Note de la fic :
Publié le 20/11/2010 à 15:45:10 par faces-of-truth
Bob n’était pas heureux. Bob n’était pas bien dans sa peau. Bob était sans cesse frustré. Bob se sentait toujours mal. D’ailleurs, Bob avait souvent mal.
Il n’aimait pas la façon dont les gens le regardaient dans la rue. La pitié. Ce regard navré que lui lançaient les badauds l’irritaient au plus haut point. Bob souffrait d’autisme depuis sa naissance. Mais pourquoi le monde devait-il sans cesse le lui rappeler ? Ne pouvait-il vivre dans l’illusion d’être seulement comme les autres ?
C’était le grand drame de Bob : il était prisonnier de lui-même.
Bob n’aimait pas les céréales qu’il mangeait le matin ; il les jugeait trop grasses et trop croquantes. C’était quelqu’un qui faisait très attention à son corps : hors de question de manger n’importe quoi !
Bob s’énervait souvent contre ces horribles migraines qui le prenaient subitement. Il avait dans l’armoire de sa salle de bain une pile de médicaments imposante qui lui rappelait quotidiennement son handicap. Bob avait honte de lui-même ; il ne voulait même plus se regarder dans la glace.
Bob n’avait pas de chance, car, en plus de son déséquilibre mental, il avait parfois d’étranges saignements qu’il ne pouvait expliquer. Le sang lui faisait peur ; il jetait donc ses vêtements souillés pour ne plus les voir.
Bob ne connaissait pas l’amour. Jamais personne ne s’était intéressé à lui. Les femmes l’ignoraient la plupart du temps. Bob détestait les homosexuels. Il les trouvait trop nombreux et n’aimait pas leur façon de le reluquer.
Un matin, alors qu’il contemplait la vitrine d’un magasin de vêtements dans la rue, Bob aperçut au travers une créature qui éblouit son regard. Mais lorsqu’il se rendit compte qu’elle le fixait aussi, Bob prit peur et s’échappa.
C’était la première fois qu’on l’avait regardé ainsi. La beauté de la jeune femme le fit rêver pendant des heures. Bob découvrait un sentiment totalement inédit : il était amoureux.
D’habitude, Bob s’emportait contre les gens qui lui ouvraient la porte et le laissaient passer en premier. Il était comme tous les autres ! Il n’avait pas besoin d’un traitement de faveur. Mais il était plus calme ce jour-là, car il pensait encore à la fille.
Il rentra chez lui pour déjeuner. Bob aimait bien la solitude ; mais cette fois, celle-ci lui déplut et ses songes le renvoyaient toujours à sa précédente rencontre.
L’après-midi, Bob s’installa à la terrasse d’une brasserie. Il commanda une bière. Même s’il n’aimait pas ça, il en buvait quand même, pour faire comme les autres. Il fut irrité par le regard séducteur que lui envoya le serveur. Encore un homo. Bob avala à petites gorgées sa boisson et faillit s’étouffer en regardant à sa droite. Dans la brasserie, derrière la vitrine, près du bar, se trouvait la fille. La même. Elle le fixait des yeux. Mais ce qui l’étonna le plus, c’était la nature de son regard : il était amoureux. Elle lui déclarait sa flamme simplement en l’observant.
Bob baissa les yeux. Cette situation l’effrayait, jamais il n’avait rien vécu de tel. Il eut une crise de panique. Il posa son verre de bière à peine entamée et quitta la terrasse.
Il marchait si vite qu’il faillit se tordre une cheville. Ses chaussures lui faisaient mal. Mais il souffrait davantage dans son esprit. Pourquoi s’était-il levé ? Pourquoi était-il parti ? La première et sans doute dernière chance de sa vie s’était offerte à lui, et il s’était enfui.
Bob se gifla de rage. Il se traita de tous les noms. Lâche. Vaurien. Impuissant. Minable. Incapable. Il avait tout perdu. Il en était le seul responsable. Il devrait donc assumer sa solitude pour le reste de ses jours. Stupide Bob ! Il crut même apercevoir plusieurs fois le visage de la fille dans la ville. Il ne pensait qu’à elle. Il se jura que s’il la revoyait, il irait la voir et s’excuserait.
Le soir, Bob rentra chez lui. Il ferma la porte d’entrée à clefs, se mit pieds nus et alla au salon. Il lut les pages d’un magazine féminin quelques instants puis se rendit dans sa chambre. Alors il la vit. Elle était là. Debout. Droite. Le fixant d’un regard amoureux et curieusement surpris, comme si elle ne s’attendait pas à le voir venir. La fille. Bob n’en revenait pas. Que faisait-elle ici ? Il essaya de dire quelque chose, mais voyant qu’elle remuait les lèvres, il se tut pour lui laisser la parole. Mais elle ne dit rien. Il voulut parler de nouveau et la même chose se produisit.
Alors Bob se dit qu’il devait l’embrasser. Il fit un pas en avant et elle l’imita. Les deux êtres se rejoignirent. Lorsqu’il voulut la prendre dans ses bras, Bob comprit qui elle était et fondit en larmes. Il s’éloigna précipitamment et s’accroupit contre le mur en se cachant la tête, comme pour dissimuler ses sanglots.
Enfin, il se redressa soudainement, ramassa un objet et, fou de colère, le jeta sur la fille.
Le miroir se brisa.
Il n’aimait pas la façon dont les gens le regardaient dans la rue. La pitié. Ce regard navré que lui lançaient les badauds l’irritaient au plus haut point. Bob souffrait d’autisme depuis sa naissance. Mais pourquoi le monde devait-il sans cesse le lui rappeler ? Ne pouvait-il vivre dans l’illusion d’être seulement comme les autres ?
C’était le grand drame de Bob : il était prisonnier de lui-même.
Bob n’aimait pas les céréales qu’il mangeait le matin ; il les jugeait trop grasses et trop croquantes. C’était quelqu’un qui faisait très attention à son corps : hors de question de manger n’importe quoi !
Bob s’énervait souvent contre ces horribles migraines qui le prenaient subitement. Il avait dans l’armoire de sa salle de bain une pile de médicaments imposante qui lui rappelait quotidiennement son handicap. Bob avait honte de lui-même ; il ne voulait même plus se regarder dans la glace.
Bob n’avait pas de chance, car, en plus de son déséquilibre mental, il avait parfois d’étranges saignements qu’il ne pouvait expliquer. Le sang lui faisait peur ; il jetait donc ses vêtements souillés pour ne plus les voir.
Bob ne connaissait pas l’amour. Jamais personne ne s’était intéressé à lui. Les femmes l’ignoraient la plupart du temps. Bob détestait les homosexuels. Il les trouvait trop nombreux et n’aimait pas leur façon de le reluquer.
Un matin, alors qu’il contemplait la vitrine d’un magasin de vêtements dans la rue, Bob aperçut au travers une créature qui éblouit son regard. Mais lorsqu’il se rendit compte qu’elle le fixait aussi, Bob prit peur et s’échappa.
C’était la première fois qu’on l’avait regardé ainsi. La beauté de la jeune femme le fit rêver pendant des heures. Bob découvrait un sentiment totalement inédit : il était amoureux.
D’habitude, Bob s’emportait contre les gens qui lui ouvraient la porte et le laissaient passer en premier. Il était comme tous les autres ! Il n’avait pas besoin d’un traitement de faveur. Mais il était plus calme ce jour-là, car il pensait encore à la fille.
Il rentra chez lui pour déjeuner. Bob aimait bien la solitude ; mais cette fois, celle-ci lui déplut et ses songes le renvoyaient toujours à sa précédente rencontre.
L’après-midi, Bob s’installa à la terrasse d’une brasserie. Il commanda une bière. Même s’il n’aimait pas ça, il en buvait quand même, pour faire comme les autres. Il fut irrité par le regard séducteur que lui envoya le serveur. Encore un homo. Bob avala à petites gorgées sa boisson et faillit s’étouffer en regardant à sa droite. Dans la brasserie, derrière la vitrine, près du bar, se trouvait la fille. La même. Elle le fixait des yeux. Mais ce qui l’étonna le plus, c’était la nature de son regard : il était amoureux. Elle lui déclarait sa flamme simplement en l’observant.
Bob baissa les yeux. Cette situation l’effrayait, jamais il n’avait rien vécu de tel. Il eut une crise de panique. Il posa son verre de bière à peine entamée et quitta la terrasse.
Il marchait si vite qu’il faillit se tordre une cheville. Ses chaussures lui faisaient mal. Mais il souffrait davantage dans son esprit. Pourquoi s’était-il levé ? Pourquoi était-il parti ? La première et sans doute dernière chance de sa vie s’était offerte à lui, et il s’était enfui.
Bob se gifla de rage. Il se traita de tous les noms. Lâche. Vaurien. Impuissant. Minable. Incapable. Il avait tout perdu. Il en était le seul responsable. Il devrait donc assumer sa solitude pour le reste de ses jours. Stupide Bob ! Il crut même apercevoir plusieurs fois le visage de la fille dans la ville. Il ne pensait qu’à elle. Il se jura que s’il la revoyait, il irait la voir et s’excuserait.
Le soir, Bob rentra chez lui. Il ferma la porte d’entrée à clefs, se mit pieds nus et alla au salon. Il lut les pages d’un magazine féminin quelques instants puis se rendit dans sa chambre. Alors il la vit. Elle était là. Debout. Droite. Le fixant d’un regard amoureux et curieusement surpris, comme si elle ne s’attendait pas à le voir venir. La fille. Bob n’en revenait pas. Que faisait-elle ici ? Il essaya de dire quelque chose, mais voyant qu’elle remuait les lèvres, il se tut pour lui laisser la parole. Mais elle ne dit rien. Il voulut parler de nouveau et la même chose se produisit.
Alors Bob se dit qu’il devait l’embrasser. Il fit un pas en avant et elle l’imita. Les deux êtres se rejoignirent. Lorsqu’il voulut la prendre dans ses bras, Bob comprit qui elle était et fondit en larmes. Il s’éloigna précipitamment et s’accroupit contre le mur en se cachant la tête, comme pour dissimuler ses sanglots.
Enfin, il se redressa soudainement, ramassa un objet et, fou de colère, le jeta sur la fille.
Le miroir se brisa.
Commentaires
- monty
23/04/2011 à 19:41:05
Excellent