Depuis ce jour, je haissais l'humanité.
Mes parents, ces connards. Les weshs, ces mecs qui passent leur temps à cracher par tout, à cogner, et à écouter du rap. Les bourges, ces mecs qui se la pètent, qui affichent fièrement leurs marques pour montrer qu'ils ont du fric, qui trainent qu'entre eux dans leur soirée VIP. Les kikoos, ces filles, souvent sautées par des weshs, et qui aiment par dessus tout se foutre de la gueule des gens comme moi.

J'étais seul dans ce putain de monde.

Seul, je le suis également maintenant, pour l'éternité.

Condamné à vivre dans l'obscurité d' la vie.
Condamné à vivre dans le néant infinis.
Condamné à souffrir, condamné à pleurer,
Ces larmes qui coulent sans jamais s'arretter.
Et si un rêve me guide, peut-être le dernier,
Je le laisse s'échapper, pour l'éternité.

Mes pensées suicidaires qui hantaient ma vie terrestre reviennent. Mais je sais bien qu'ici, cette solution ne m'est pas disponible. Owned by death. Alors je ferme les yeux. Je me laisse bercer par le vide, emmené au loin. Je ne peux pas dormir, je le sais. Alors autant errer sans fin, devenant fou, comme ça j'oublierai tout, et je ne serais plus qu'une marionette, plus qu'un pantin désarticulé, purgé de toute âme, amenant avec elle ce qui me rattachait à la Terre.

Non.
Je n'y arrive pas. J'ai beau fermer les yeux, mon esprit me torture de ses pensées infernales. J'ai fais la connerie de mourir, je regrette maintenant. Cincerement. Pourquoi suis-je aussi con ? Je pense qu'en fait Elonore n'avait pas tord. Pourquoi aimait quelqu'un qui ne s'aime pas soit-même ?

Et là, dans la mort, j'ai découvert le but de toute existence, le but de toute vie...
...être en harmonie avec soi-même.
Se laisser guider par ses émotions. Modeler son corps à son envie, sans y ajouter des influences extèrieures. "Connais-toi toi même." a dit Socrate. je me suis détesté toute ma vie. A chaque fois que, dans ma tête, j'insultais quelqu'un, à chaque fois que je me moquais d'une personne, c'est moi même que je détruisais. Et effectivement, ça m'a détruit. "Le bonheur n'est réel que partagé" écrit Christopher Maccandless dit Alexander Supertramp à la fin de sa vie, ce type avait compris le sens du bonheur à travers les autres.

Je veux tout recommencer.

Repartir à zéro...
Et aimer tous ceux qui partageront ma vie.

Je hurle de rage, de désespoir, dans ce silence glacial.

Une flamme cintille au loin. Un effet de mon imagination ? La folie me parvient-elle enfin ? Non, elle est bien là. Comme la lumière d'une bougie qui éclaire ma nuit. Elle m'attire. Je m'en approche. La distance qui nous sépare me parait à la fois courte et lointaine. J'y arrive enfin.

En face de moi, une petite flamme, une étincelle, enfermée dans un bocal de crystal. Le plus pure crystal que je n'ai jamais vu pour la plus belle preuve de vie. Car il y a de la vie dans ce bocal, une flamme brule grâce à la présence de dioxygène. Je ris. Pour la première fois depuis longtemps, je rigole, à pleine dents. La vie est devant moi !

Une voix sourde retentit. Je regarde autour de moi, rien. je l'écoute attentivement.
"Tu désires plus que tout maintenant refaire ta vie. Tu en as compris le sens.
-Qui es-tu ?
-Je suis tout et rien, mais mon identité n'a aucune importence. Tu l'as deviné, en face de toi se trouve la vie, la liberté, le retour sur terre, une nouvelle naissance, une nouvelle destinée. Je te propose un pacte : une renaissance contre une âme.
-Vous voulez dire qu'à ma mort j'irais aux Enfers ?
-Les Enfers ? Une pure invention humaine. Nous inventons nous-mêmes nos pires cauchemards. Nan, pas ton âme à toi. Dans ta nouvelle vie, tu perdras l'être le plus chère à tes yeux, l'être que tu aimerais plus que tout. Je ferais en sorte que tu vives en communion avec les autres, comme l'est ton choix, mais tu ne te souviendras de rien. Ni de ta vie d'avant, ni de ce passage...

...dans le néant. Alors ?
-Une vie en échange de la mienne ? C'est cruel !
-Tiens, tu commences à t'interesser à la vie des autres. Bon début !
-Mais si c'est le prix à payer pour retrouver ma liberté, alors d'accord.
-Je signe le pacte avec ton sang. Tu garderas à vie une cicatrice sur tes avants-bras. Au revoir !"

Disparition.

"Ou a bientôt..."