Je ne devrais pas dire ça maintenant, tout de suite, mais je suis navrée, c’est ce que je pense. Ma famille me gonfle terriblement.

Mais je l’aime fort. Tellement fort. Sinon, je ne ferai pas ça pour elle. Je ne me lèverai pas à minuit toutes les pleines lunes pour la protéger.

Je l’aime. Quelle plaie d’aimer quelqu’un ainsi. Quelle plaie de se sacrifier chaque mois pour leur salut.
Je voudrais ne pas l’aimer, ma famille. Je voudrais la haïr, la laisser mourir. Et m’enfuir, loin de ce cauchemar. Mais, de toute façon, ils me retrouveront. Ces créatures sont partout, elles vous traquent, nuits et jours. Elles ne vous laissent aucun répit. Je ne veux pas les avoir à mes côtés. Elles sont tellement immondes.

Comment en sommes-nous arrivés là ?

Comment ?

Je déteste me souvenir de ce moment.
Tout est ma faute… Si seulement je ne m’étais pas approchée de cette immense bâtisse. Si seulement Je ne m’étais pas mise à lire ce vieux livre à voix haute. Si seulement j’avais tout arrêté à temps. J’aurai du tout arrêter dès que le ciel s’est assombrit. Mais je pensais à une simple coïncidence… Ha ! Une simple coïncidence !

Non. C’était tout sauf une coïncidence.

J’ai continué à lire. Encore et encore.
Les éclairs ont jailli.
Ça ne m’a pas arrêtée. J’ai continué. Comme un automate. Je ne pouvais plus m’arrêter. J’étais prisonnière de ce livre. Envoûtée. Paralysée.

Puis, ils sont apparus.

Je ne pourrais même pas vous les décrire.
Ils sont juste… étranges. Mais terrifiant.
D’après le livre, chacun d’eux représente un défaut de l’humanité. Je les ai même nommés pour pouvoir les terrasser avec la bonne incantation donnée par ce même livre.
Il y a juste un problème. Je suis la seule à voir ces créatures. Le jour, du moins.
Mais, si je ne fais rien, à partir de minuit, ils deviennent visibles pour tous, et tuent.
Ils tuent chacun d’une manière précise, mais toujours avec un sadisme démesuré. Ils haïssent les humains. Ils peuvent les manger, les découper, les brûler, les scalper, rien ne leur semblent impossible en matière de boucherie.

Ils nous détestent.

Moi aussi, je les déteste. Même si, moi, ils ne me font aucun mal.
Pourquoi ? C’est pourtant simple.
Je suis comme une déesse pour eux. Une libératrice. Une mère. C’est moi qui les ai invoqués avec ce livre. C’est moi qui leur ai permis d’exprimer leur haine envers les humains.
Ils me croient de leur cotés. Même quand je terrasse leurs confrères. Ils pensent que je fais ça pour leur bien, qu’ils l’ont mérités.

Ils sont comme … Mes enfants.

Je les déteste. Et pour protéger les miens, Je dois, à chaque pleine lune, exécuté le rituel de Protection Lunaire qui les empêchera d’apparaître à minuit.
A chacun de ces rituels, mon sang coule. Mais je n’ai pas le choix. Je dois sauver ma famille. Je dois sauver ma race. La race humaine.

Je n’ai pas le choix.

Parfois, je les entends gémir.
Mes enfants.
Ils gémissent de douleur et d’impatience. Ils veulent que le sang des humains coule. Ils veulent Leurs âmes et leurs cœurs. Leur vie. Ils sont si cruels. Mais si forts.
Ils crient. Je les entends.
Voilà trois jours que je ne dors plus. Je les écoute pleurer. Des pleurs à fendre l’âme. Mais pas la mienne.
Je demeure impitoyable.
Pour rien au monde je les laisserai s’emparer de la vie de ma sœur, de ma mère, des humains eux-mêmes.
Parfois, je leur crie : « Non, JAMAIS ! »
Mais ils pleurent d’autant plus forts, ils me supplient.

Je ne céderai pas.

Jamais.