Il faisait moche.
Je tremblais. Elle, qui m'envoyait un message après tant de temps? Je ne comprenais pas, d'habitude c'était toujours moi qui devait lancer la discution, et même, elle ne répondait que par des phrases brèves.
J'appuyais donc sur : ''ouvrir'', et le lus.
''Hey dude.
C'est Chloé.
Tu sais, je ne t'oublierai pas, pour rien au monde je n'oublierai le beau garçon aux cheveux bruns que tu étais, pour rien au monde je n'oublierai tes yeux magnifiques, jamais. J'ai vécu la plus belle histoire de ma vie avec toi.
Aujourd'hui est un jour bien spécial, je ne l'ai pas oublié, mais si je ne t'envoies plus de message, si j'essaie de maintenir de la distance avec toi, c'est parce que j'ai envie que tu avance, que tu ne restes pas sur moi, que tu ailles vers d'autres filles, je serais si heureuse que tu trouves quelqu'un, si heureuse que tu puisses aimé quelqu'un comme tu m'as aimé...
Moi je ne t'oublie pas, mais toi j'aimerais que tu m'oublies.
Je t'aime.
C. <3''
Je ne répondis rien, je me levai juste. J'avais enfin compris pourquoi. Ce message avait été une sorte déclic pour moi, je n'avais plus qu'une seule chose à faire.
En attendant il était une heure trente de l'après-midi, et les cours reprenait à deux heure. Je me dirigeait donc vers mon école, avec l'espoir que tout se passe pour le mieux.
En approchant de l'ERACOM, j'aperçus le groupe de gros beauf qui avait été mangé au MacDonald.
- Bien ton repas avec Léonore? m'interpella Yannis.
- Mieux que votre bouffe entre gay si tu veux mon avis .
- T'imagines même pas se que je donnerai pour manger avec Léo .
- Tu as déjà une copine mec tu sais ça?
- Oui mais elle tient pas la comparaison .
-
- Léonore a pas l'air très bien d'ailleurs, regarde, me dit-il en me pointant un groupe de fille du doigt.
Je vis effectivement Léonore et d'autres filles, la demoiselle concernée se cachait les yeux avec ses mains. Sûrement pleurait-elle. A ce moment là, je me sentis mal, très mal, jamais je n'aurais pensé qu'elle aurait pu être aussi triste à cause de moi.
Les cours reprirent donc. J'étais encore assis à coté de Léonore, elle ne disait rien, je ne la taquinais pas, contrairement à ce matin, mais c'était compréhensible, un peu trop même.
- Léonore?
- Oui..? me répondit-elle d'une toute petite voix.
- Viens avec moi, après les cours, j'aimerais te parler .
Elle hocha la tête en guise de réponse. Nous ne parlâmes guère plus, sa jovialité était partie et son sourire avec. J'avais à ce moment là très peur de perdre ma petite, comme je la surnommais.
Les cours me parurent interminables, je bloquais sur ma création, rien ne me venait à l'esprit, et sans ma pipelette, on s'ennuyait.
Pourtant la sonnerie retentit enfin, je pris tout mon temps pour ranger mes affaires. Même si je savais se que j'allais faire, lui dire, je me sentais oppressé par le poids de ses paroles, ce midi.
Jonathan me demanda si je prenais le train, je lui répondit que j'allais discuter avec Léo.
-Et les enfants, c'est pour quand ? me dit-il avec une pointe d'ironie.
Je souris mais ne répondis pas. Léonore sortit enfin, elle avait l'air de se sentir un peu mieux, mais son visage aurait tout de même pu être une peinture représentant la tristesse.
Je ne lui dis pas où nous allions malgré toutes ses questions, ce n'était pas un endroit hors du commun, mais, c'était joli, surtout durant cette période de l'année.
Moi, en tout cas, j'y avais vécu beaucoup de choses.
Nous arrivions donc, sur cette toute petite terrasse, avec pour seul décors, un banc et un petit bouleau. Nous avions une vue imprenable sur le lac, c'était vraiment un endroit magnifique.
C'était là que moi et Chloé nous avions... non. Stop.
Je pris la main de Léonore et m'assis, elle en fit de même.
Je pris sa tête entre mes mains, et, doucement, tendrement, nous nous embrassâmes.
Nous, cette fois, et pas seulement elle.
- Je t'aime, Léonore, je t'aime et je l'ai enfin compris.
- Ohh.. Moi aussi Steven, plus que tout au monde..
Steven.. J'avais presque oublié qui j'étais.
Je regardais droit devant moi.
Il faisait très beau, aujourd'hui.