Note de la fic :
Je m'appelle Eleanor
Par : Hold-em
Genre : Science-Fiction, Réaliste
Statut : C'est compliqué
Chapitre 2
Publié le 17/12/2010 à 20:41:41 par Hold-em
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Cela faisait maintenant quelques semaines que Sofia Lamb avait déménagée à Rapture. C’était en juin 1950. Elle se plaisait, dans cette ville. Tout le monde vivait heureux, comme des enfants… Oui, ils étaient comme des enfants, ils découvraient un monde inconnu, sous de nouvelles règles, ils apprenaient à vivre ensemble. Sofia elle-même se laissait submerger par cette vague de bonheur innocent. Plus de guerres, plus d’Homme de Moscou, de Washington ou du Vatican pour opprimer le peuple. Plus d’oppression… Sofia pouvait vivre heureuse, n’ayant même plus besoin de justifier son mode de pensée.
Elle n’entrait qu’au sixième mois de sa grossesse, et ne rencontrant aucune complication particulière, décida de reprendre son travail. Elle était psychiatre, avant tout. Elle se replongea dans sa passion de l’esprit humain, dont les rouages paraissent si compliqué. Elle prit l’Atlantic Express, fraîchement inauguré. Tout était fraîchement inauguré, de toute façon. Les rames étaient bondées de ces enfants, qui découvraient encore une nouvelle chose.
Elle descendit aux Bains Adonis. A l’époque, il n’y avait pas grand-chose: c’était un SPA qui contenait une piscine, un salon de massage, un terrain de tennis, un hall gigantesque qui donnait sur une foultitude de pièces avec des utilités en tout genre, et un endroit magnifique: la Brasserie Demeter, où on pouvait admirer les fonds marins.
A la place d’un beau ciel bleu, on pouvait admirer l’eau sombre, et en guise d’oiseaux pour égayer le décor, des poissons et d’autres animaux marins. Elle y allait souvent danser avec quelques-unes de ses nouvelles amies qu’elle s’est faite au Club des Dames. Le club des dames était un rendez-vous hebdomadaire pour les femmes à la mode de Rapture. A vrai dire, elles étaient au moins une cinquantaine à se retrouver chaque semaine dans un endroit différent, et parlaient, parlaient pendant des heures comme toutes les femmes en sont capables. Sofia espérait monter son groupe de réflexion, et bien que les convives étaient nombreuses, toutes l’écoutait avec attention. C’est donc sans surprise que Sofia Lamb devint présidente du club.
Après tout, si elle pouvait au moins convaincre certaines personnes de ses idées, ce n’était pas si mal. Enfin, les convaincre était peut-être un peu fort: elles écoutaient, oui, mais portaient-elles une attention non seulement aux dires mais aussi aux sens des discours de leur présidente?
Elle vivait dans les appartements Mercure, comme la plupart de la "bourgeoisie rapturienne" comme certains l’appelaient déjà. Elle n’aimait pas beaucoup cette idée de rejeter celui qui est supérieur uniquement par ses biens matériels. En fait, elle n’aimait pas le principe même de rejeter, et elle rejetait aussi l’importance que donnent les biens à son propriétaire. Les deux? Certains appelaient ça de la jalousie, quand ils étaient du "bon" côté de ce conflit social.
Sofia ne pouvait pas résoudre tout les problèmes, et encore moins si elle était enceinte. Elle pourrait s’en occuper, mais honnêtement, elle était une femme, et non une enfant. Après tout, c’est une bonne chose de réellement croire en ses convictions, mais ça ne fait pas tout. Eleanor, elle, servira l’intérêt commun. Elle serait capable de changer les choses, car dès sa prime enfance, Sofia l’éduquerait en vraie altruiste, elle devra impérativement remplir ce rôle.
Non, objectivement, elle ne sera pas différente des autres, mais du point de vue de Sofia, Eleanor était la personne la plus importante à ces yeux. Non, ce n’était pas trahir ce en quoi elle croyait, simplement, Sofia aimait son enfant.
Sofia vivait heureuse. Elle vivait avec sa fille au plus près d’elle, plus que jamais. Elle savourait chacun de ses instants, car un beau jour, c’est évident, Eleanor en aura marre, ce n’est pas une machine. Sofia redoutait ce jour, le jour où sa fille perdrait la foi.
Elle avait déjà perdu Edward, et elle se rendit compte d’une chose, qui une fois dans l’instant pris réellement du sens: on ne se rend compte de la valeur d’une chose qu’une fois qu’on l’a perdue. C’est pour ça que Sofia Lamb profitait de ces instants, où elle contrôlait parfaitement sa fille.
Enfin bon, son travail était donc d’être psychiatre et elle l’exerçait dans les salles prévues à cet effet non loin de la piscine. Elle trouvait ça tout de même étrange qu’on mette en un même lieu un cabinet psychiatrique et une piscine. Pendant ses rares pauses entre ses patients, Sofia pouvait même entendre les cris d’enfants et les grands bruits d’eau. Les gens s’amusaient, c’était le but, mais honnêtement, quelle réputation donnait cet endroit à la psychiatre?
Elle pensait à comment éduquer sa fille… Oui, elle le serait surtout pour l’intérêt commun, menée par la psychologie et la sociologie. Avec les idéaux de Ryan, oui, sa fille aurait du mal à amener la paix et l'amour entre les hommes.
Sofia aimait voir fleurir les technologies, sans limites, comme le disait le credo de ce cher Andrew, "les scientifiques ne seraient plus inhibés par une éthique aussi artificielle que vaine". Mais la science n’a presque pas besoin de limite, ou alors Andrew Ryan pensait-il vraiment que la science était le territoire de l’extrême? Non…
Toujours est-il qu’elle se décida à acheter un magnétophone de chez Fontaine Futuristics, une modeste entreprise, à l'époque. Dieu comme ça a pu changer... Elle voulait à la base s’en servir pour enregistrer et ré-analyser les séances avec ses patients, mais en définitive, ce magnétophone perdit son utilité, car presque à chaque fois, la première analyse était la bonne. Un après-midi, Sofia s’enregistra pour justement faire un premier avis auquel se référer après la naissance d’Eleanor au sujet de l'éducation. Elle s’éclaircit la voix, appuya sur le bouton et dit:
"Ce message est pour ma fille, Eleanor. Bientôt, tu naitras et Rapture sera ton foyer.
Tu seras élevée comme je l'ai été, dans l'unique but de servir l'intérêt général, guidée par la psychosociologie.
Le potentiel de cette cité est immense, Eleanor ... Cependant, nos croyances ne sont pas les bienvenues, ici. Tu grandiras dans la souffrance. Mais vois-tu, Eleanor, il ne peut y avoir de révolution dans sacrifice.
Montrons-nous patientes avec elle et un jour ... Rapture sera nôtre."
En espérant que ça vous a plu
Cela faisait maintenant quelques semaines que Sofia Lamb avait déménagée à Rapture. C’était en juin 1950. Elle se plaisait, dans cette ville. Tout le monde vivait heureux, comme des enfants… Oui, ils étaient comme des enfants, ils découvraient un monde inconnu, sous de nouvelles règles, ils apprenaient à vivre ensemble. Sofia elle-même se laissait submerger par cette vague de bonheur innocent. Plus de guerres, plus d’Homme de Moscou, de Washington ou du Vatican pour opprimer le peuple. Plus d’oppression… Sofia pouvait vivre heureuse, n’ayant même plus besoin de justifier son mode de pensée.
Elle n’entrait qu’au sixième mois de sa grossesse, et ne rencontrant aucune complication particulière, décida de reprendre son travail. Elle était psychiatre, avant tout. Elle se replongea dans sa passion de l’esprit humain, dont les rouages paraissent si compliqué. Elle prit l’Atlantic Express, fraîchement inauguré. Tout était fraîchement inauguré, de toute façon. Les rames étaient bondées de ces enfants, qui découvraient encore une nouvelle chose.
Elle descendit aux Bains Adonis. A l’époque, il n’y avait pas grand-chose: c’était un SPA qui contenait une piscine, un salon de massage, un terrain de tennis, un hall gigantesque qui donnait sur une foultitude de pièces avec des utilités en tout genre, et un endroit magnifique: la Brasserie Demeter, où on pouvait admirer les fonds marins.
A la place d’un beau ciel bleu, on pouvait admirer l’eau sombre, et en guise d’oiseaux pour égayer le décor, des poissons et d’autres animaux marins. Elle y allait souvent danser avec quelques-unes de ses nouvelles amies qu’elle s’est faite au Club des Dames. Le club des dames était un rendez-vous hebdomadaire pour les femmes à la mode de Rapture. A vrai dire, elles étaient au moins une cinquantaine à se retrouver chaque semaine dans un endroit différent, et parlaient, parlaient pendant des heures comme toutes les femmes en sont capables. Sofia espérait monter son groupe de réflexion, et bien que les convives étaient nombreuses, toutes l’écoutait avec attention. C’est donc sans surprise que Sofia Lamb devint présidente du club.
Après tout, si elle pouvait au moins convaincre certaines personnes de ses idées, ce n’était pas si mal. Enfin, les convaincre était peut-être un peu fort: elles écoutaient, oui, mais portaient-elles une attention non seulement aux dires mais aussi aux sens des discours de leur présidente?
Elle vivait dans les appartements Mercure, comme la plupart de la "bourgeoisie rapturienne" comme certains l’appelaient déjà. Elle n’aimait pas beaucoup cette idée de rejeter celui qui est supérieur uniquement par ses biens matériels. En fait, elle n’aimait pas le principe même de rejeter, et elle rejetait aussi l’importance que donnent les biens à son propriétaire. Les deux? Certains appelaient ça de la jalousie, quand ils étaient du "bon" côté de ce conflit social.
Sofia ne pouvait pas résoudre tout les problèmes, et encore moins si elle était enceinte. Elle pourrait s’en occuper, mais honnêtement, elle était une femme, et non une enfant. Après tout, c’est une bonne chose de réellement croire en ses convictions, mais ça ne fait pas tout. Eleanor, elle, servira l’intérêt commun. Elle serait capable de changer les choses, car dès sa prime enfance, Sofia l’éduquerait en vraie altruiste, elle devra impérativement remplir ce rôle.
Non, objectivement, elle ne sera pas différente des autres, mais du point de vue de Sofia, Eleanor était la personne la plus importante à ces yeux. Non, ce n’était pas trahir ce en quoi elle croyait, simplement, Sofia aimait son enfant.
Sofia vivait heureuse. Elle vivait avec sa fille au plus près d’elle, plus que jamais. Elle savourait chacun de ses instants, car un beau jour, c’est évident, Eleanor en aura marre, ce n’est pas une machine. Sofia redoutait ce jour, le jour où sa fille perdrait la foi.
Elle avait déjà perdu Edward, et elle se rendit compte d’une chose, qui une fois dans l’instant pris réellement du sens: on ne se rend compte de la valeur d’une chose qu’une fois qu’on l’a perdue. C’est pour ça que Sofia Lamb profitait de ces instants, où elle contrôlait parfaitement sa fille.
Enfin bon, son travail était donc d’être psychiatre et elle l’exerçait dans les salles prévues à cet effet non loin de la piscine. Elle trouvait ça tout de même étrange qu’on mette en un même lieu un cabinet psychiatrique et une piscine. Pendant ses rares pauses entre ses patients, Sofia pouvait même entendre les cris d’enfants et les grands bruits d’eau. Les gens s’amusaient, c’était le but, mais honnêtement, quelle réputation donnait cet endroit à la psychiatre?
Elle pensait à comment éduquer sa fille… Oui, elle le serait surtout pour l’intérêt commun, menée par la psychologie et la sociologie. Avec les idéaux de Ryan, oui, sa fille aurait du mal à amener la paix et l'amour entre les hommes.
Sofia aimait voir fleurir les technologies, sans limites, comme le disait le credo de ce cher Andrew, "les scientifiques ne seraient plus inhibés par une éthique aussi artificielle que vaine". Mais la science n’a presque pas besoin de limite, ou alors Andrew Ryan pensait-il vraiment que la science était le territoire de l’extrême? Non…
Toujours est-il qu’elle se décida à acheter un magnétophone de chez Fontaine Futuristics, une modeste entreprise, à l'époque. Dieu comme ça a pu changer... Elle voulait à la base s’en servir pour enregistrer et ré-analyser les séances avec ses patients, mais en définitive, ce magnétophone perdit son utilité, car presque à chaque fois, la première analyse était la bonne. Un après-midi, Sofia s’enregistra pour justement faire un premier avis auquel se référer après la naissance d’Eleanor au sujet de l'éducation. Elle s’éclaircit la voix, appuya sur le bouton et dit:
"Ce message est pour ma fille, Eleanor. Bientôt, tu naitras et Rapture sera ton foyer.
Tu seras élevée comme je l'ai été, dans l'unique but de servir l'intérêt général, guidée par la psychosociologie.
Le potentiel de cette cité est immense, Eleanor ... Cependant, nos croyances ne sont pas les bienvenues, ici. Tu grandiras dans la souffrance. Mais vois-tu, Eleanor, il ne peut y avoir de révolution dans sacrifice.
Montrons-nous patientes avec elle et un jour ... Rapture sera nôtre."
En espérant que ça vous a plu