Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

Le diable au panama


Par : Warser
Genre : Fantastique, Sentimental
Statut : Terminée



Chapitre 4


Publié le 28/08/2012 à 11:37:54 par Warser

Je la serre dans mes bras. Elle rit, me caresse, me couvre de baisers. Je me sens léger. Libre. Je suis sous l'eau, mais je respire. Je sens son corps contre le mien, j'entends sa voix, sa douce voix légère et rieuse. Je me sens tomber vers le fond, doucement. Elle m'accompagne, me berce. mes paupières s'alourdissent, je ferme les yeux.
- Danny ? Danny!
Je sens plus mes jambes, et j'ai une douleur lancinante à la tête. La voix de Will. Ouais, c'est la voix du barman, qui me tire de mon bourbier comateux. Mon dos repose sur un matelas moelleux. Une pièce blanche, bien éclairée. Les rayons du soleil se déversent par la fenêtre. J'ai la tête calée dans un oreiller rembourré. Une chambre d'hôpital, je crois.
- Ah bah, enfin, tu te réveilles ! Tu nous as foutu une sacrée trouille.
Je lève la tête, m'assied péniblement sur le bord du lit. J'ai pas envie de rester couché, en particulier sur un lit d'hôpital. Je dois avoir rien de grave, si je peux m'asseoir. C'est déjà ça.
- Il m'est arrivé quoi?
Will me jette un regard inquiet.
- Tu rigoles ? tu t'es jeté sur les rochers, à marée haute. Heureusement que je passais par là.
Je fronce les sourcils, j'ai toujours la migraine. La mémoire me revient par flash, les évènements s'enchaînent dans ma tête. Je l'ai vue, ce soir là. Quand, d'ailleurs? Je sais pas vraiment... ça fait peut être plusieurs jours que je suis dans ce foutu lit d'hôpital. Elle était là, elle me souriait, comme d'habitude. C'était devenu un rituel, depuis plusieurs semaines, depuis la visite d'Igor. Le soir, elle apparaissait, toujours à la même heure, ses longs cheveux noirs effleurant la pierre du rocher. Et là, elle m'a appelé.
- Comment tu m'as repêché ?
- Ben, t'es un satané cocu, tu le sais ça? La mer t'a rejeté sur la plage, cinq minutes après. T'étais trempé, bien amoché, mais tu vivais encore. T'as dû tomber sur un courant. T'as une sacrée bonne étoile, mon gars.
- Il s'est passé quoi, exactement, Will? J'étais seul?
- Ben oui. Enfin y avait moi. T'étais tout seul sur ta petite falaise, et t'as sauté.
- Y avait personne dans la mer?
Will fronce les sourcils à son tour.
- T'es sûr que tu veux pas te reposer encore un peu ?
Seul. Évidemment que j'étais seul. Seul avec mes vieux démons, seul avec mes fantasmes. Seul avec elle. Elle, le diable au panama. Personne d'autre... La voix que j'entendais, c'était un souvenir. Une vieille braise pas encore bien éteinte. Comme un joli chant un peu lointain. Quel con.
- Merci, vieux.
J'ai rien d'autre à dire. Des fois, je crois qu'on peut pas dire plus. il me sourit, pose sa main sur mon épaule.
- ça va aller, Danny. Tu nous refais plus ça, hein? J'sais pas ce qui t'est passé par la tête. Il te reste un bon bout de chemin à faire...
Malgré tout ce que je lui dois, j'ai pas envie de lui raconter. Pas envie de passer pour un fou, un psychopathe obsédé, perdu et désespéré. Incapable de se débarrasser d'un souvenir...
- Je reviendrai te voir tout à l'heure, repose toi.
Will disparait derrière la porte. Il m'a rien demandé, même pas une explication. Je crois que je pourrai jamais lui exprimer toute ma reconnaissance. Il me sauve la vie, et il veut même pas savoir pourquoi. Ça me soulage, ça me libère d'un sacré poids. Faudra que je lui repaie ça un jour. Mais je sais pas comment.
Je repense à Paris. A la Seine, à ce jour où je l'ai rencontré. Ce fantôme, qui hante ma vie. Son rire, ses lèvres salées. Un si charmant fantôme... J'enfonce ma tête dans l'oreiller, je rabats les couvertures. Je suis fatigué. Son image s'efface, sa voix s'éloigne. Je la sens partir, se détacher avec douceur. Comme une feuille légère emportée par le vent.

Je me retourne sur le coté, ma conscience m'échappe un peu. Je flotte un moment dans un demi sommeil tranquille. Quelque chose m'effleure le torse. C'est pas si désagréable, mais ça va me gêner pour dormir. Ma main s'enfonce dans la tunique blanche d'hôpital. Un fil. Sans doute une mauvaise couture de mon vêtement. Je le retire délicatement pour ne rien abîmer. Je plisse les yeux, je le tiens à la lumière d'un rayon de soleil.

Le fil, c'est un cheveu. Un long cheveu noir brillant.


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