Dans chaque histoire, il y a une femme. Une de celle qui vous font avancer et qui vous donne à sourire jour après jour. Et humain, je ne déroge pas à cette règle. Pas d'inquiétude, je ne vous raconte toujours pas une histoire d'amour fabuleuse : juste ma vie.

Cette fille, je l'appelle Julie. Elle est la cerisaie de mes jours. Je crois que ce qui me plaît le plus chez cette fille, c'est son regard pénétrant. Des grands yeux qui englobent le monde comme une caresse. L'azur calme dedans y déchaîne mes pulsions et mes envies de grand large. En plongeant dans cet abîme, je rêve de m'en aller très loin et voir le bout du monde. Une fois là-bas, je sens que je serais alors un homme comblé et heureux. Seulement Julie cligne souvent des yeux.

Certains râlent sans doute à propos de mon manque d'originalité et se plaignent en disant que j'écris une énième histoire d'amour. Semblable à toutes les autres. Mais je devais commencer par ça, l'amour est le moteur de toute chose et je n'entends pas révolutionner la littérature. Je vous le dis, j'écris sans but. Je suis le promeneur indécis..

Julie est donc une de ses filles qu'on appelle « amour de sa vie ». Vous l'avez certainement vécu aussi, maintes fois, quand vous êtes tombé sous le charme lors d'un demi sourire échangé. Une simple question de politesse. Puis un second à l'occasion et un troisième. Incorrigible romantique, on s'invente alors une histoire et on se dit qu'il y a quelque chose. Qu'on ne recherche pas le sourire de quelqu'un juste pour passer le temps. Alors lentement cette fille prends possession de toutes vos pensées et devient l'un de vos moteurs.

Julie est une de ces filles là.

Je crois que quelque part, je la déteste aussi. Elle est cette fille qu'on attend toute sa vie et dont on se demande comment on a pu se tromper jusqu'à avant. On réalise qu'on ne connaissait pas réellement l'amour. Et on se dit que c'est la Bonne, l'âme soeur sans états d'âme. On se dit toujours ça. Jusqu'à ce qu'on rencontre la suivante suite à la déception. Une nouvelle Julie vient toujours. Quoi qu'il advienne. Alors on recommence ce cercle et parfois on vit quelques bons moments. En tant que gamin ordinaire, j'ai vécu les miens. Jamais fabuleux mais existant tout de même. Ma vie est tellement plate.

J'ai idéalisé Julie, doté des attributs propres aux fantasmes et aux rêves enfouis, une perfection imaginaire qui finit toujours par décevoir. On ne peut tomber amoureux d'une inconnue, la réalité revient toujours. Julie est de celles-là. Je sais qu'elle arrive à échéance et qu'une partie de moi hurle contre ce constat. J'émascule mon histoire d'amour sans l'avoir vécu. Je me dis qu'une autre viendra.

C'est vrai.

Une autre finit toujours par venir. C'est toujours le cas. Sauf pour ma Julie. Ce sera la dernière. Irrémédiablement.

Et je peux vous assurer que cette histoire n'est pas amusante. Quand vous viendrez à vous demander pourquoi j'en suis arrivé là et si jamais quelqu'un vient à vous poser des questions, répondez ceci pour moi : « Julie en était le nerf »