Soudain, il vit une chose bouger. Il ne pouvait pas à cette distance déterminer de quoi il s?agissait, mais il en était persuadé : ce n?était pas un élément qu'il avait eu l'habitude de surprendre depuis qu'il se trouvait dans cet endroit.

Il décida de s'en rapprocher coûte que coûte et se jura de ne pas s?arrêter avant d'y être parvenu.

Il avança donc de quelques cinq cents mètres et s?arrêta net.

Il avait le sentiment que c'était là. Pas à peu près. Là, c?était exactement là qu'il avait vu cet élément qui avait troublé son regard.

Il chercha instinctivement sous le sable pour le déterrer mais son oeil gauche, pris d'irritation à cause d?un grain de sable l?empêcha de continuer. Il se frotta, essayant de dégager sa vue et en rouvrant l'oeil, il vit au-dessus de lui ce qui semblait être une feuille, voler en tourbillon.

Il attendit que le souffle se stoppe et attrapa la feuille qui redescendait déjà sur le sol. Il l?examina et remarqua sa couleur verte, choquante pour un endroit aussi aride dans laquelle elle se trouvait.

Il détermina assez facilement l?arbre à laquelle elle devait appartenir et il s?avéra que c?était sans aucun doute un chêne, ce qui le troubla encore plus. Il resta un moment immobile, à réfléchir, plusieurs questions lui vinrent en tête et tout à coup il remit à bouger avec la conviction que cette feuille n?avait pas pu faire énormément de kilomètres et vu qu'elle provenait d?un chêne, il y avait de l?eau à proximité.

Sa situation semblait alors s?améliorer quelque peu. En effet, il avait l?espoir qu'une source ou une quelconque autre étendue d?eau se trouvait non loin de là et en plus de cela, il pouvait grâce à la direction du vent déterminer facilement d?où venait cette feuille.
Mais le vent était aussi un ennemi ralentissant sa marche, l?aveuglant par le sable et rendant encore plus saillante la chaleur qui régnait en ce lieu.

Après de longues minutes de marche intensive, il atteignit en effet une oasis et son coeur s?emballa alors, prit d?une euphorie impossible à contenir. Il se désaltéra longuement car la soif le rongeait au moins depuis qu'il se trouvait dans ce désert, mais à ce qu'il ressentait, elle semblait être apparue encore bien avant qu'il reprenne ses esprits.

Après avoir ingurgité l'équivalent d'un litre et demi d'eau en environ quinze minutes, il regarda autour de lui et vit derrière les quelques palmiers ce qui semblait être un mur.

Il décida de contourner le lac pour s?avancer et au fur et à mesure qu'il avançait vers ce mur, un toit apparaissait au-dessus, puis un autre, puis encore un et ainsi de suite.

Il se trouvait en présence d?une ville sans aucun doute et allait enfin pouvoir demander où il se trouvait et peut-être espérait-il un moyen de savoir pourquoi il y était.

Il n?avait aucune envie de partir d'ici, car il avait trouvé enfin un refuge et il ne savait de toute façon pas d'où il venait ni s'il avait une résidence ou une famille ou quoi que ce soit d?autre quelque part.

Cette ville constituait donc en somme le seul endroit salutaire qu'il connaissait au monde et il comptait bien trouver le moyen de s'y installer.

En longeant le mur, il atteignit enfin les portes de la ville et s?approcha d'un poste de garde.