Note de la fic :
Publié le 12/08/2010 à 01:47:34 par Wedy
Ben fut tiré de sa torpeur par la sonnerie du téléphone.
Il se leva de son lit défait et décrocha :
- Hey mec ! C'est Ray.
- Ouais ?
- Mary organise une soirée, t'es invité !
- Mais pourquoi cette bourge snob inviterait un asocial comme moi à une soirée ?
- Tu réalises pas ? T'es un VIP, mec ! La perle de notre prépa, dix-neuf et quelques de moyenne, le major de la promo !
- OK, les gens importants qui y seront ils bossent dans quoi ?
- Mais comment tu sais qu'il y aura des gens importants ?
- Laisse. Tu peux me répondre ?
- Bah y'aura les potes du père de Mary quoi, tu vois le tableau, des PDG, des flics...
- Ca roule. C'est quand et ou ?
- Ce soir, 20 heures, Park Avenue 17th.
- Okay ! Salut.
- Salut.
Allons bon, Ben allait faire sa première soirée dans le milieu qu'il détestait le plus. Prometteur.
Il ôta une de ses mèches foisonnantes de devant ses yeux intenses et s'habilla, comme d'habitude, en jean délavé et T-shirt blanc. Cet adolescent de 17 ans, Ben White, sentait à cent mètres l'intelligence. Son attitude calculatrice et ses résultats au concours de la prépa de Droit des Politic Sciences de Londres, la mégalopole qui avait vu naître et grandir ce jeune homme, prouvaient à n'importe quel sceptique qu'on pouvait être habillé négligemment mais posséder des capacités d'analyse et de déduction hors de portée de l'élite.
Il était indépendant depuis un an, vivant dans un studio que l'assurance-vie de son père pompait à petit feu, et n'avait plus de nouvelles de sa mère depuis son voyage en Australie. Ses parents n'avaient jamais été aimants envers lui. De manière générale, Ben n'avait jamais été aimé. Il avait été envié, mais jamais aimé, et son seul ami, Ray, était rarement avec lui.
Déjà midi, Ben se fit frire des oeufs et mangea rapidement. Pour occuper son après-midi, il décida de se poser sur un banc du parc londonien et d'échafauder des hypothèses sur des affaires de meurtres, réglées ou non.
Il avait passé en revue Lennon, Kennedy, Cobain et avait inventé des profils de suspects et des plans tordus lorsque les huit coups sonnèrent à Big Ben. Le Ben dont je vous parle n'était pas gros du tout, il mesurait 1m72 et pesait 60 kilos. Une plume !
Ben prit le tram et arriva à vingt heure douze dans la résidence de Mary. Il reconnut la musique : c'était Damien Saez, un artiste français qui, selon ces trente secondes de paroles, était un anticapitaliste total. Doublement ironique, une musique anticapitaliste écrite par un riche et écoutée par des snobs. Super.
Il toqua et poussa la grande porte de bois massif.
Ray accourut, il se serrèrent la main :
- Toi qui es toujours ponctuel, je croyais que tu ne viendrais pas !
- Mais si, mais si.
- Toujours pas causant.
- Désolé.
Ray, mi-figue, mi-raisin, repartir s'asseoir à côté d'un homme en costume-cravate. Ben eut conscience à la première seconde de faire tache dans cette pièce, mais les gens étaient si faux avec lui qu'il en trouvait ça comique. Mary, la première à l'ignorer, se rua pour lui faire la bise :
- Alors, tête pensante ? Pas mal, hein ?
- De ?
- La fête !
- Boh, je viens d'arriver moi ! Heh.
- Oui, mais je suis sûre que tu vas t'amuser !
- On verra !
Et en effet, on allait voir...
Ben fit le tour des sièges en cuir, il salua et reçut les louanges de tout une fricassée de personnes toutes aussi fausses, sauf quelques-unes qui étaient venues pour lui et pas pour cette fête branchée. Ces quelques-unes étaient le directeur qui semblait s'ennuyer, mais qui rayonna de voir l'élève de sa prépa, le mieux classé d'Europe au concours de sortie, le commissaire qui partit tout de suite "régler un petit souci de tri à la préfecture" après avoir salué "Le futur enquêteur de génie" (notons sa perspicacité, car Ben souhaitait exercer la profession de détective, ce qui se rapprochait bien de ça).
Une trentaine de jeunes amis et amies de Mary discutaient des textes de Saez qu'ils déchiffraient au dictionnaire Harraps et en marmonnant 'Oh, seriously, French is soooo hard... happily we took spanish and german !'. Amusé par la galère de ses confrères de vingt ans, il préféra les laisser chercher plutôt que de casser l'ambiance en disant la signification des paroles et ce qu'il en concluait concernant leur mentalité.
Il avait écouté la plupart des conversations et n'avait pas trouvé d'homme à qui parler qui serait intéressé et saurait répondre autre chose que 'oui, je suis d'accord, ton analyse est juste, mais... blabla'. En revanche, il aperçut une jeune femme brune de son âge, accoudée seule au buffet. En désespoir de cause, il l'aborda (Ben connaissait la théorie mais n'avait que rarement sympathisé avec des filles, du fait de ses deux ans d'avance et de la société actuelle).
- Salut toi, dis, je ne te reconnais pas. Tu n'es pas à l'institut des sciences politiques, hein ?
- Bonsoir ! Euh, non, je suis en terminale S. Je suis la petite soeur de Mary !
- Oh. D'accord. Tu n'es pas avec elle ?
- Non, je la trouve hypocrite. Elle m'énerve avec ses phrases grandiloquentes. Tu vois, juste pour se faire mousser, elle a invité le major de la promo de sa prépa pour l'exhiber en soirée.
- Oh, je ne pense pas que cette cruche est capable de m'exhiber.
- ...
"Merde, pourtant, elle aime pas sa soeur, donc son silence vient pas du fait que je la traite de cruche. Elle est en train de concevoir que ce drôle de mec qui fait la paire avec son ombre dans une soirée animée est une tête."
- Eh ben, ça va ?
- Euh, oui, oui, dit-elle en rougissant. Je t'imaginais pas comme ça.
- Tu m'imaginais en costume cravate, en train de draguer ta soeur et son 85-C sans s'intéresser à la fille scotchée au buffet.
- Ouais.
- Eh ben, nan. Haha.
- Je crois qu'on est les deux seules personnes à ne pas être faux envers tout le monde pour plaîre à ceux qui ont du fric, ici.
"Saez."
- C'est possible. Sinon, tu t'en sors comment dans tes études ? dit Ben, intéressé.
- Oh, j'ai eu mon bac S SVT option euro, 16 de moyenne, mention très bien. C'était beaucoup moins dur que ce que je pensais.
- La difficulté du bac a toujours été un mythe. Sinon, tu envisages de faire quoi comme études supérieures et comme boulot ?
- Je pense que je vais faire une école de médecine et devenir généraliste.
- C'est un joli projet.
- Et toi ?
- Détective. J'adore réfléchir. Et euh, je t'ai toujours pas demandé ton nom ... ?
- Shara, et toi ?
- Ben. Ben White.
Elle avait l'air ouverte et Ben réussit à mener une conversation sur tout et rien pendant une bonne heure, jusqu'au moment où...
- AAAAAAAAAAAAAARGL ! hurla une voix provenant de la chambre de Mary.
La musique s'arrêta. Tous se regardèrent, affolés, les plus lucides - dont Ben et Shara - se ruèrent dans les étages.
Le génie fut le premier à porter les yeux sur le corps du petit ami de Mary : Jack Nickel, dont le sang jaillissait à gros bouillons d'un trou béant dans son cou.
Les premiers cris de détresse retentirent, Mary tourna de l'oeil, les téléphones furent attrapés et le numéro du samu, composé.
Ben, lui, réfléchissait.
Il se leva de son lit défait et décrocha :
- Hey mec ! C'est Ray.
- Ouais ?
- Mary organise une soirée, t'es invité !
- Mais pourquoi cette bourge snob inviterait un asocial comme moi à une soirée ?
- Tu réalises pas ? T'es un VIP, mec ! La perle de notre prépa, dix-neuf et quelques de moyenne, le major de la promo !
- OK, les gens importants qui y seront ils bossent dans quoi ?
- Mais comment tu sais qu'il y aura des gens importants ?
- Laisse. Tu peux me répondre ?
- Bah y'aura les potes du père de Mary quoi, tu vois le tableau, des PDG, des flics...
- Ca roule. C'est quand et ou ?
- Ce soir, 20 heures, Park Avenue 17th.
- Okay ! Salut.
- Salut.
Allons bon, Ben allait faire sa première soirée dans le milieu qu'il détestait le plus. Prometteur.
Il ôta une de ses mèches foisonnantes de devant ses yeux intenses et s'habilla, comme d'habitude, en jean délavé et T-shirt blanc. Cet adolescent de 17 ans, Ben White, sentait à cent mètres l'intelligence. Son attitude calculatrice et ses résultats au concours de la prépa de Droit des Politic Sciences de Londres, la mégalopole qui avait vu naître et grandir ce jeune homme, prouvaient à n'importe quel sceptique qu'on pouvait être habillé négligemment mais posséder des capacités d'analyse et de déduction hors de portée de l'élite.
Il était indépendant depuis un an, vivant dans un studio que l'assurance-vie de son père pompait à petit feu, et n'avait plus de nouvelles de sa mère depuis son voyage en Australie. Ses parents n'avaient jamais été aimants envers lui. De manière générale, Ben n'avait jamais été aimé. Il avait été envié, mais jamais aimé, et son seul ami, Ray, était rarement avec lui.
Déjà midi, Ben se fit frire des oeufs et mangea rapidement. Pour occuper son après-midi, il décida de se poser sur un banc du parc londonien et d'échafauder des hypothèses sur des affaires de meurtres, réglées ou non.
Il avait passé en revue Lennon, Kennedy, Cobain et avait inventé des profils de suspects et des plans tordus lorsque les huit coups sonnèrent à Big Ben. Le Ben dont je vous parle n'était pas gros du tout, il mesurait 1m72 et pesait 60 kilos. Une plume !
Ben prit le tram et arriva à vingt heure douze dans la résidence de Mary. Il reconnut la musique : c'était Damien Saez, un artiste français qui, selon ces trente secondes de paroles, était un anticapitaliste total. Doublement ironique, une musique anticapitaliste écrite par un riche et écoutée par des snobs. Super.
Il toqua et poussa la grande porte de bois massif.
Ray accourut, il se serrèrent la main :
- Toi qui es toujours ponctuel, je croyais que tu ne viendrais pas !
- Mais si, mais si.
- Toujours pas causant.
- Désolé.
Ray, mi-figue, mi-raisin, repartir s'asseoir à côté d'un homme en costume-cravate. Ben eut conscience à la première seconde de faire tache dans cette pièce, mais les gens étaient si faux avec lui qu'il en trouvait ça comique. Mary, la première à l'ignorer, se rua pour lui faire la bise :
- Alors, tête pensante ? Pas mal, hein ?
- De ?
- La fête !
- Boh, je viens d'arriver moi ! Heh.
- Oui, mais je suis sûre que tu vas t'amuser !
- On verra !
Et en effet, on allait voir...
Ben fit le tour des sièges en cuir, il salua et reçut les louanges de tout une fricassée de personnes toutes aussi fausses, sauf quelques-unes qui étaient venues pour lui et pas pour cette fête branchée. Ces quelques-unes étaient le directeur qui semblait s'ennuyer, mais qui rayonna de voir l'élève de sa prépa, le mieux classé d'Europe au concours de sortie, le commissaire qui partit tout de suite "régler un petit souci de tri à la préfecture" après avoir salué "Le futur enquêteur de génie" (notons sa perspicacité, car Ben souhaitait exercer la profession de détective, ce qui se rapprochait bien de ça).
Une trentaine de jeunes amis et amies de Mary discutaient des textes de Saez qu'ils déchiffraient au dictionnaire Harraps et en marmonnant 'Oh, seriously, French is soooo hard... happily we took spanish and german !'. Amusé par la galère de ses confrères de vingt ans, il préféra les laisser chercher plutôt que de casser l'ambiance en disant la signification des paroles et ce qu'il en concluait concernant leur mentalité.
Il avait écouté la plupart des conversations et n'avait pas trouvé d'homme à qui parler qui serait intéressé et saurait répondre autre chose que 'oui, je suis d'accord, ton analyse est juste, mais... blabla'. En revanche, il aperçut une jeune femme brune de son âge, accoudée seule au buffet. En désespoir de cause, il l'aborda (Ben connaissait la théorie mais n'avait que rarement sympathisé avec des filles, du fait de ses deux ans d'avance et de la société actuelle).
- Salut toi, dis, je ne te reconnais pas. Tu n'es pas à l'institut des sciences politiques, hein ?
- Bonsoir ! Euh, non, je suis en terminale S. Je suis la petite soeur de Mary !
- Oh. D'accord. Tu n'es pas avec elle ?
- Non, je la trouve hypocrite. Elle m'énerve avec ses phrases grandiloquentes. Tu vois, juste pour se faire mousser, elle a invité le major de la promo de sa prépa pour l'exhiber en soirée.
- Oh, je ne pense pas que cette cruche est capable de m'exhiber.
- ...
"Merde, pourtant, elle aime pas sa soeur, donc son silence vient pas du fait que je la traite de cruche. Elle est en train de concevoir que ce drôle de mec qui fait la paire avec son ombre dans une soirée animée est une tête."
- Eh ben, ça va ?
- Euh, oui, oui, dit-elle en rougissant. Je t'imaginais pas comme ça.
- Tu m'imaginais en costume cravate, en train de draguer ta soeur et son 85-C sans s'intéresser à la fille scotchée au buffet.
- Ouais.
- Eh ben, nan. Haha.
- Je crois qu'on est les deux seules personnes à ne pas être faux envers tout le monde pour plaîre à ceux qui ont du fric, ici.
"Saez."
- C'est possible. Sinon, tu t'en sors comment dans tes études ? dit Ben, intéressé.
- Oh, j'ai eu mon bac S SVT option euro, 16 de moyenne, mention très bien. C'était beaucoup moins dur que ce que je pensais.
- La difficulté du bac a toujours été un mythe. Sinon, tu envisages de faire quoi comme études supérieures et comme boulot ?
- Je pense que je vais faire une école de médecine et devenir généraliste.
- C'est un joli projet.
- Et toi ?
- Détective. J'adore réfléchir. Et euh, je t'ai toujours pas demandé ton nom ... ?
- Shara, et toi ?
- Ben. Ben White.
Elle avait l'air ouverte et Ben réussit à mener une conversation sur tout et rien pendant une bonne heure, jusqu'au moment où...
- AAAAAAAAAAAAAARGL ! hurla une voix provenant de la chambre de Mary.
La musique s'arrêta. Tous se regardèrent, affolés, les plus lucides - dont Ben et Shara - se ruèrent dans les étages.
Le génie fut le premier à porter les yeux sur le corps du petit ami de Mary : Jack Nickel, dont le sang jaillissait à gros bouillons d'un trou béant dans son cou.
Les premiers cris de détresse retentirent, Mary tourna de l'oeil, les téléphones furent attrapés et le numéro du samu, composé.
Ben, lui, réfléchissait.
Commentaires
- maxarus
12/08/2010 à 19:50:05
L'Angleterre mon cher ami Needasweet est le pays des meurtres à huit-clos avec ces romans de Mary Higgins Clark (la plus célèbre) et d'autres auteurs aussi talentueux et qui plus est, c'est le pays de Sherlock Holmes !
Continue ta fic mon cher Watsonelle est drolement reussite !
PS : Je trouve que le héros à quelques ressemblances avec L, le petit génie detective de Death Note mais c'est peut-être une coïncidence .
Je demande une sweet ! - Kamahri
12/08/2010 à 16:07:08
J'aime bien l'idée, j'attends de voir ce qui va arriver. Suite !
- Needasweet
12/08/2010 à 03:51:29
Pas mal, bien même, mais pourquoi cette idée de le mettre en Angletterre?