Tout se bouscule. Les gens et les idées. Ils bougent vite, passent d’un endroit à l’autre sans s’attarder. De mon cercle à celui d’un autre. Je n’ai pas le temps de les apprécier. J’aimerais les garder près de moi un peu plus longtemps. Ils n’ont pas envie de rester.
La musique fait vibrer mon crâne et mon verre à moitié vide. Au rythme des tchacs, des booms. Je les regarde. L’odeur de sueur et de sexe adolescent me ronge les naseaux. Mes yeux ne s’habituent pas aux éclats de lumière saccadés, aux formes indistinctes qui passent à côté de moi.
Les vieux, les jeunes, les écorchés, les innocents ne semblent pas profiter d’hier, de demain, des gens, de l’ambiance. Moi non plus. On se laisse porter.
Cela fait un moment que je ne bouge plus. J’en ai oublié la cigarette dont la fumée me brûle la main. J’en ai oublié cette jeune fille que j’aimais regarder danser, bouger, onduler. Elle était belle, elle semblait être si lointaine, étrangère à tout ce bordel ambiant. Ou alors s’imbriquait-elle parfaitement en lui?
La drogue fait trembler mon cerveau, fait valser mes pupilles. L’alcool allège mes membres, fait tourner le monde.
Je crois être passé d’un endroit à l’autre sans m’en être rendu compte. Quand mon verre rejoint mes lèvres, je remarque qu’il s’est rempli.
Et puis tout s’arrête. Je suis toujours dehors, mais l’espace a changé. Le rythme s’est freiné, ils se sont calmés. Je me sens plus proche d’eux. Serein.
Je les retrouve. Je redeviens comme eux. Et je me dis que finalement, peut-être que je ne partirai pas demain.