme vous le souhaitez, je ne m'en sentirai pas blessé, répondis-je blasé par ses questions à la con.
—Bien. Nous allons maintenant revoir quelques unes de vos dépositions. Où habitez-vous ?
—Eldan.
—Vous voulez dire...dans Eldan ?
—Non, sa banlieue. Comme vous le savez, la ville est quelque peu dangereuse.
—Ah oui ? C'est curieux, cette dernière n'existe plus depuis quelques années.
—On me l'a expliqué ce matin, photo à l'appuie. Je n'ai pas envie d'en parler.
—Je vois...Avez-vous des parents ?
—Si la banlieue n'est plus, j'ai peur qu'il en soit de même pour eux.
—Petite copine ?
Je restais silencieux quelques secondes. L'espace d'un instant, j'eus envie de répondre positivement ; mais rien ne me le permettait. Je n'avais aucun souvenir d'une quelconque compagne et pourtant, cette simple question était parvenue à me rendre étrangement pensif. Une part de vide s'immisçait en moi, comme une pièce manquante qu'on aurait donné à quelqu'un d'autre. Étrange impression. La réponse à donner était pourtant simple.
—Non, répondis-je sans être sûr de moi.
—Je vous crois, répondis-t-il en souriant, non sans avoir analyser mon hésitation. Que faites-vous dans la vie ?
—Je vais en cours, comme les jeunes de mon âge.
—Et êtes-vous branché « religion » ?
—Religion ? Je ne suis pas sûr de vous suivre...vous me parlez d'Elucil ?
—Oui. De qui d'autre voulez-vous que je parle ?
Qui d'autre ? Je cernais déjà mieux celui qui se tenait face à moi, rien qu'à ces mots. Pour sortir cette énormité, qu'Elucil se trouvait être la seule divinité, ce gars devait être un putain d'illuminé. Le fait qu'il puisse se permettre de me poser une telle question en présence de son camarade muet signifiait tout bonnement que toute l'heure organisation mouillait dedans. J'étais tombé chez les tarés.
—L'Ange devenue déesse, tout la mythologie autour d'elle, le mal qui touche les anges...non, je n'y ai jamais vraiment cru.
—Vous avez l'air d'en savoir beaucoup à ce sujet, Alexis.
Soudainement surpris autant par mes paroles que par mes pensées, j'hésitais à répondre. De ma vie, jamais je n'avais étudié la religion. Quelques jours plus tôt, je ne savais encore rien là-dessus. J'en suis certain. C'était étrange. Plus encore lorsque je me rendis que l'homme su quoi penser de mon silence.
—J'ai ouvert deux où trois bouquins, rien de plus, répondis-je maladroitement.
—Vous ne vous en rendez peut-être pas compte, mais notre entretient se fait de plus en plus intéressant.
—Ah oui ? D'après-moi, tout cela ne sert à rien. D'ailleurs, j'aimerais faire une pause.
—Pas encore. J'ai encore pas mal de questions à vous poser.
—Non non non, lorsque je dis que j'aimerais faire une pause, cela signifie : je fais une pause.
—Comprenez que vous ne dictez pas les règles, monsieur Matveiev.
Je restais silencieux quelques secondes, à le regarder dans les yeux.
—Vous me prenez peut-être pour un con, mais je me rends compte de ce que vous êtes : de faux médecins, tarés, religieux...certainement d'Eldan, d'ailleurs. Et puisque vous parlez si étrangement de cette ville, j'imagine qu'on en est loin. Promel...ou plutôt Espier, qui même si elle est plus indépendante, est moins surveillée. Puis il y a moi aussi, je me rends compte de mon anormalité. Je n'étais pas le même il y a quelques jours. C'est le bordel en moi. Il y a des trucs qui ne devraient y être et d'autres qui ne sont plus là. J'imagine que vous êtes la cause de tout cela...dois-je vous dire merci où vous insulter ?
Pour toute réponse, il ouvrit grand les yeux et se leva de sa chaise.
—La pause est accordée, me dit-il, en adressant un signe à son camarade muet.
—Youp...
Je n'eus même pas le droit de savourer ce moment. Le gaillard, à ma droite, appliqua un objet sur ma nuque. Un courant électrique s'immisça dans mon corps. Une décharge, encore. Comme c'est douloureux...