Revis ! Maintenant !
Moi je veux vivre pour l’amour
Et main dans la main
Alors viens-donc, moi, je suis pour !

Dans le début du mois d’Avril
Je me souviens, j’étais fébrile.
Je marchais dans la blanche neige.
Ma peau était plus pâle que beige
Et j’écoutais avec lourdeur
Le bruit de mes pas dans les pleurs
Fondus par l’intense chaleur
Permanente de mon vain cœur.

Revis ! Maintenant !
Moi je veux vivre pour l’amour
Et main dans la main
Alors viens-donc, moi, je suis pour !

Dans le courant du mois de Mai
Ah ! Quelle joie, je t’ai trouvé !
Et toutes ces pensées austères
Grâce à ton souffle s’écartèrent.
Les appréhensions de mes sens
Qui, au départ, étaient trop denses,
Avec votre venue, ma Dame
Se disloquèrent sous votre lame.

Revis ! Maintenant !
Moi je veux vivre pour l’amour
Et main dans la main
Alors viens-donc, moi, je suis pour !

En plein matin du mois Juin,
Toi dans le lit, moi près du vin.
Et alors j’entendis ce bruit.
Un bruit qui ne m’est pas ami.
J’arrivai ici, teint livide
Et demandai d’une voix vide :
« Pourquoi tousses-tu, mon amour ?
Pourquoi ce sang sur ton velours ? »

Revis ! Maintenant !
Moi je veux vivre pour l’amour
Et main dans la main
Alors viens-donc, moi, je suis pour !

En les tempêtes de Décembre
Je sers ta main froide comme l’ambre
Sous les flocons blancs et statiques
Tes lèvres sont tels les colchiques :
Froides, mauves, empoisonnées
Par un caprice jalousé.
Seul, je quitte le patelin.
Seul, à toujours errer sans fin.

Je meurs ! Maintenant !
Moi je veux mourir pour moi, moi !
Le cœur sur ma main.
Alors viens-donc, je suis pour, moi !