Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

Dunon, ou le Sanctuaire de Teutatès.


Par : Conan
Genre : Action
Statut : C'est compliqué



Chapitre 1 : Les Auspices


Publié le 06/01/2014 à 00:56:24 par Conan

Pas d’inquiétudes, je n'ai pas abandonné l'écriture de Vae Victis ni de mon journal. Cette courte fiction qui comportera moins de cinq chapitre n'est qu'une pause. Petit message aux amateurs d'histoire antique et d'archéologie, vous trouverez peut-être des incohérences historiques dans ce texte. Je vous invite très volontiers à réagir dans les commentaires afin de rétablir une certaine véracité si cela était le cas.



"Les cieux sont embrumés, Celtill. Les Dieux sont en colère. Notre tribu court un grand danger. Celtill, touche cet arbre, sens ces roches, choisies par nos ancêtres mythiques, ferme les yeux, et respire. L'air est âcre."

La douce voix de Dagomaros, le Druide, résonne entre les menhirs disposés en cercle autour du gigantesque chêne millénaire au pied duquel ils se trouvent, siégeant au sommet de la colline surplombant le petit village de chaume, au cœur du Néméton dédié à Teutatès, le tout puissant protecteur de la Tribu, dont le mont s'élève à l'horizon.

Le gigantesque pic de granit traverse les nuages, et toute sa grâce, et toute sa force et sa robustesse donnent du courage aux hommes qui lèvent les yeux vers ce chef-d’œuvre des Dieux et de la Nature.

Dressé face au prêtre, solidement planté sur ses deux jambes couvertes d'une braie aux carreaux bordeaux et verts, le chef du village lève les yeux sur cet immense roc au sommet duquel trône l'autel suprême dédié à Teutatès, dont la protection rayonne sur tous les peuples et toutes les tribus de ce massif rude et rocheux, illuminant et intimidant tous ceux qui peuvent voir se dessiner à l'horizon ce bloc aussi solide que les hommes rugueux qui habitent cette terre.
Les hauteurs du Mont sacré sont encerclées de lourds nuages, faisant disparaître dans leur robe sinistre le sommet du pic.
-Vois les mauvaises augures que présage Taranis à notre peuple. Vois le ciel prêt à s'abattre sur nos maisons, sens cet orage qui gronde au loin, semant la mort au sein de nos familles et de nos troupeaux. Continue calmement Dagomaros.

Les yeux durs et aussi gris que la profondeur du ciel de Celtillos sont rivés sur la montagne. Sa moustache blonde frémit légèrement sous son nez fort et droit. Les lèvres pincées, le regard attristé et perdu, ils brise le silence dont il faisait preuve jusqu'à présent en baissant son visage sur la toge grise du vieil ecclésiastique.
-Mais, par-delà ces épais nuages, tout en haut du Mont Sacré, le ciel est bleu, et l'orage est sous ses pieds.
-Que veux-tu dire ? Interroge le druide.
-Que nous devrons nous armer du courage et de la vigueur de nos ancêtres pour protéger à notre tour la survie de notre peuple. Nous allons devoir affronter nuages, tempêtes et orages, afin d'atteindre, nous aussi, le sommet. Je ne te cache pas que l'entreprise est risquée, et pourrait bien tous nous mener sur un bûcher funéraire. Mais jamais mes enfants ne tomberont sous la servitude d'une autre tribu. Jamais ma femme ne sera souillée par leurs guerriers et leurs chefs, dussé-je brûler tout notre village et ses habitants de moi-même pour éviter cela.
-Alors tu es prêt à affronter la colère des dieux.
-Je suis prêt à me battre, et à mourir, pour que les miens vivent.

Celtill, dominant aussi bien en taille qu'en stature son ami de toujours, se tourne sans attendre que celui-ci ne lui réponde. Sa certitude est déjà bien ancrée en lui : jamais personne ne prendra son village. Des millénaires durant, ses ancêtres, ceux de sa lignée, ont travaillé ces terres, ont combattu pour elles, et c'est maintenant à son tour, son devoir de chef de tribu, de prendre les armes pour sauvegarder, une fois encore, la survie et la liberté des siens.

Celtill. Le Celte. Son nom résonne jusqu'à Rome, où il a servi pendant dix hivers au sein de ses légions. Il en a suivi les troupes fortes et disciplinées de l'Afrique à la Germanie, de l'Armorique aux limites de la Magna Graecia. Jamais son ardeur au combat et sa soif de bataille ne furent démenties. Jamais son appétit pour le sang encore chaud d'un barbare, d'un Grec ou d'un Numide ne furent rassasiées. Mais voilà qu'aujourd'hui, il doit lutter sur sa terre, contre des hommes qui lui ressemblent, qui pourraient être ses frères. Des hommes nombreux, des combattants farouches, de son sang. Lui, qui n'était qu'un mercenaire, un auxiliaire, a entre ses mains le destin d'une centaine d'âmes condamnées à se battre ou à mourir.


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