Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

La chute des tisserands


Par : Warser
Genre : Action, Fantastique
Statut : C'est compliqué



Chapitre 3


Publié le 06/03/2013 à 01:20:48 par Warser

Raël est donc le nom d'un leader de secte.... :( faudra que je pense à changer ce prénom, qui commence à me gêner sérieusement pour l'écriture. Donc Raël sera désormais connu sous le nom de Carl... (désolé si ça nuit à la compréhension, mais "sa sainteté raël" est un personnage pour le moins abject :-) d'où ma non envie de lui faire de la pub...


— Tu t'inquiètes donc tant que ça? Si j'avais su, j'aurais évité les plaisanteries de mauvais goût.
Lanya se força à sourire. Elle respirait toujours, et ses nerfs semblaient réagir mieux que jamais.
— Allons. Si j'avais voulu t'assassiner, j'aurais eu l'inspiration de ne pas jouer l'anti-héros machiavélique de roman de jeune fille, reprit l'Electeur avec un sourire bienveillant.
Elle se rassurait peu à peu. Si le vin avait contenu du poison, elle en aurait déjà senti les effets. Lorenzo avait bu de ce vin, lui aussi, et elle aurait remarqué sans peine la présence d'une substance au fond du verre de cristal. Lanya se maudissait pour sa crédulité. Ses angoisses récentes la rendaient plus fébrile que jamais.
— Excuse-moi. Je ne suis pas d'humeur à apprécier.
Lorenzo porta son verre à ses lèvres, et but le reste de son contenu.
— Je te ressers du vin?
Lanya repoussa son verre du plat de la main. Son visage reprenait des couleurs, mais ses bras tremblaient toujours et son coeur battait la chamade.
— Je préfère quelque chose de plus fort, si tu n'y vois pas d'inconvénient.
— Vos désirs sont des ordres, ma Dame, déclara Lorenzo avec une courbette exagérée, un large sourire aux lèvres.
Il s'éclipsa par la porte du salon, avec le pas régulier d'un majordome. Lanya, adossée au fauteuil confortable, se calmait peu à peu. L'Electeur aimait jouer avec ses émotions. Mais ses plaisanteries étaient toujours plus fines, presque convenues et agréables. L'angoisse s'accompagnait toujours d'un sentiment de sécurité inexplicable, comme si elle savait que son homme ne la trahirait pas. Cette fois, il n'y avait eu que le malaise et la peur, la peur de la mort, brute.
Lorenzo l'amant, Lorenzo le protecteur, Lorenzo l'ami... L'espace de cinq minutes, il s'était transformé en un assassin impitoyable et machiavélique. Et il l'était, sans doute, aussi. Selon ses besoins, selon ses intérêts. Un politicien aguerri ne devait ressentir ni amour ni amitié. C'était la première chose qu'on enseignait aux jeunes patriciens Kraves dans les écoles de gouvernement de l'archipel. La soif de pouvoir devait prendre le pas sur tout le reste.
Cette plaisanterie n'était pas anodine. Lanya en était certaine. C'était un avertissement. Une menace, raffinée et sophistiquée qui seyait parfaitement au caractère de l'Electeur. Il la laissait en vie pour le moment, jusqu'au jour où elle trahirait sa confiance, volontairement ou involontairement. La porte s'ouvrit à la volée. Lorenzo portait une flasque d'argent et un verre empli de liquide violet, qu'il donna à Lanya avec un regard compatissant.
— Eau de vie de myrtille, précisa-t-il. Un bon remontant.
Lanya but deux longues gorgées. L'épais liquide sucré lui réchauffait la langue, brûlait le fond de sa gorge, jusqu'à son estomac. Une douce chaleur se répandait dans ses membres. Ses angoisses s'effaçaient progressivement, perdues dans le fil de ses pensées emmêlé par l'alcool. Lassily, toujours levé, la regardait se détendre au fond du fauteuil.
Elle n'était plus en état de discuter. Les émotions de la soirée, l'alcool de myrtille et le vin de cerises, ajoutés à ses angoisses l'avait épuisée.
Lassily, l'air attendri, s'assit sur l'accoudoir du fauteuil.
— Si nous parlions affaires demain, quand vous serez un peu remise de vos angoisses ?
La voix douce de l'électeur, son air attentif et sincèrement désolé arrachèrent à Lanya un sourire. Avec délicatesse, Lassily passa son bras derrière le dos de Lanya, et l'embrassa passionnément. Elle résista faiblement, par principe, puis s'abandonna à la douceur du baiser. Peut-être qu'elle pouvait lui faire confiance. Il était si agréable et rassurant de le penser... Prise par la fatigue et l'alcool, envoutée par la chaleur du salon, elle se laissa aller à l'étreinte de son amant.


L'esprit de Carl était traversé d'instincts et de pulsions contradictoires. Le bon sens aurait voulu qu'il reste caché. Un soldat de la république entraîné pourrait le rattraper sans peine à la course, ou simplement le tuer à distance. Pourtant, la bête humaine qui vit en chaque individu lui intimait de fuir.
L'homme contournait les rochers de la crique. La toge pourpre des patriciens n'était pas le vêtement le plus discret, et la pleine lune éclairait la plage de sa lumière pâle et morbide.
Le bruit des pas lourds de l'arbalétrier se faisait de plus en plus fort. Carl ne songeait pas à combattre. Il n'était pas armé, ni même entraîné. Il restait plaqué à la paroi du rocher, espérant que l'homme, trop confiant, ne fasse pas sa ronde de manière trop sérieuse. Il approchait. Impossible qu'il ne le voie pas, maintenant. L'angoisse faisait monter en lui une énergie surhumain. L'instinct de survie parlait à la place de sa raison, et avait pris le contrôle. Dans une tentative désespérée, le jeune homme s’élança en courant vers la mer.
Au moment ou Carl amorçait sa course, il entendit le grognement de l'arbalétrier.
— Hé toi ! Arrête-toi ou je te troue le dos !
La conscience de Carl l'aurait poussé à obéir, mais il n'était plus en état de réfléchir. Il se maudissait pour n'être pas resté tranquillement à la fête, et surtout pour être arrivé au mauvais endroit au mauvais moment. Et il risquait de le payer cher. La rage de l'impuissance traversait son esprit. Être exécuté ici, ou fait prisonnier, pour une ballade sur la lande. Une flèche siffla à ses oreilles. C'était un tir de semonce. Le prochain toucherait au but, s'il continuait de courrir.
— J'ai pas envie de buter un gamin, reprit la voix.
Carl courrait toujours. Il aurait voulu s'arrêter, mais ses jambes semblaient agir seules, lancées dans une fuite frénétique et insensée. La peur se transformait en un plaisir indicible, qui le prenait au ventre et lui montait à la tête, lui donnant le vertige.
Le claquement de deux flèches tirées retentit sur la plage, et Carl s'effondra sur le sable. Son cœur battait à tout allure. Des grains de sable venaient torturer sa gorge à chaque inspiration, mais au moins, il respirait toujours. Pourtant, il ne sentait plus ses jambes. Un anesthésiant, peut être? Ou un coup au tendon. Le pas tranquille de l'arbalétrier s'approchait à nouveau. Il n'avait pas à se presser, pensa Carl avec cynisme. Un chasseur venu ramasser sa proie affaiblie... Le visage enfoncé dans le sable de la plage, le jeune homme tenta de se relever pour faire face à son agresseur, enragé par l'injustice du sort qui l'avait amené à cette situation désespérée.
Alors qu'il relevait le torse et tentait de se retourner, la voix rauque du soldat se fit entendre à nouveau derrière lui.
—Voilà, maintenant, on dort tranquille.
L'homme parlait sur un ton empreint de pitié, de pitié et d'amusement, peut être. Carl ouvrit la bouche pour l'insulter, mais seule une quinte de toux s'échappa de sa gorge irritée par le sable.
Il sentit à peine la tranche de la main de l'arbalétrier s'abattre sur sa nuque avant de sombrer dans l'inconscience.


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