Publié le 25/02/2011 à 20:17:02 par SyndroMantic
Le diable est un dramaturge terrible. Un abominable illusionniste. Le premier de ses tours machiavéliques est d'abord de faire croire qu'il n'existe pas. La légende populaire veut que ses victimes créent elles-mêmes les illusions, chimères et vanités, qu'il leur inflige. Oublié, le fait que personne sur terre n'a le pouvoir de se créer soi-même. Tout vient de cette source chaotique appelée inconscient. L'ennemi est à l'intérieur, rien n'est plus vrai. De même que Dieu réside en chacun de nous. Mais on oublie souvent que Dieu n'est peut-être pas absolu, et qu'on aurait peut-être aussi le droit de se demander : « mais... quel dieu réside en chacun de nous ? »
C'est ce qu'il y a d'admirable, dans la vie. Les questions. Les mystères, les énigmes, les doutes, les ombres... C'est ce qu'il y a d'abominable, en chacun de nous. Le voile narcissique qui nous empêche de voir ces ombres, sans pour autant nous montrer plus de lumière.
On nous parle de dizaines de milliers d'années, de planètes de systèmes solaires de galaxies, de sept milliards de consciences et d'univers, alors que nous pouvons à peine traîner quelques décennies de souvenirs derrière nous, déménager plus de trois fois dans une carrière ou demander à plus de quelques pauvres centaines d'amis de nous ajouter sur un réseau social virtuel. On nous raconte un passé jamais connu, et nous prédit un futur jamais voulu. Sinon une maladie de l'esprit, quoi d'autre qu'un dieu peut nous imposer la croyance de l'un et de l'autre quand celle-ci ne nourrit que notre mal-être, depuis tant de siècles aujourd'hui ?
Ne surtout jamais dire son nom. Toujours nier son existence. Garder vivante l'illusion qu'il veut pour nous. Car si l'on venait à se débarrasser de son venin, tout espoir d'en fabriquer l'antidote disparaitrait. Serrer le bras. Planter l'aiguille. En vouloir toujours plus... Toujours plus...
Jésus-Christ a deux milles onze ans, selon le roman de l'histoire de l'humanité, ou plus exactement de ce qu'a vu et entendu un esprit né quelque part il y a quelques temps de quelque manière. Bien sûr, tout le monde devine que cet esprit est plus jeune, et qu'il mourra plus jeune. Malheureusement, il arrive presque toujours que le diable lui fasse croire l'inverse, dise écrire son nom dans ce roman qu'il ne peut vivre, sans manquer d'en faire naître en lui le besoin, la terrible illusion que sa vie, sans ça, ne vaut rien. Qu'est-ce que le syndromantique ? La drogue qui persuade le lecteur d'un roman tragique qu'il en est un personnage divin.
Commentaires
- Manesels
27/02/2011 à 09:08:20
Moi non plus je voulais pas être virulent de part cette remarque
Tu n'as pas à être désolé
-> j'avais bien compris que c'était de la rhétorique
Et je pense toujours que le texte est un petit peu pessimiste, sur la société en général : les utilisateurs de drogues.
MAIS Toi, l'auteur de ge texte, on ne te sent pas au même niveau : tu as envie de t'émanciper de toutes ces drogues pour vivre, échapper au cercle vicieux de la dépendance.
L'espoir est le plus grand des optimismes - SyndroMantic
27/02/2011 à 00:33:30
Alors re-désolé si j'ai pu paraître virulent Je voulais mettre quelques smileys gentils, mais j'savais pas lequels et où Et si je pose des questions dont je pense déjà avoir les réponses, c'est parce que je trouve la réflexion plus efficace quand on laisse quelqu'un se la faire seul, c'est pas du tout une sorte d'ironie ou quoi que ce soit Donc c'était pas du tout mon intention que de paraître virulent J'voudrais surtout pas nuir au débat, si tu as d'autres choses à me répondre ^^
- "trucs de SF alarmistes" "A Scanner Darkly" (ou "Substance Mort" en français)
- "Mais le fait de ne pas être malheureux peut se rapprocher du bonheur selon certains" C'est souvent le motif donné par les drogués pour avoir choisi de se lancer là-dedans. Sûr, le malheur est parfois intolérable, mais s'en détourner par la drogue ne l'éradique pas, il le fait devenir plus dangereux encore, et la drogue nécessaire pour s'en détourner plus forte encore. facebook arrive encore à combler nos besoins de cette drogue narcissique, ces illusions qu'on est le personnage divin d'un roman, mais quand l'humanité en sera arrivée au malheur de son extinction imminente, aura-t-on encore une drogue capable de nous en épargner ? Désolé si ça fait chier certains, mais j'ai pas envie de compter là-dessus.
Voilà Toujours pessimiste, mon texte ? - Manesels
26/02/2011 à 18:42:09
Ce débat devient virulent attention
- Quand je compare la drogue au progrès, c'est uniquement dans sa façon d'agir : il en faut plus toujours plus, jusqu'à nous détruire (cf tout les trucs de SF alarmistes...) : je rejoins donc ton point de vue.
- Et le deuxième point sur la drogue, qui n'a toujours aucun rapport, c'est qu'elle offre une nouvelle perception de la vie ; Mais celle ci est faussée ! (j'avais oublié de le préciser, c'est bien moi ça ) Il sera donc possible que la quête du bonheur en soit simplifiée, même si on passe par quelque chose de falsifié. Et si je réfléchis selon ton point de vue, qui me correspond aussi, la drogue détruit la conscience, et peut finir par nous ravaler au rang d'animaux. Et un animal ne peut pas être malheureux. Ni heureux d'ailleurs. Mais le fait de ne pas être malheureux peut se rapprocher du bonheur selon certains : Nous sommes encore d'accord ;)
- Quant à la société, c'est grâce à elle et à des têtes pensantes (A.Einstein pour la bombe nucléaire...) que quelque chose comme l'iphone a pu être developpé : Mais, moi en tant qu'individu moyen , je suis tout simplement incapable d'en comprendre le fonctionnement. Je rejoins donc ton point de vu encore :hap - SyndroMantic
26/02/2011 à 17:08:05
Même si on vit tous dans une société, on a pas la même façon de l'aborder, dès lors qu'on a une conscience propre. Je peux m'inspirer de la société, ou même d'autres choses, pour créer mes concepts, il n'empêchera jamais que ça restera MES concepts, pas ceux de la société ou de quoi que ce soit d'extérieur.
Il est encore des pays où la peine de mort existe. Le dégout du meurtre est loin d'être un concept universel (soit dit en passant, il fait partie des miens).
Si ça t'intéresse, v'là le texte de Pascal auquel je me réfère, dans mon précédent com : http://www.etudes-litteraires.com/forum/topic4214-pascal-lhomme-est-un-roseau-pensant.html
Là, en revanche, t'es complètement à coté de ma conclusion. Toi, Manesels, est-ce que tu es seulement capable de comprendre comment l'humanité est passée en x années d'une caillasse à un Iphone ? Est-ce que tu sais seulement comment un Iphone marche, à défaut d'en avoir inventé le tuto ? Est-ce que tu habites dans plusieurs pays différents et est-ce que tu as plus de mille ans ? De plus, est-ce que tu crois que c'est grâce à une intelligence collective que l'électricité a été inventée, la bombe atomique, la découverte de l'Amérique, la conscience d'une terre ronde et mobile... ?
Un progrès dans la drogue ? Dans le nombre d'amis qu'on a sur facebook ? Dans la longévité et la diffusion du roman de notre vie ? Ouais, et alors, quel intérêt ? Est-ce qu'on a besoin de ces progrès là pour progresser dans la maîtrise de la nature et de la connaissance ("filet" = filet qui nous rattrape quand on tombe) ? J'te renvoie à mon précédent com...
Oui, mais ce point de vue ne dure jamais longtemps, il se termine soit par un gueule de bois, soit par la mort (crainte par quasiment tout le monde, malheureusement). Quand on se prend pour un dieu, on veut décider un destin de dieu. Et quand on est un humain, ça fait mal. De plus, la drogue a toujours représenté pour moi une destruction de la conscience, un sacrifice à la nature du seul truc qui permet d'être (quand on parle de cartésianisme), et Dieu, une conscience détruite. On n'existe pas dans la drogue. C'est justement pour ça qu'on drogue les gens quand on veut les manipuler, pour les empêcher de vouloir, en tant qu'être pensant. - Manesels
26/02/2011 à 15:44:31
Ahem... pas tellement d'inspiration là
- ""c'est à la société de définir ce qu'est le bien ou le mal" Comme dans une bergerie ?? "
Et bien Oui ! Tu ne peux pas te créer des concepts de bien ou de mal à partir de rien. Si on prends l'exemple d'un individu ayant vécu dans une bulle toute sa vie, qui ne s'est jamais confronté à la société, ne pourra en aucun cas bénéficier d'une morale. Alors que nous, "formatés" par la société, avons tous en commun des concepts de bien et de mal plus ou moins universels. Exemple : Tuer, c'est mal.
- Je ne reviendrai pas sur la référence de Blaise pascal, puisque je n'ai jamais étudier ce cher penseur. Il n'empêche que ça m'a l'air plein de bon sens.
- "On est incapable de transformer une caillasse en Iphone, ou de vivre plusieurs millénaires aux quatre coins de la planète." Justement, j'aurai dit que si, on a un peu colonisé toute la planète et réussi à créer des choses tel que l'iPhone à partir de rien. C'est grâce à notre intelligence et conscience (mise en commun, c.a.d. la société) que la nature s'est adaptée à nous, à l'inverse des animaux qui se sont adaptés à la nature.
C'est ce qui nous rend supérieur. Nous sommes peut-être une divinité face à la nature.
- Quant au concept de drogue : "En vouloir toujours plus... Toujours plus..." C'est la marche inexorable du progrès.
-> Sans rapport avec cette dernière phrase, et en restant plus cartésien, la drogue est un moyen d'apprécier son existence d'une manière différente. Que l'on boive pour oublier ou faire la fête, que l'on fume pour planer, cette drogue offre un point de vue différent sur les faits. La drogue qu'est le syndromantic est donc une nouvelle façon de vivre son existence. Elle n'est donc pas un loisir, c'est une manière de l'aborder.
- Se prendre pour une divinité ne revient pas à l'être : Exact. Je me suis trompé dans mon commentaire précédent : "se prendre pour une divinité traduit le fait que l'on veut décider (le verbe pouvoir était de trop) de son destin" .
-Pas compris la référence au filet
- A chacun sa façon d'accéder au bonheur. Et à chacun sa connerie...
Pas de conclusion, j'ai rien apporté de nouveau - SyndroMantic
26/02/2011 à 14:42:33
(Et un débat, en plus ! P'tain, j'suis gâté )
Je n'ai parlé nulle part de vices, hormis ceux du diable (par rapport à mes idéaux), et ne m'attaque qu'aux illusions abominables. Un steak bien saignant, illusion ou pas, ça reste un festin (monsieur Reagan )
"c'est à la société de définir ce qu'est le bien ou le mal" Comme dans une bergerie ??
Quand on croit faire partie intégrante de l'oeuvre, elle n'est plus une oeuvre, elle est une vie. Et une vie, c'est bien ( ), tant qu'on a quelque chose à y foutre. En fait, la façon dont je prend le problème est celle inverse par rapport à celle de Blaise Pascal. Ce n'est pas l'homme divin qui est inadapté à la vie misérable, c'est la vie divine qui est inadapté à l'homme misérable. Si on était ou avait été des dieux, on s'en souviendrait, tôt ou tard. On est incapable de transformer une caillasse en Iphone, ou de vivre plusieurs millénaires aux quatre coins de la planète.
Non, tu n'as pas mal fait d'extrapoler la dernière phrase, elle résume tout le propos du texte que tu sembles avoir compris. Ou du moins tant que tu n'as pas oublié que le syndromantique est une drogue, et ni une douce, ni une modérée. Et c'est pas ce que j'appelle un loisir, ni même une passion, perso.
Se prendre pour une divinité ne revient pas à l'être. Danser comme un taré au bord d'une falaise ne revient pas à être immunisé de la chute. Peut-être que certains s'en foutent, pensent que la connerie est le seul chemin vers le bonheur, aussi court soit-il. Mais d'autres semblent comme moi espérer vivre autre chose, et penser qu'on a besoin d'être ensemble pour le faire. Et qui sait, ça donnera peut-être l'occasion à certains d'inventer le filet (j'ai rarement entendu parler de génies drogués, parmi ceux qui ont le mieux aidé l'humanité à maîtriser la nature et la connaissance).
L'humanité peut tout à fait être considérée comme une divinité, pour ce qu'elle a accompli. En tout cas par rapport à, et non comme, l'individu. - Manesels
26/02/2011 à 07:38:22
... Face à un tel commentaire, je ne peux que m'incliner.
Mais je soutiens que le fait qu'écrire que l'humanité est gangrénée par les vices et les illusions (cf le diable) c'est un petit peu pessimiste
Le fait de se prendre pour une divinité n'est pas un mal, tant que l'on reste dans l'éthique définie par le bien. Mais c'est à la société de définir ce qu'est le bien ou le mal. Le syndromantisme, tel qu'il est défini dans le texte, n'est pas un mal non plus, j'aurais plus tendance à dire que c'est une manière différente de profiter d'une oeuvre, voire d'un loisir.
D'après ce que tu dis du pessimisme, on a l'impression que c'est l'abandon de la volonté de "construire" par nous même le futur. Par là même, le syndromantisme est une forme d'optimisme, puisque se prendre pour une divinité traduit le fait que l'on peut et veut décider et influencer seul son destin.
Je conclurais que l'Homme est un syndromantic par nature, puisque l'humanité est rendue là où elle est actuellement grâce au désir des hommes de maîtriser la nature et la connaissance. Et c'est l'oeuvre d'une divinité...
PS : ici j'ai un PEU extrapolé le passage du lecteur d'un roman tragique en tout ce qui est vivant... Mea culpa, je sais pas si j'ai bien fait
PPS : - SyndroMantic
26/02/2011 à 01:20:04
Merci beaucoup de vos coms et de vos compliments, ça me fait plaisir
Et aussi, désolé. Oui, je suis toujours désolé quand quelqu'un trouve mes paroles pessimistes, parce que je ne trouve aucune raison de parler si c'est pour déprimer les gens. Un peu comme de prôner par l'action l'inaction, m'voyez D'autre part, c'est vrai que je parle d'aveugles en mal-être et d'abominables illusions, mais si je les identifie comme tels, c'est justement parce que je pense ne pas en être atteint, et si j'en parle, c'est pour que vous puissiez aussi les identifier comme tels Par ailleurs, je trouverais aussi ce texte pessimiste s'il prétendait que l'on peut nous prédire NOTRE futur, et qu'on se fout de notre volonté par rapport à lui.
Manesels ça m'aurait pas déplu d'exprimer ce que j'y trouve de ridicule, c'est vrai mais non. La course au plus beau rôle divin n'a rien à voir avec facebook, pour moi, ça existe depuis l'antiquité (au plus tard).
Et juste pour préciser au passage que "C'est du Syndromantic" est le meilleur compliment qu'un auteur puisse recevoir - Manesels
25/02/2011 à 23:19:01
Une petite aversion contre Facebook hum ?
C'est noir, pessimiste, très bien écrit.
C'est du Syndromantic - MassiveDynamic
25/02/2011 à 21:49:06
j'aime tes punchlines finales
- maxarus
25/02/2011 à 21:43:39
Wow ...
Je vais faire une fic qui va s'appeler Fuck the Maxarus !
Non j'déconne sérieux c'est bien, TRES pessimiste mais bien