Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

Bourriquet


Par : Salmanzare
Genre : Réaliste
Statut : Terminée



Chapitre 1


Publié le 09/10/2015 à 22:34:51 par Salmanzare

Le problème c'est Antigone. J'ai haï la meuf qui m'a fait lire ce livre. Antigone va crever. C'est son destin. Point. Et tu le sais dès la première ligne. Ca finit pas bien. Alors j'ai su que moi aussi. Je vais crever. Et ça sera pas héroïque. Ce sera sans doute douloureux, solitaire. Et puis plus rien. Comme ce chat écrasé dans le caniveau hier soir. Crevé.

Tu sais, j'ai vu la nana hier. Celle qu'est pas vraiment belle. Le sont-elles jamais ? Elles ont une musique. T'as déjà entendu ? Elles ont toute une musique ! Elle c'est un mauvais rock. Celui qui finit dans ta tête. Tu le fredonnes un peu honteux. Je l'ai retourné, je supportais pas de voir sa gueule. Le sourire idiot. Putain ce qu'elle était conne. Même pas bonne. Un mauvais rock. Impossible de s'harmoniser. Je l'ai juste niqué. J'ai paniqué. Le coeur s'est emballé. Il s'emballe souvent ces temps-ci. Pour un rien. La dernière fois c'était à Chatelet. Y avait ce groupe de mec qui fait du chant russe près de l'escalier. Tu vois ? C'était pas mal. Je me suis assis pour écouter. Longtemps. J'sais pas combien j'ai laissé passé de métro. J'étais trop loin pour voir. J'ai pas lâché de pièce. Faut pas déconner. Je lâche plus rien tu sais.

Qu'est ce que je disais déjà ? La meuf que j'ai niqué ? Merde. Je me souviens plus de son prénom. Pourtant j'étais pas pété. Enfin, je crois pas. J'sais plus. On va dire que non. Sans doute un prénom moche. T'as remarqué que leur prénom est rarement beau. C'est qui la dernière dont je me souviens du nom ? Carole je crois. Comme ta mère. Ca m'a fait rire. J'ai pensé à ta mère en la baisant. Sa gosse chialait dans la chambre d'à côté. J'ai monté le son de la radio. Du Sardoux. J'ai baisé un simulacre de ta mère sur Sardoux. Je bandais mou.

Mais la moche ? Rah. Impossible de remettre un nom. Elle disait non au début. J'savais que c'était pas vrai car elle me suivait partout. J'ai éteint la lumière pour pas la voir. Rien que ces hanches flottantes... Putain, je savais pas où foutre mes mains. Je savais juste où me foutre. J'ai allumé ma clope cash après. Je voulais accélérer mon cancer. Brûler le moment pour pas qu'il me reste entre les doigts. Fallait que je me fixe. J'étais coké. Je peux plus niquer sans un fix.

Elle voulait que je lui écrive un poème. Ou une nouvelle. Un truc pour elle. Elle voulait être ma muse. Amusant non ? Je lui ai dit combien je l'aimais. J'ai fait semblant d'y mettre de l'émotion. Presque. J'écris plus depuis des mois. J'sais plus écrire. Les femmes sont devenus fades. Alors j'ai claqué quelques vers de Baudelaire. Et je me suis enfilé un verre de pif écoeurant. Et je l'ai enfilé à nouveau. Connasse. Je te récite du Baudelaire et tu me nommes génie. Les cuisses ouvertes. Tu gouteras jamais ma poésie. Tes lèvres pendent aux miennes. Tu ruisselles.

Je me suis tiré pour le dernier métro. Je voulais pas me réveiller près d'elle. Je voulais pas me payer un tacos. Je donne plus rien. J'ai voulu voler le clodo à l'oeil torve. J'ai pas osé. J'avais peur qu'il me touche. J'étais déjà assez sale comme ça ce soir. Pourtant j'avais envie de sa bière. Me murger à dégueuler les murs. L'oeil torve. Je lui ai offert un doigt rageur. Premier cadeau de la soirée. Il a gueulé. Nique toi bien la gorge connard. Regarde moi dans mon manteau. Je vais passer la nuit moi. Moi. Moi. Tu passeras pas l'hiver. Passe sous le métro. Fais un truc. Fais chier le monde une dernière fois. Putain de merde ! Fais moi rêver. Existe un instant. Couillon. Pisse toi dessus. déchet. Sombre merde. Cloporte.

Quinze minutes avant de choper le métro. J'sais même pas si je suis sur la bonne ligne. J'ai fermé les yeux. Pis j'ai raté ce putain de métro. Je me suis fait dégagé par un connard en vert. Comme un putain de clodo. Je me suis retrouvé les mains dans les poches. Dehors. Loin de chez moi. Putain. Je suis retourné voir la meuf. Claire ! Putain elle s'appelle Claire. Tu trouves pas ça laid toi ? Putain, elles s'appellent toute Claire et aucune n'y voit quoi que ce soit.

Salut Claire. J'ai changé d'avis. Je préfère dormir avec toi. J'ai envie de vomir. Elle est heureuse. Elle est saoule. On se fiche la gueule. Je descend ses bouteilles. Je titube et vomis à côté de ses chiottes. Je me marre. Je la galoche. Putain. Elle me dégoûte. Je l'inonde de Rimbaud. Elle pense que c'est de moi. J'crois qu'elle s'appelle Apolline en fait. Un vieux prénom de merde. Ou Sixtine ? Non, Sixtine c'était la meuf un peu demeurée à mon dernier UV. J'sais plus. Bref, on s'en fout. Tout allait trop lentement. Je lui ai dit de la fermer et de me sucer. Elle suçait mal. Y a pas beaucoup de filles qui le font bien. Merde ! Ca doit pas être si compliqué quand même. Mets un coup de langue. Branle un peu. Souris. Regarde moi dans les yeux. Tes dents salopes ! Enlève tes dents de mon gland. Merde. J'ai envie de vomir à nouveau. J'avale. Elle aussi. J'ai plus envie de la baiser. Elle me rend triste. On dirait un chiot battu. J'aime pas les chiens Estelle ! J'crois que c'était ça. Un truc qui fait penser aux étoiles mais pas trop. J'aime que les chiennes. Et tu t'y prends mal.

Je me suis réveillé à côté d'elle. Torché comme jamais. Une odeur acre dans la bouche. Elle était rincée. Je lui ai fait les poches. Un pauvre billet de 5. Je fumerais mon paquet en pensant à elle. Quelques grammes de beuh. De quoi tenir la matinée. Bientôt le premier métro. Je veux me tirer avant qu'elle émerge. Y a du verre cassé. Son maquillage bave sur sa face, les cheveux s'emmêlent. Presque belle pendant un instant. Je la prends en photo. J'aime bien regarder les photos des meufs que j'ai baisé. Elle a un sein qui se fait la malle. Je réalise qu'elle est jeune. Mauvais rock. J'espère que je lui ai pas filé mon numéro. Je me tire. Pauvre petite chatte crevée.

Dans le métro je tombe sur un kid. Tête blonde. Qu'est ce qui fout là à cette heure. Trop tôt. Seul. L'air demeuré. Il me regarde. Comment tu t'appelles Winnie l'Ourson il dit ? T'es con gamin. Je ferme les poings et lui montre. L'air mauvais. Bourriquet gamin. Je ne peux pas écrire.

Antigone. On va tous crever.


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