Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

Le vent ne connait pas la mort


Par : GoldFox
Genre : Sentimental
Statut : Terminée



Chapitre 1


Publié le 10/01/2010 à 00:46:45 par GoldFox

-Vous voulez que je m'en occupe?
-Non, non, merci. Je préfère l'enterrer moi-même.
-D'accord, mais attention, dans une heure, la décomposition aura commencée, les liquides vont sortir, la chair se décomposer...
-Oui, oui. Ne vous inquiétez pas, j'ai tout prévu.


La jeune femme me tendit ce petit corps qui n'était plus qu'un squelette avec des poils. Il devait pesait 500 grammes, peut-être moins, même de son vivant. J'emportais donc Mirabelle, une chatte que j'avais récupéré alors qu'elle n'était qu'une enfant et la mis dans le coffre de la voiture. Elle était en boule, les yeux fermés, comme lorsqu'elle dormait. Sereine et tranquille, à la seule différence qu'on n'entendait plus le ronronnement de plaisir. La mort l'avait complètement emportée.



J'avais dans l'idée de l'enterrer moi-même, sur une plaine qui ne se trouvait pas très loin d'ici et où je pourrais lui rendre visite quelques fois. C'est au bout de quelques dizaines de minutes de voiture que j'arrivais enfin sur cette fameuse terre où le vent faisait danser l'herbe verte. J'ouvris le coffre de la voiture et reculai d'un bond avec effroi. Un chat était là, assis sur son derrière, la queue remuant. Et tout en me fixant intensément, il miaulait, comme pour me dire quelque chose.

-Euh... Salut?
-...

D'autres miaulements me répondirent. Une fois les présentations faites, je poussais un peu cet intrus et m'emparais du corps inerte de Mirabelle ; puis me mis en marche pour atteindre un coin reculé de la plaine.

Ce jour-là, le vent soufflait fort dans la campagne, et je marchais d'un air sombre et affligé. C'était un devoir pénible, mais je m'étais juré de le faire. En jetant un rapide coup d'œil en arrière, je voyais ce mystérieux chat qui me suivait. Il allait rapidement afin de rattraper mes longues enjambées, mais demeurait tout aussi sérieux et impassible que moi.


Enfin, je choisis un endroit assez plat pour y enterrer Mirabelle et commença à creuser à l'aide de la pelle que j'avais emmené. Il fallait le trou suffisamment profond pour que le corps ne reparaisse pas si des chiens venaient à creuser ici. L'autre chat, lui, venait de me rejoindre, posa ses fesses de l'autre côté du trou carré qui commençait à se dessiner et se mit à me contempler faire. Parfois il constatait le trou ; d'autres fois il regardait les mouvements de la pelle ; d'autres fois encore il me scrutait de son air calme.

Une fois le trou achevé, je me reposais un moment tout en voyant de quoi il avait l'air, en me disant :

-C'est donc ici que tu resteras... A jamais... Hola, est-ce bien vrai?

Le chat, lui, ne répondit rien. Alors j'enveloppais Mirabelle dans un tissu épais et l'installa religieusement dans ce trou étroit. Après une dernière pensée à genoux dont une larme venait témoigner, je me remis au travail, et commençai à enterrer Mirabelle. Les premiers jets de terre l'ensevelissait déjà que l'autre chat s'approchait un peu plus pour regarder comment se déroulait l'affaire, toujours de son air aussi sérieux. Je dû même par moments le repousser pour qu'il ne se prenne pas des coups de pelle.

Et enfin, Mirabelle fut tout à fait enterrée.

Je rentrais donc silencieusement vers la voiture, l'autre chat me suivant toujours au pas. Et alors que je venais de rejoindre le véhicule, j'eus le réflexe de me retourner. J'étais seul à nouveau. Je scrutais bien les environs pour y voir où était passé le chat et j'aperçus une petite silhouette, au loin, qui courrait sur la route, à l'opposé de la direction où je devais me rendre pour rentrer chez moi. Je ne savais pas très bien s'il s'agissait vraiment de lui. Je guettais quelques miaulements, mais je n'entendis rien ; d’autant que le vent s'occupait déjà de couvrir complètement les premiers sons qui venaient du lointain.



Bien plus tard, il m'arrivait, peu souvent, d'aller rendre visite à Mirabelle sur cette plaine où l'herbe dansait à chaque heure de la journée. Mais jamais je ne revis ce chat. Jamais.









Au fond, je crois qu'il m'attendait.


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