Tu sais, ce soir, c’est un peu accident verbal.
Parce que je n’aurais pas dû sortir aussi tard.
Toi non plus peut-être.
Comme t’étais là, on pouvait que se rencontrer.
A la ferveur d’un comptoir ça se fait.
Sous les oreilles indiscrètes d’un barman mutique,
Sous les regards troublés de clients esseulés.
Je t’explique.
Si je bois autant, c’est surtout pour les fées.
Maman m’avait dit de m’en méfier.
Paraît que ça change les tas.
Forcément j’ai foncé.
Mes tas d’emmerdes, je veux bien les troquer.
J’avais pas prévu de te percuter, c’est que je suis de travers.
Vraiment, je voulais pas exploser ton petit ballon.
C’est que je suis un peu malade et pas souvent très droit.
Alors permets moi de t’offrir d’autres vers.
Je sais que tes noms divaguent.
Je vois ta peur de rejouer la même scène qu’hier.
Des gars un peu cons, des envies molles.
Mais je te dis qu’il y a des astres à venir
Sur le bord de mon pouce, le carmin de tes lèvres.
Sur le bord des miennes, le bord de mon pouce.
Parce que je veux te voler le premier baiser.
Parce que je veux te voir le reprendre.
Tu le rends.
Quelques centimètres trop loin.
Assez pour balayer un petit tas d’illusions bien rangé.
Une distance à peine plus grande qu’un éclat de rêve brisé.
Peu remporte.
L’alcool saoule ; la nuit l’emporte.
Demain nous aurons d’autres danses.