L'ermite et le nid


À une époque très ancienne, vivait l'Ermite Hato. Or, l'état moral de ses compatriotes
était plus vil encore que celui de nos contemporains, et il se lamentait en pensant que la terre courait à sa perte.
Il ne pouvait admettre que Dieu supportât ce monde impie, et il désirait qu'il le détruisit pour le remplacer par un monde meilleur. Chaque jour, il priait avec
ferveur pour que Dieu, chassât les transgresseurs de la Loi, et imposât son ordre spirituel afin de hâter la disparition des souffrances humaines. Mais sa prière restait sans effet et l'état moral du monde ne s'améliorait pas. Il prit alors la décision de sortir de son ermitage, de lever les mains vers le ciel, et de ne les abaisser qu'après l'exaucement de sa prière.
Cette résolution prise au début du printemps fit le bonheur d'un, couple d'oiseaux qui, après avoir voltigé autour de ses bras, s'avisèrent d'entourer ses mains de brins de paille, afin de préparer leur nid.
Pendant toute la durée de leur travail, il les observa attentivement. Il vit qu'ils apportaient du duvet en vue de maintenir une douce chaleur aux oisillons qui sortiraient des oeufs pondus par la mère et il se posa cette question: que symbolise ce nid ?
Les paysans furent remplis d'admiration pour l'Ermite, qui poussait la bonté jusqu'à mettre ses bras au service des oiseaux, et ils le respectèrent encore davantage, mais le cénobite ne modifia pas son état d'esprit à leur égard.
Pourtant, ils lui versèrent du lait dans la bouche pour le nourrir, mais il les rabrouait brutalement. Éloignez-vous pêcheurs maudits, qui ne pensent qu'à boire
et à manger, vous êtes responsables de la souffrance humaine.
Les oiseaux pondirent et couvèrent et l'anachorète pensait en lui-même: la terre ne ressemble-t-elle pas à ce nid ? N'est-elle pas entre les mains de Dieu ?
Parfois, au cours de sa méditation, il lui vouait l'idée d'abaisser les bras pour détruire le nid, mais il rejetait rapidement cette pensée, car il ne voulait pas faillir
à sa promesse.
" Je resterai dans cette position, jusqu'à ce que les ailes des oisillons leur permettent
de prendre leur essor."
Puis lentement, la lumière pénétra son esprit. Il saisit que le Dieu de Miséricorde et d'Amour ne pouvait employer la force pour transformer le monde.
Et lorsque les oiseaux s'envolèrent, il regretta leur départ. Il avait compris alors,que par cette salutaire leçon expérimentale, que les êtres les plus évolués, les
pllus forts spirituellement, doivent être les serviteurs des êtres moins évolués,les plus faibles.



Bon, après ça, il faut s'détendre.









Hell, modérateur de son état.