Note de la fic :
Publié le 24/12/2010 à 00:00:44 par faces-of-truth
Lucie enfonça comme elle put le vieux carton dans le coffre de sa voiture déjà plein, salua sa grand-mère avec une bise sur la joue, lui souhaita un joyeux Noël et prit le volant pour rentrer chez elle.
C’était le matin du 24 décembre, les rues étaient enneigées, les maisons toutes blanches et les enfants jouaient sur les trottoirs en se balançant des boules de neige glacées en riant aux éclats. La jeune femme aimait beaucoup cette période de l’année, elle la voyait comme une lumière dans la noirceur de l’hiver. Novembre et Décembre seraient bien éprouvants si les joies et les couleurs des fêtes ne venaient pas y ajouter autant de gaieté.
Lucie arriva devant son immeuble, se gara et gagna son studio ; c’était un petit trois pièces qu’elle avait pu acheter pour loger non loin de la faculté où elle suivait ses études grâce à l’argent de l’héritage de sa défunte mère. Elle allait y passer son Noël toute seule. Mais cela, elle en avait l’habitude. Personne ne l’invitait, et seule son adorable grand-mère lui envoyait des vœux.
Elle posa son regard sur le vieux carton, s’en approcha et déchira le scotch qui le maintenait fermé. Lorsqu’elle l’ouvrit, elle retrouva toutes les décorations de sapin de son enfance. Les boules, les guirlandes, les faux jouets, tout y était. Mamie n’avait plus la force de faire son arbre des fêtes, et cela ne l’intéressait plus d’ailleurs. Elle avait donc choisi de tout offrir à sa petite fille pour qu’elle profite au moins de l’ambiance féérique de fin d’année. Car Lucie avait peu d’argent depuis son dernier investissement.
Cette dernière fouilla avec amusement dans les rappels de son passé lorsqu’elle tomba sur un vieil objet. Intriguée, elle s’en saisit aussitôt. Oui, c’était bien lui ! Le petit sapin bleu qui avait servi de décoration sur son arbre de Noël toute son enfance. Au milieu des lumières et des couleurs des autres figurines et boules, ce petit accessoire était devenue une vraie relique à ses yeux, un symbole des fêtes. Malgré son apparence de plus en plus abîmée et misérable au fil des années, elle s’était toujours refusée de le jeter.
Mais aujourd’hui, il ne s’agissait plus d’une pièce unique. Elle avait grandi et la chose était juste bonne à casser. Cependant, en le retrouvant entre ses doigts, une étrange sensation envahit la jeune femme. Une série d’images défilèrent devant ses yeux à une vitesse qui lui donna presque le tournis. C’était les souvenirs de son enfance.
Les heures qui suivirent, Lucie s’attela à mettre son sapin sur pied, à remettre les vieilles branches cassées à leur emplacement, puis à l’habiller avec les belles guirlandes (passées à l’aspirateur) et les autres décorations. Elle choisit d’y déposer son petit sapin bleu, mais en prenant une vue d’ensemble, elle dut se mettre à l’évidence que le temps était passé pour lui et qu’il gâchait toute la splendeur de l’arbre. Elle le retira alors. Ne pouvant cependant se résoudre à le mettre à la poubelle, elle le posa dans le carton, et rangea ce dernier dans un placard.
Le soir tomba. Lucie s’installa dans son salon, et alluma les guirlandes électriques. Elle contempla son sapin un instant, puis alluma la télévision. Tout le monde parlait de Noël, tout le monde souriait. A croire que les guerres s’étaient arrêtées pour l’occasion partout sur la planète. Il n’y en avait que pour les lumières, les couleurs et les rires d’enfants. Elle jeta un œil à sa baie vitrée. Il neigeait.
La soirée passa vite ; la jeune femme regardait un jeu télévisé puis sentit le sommeil la gagner. Elle se dirigea dans sa chambre, se lova dans les draps de son lit et plongea très vite dans un profond sommeil.
Lucie se leva de son lit à baldaquin. Mais ?! Ce n’était pas son lit ! Où était-elle ? Une voix résonna de derrière la porte en face d’elle. Ce n’était même pas sa chambre. La poignée se baissa et Mamie apparut, un grand sourire aux lèvres. Mamie ! Elle était… plus jeune ! Mais… ? Elle invita Lucie à la suivre, le Père Noël était passé. Complètement hallucinée, Lucie s’exécuta et retrouva le salon de sa petite enfance. L’arbre était là, comme neuf et éclatant de lumières. De nombreux cadeaux jonchaient le sol à son pied. Prise d’un bonheur qu’elle ne contrôlait pas, elle se rua dessus et commença à les ouvrir. Elle entendit le rire de sa mère dans son dos. Elle leva la tête pour la voir, mais son regard s’arrêta sur le petit sapin bleu… qui était vieux et cassé.
Soudain, elle fut poussée par Stéphane, son frère cadet. Mais que faisait-il là ? Il n’était pas encore né… ? Alors, elle remarqua que les décorations avaient changé ; elle était aussi plus grande. Elle observa son petit frangin, cela faisait longtemps qu’elle ne l’avait pas vu. Elle n’aurait jamais pensé le retrouver à cet âge-là. Il regarda une voiture de police qu’il venait de découvrir et s’amusa à la faire rouler sur le parquet, puis voler autour du petit sapin bleu, en meilleur état. Lucie l’observa avec amusement. Alors, elle le héla. Il posa ses yeux sur elle. Elle lui révéla que le Père Noël n’existait pas.
Stéphane pleurait toutes les larmes de son corps alors que Maman le tenait dans ses bras. Lucie, la joue gauche rougie, ne put distinguer le visage de sa mère à cause de son frère. Elle était punie.
Elle sentit une rage intense monter en elle. Claquant la porte d’entrée, elle enroula son écharpe autour de son cou et avança dans la nuit et le froid. La neige tombait fortement. Une voiture arriva et s’arrêta en face d’elle. Sa meilleure amie lui fit signe de monter. Alors elle ouvrit la portière et s’assit sur la banquette arrière. En criant comme des folles, les jeunes filles hurlèrent leur joie de vivre et leur jeunesse. Lucie aperçut la silhouette de sa mère sortir dehors en courant et elle se moqua d’elle.
Lorsqu’elle revint chez elle, elle était complètement saoule. Marchant de travers, elle avança dans le couloir en se tenant aux murs. Les lumières étaient éteintes et personne ne semblait être là. Epuisée par sa soirée, Lucie alla se coucher.
Le lendemain, on lui apprendrait la mort de sa mère.
Lucie se réveilla en sueur dans son lit. Elle était de nouveau dans la chambre de son studio. Ne pouvant se retenir, elle fondit en larmes. Elle ne pouvait expliquer pourquoi, mais elle venait de revivre l’histoire de son enfance à travers les fêtes de Noël passées. Sanglotant bruyamment, elle se remémora les accusations de sa famille lorsqu’on lui révéla le lendemain que sa maternelle avait été tuée dans un accident de voiture en allant la chercher après sa fugue. Elle avait été rejetée par tous ses proches depuis ce jour là, excepté Mamie.
Rongée par la honte et le chagrin, Lucie se cacha sous ses draps.
Elle était au salon. Sa mère préparait la bûche. Mamie l’aidait en chantant « Petit Papa Noël ». Stéphane lisait un magazine. Il était temps. Huit heures sonnèrent. Elle annonça à sa famille qu’elle sortait ce soir. Elle allait en boîte de nuit avec ses amies. Comme elle s’y attendait, la réponse de Maman fut négative, sans qu’elle levât les yeux de son gâteau. Lucie voulut exploser. Mais elle se retint et pensa à ce qu’il adviendrait si elle laissait sa rage éclater. Si elle allait à cette soirée, qu’allait-il se passer ? Quelles seraient les incidences sur son avenir ?
Alors Lucie prit le contrôle d’elle-même. Elle entendit les pneus d’une voiture couiner dehors. Mais elle resta immobile. Elle comprit où elle était. Ce qu’elle faisait. Ce qu’elle vivait. Une minute passa. Le véhicule au-dehors klaxonna plusieurs fois, puis redémarra et le son du moteur disparut dans la nuit. Les yeux de Lucie furent alors baignés de larmes. Elle se jeta sur sa mère qui leva son regard. Elle était encore plus belle que dans ses souvenirs et, ne comprenant pas la réaction de sa fille, la reçut dans ses bras et la serra fortement. Stéphane les fixait toutes les deux d’un air ahuri. Personne ne savait ce qu’il venait de se passer.
La sonnette retentit et toute la famille arriva, le sourire aux lèvres. On se mit à table et on dégusta le repas du réveillon. Les rires fusaient dans tous les sens. Lucie était aux anges. Stéphane avait une mine radieuse. Mamie savourait la vue de ses proches réunis. Maman voyageait sans cesse de la cuisine à la salle à manger pour servir les différents plats.
Vers minuit, elle s’absenta pendant longtemps. Inquiète, Lucie partit à sa recherche. Elle n’était pas à la cuisine ; elle n’était même plus dans la maison. Lorsqu’elle jeta un œil par la fenêtre, elle poussa un hurlement.
Elle ouvrit la porte d’entrée à la volée et se précipita sur le corps de sa mère au milieu de la route. Une boîte de petits gâteaux gisait sur le sol à côté. Elle apportait un dessert aux voisins. Une voiture avait dû la renverser. Lucie serra la main de Maman contre elle et la supplia de ne pas partir, de ne surtout pas partir. Elle lui avoua même être venue la chercher, et se faire pardonner pour ses erreurs. L’autre contempla le visage de sa fille avec amour et lui caressa la joue.
La jeune fille fondit en larmes et embrassa sa mère, lui répétant sans cesse qu’elle l’aimait, qu’elle voulait la sauver… Alors Maman murmura que c’était elle qui venait d’être sauvée. Lucie ne comprit pas. La maternelle ferma les yeux et sourit. Son enfant la serra contre elle.
Lucie se réveilla dans son lit. C’était le matin de Noël. Encore troublée par cette étrange nuit, elle ouvrit les volets en pensant à ce qu’elle avait vu. Dehors, il ne neigeait plus, mais la ville était toute blanche et le clocher de l’église résonna alors.
Elle se dirigea dans son salon et constata avec stupeur que l’arbre avait disparu. Elle ouvrit son placard. Le carton aussi s’était volatilisé. Ne comprenant rien à la situation, elle se mit à chercher même aux endroits les plus improbables. C’est ainsi qu’elle découvrit une lettre, lui annonçant qu’elle était invitée le jour de Noël à un repas de famille.
Prise de surprise, mais surtout en retard, la jeune femme s’habilla aussi vite qu’elle put et se précipita dehors. Elle faillit glisser sur le trottoir et prit sa voiture. Les roues étaient prises dans la neige, il n’y avait rien à faire. Alors, elle partit à pied.
Lorsqu’elle arriva chez ses cousins, elle reçut un accueil qu’elle n’aurait jamais soupçonné. Mamie l’embrassa fort sur la joue, et Stéphane la serra dans ses bras comme s’il la revoyait depuis de longues années. Elle lui caressa les cheveux avec affection et s’excusa de lui avoir gâché la magie du Père Noël, ce à quoi il répondit en riant par une plaisanterie. La vie de Lucie était sauve.
Alors elle le vit. L’arbre de Noël. Il était ici finalement. Et, pendant à une branche, se trouvait le sapin bleu, aussi beau que le premier jour. Lucie comprit soudain. Elle observa sa famille, joyeuse et vivante, puis la petite relique à laquelle elle souffla « Merci Maman… »
C’était le matin du 24 décembre, les rues étaient enneigées, les maisons toutes blanches et les enfants jouaient sur les trottoirs en se balançant des boules de neige glacées en riant aux éclats. La jeune femme aimait beaucoup cette période de l’année, elle la voyait comme une lumière dans la noirceur de l’hiver. Novembre et Décembre seraient bien éprouvants si les joies et les couleurs des fêtes ne venaient pas y ajouter autant de gaieté.
Lucie arriva devant son immeuble, se gara et gagna son studio ; c’était un petit trois pièces qu’elle avait pu acheter pour loger non loin de la faculté où elle suivait ses études grâce à l’argent de l’héritage de sa défunte mère. Elle allait y passer son Noël toute seule. Mais cela, elle en avait l’habitude. Personne ne l’invitait, et seule son adorable grand-mère lui envoyait des vœux.
Elle posa son regard sur le vieux carton, s’en approcha et déchira le scotch qui le maintenait fermé. Lorsqu’elle l’ouvrit, elle retrouva toutes les décorations de sapin de son enfance. Les boules, les guirlandes, les faux jouets, tout y était. Mamie n’avait plus la force de faire son arbre des fêtes, et cela ne l’intéressait plus d’ailleurs. Elle avait donc choisi de tout offrir à sa petite fille pour qu’elle profite au moins de l’ambiance féérique de fin d’année. Car Lucie avait peu d’argent depuis son dernier investissement.
Cette dernière fouilla avec amusement dans les rappels de son passé lorsqu’elle tomba sur un vieil objet. Intriguée, elle s’en saisit aussitôt. Oui, c’était bien lui ! Le petit sapin bleu qui avait servi de décoration sur son arbre de Noël toute son enfance. Au milieu des lumières et des couleurs des autres figurines et boules, ce petit accessoire était devenue une vraie relique à ses yeux, un symbole des fêtes. Malgré son apparence de plus en plus abîmée et misérable au fil des années, elle s’était toujours refusée de le jeter.
Mais aujourd’hui, il ne s’agissait plus d’une pièce unique. Elle avait grandi et la chose était juste bonne à casser. Cependant, en le retrouvant entre ses doigts, une étrange sensation envahit la jeune femme. Une série d’images défilèrent devant ses yeux à une vitesse qui lui donna presque le tournis. C’était les souvenirs de son enfance.
Les heures qui suivirent, Lucie s’attela à mettre son sapin sur pied, à remettre les vieilles branches cassées à leur emplacement, puis à l’habiller avec les belles guirlandes (passées à l’aspirateur) et les autres décorations. Elle choisit d’y déposer son petit sapin bleu, mais en prenant une vue d’ensemble, elle dut se mettre à l’évidence que le temps était passé pour lui et qu’il gâchait toute la splendeur de l’arbre. Elle le retira alors. Ne pouvant cependant se résoudre à le mettre à la poubelle, elle le posa dans le carton, et rangea ce dernier dans un placard.
Le soir tomba. Lucie s’installa dans son salon, et alluma les guirlandes électriques. Elle contempla son sapin un instant, puis alluma la télévision. Tout le monde parlait de Noël, tout le monde souriait. A croire que les guerres s’étaient arrêtées pour l’occasion partout sur la planète. Il n’y en avait que pour les lumières, les couleurs et les rires d’enfants. Elle jeta un œil à sa baie vitrée. Il neigeait.
La soirée passa vite ; la jeune femme regardait un jeu télévisé puis sentit le sommeil la gagner. Elle se dirigea dans sa chambre, se lova dans les draps de son lit et plongea très vite dans un profond sommeil.
Lucie se leva de son lit à baldaquin. Mais ?! Ce n’était pas son lit ! Où était-elle ? Une voix résonna de derrière la porte en face d’elle. Ce n’était même pas sa chambre. La poignée se baissa et Mamie apparut, un grand sourire aux lèvres. Mamie ! Elle était… plus jeune ! Mais… ? Elle invita Lucie à la suivre, le Père Noël était passé. Complètement hallucinée, Lucie s’exécuta et retrouva le salon de sa petite enfance. L’arbre était là, comme neuf et éclatant de lumières. De nombreux cadeaux jonchaient le sol à son pied. Prise d’un bonheur qu’elle ne contrôlait pas, elle se rua dessus et commença à les ouvrir. Elle entendit le rire de sa mère dans son dos. Elle leva la tête pour la voir, mais son regard s’arrêta sur le petit sapin bleu… qui était vieux et cassé.
Soudain, elle fut poussée par Stéphane, son frère cadet. Mais que faisait-il là ? Il n’était pas encore né… ? Alors, elle remarqua que les décorations avaient changé ; elle était aussi plus grande. Elle observa son petit frangin, cela faisait longtemps qu’elle ne l’avait pas vu. Elle n’aurait jamais pensé le retrouver à cet âge-là. Il regarda une voiture de police qu’il venait de découvrir et s’amusa à la faire rouler sur le parquet, puis voler autour du petit sapin bleu, en meilleur état. Lucie l’observa avec amusement. Alors, elle le héla. Il posa ses yeux sur elle. Elle lui révéla que le Père Noël n’existait pas.
Stéphane pleurait toutes les larmes de son corps alors que Maman le tenait dans ses bras. Lucie, la joue gauche rougie, ne put distinguer le visage de sa mère à cause de son frère. Elle était punie.
Elle sentit une rage intense monter en elle. Claquant la porte d’entrée, elle enroula son écharpe autour de son cou et avança dans la nuit et le froid. La neige tombait fortement. Une voiture arriva et s’arrêta en face d’elle. Sa meilleure amie lui fit signe de monter. Alors elle ouvrit la portière et s’assit sur la banquette arrière. En criant comme des folles, les jeunes filles hurlèrent leur joie de vivre et leur jeunesse. Lucie aperçut la silhouette de sa mère sortir dehors en courant et elle se moqua d’elle.
Lorsqu’elle revint chez elle, elle était complètement saoule. Marchant de travers, elle avança dans le couloir en se tenant aux murs. Les lumières étaient éteintes et personne ne semblait être là. Epuisée par sa soirée, Lucie alla se coucher.
Le lendemain, on lui apprendrait la mort de sa mère.
Lucie se réveilla en sueur dans son lit. Elle était de nouveau dans la chambre de son studio. Ne pouvant se retenir, elle fondit en larmes. Elle ne pouvait expliquer pourquoi, mais elle venait de revivre l’histoire de son enfance à travers les fêtes de Noël passées. Sanglotant bruyamment, elle se remémora les accusations de sa famille lorsqu’on lui révéla le lendemain que sa maternelle avait été tuée dans un accident de voiture en allant la chercher après sa fugue. Elle avait été rejetée par tous ses proches depuis ce jour là, excepté Mamie.
Rongée par la honte et le chagrin, Lucie se cacha sous ses draps.
Elle était au salon. Sa mère préparait la bûche. Mamie l’aidait en chantant « Petit Papa Noël ». Stéphane lisait un magazine. Il était temps. Huit heures sonnèrent. Elle annonça à sa famille qu’elle sortait ce soir. Elle allait en boîte de nuit avec ses amies. Comme elle s’y attendait, la réponse de Maman fut négative, sans qu’elle levât les yeux de son gâteau. Lucie voulut exploser. Mais elle se retint et pensa à ce qu’il adviendrait si elle laissait sa rage éclater. Si elle allait à cette soirée, qu’allait-il se passer ? Quelles seraient les incidences sur son avenir ?
Alors Lucie prit le contrôle d’elle-même. Elle entendit les pneus d’une voiture couiner dehors. Mais elle resta immobile. Elle comprit où elle était. Ce qu’elle faisait. Ce qu’elle vivait. Une minute passa. Le véhicule au-dehors klaxonna plusieurs fois, puis redémarra et le son du moteur disparut dans la nuit. Les yeux de Lucie furent alors baignés de larmes. Elle se jeta sur sa mère qui leva son regard. Elle était encore plus belle que dans ses souvenirs et, ne comprenant pas la réaction de sa fille, la reçut dans ses bras et la serra fortement. Stéphane les fixait toutes les deux d’un air ahuri. Personne ne savait ce qu’il venait de se passer.
La sonnette retentit et toute la famille arriva, le sourire aux lèvres. On se mit à table et on dégusta le repas du réveillon. Les rires fusaient dans tous les sens. Lucie était aux anges. Stéphane avait une mine radieuse. Mamie savourait la vue de ses proches réunis. Maman voyageait sans cesse de la cuisine à la salle à manger pour servir les différents plats.
Vers minuit, elle s’absenta pendant longtemps. Inquiète, Lucie partit à sa recherche. Elle n’était pas à la cuisine ; elle n’était même plus dans la maison. Lorsqu’elle jeta un œil par la fenêtre, elle poussa un hurlement.
Elle ouvrit la porte d’entrée à la volée et se précipita sur le corps de sa mère au milieu de la route. Une boîte de petits gâteaux gisait sur le sol à côté. Elle apportait un dessert aux voisins. Une voiture avait dû la renverser. Lucie serra la main de Maman contre elle et la supplia de ne pas partir, de ne surtout pas partir. Elle lui avoua même être venue la chercher, et se faire pardonner pour ses erreurs. L’autre contempla le visage de sa fille avec amour et lui caressa la joue.
La jeune fille fondit en larmes et embrassa sa mère, lui répétant sans cesse qu’elle l’aimait, qu’elle voulait la sauver… Alors Maman murmura que c’était elle qui venait d’être sauvée. Lucie ne comprit pas. La maternelle ferma les yeux et sourit. Son enfant la serra contre elle.
Lucie se réveilla dans son lit. C’était le matin de Noël. Encore troublée par cette étrange nuit, elle ouvrit les volets en pensant à ce qu’elle avait vu. Dehors, il ne neigeait plus, mais la ville était toute blanche et le clocher de l’église résonna alors.
Elle se dirigea dans son salon et constata avec stupeur que l’arbre avait disparu. Elle ouvrit son placard. Le carton aussi s’était volatilisé. Ne comprenant rien à la situation, elle se mit à chercher même aux endroits les plus improbables. C’est ainsi qu’elle découvrit une lettre, lui annonçant qu’elle était invitée le jour de Noël à un repas de famille.
Prise de surprise, mais surtout en retard, la jeune femme s’habilla aussi vite qu’elle put et se précipita dehors. Elle faillit glisser sur le trottoir et prit sa voiture. Les roues étaient prises dans la neige, il n’y avait rien à faire. Alors, elle partit à pied.
Lorsqu’elle arriva chez ses cousins, elle reçut un accueil qu’elle n’aurait jamais soupçonné. Mamie l’embrassa fort sur la joue, et Stéphane la serra dans ses bras comme s’il la revoyait depuis de longues années. Elle lui caressa les cheveux avec affection et s’excusa de lui avoir gâché la magie du Père Noël, ce à quoi il répondit en riant par une plaisanterie. La vie de Lucie était sauve.
Alors elle le vit. L’arbre de Noël. Il était ici finalement. Et, pendant à une branche, se trouvait le sapin bleu, aussi beau que le premier jour. Lucie comprit soudain. Elle observa sa famille, joyeuse et vivante, puis la petite relique à laquelle elle souffla « Merci Maman… »