"- Kevin, Kevin"
- Humpf...
- Debout !

Ma mère, quelle charmante femme, elle a toujours eu le don de me réveiller dans la délicatesse.

Je me levais doucement et je me contemplais dans le miroir qui me faisait face, sur l'armoire de ma chambre. Je vis un garçon de 17 ans aux cheveux bruns, de 1m78, maigre.
J'examinai mes cernes qui ne cessaient de se creuser sous mes yeux. Je soupirai.

Je descendis dans mon salon et ma mère me lança le même regard inquiet que d'habitude.

- Ca va M'man, ne t'inquiètes pas.
- Je m'inquiète, c'est mon devoir de mère de m'inquièter.
- Mouais..., tu sais, ça fait presque 2 mois que ca dure, ça continuera encore longtemps... alors pense un peu à toi. Je me débrouille.

Je tournai le dos pour essuyer une larme discrètement. Après tout ce temps, je n'osais toujours pas pleurer devant mes parents.

Pour raconter brièvement, j'ai perdu la fille dont j'étais amoureuse. Elle s'appellait Emma et elle était magnifique. Mais lorsqu'elle rentra chez elle une soirée d'été, elle fut aggressée par 3 mecs, et à l'écart, ils la violèrent et lui firent subir des violences incroyables.
Je me souviens
:
"Mais pourquoi tu réponds pas au téléphone !"
J'ai balancé mon téléphone de rage dans la pièce.
"Tu m'avais promis de me prévenir dès que tu serais rentréé !"

Cela faisait deux heures qu'elle m'avait quitté et ce fut seulement une heure après que mon téléphone sonna.

Je lus "Appel entrant Emma" sur mon téléphone et avec un soulagement je décrochai :

- Il était temps que tu...
- Kevin...
Ce n'était pas la voix d'Emma qui me répondit mais la voix de sa mère. Je compris au ton de sa voix que quelque chose n'allait pas.
- Quoi ? Qu'est ce qui passe ? Pourquoi ce n'est pas Emma qui a son téléphone ?!
- Emma est à l'hôpital, me dit-elle. Elle est gravement blessée et elle a subi des violences sexuelles.

Elle me dit ca en essayant de ne pas fondre en larmes et moi, je sentis le sol se dérober sous mes pieds. J'avais l'impression de faire une chute libre. Cet espace de cinq secondes me sembla une étérnité. Ce fut la voix de la mère d'Emma qui me ramena à la réalité :

- Il faudra que tu viennes la voir plus tard, il faut la laisser se reposer cette nuit.

Et là elle éclata en sanglots, je ne sus quoi dire tellement j'étais éffondré. Je répondis un simple "OK" avant de raccrocher sans prendre la peine de dire au revoir.

Je me souviens être tombé à genoux en criant "NOOOOOOOOOOON !". Un cri perceptible à des kilomètres. Ayant tenté d'expliquer la situation à mes parents, je pris la direction de l'hôpital le lendemain de bonne heure. Je trouvai rapidement la chambre grâce à l'aide de médecins et je rencontrai la famille de Emma. Tous avaient les yeux rouges. Sa mère me prit de suite par l'épaule et me serra contre elle.

- Ca va, ca va, le viol a été violent mais elle a que des blessures superficielles....
- Mais psychologiquement, ca va aller très mal.
- Oui, et ce n'est pas tout... un lui a mordu la cuisse, il lui a arraché tout un bout...
- Quoi ? Mais, c'est inhumain...

...

Trois jours après elle préféra renoncer à la vie et elle se donna la mort.
J'étais détruit.