Je mangeai donc ce sandwich sans aucune satisfaction, seul mon estomac serait heureux de le recevoir et je ne mangerai rien d?autre jusqu'au lendemain. J?avais déjà perdu quelque 6 kg d?après ce que le médecin avait dit lors de sa dernière visite la semaine dernière. Mes parents l'avaient appelé croyant que je couvais une maladie. J?aurais largement préféré mais évidemment il ne diagnostiqua rien à part une anémie.

Après ce « repas », je rangeai le couteau du pain et m?apprêta à remonter dans ma chambre lorsque je ré-entendis un coup sourd à la cave, similaire au premier. Je remarquai soudain que la porte était entrouverte et laissait dépasser une chaussure.

Comme si celle-ci avait été placée là pour empêcher la porte de se fermer. Intrigué, je m?avançais pour ouvrir la porte et surprise ! C?était une des chaussures de mon père ! Je le savais possédant que deux paires une pour tous les jours et une pour les grandes occasions, et je trouvais celle des jours de travail coincé dans cette porte alors qu'à cette heure elle devait être sur lui puisque la maison était vide.

Je pensai qu?au vu de mon désintéressement total de la vie familiale, il avait pu en acheter une autre paire, laissant alors les anciennes ici. Le fait qu'elle se trouvai coincée dans la porte me parut cependant bizarre mais mes problèmes reprirent le dessus de ma conscience et je n?y songeai bientôt plus.

Il était maintenant 16h et je n?avais plus bougé de mon lit depuis ma descente à la cuisine. Je n'éprouvais toujours aucun désir pour faire quoi que ce soit et mon mal-être ne semblait en rien se dissiper. Je restais là, allongé à fixer l?heure et les minutes passantes comme si j'eus attendu quelque chose alors que je n?attendais plus rien.

Synchronisé avec mon radio réveil qui afficha soudain 16h08, les coups sourds venant de la cave reprirent et étaient maintenant plus nombreux et répétés. Après 16h30 les coups continuaient toujours et étaient de plus en plus rapprochés. Les ouvriers terminant leur travail à 16h30, et les coups continuant bien après me firent écarter l?hypothèse de travaux au sous-sol. Je décidai d?en parler à mes parents dès qu?ils rentreraient.

De nouveau dans ma chambre vers 17h30, je savais pour une fois ce que j?attendais. Je savais précisément quels sons allaient surgir aux alentours de 17h45. D?abord le bruit du moteur de la voiture, puis les portes qui claquent, ensuite la clé dans la serrure et enfin la porte d?entrée qui s?ouvre. Ce serait eux, mes parents qui rentreraient de leur entreprise commune.

Je n?avais en effet pas à me plaindre de ma situation, enfin financièrement seulement, mes parents possédaient leur propre entreprise et la majeure partie des revenus nous revenaient donc et le luxe se parsemait de temps à autre dans la maison et dans le garage.

Mais à 18h, il n?y eut toujours aucun bruit au dehors et mes parents n?étaient toujours pas là, tandis que les bruits à la cave continuaient de plus belle. Je décidai d?appeler mes parents sur leur téléphone portable mais les deux étaient sur messagerie directement sans tonalité d?appel. L?inquiétude commença à grandir en moi, il est vrai que depuis cette période de tristesse, j?avais plus facilement des crises d?angoisse que j?en aurais eu d?habitude.