Note de la fic : Non notée
L'Ombre et l'Extase
Par : Canis_Wolfborn
Genre : Action, Fantastique
Statut : C'est compliqué
Chapitre 3
Publié le 11/12/2011 à 22:36:40 par Canis_Wolfborn
Ishak sourit intérieurement. Voilà qui était intéressant. Dans l’une des pires tavernes d’Oltan, un homme habillé banalement avait fait irruption, se plaçant à la table maudite. Tel était son nom car c’était là que l’on venait s’asseoir lorsque l’on voulait neutraliser quelqu’un, durablement. Cependant, pour un homme du peuple, ses vêtements étaient bien trop… soignés dans leur banalité. Une normalité arrangée afin de donner l’illusion de n’être qu’un intermédiaire miteux pour un maître bien plus puissant. Ishak se moquait bien de ces petites manœuvres en temps réel, mais son ouïe surdéveloppée avait capté la demande de l’homme, et dès que le premier tueur qui avait voulu prendre connaissance du contrat s’était brusquement levé en le traitant de fou, il se dirigea vers la table maudite.
Par rapport au spadassin crasseux qui l’avait précédé, Ishak imposait une certaine crainte. Il avait des cheveux noirs très courts, presque autant que sa barbe de trois jours, et des yeux noirs également. Son visage était carré et lui-même avait une carrure digne d’un Garde Impérial, mais pourtant se déplaçait avec une grâce presque féline. Grand, il semblait cependant ne pas ressentir le poids de son propre corps. Évitant le cliché du tueur lambda, point de cape ni de capuche pour le dissimuler. Il n’avait que faire d’être reconnu. Il portait une tenue de laine, renforcée par des protections de cuir elles-mêmes rehaussées de fines plaques d’acier. Tout son corps était couvert, ne laissant que son visage pour pouvoir apprécier sa peau, qui trahissait une origine probablement nord-orientale. Trois ceintures entouraient sa taille, garnies de différentes petites sacoches, et sur la protection de sa cuisse gauche, un fourreau accueillait une lame courte courbée, sans garde, à la fusée et au pommeau quelconques. Un autre fourreau était attaché dans son dos, retenu par deux langues de cuir qui ceignaient son buste. Y était rangée une lame longue, toujours dépourvue de garde, très légèrement courbée, et dont la fusée laissait entendre qu’elle pouvait être maniée à deux mains.
S’asseyant face à l’homme, il le jaugea un instant. Le bas de son visage était dépourvu de défaut majeur, signe d’une santé plutôt bonne. Le haut était dissimulé par une capuche. Un tic au niveau de ses lèvres trahissait une nervosité importante, tout comme un tremblement presque imperceptible au niveau de ses mains. De plus, Ishak pouvait sentir l’odeur de la peur émaner de sa peau. Il sourit à nouveau. L’homme leva la tête et ses yeux entrèrent en contact avec ceux de l’Assassin. Des yeux verts et des cheveux blonds, courts ? Une carrure de Garde Impérial ? Il avait face à lui Alrirk, le Seigneur Commandeur de la Garde Impériale. Décidément, les choses prenaient une tournure vraiment intéressante.
« Excitant. »
L’homme baissa à nouveau la tête et jura à voix basse, pensant qu’Ishak ne l’entendrait pas. Il n’avait pas peur de lui, non, il avait peur d’enfreindre la Loi alors qu’il en était un des garants les plus fervents depuis son entrée dans la Main de Nole. Finalement Alrirk parla.
« Qu’est-ce qui t’excite, Assassin ?
-Cela me semble évident. Le Seigneur Commandeur de la Garde du Palais, anciennement Protection de la Main, vient demander la mort des Guildes. »
Encore une fois, Alrirk pesta.
« Comment sais-tu que…
-J’ai l’ouïe fine, Garde. Tu as demandé la mort de Vicrus à l’autre homme. Tu lui as promis un peu d’argent pour cela, bien moins que ce qu’un individu aussi puissant peut valoir.
-L’on m’a dit que celui que je recherche se moque de l’argent.
-Alors c’est peut-être moi, affirma Ishak avec un sourire carnassier.
-Ce qui signifie que tu acceptes le contrat ? Tu acceptes de servir l’Empereur en toute discrétion ?
-Servir l’Empereur n’a aucun intérêt pour moi. Tu t’imagines que dans la vie, l’on ne peut vivre que pour l’argent ou par conviction, le questionna l’Assassin avec dédain ? »
Alrirk parût décontenancé.
« Pourquoi accepterais-tu, alors, si ce n’est ni pour l’argent, ni pour la justice ? Quel est ton but ?
-Donner la mort, misérable pantin. Infliger la terreur et la crainte. Voilà ce qui est excitant. Garde ton or et tes belles paroles. Je ne tuerai Vicrus que si j’ai la promesse de jouir de toute sa peur, et d’un contrat impossible à réaliser par un autre. Je pourrai quitter cette taverne et lui ouvrir la gorge avant la fin de cette après-midi.
-Alors fais-le, le pressa le Seigneur Commandeur.
-Te tuer sur le champ m’apporterait autant de plaisir et me ferait marcher moins longtemps. Que dis-tu de cela, répliqua-t-il en lui montrant ses dents, taillées pour trancher ? »
L’homme baissa la tête en déglutissant. Ishak appréciait la terreur qu’il lui infligeait. Il pouvait entendre les battements du cœur d’Alrirk, plus rapides au fur et à mesure qu’il devait réfléchir à comment renverser la situation. Plus la peur montait en son interlocuteur, plus Ishak sentait le désir monter en lui, l’envie de jouir en tuant. Un sourire pervers se dessinait sur son visage au fur et à mesure que l’excitation parcourait son corps. Il chassa cette pensée de son esprit et repris son sérieux.
« Je tuerai Vicrus si il devient inatteignable.
-Mais il l’est déjà ! Sa garde personnelle est bien trop dangereuse, souffla l’ex-Protection, excédé !
-Insignifiants mollusques engoncés dans des armures lourdes, cracha l’Assassin. Dix d’entre eux ne constitueraient pas un défi digne de ce nom. »
À ces mots, Alrirk recula de la table, une expression de terreur sourde sur le visage.
« Quel genre de créature es-tu… ?
-Je tuerai les représentants des Guildes jusqu’à ce que Vicrus craigne la mort à chaque gorgée de vin, à chaque bouchée de nourriture et à chaque seconde de sa vie. J’exige en échange que de plus en plus de soldats de cette cité me traquent au fur et à mesure que je distribuerai la mort parmi les Guildes. »
Le Garde se souvint que l’Empereur lui avait ordonné d’accepter le prix de l’Assassin, quel qu’il soit, et aussi étrange ou fou puisse-t-il paraître.
« C’est d’accord… Tu auras ce que tu désires.
-Dis à ton Empereur que je lui rendrai visite quand Vicrus sera mort.
- Ça, crois-moi que je l’empêcherai, ordure, lui jeta Alrirk au visage, frappant du poing sur la table… »
Ishak rit légèrement et se leva. « Tu pourras essayer, pantin. », lâcha-t-il avant de retourner dans un coin sombre de la taverne. Il avait le pressentiment que sa journée n’était pas terminée. Le Seigneur Commandeur quitta l’établissement en maugréant, l’air inquiet et enragé à la fois. Si excitant.
Il ne s’était pas trompé. Environ deux heures plus tard, un autre homme entra dans la taverne, déjà plus local. Dehors, à travers une fenêtre, Ishak remarqua trois miliciens qui observaient le personnage s’asseoir à la table maudite. Ils l’escortaient. Regrettable. Pour eux. Néanmoins il vint se joindre à l’homme.
« Vous êtes… un tueur, demanda le messager ?
-Un Assassin. Et j’espère recevoir une proposition intéressante.
-Je… mes maîtres sont riches. L’homme sortit un petit papier d’une poche de sa veste. Mais je crois que l’argent n’intéresse pas celui qu’on m’a demandé de trouver.
-C’est moi, dit Ishak en souriant. Qu’est-ce que tes maîtres savent d’autre ?
-Ils ont peur de vous, mais ils ont aussi besoin de vous. On m’a chargé de vous confier une mission difficile. Quelque chose de presque irréalisable, dit le courrier, hésitant.
-Tes maîtres sont plus informés que d’autres, concéda l’Assassin. Ils savent que j’aime la difficulté. Mais dis-m’ en plus. Qui doit mourir ? »
Sortant un autre document, l’homme posa une lettre sur la table et la fit glisser au-devant d’Ishak, arrêtant sa main à distance raisonnable. Lui aussi sentait la peur, encore plus qu’Alrirk. Il devait se demander si il sortirait vivant de cette taverne. Son cœur battait si vite et ses tempes pompaient tellement de sang que l’Assassin porta un instant sa main à sa cuisse, avant de se raviser. Contrôler ses pulsions, toujours. La base de l’entraînement. Il récupéra la lettre.
« Quel est ton nom, messager ?
-Je… Je me nomme Eli.
-Très bien, Eli. Si je n’aime pas ce que je lis dans cette lettre, je te tuerai. Mais tu peux encore la reprendre. Peut-être que les miliciens qui t’attendent dehors te tueront. »
Des larmes perlèrent aux yeux de l’innocent intermédiaire, qui serra les poings. Ishak put distinctement sentir l’odeur d’urine monter à son nez tandis que rougissait son interlocuteur.
« Pitié… Ouvrez la lettre… Ayez pitié…
-Soit. Tes maîtres ont ton destin en main. »
Il défit le sceau sur la missive, l’ouvrit, et prit connaissance de la liste sur le parchemin jauni. Il y avait les noms de différents dignitaires Impériaux influents, de grands officiants religieux, des officiers de la Garde Impériale et en haut de la liste, l’Empereur lui-même. En un éclair, l’Assassin avait un plan qui lui procurerait jouissance et défi pour toute la liste. Ceci mêlé au contrat sur les Guildes… Il n’était d’ailleurs pas difficile de savoir que c’étaient ces dernières qui demandaient la mort d’autant de fidèles au Palais. Tous pensaient pouvoir l’instrumentaliser, le transformer en arme. Les imbéciles. Ils lui avaient donné la possibilité de changer la donne dans toute Oltan, d’infliger la plus grande terreur dans chaque camp, pour sa plus grande joie. Il eut un sourire carnassier en lisant les noms des hommes et femmes de la liste. Tuer. Infliger la mort. Berner les fous, qui, se référant aux vieilles légendes, pensaient qu’un Assassin de sa trempe, de son origine, presque une histoire pour effrayer les adultes, pouvait obéir réellement à quelque forme d’autorité que ce soit. Ces hommes pensaient qu’il était un justicier des ténèbres, ou un sombre mercenaire. Non, il était bien plus que cela. Il était une incarnation parfaite du plaisir non-coupable de tuer, de faire souffrir, une excitation sexuelle à ressentir autrui mourir, pleurer, craindre. Les maîtres en concurrence de cette Cité lui avaient donné les clés vers un véritable trésor : pouvoir faire d’Oltan son terrain de jeu où aucun homme ne se sentirait en sécurité, où lui-même serait traqué par toutes les forces de l’ordre. Un jeu duquel il sortirait vainqueur, couvert de sang.
« J’accepte, finit-il par répliquer dans un sourire. »
L’homme se leva précipitamment, et sortit de la taverne en courant, n’essayant même pas de cacher son pantalon souillé de ses effluves. Les miliciens à la sortie le cueillirent et l’un d’eux le jeta à terre. Tirant son épée, il s’apprêtait à le supprimer.
Ishak eut un sourire de prédateur, et se leva, s’armant de sa lame courte en avançant vers les miliciens. Les deux autres étaient armés de hallebardes, et le remarquèrent immédiatement.
« N’avance pas ! »
Il n’écoutait même pas.
« Mon contrat vient de commencer. Imbécile. »
Le premier hallebardier voulut le stopper en l’empalant, mais l’Assassin, à la vitesse de l’éclair, sauta par-dessus la hampe de l’arme, et en retombant au sol, la cala entre ses jambes. D’un mouvement, il se retourna et le milicien vit la hallebarde lui échapper et glisser plusieurs mètres au loin. Désormais terrifié, il appela son ami à l’aide, et voulut tirer sa lame, mais Ishak était déjà sur lui, et la vie le quitta alors que sa gorge s’ouvrit, déversant le précieux liquide rouge au sol. Un instant plus tard, l’autre hallebardier essayait de retenir ses tripes de se répandre par terre, et le milicien à l’épée sentit ses deux mains délestées de ses bras, avant que sa colonne vertébrale ne soit sectionné par l’acier glacial. Eli le messager remercia son sauveur, mais ce dernier l’empoigna par le col, le soulevant au-dessus de lui, et lui plongea sa lame en plein cœur. Le courrier retomba en gargouillant alors que les citoyens tout autour fuyaient en criant.
Excitant.
Par rapport au spadassin crasseux qui l’avait précédé, Ishak imposait une certaine crainte. Il avait des cheveux noirs très courts, presque autant que sa barbe de trois jours, et des yeux noirs également. Son visage était carré et lui-même avait une carrure digne d’un Garde Impérial, mais pourtant se déplaçait avec une grâce presque féline. Grand, il semblait cependant ne pas ressentir le poids de son propre corps. Évitant le cliché du tueur lambda, point de cape ni de capuche pour le dissimuler. Il n’avait que faire d’être reconnu. Il portait une tenue de laine, renforcée par des protections de cuir elles-mêmes rehaussées de fines plaques d’acier. Tout son corps était couvert, ne laissant que son visage pour pouvoir apprécier sa peau, qui trahissait une origine probablement nord-orientale. Trois ceintures entouraient sa taille, garnies de différentes petites sacoches, et sur la protection de sa cuisse gauche, un fourreau accueillait une lame courte courbée, sans garde, à la fusée et au pommeau quelconques. Un autre fourreau était attaché dans son dos, retenu par deux langues de cuir qui ceignaient son buste. Y était rangée une lame longue, toujours dépourvue de garde, très légèrement courbée, et dont la fusée laissait entendre qu’elle pouvait être maniée à deux mains.
S’asseyant face à l’homme, il le jaugea un instant. Le bas de son visage était dépourvu de défaut majeur, signe d’une santé plutôt bonne. Le haut était dissimulé par une capuche. Un tic au niveau de ses lèvres trahissait une nervosité importante, tout comme un tremblement presque imperceptible au niveau de ses mains. De plus, Ishak pouvait sentir l’odeur de la peur émaner de sa peau. Il sourit à nouveau. L’homme leva la tête et ses yeux entrèrent en contact avec ceux de l’Assassin. Des yeux verts et des cheveux blonds, courts ? Une carrure de Garde Impérial ? Il avait face à lui Alrirk, le Seigneur Commandeur de la Garde Impériale. Décidément, les choses prenaient une tournure vraiment intéressante.
« Excitant. »
L’homme baissa à nouveau la tête et jura à voix basse, pensant qu’Ishak ne l’entendrait pas. Il n’avait pas peur de lui, non, il avait peur d’enfreindre la Loi alors qu’il en était un des garants les plus fervents depuis son entrée dans la Main de Nole. Finalement Alrirk parla.
« Qu’est-ce qui t’excite, Assassin ?
-Cela me semble évident. Le Seigneur Commandeur de la Garde du Palais, anciennement Protection de la Main, vient demander la mort des Guildes. »
Encore une fois, Alrirk pesta.
« Comment sais-tu que…
-J’ai l’ouïe fine, Garde. Tu as demandé la mort de Vicrus à l’autre homme. Tu lui as promis un peu d’argent pour cela, bien moins que ce qu’un individu aussi puissant peut valoir.
-L’on m’a dit que celui que je recherche se moque de l’argent.
-Alors c’est peut-être moi, affirma Ishak avec un sourire carnassier.
-Ce qui signifie que tu acceptes le contrat ? Tu acceptes de servir l’Empereur en toute discrétion ?
-Servir l’Empereur n’a aucun intérêt pour moi. Tu t’imagines que dans la vie, l’on ne peut vivre que pour l’argent ou par conviction, le questionna l’Assassin avec dédain ? »
Alrirk parût décontenancé.
« Pourquoi accepterais-tu, alors, si ce n’est ni pour l’argent, ni pour la justice ? Quel est ton but ?
-Donner la mort, misérable pantin. Infliger la terreur et la crainte. Voilà ce qui est excitant. Garde ton or et tes belles paroles. Je ne tuerai Vicrus que si j’ai la promesse de jouir de toute sa peur, et d’un contrat impossible à réaliser par un autre. Je pourrai quitter cette taverne et lui ouvrir la gorge avant la fin de cette après-midi.
-Alors fais-le, le pressa le Seigneur Commandeur.
-Te tuer sur le champ m’apporterait autant de plaisir et me ferait marcher moins longtemps. Que dis-tu de cela, répliqua-t-il en lui montrant ses dents, taillées pour trancher ? »
L’homme baissa la tête en déglutissant. Ishak appréciait la terreur qu’il lui infligeait. Il pouvait entendre les battements du cœur d’Alrirk, plus rapides au fur et à mesure qu’il devait réfléchir à comment renverser la situation. Plus la peur montait en son interlocuteur, plus Ishak sentait le désir monter en lui, l’envie de jouir en tuant. Un sourire pervers se dessinait sur son visage au fur et à mesure que l’excitation parcourait son corps. Il chassa cette pensée de son esprit et repris son sérieux.
« Je tuerai Vicrus si il devient inatteignable.
-Mais il l’est déjà ! Sa garde personnelle est bien trop dangereuse, souffla l’ex-Protection, excédé !
-Insignifiants mollusques engoncés dans des armures lourdes, cracha l’Assassin. Dix d’entre eux ne constitueraient pas un défi digne de ce nom. »
À ces mots, Alrirk recula de la table, une expression de terreur sourde sur le visage.
« Quel genre de créature es-tu… ?
-Je tuerai les représentants des Guildes jusqu’à ce que Vicrus craigne la mort à chaque gorgée de vin, à chaque bouchée de nourriture et à chaque seconde de sa vie. J’exige en échange que de plus en plus de soldats de cette cité me traquent au fur et à mesure que je distribuerai la mort parmi les Guildes. »
Le Garde se souvint que l’Empereur lui avait ordonné d’accepter le prix de l’Assassin, quel qu’il soit, et aussi étrange ou fou puisse-t-il paraître.
« C’est d’accord… Tu auras ce que tu désires.
-Dis à ton Empereur que je lui rendrai visite quand Vicrus sera mort.
- Ça, crois-moi que je l’empêcherai, ordure, lui jeta Alrirk au visage, frappant du poing sur la table… »
Ishak rit légèrement et se leva. « Tu pourras essayer, pantin. », lâcha-t-il avant de retourner dans un coin sombre de la taverne. Il avait le pressentiment que sa journée n’était pas terminée. Le Seigneur Commandeur quitta l’établissement en maugréant, l’air inquiet et enragé à la fois. Si excitant.
Il ne s’était pas trompé. Environ deux heures plus tard, un autre homme entra dans la taverne, déjà plus local. Dehors, à travers une fenêtre, Ishak remarqua trois miliciens qui observaient le personnage s’asseoir à la table maudite. Ils l’escortaient. Regrettable. Pour eux. Néanmoins il vint se joindre à l’homme.
« Vous êtes… un tueur, demanda le messager ?
-Un Assassin. Et j’espère recevoir une proposition intéressante.
-Je… mes maîtres sont riches. L’homme sortit un petit papier d’une poche de sa veste. Mais je crois que l’argent n’intéresse pas celui qu’on m’a demandé de trouver.
-C’est moi, dit Ishak en souriant. Qu’est-ce que tes maîtres savent d’autre ?
-Ils ont peur de vous, mais ils ont aussi besoin de vous. On m’a chargé de vous confier une mission difficile. Quelque chose de presque irréalisable, dit le courrier, hésitant.
-Tes maîtres sont plus informés que d’autres, concéda l’Assassin. Ils savent que j’aime la difficulté. Mais dis-m’ en plus. Qui doit mourir ? »
Sortant un autre document, l’homme posa une lettre sur la table et la fit glisser au-devant d’Ishak, arrêtant sa main à distance raisonnable. Lui aussi sentait la peur, encore plus qu’Alrirk. Il devait se demander si il sortirait vivant de cette taverne. Son cœur battait si vite et ses tempes pompaient tellement de sang que l’Assassin porta un instant sa main à sa cuisse, avant de se raviser. Contrôler ses pulsions, toujours. La base de l’entraînement. Il récupéra la lettre.
« Quel est ton nom, messager ?
-Je… Je me nomme Eli.
-Très bien, Eli. Si je n’aime pas ce que je lis dans cette lettre, je te tuerai. Mais tu peux encore la reprendre. Peut-être que les miliciens qui t’attendent dehors te tueront. »
Des larmes perlèrent aux yeux de l’innocent intermédiaire, qui serra les poings. Ishak put distinctement sentir l’odeur d’urine monter à son nez tandis que rougissait son interlocuteur.
« Pitié… Ouvrez la lettre… Ayez pitié…
-Soit. Tes maîtres ont ton destin en main. »
Il défit le sceau sur la missive, l’ouvrit, et prit connaissance de la liste sur le parchemin jauni. Il y avait les noms de différents dignitaires Impériaux influents, de grands officiants religieux, des officiers de la Garde Impériale et en haut de la liste, l’Empereur lui-même. En un éclair, l’Assassin avait un plan qui lui procurerait jouissance et défi pour toute la liste. Ceci mêlé au contrat sur les Guildes… Il n’était d’ailleurs pas difficile de savoir que c’étaient ces dernières qui demandaient la mort d’autant de fidèles au Palais. Tous pensaient pouvoir l’instrumentaliser, le transformer en arme. Les imbéciles. Ils lui avaient donné la possibilité de changer la donne dans toute Oltan, d’infliger la plus grande terreur dans chaque camp, pour sa plus grande joie. Il eut un sourire carnassier en lisant les noms des hommes et femmes de la liste. Tuer. Infliger la mort. Berner les fous, qui, se référant aux vieilles légendes, pensaient qu’un Assassin de sa trempe, de son origine, presque une histoire pour effrayer les adultes, pouvait obéir réellement à quelque forme d’autorité que ce soit. Ces hommes pensaient qu’il était un justicier des ténèbres, ou un sombre mercenaire. Non, il était bien plus que cela. Il était une incarnation parfaite du plaisir non-coupable de tuer, de faire souffrir, une excitation sexuelle à ressentir autrui mourir, pleurer, craindre. Les maîtres en concurrence de cette Cité lui avaient donné les clés vers un véritable trésor : pouvoir faire d’Oltan son terrain de jeu où aucun homme ne se sentirait en sécurité, où lui-même serait traqué par toutes les forces de l’ordre. Un jeu duquel il sortirait vainqueur, couvert de sang.
« J’accepte, finit-il par répliquer dans un sourire. »
L’homme se leva précipitamment, et sortit de la taverne en courant, n’essayant même pas de cacher son pantalon souillé de ses effluves. Les miliciens à la sortie le cueillirent et l’un d’eux le jeta à terre. Tirant son épée, il s’apprêtait à le supprimer.
Ishak eut un sourire de prédateur, et se leva, s’armant de sa lame courte en avançant vers les miliciens. Les deux autres étaient armés de hallebardes, et le remarquèrent immédiatement.
« N’avance pas ! »
Il n’écoutait même pas.
« Mon contrat vient de commencer. Imbécile. »
Le premier hallebardier voulut le stopper en l’empalant, mais l’Assassin, à la vitesse de l’éclair, sauta par-dessus la hampe de l’arme, et en retombant au sol, la cala entre ses jambes. D’un mouvement, il se retourna et le milicien vit la hallebarde lui échapper et glisser plusieurs mètres au loin. Désormais terrifié, il appela son ami à l’aide, et voulut tirer sa lame, mais Ishak était déjà sur lui, et la vie le quitta alors que sa gorge s’ouvrit, déversant le précieux liquide rouge au sol. Un instant plus tard, l’autre hallebardier essayait de retenir ses tripes de se répandre par terre, et le milicien à l’épée sentit ses deux mains délestées de ses bras, avant que sa colonne vertébrale ne soit sectionné par l’acier glacial. Eli le messager remercia son sauveur, mais ce dernier l’empoigna par le col, le soulevant au-dessus de lui, et lui plongea sa lame en plein cœur. Le courrier retomba en gargouillant alors que les citoyens tout autour fuyaient en criant.
Excitant.
Commentaires
- Gregor
12/12/2011 à 12:20:37
Deux chapitres très intéressant, à l'ambiance impeccable, au rythme soigneusement calculé et ou l'intrigue se dessine doucement mais surement.
Je suis presque convaincu, mais (il y a un mais), quelques tournures ou passages sont (à mon avis) parfois placés au mauvais moment ... A part ça rien à redire.
La suite promet ...