Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

Dead|braiN : lambda


Par : Atzerkins
Genre : Fantastique, Science-Fiction
Statut : C'est compliqué



Chapitre 1 : La misère des ruines


Publié le 21/05/2014 à 19:59:52 par Atzerkins

Le soleil allait se lever, et le vieil homme dormait encore, avachi sur le comptoir de son bar, sans qu'il n'y ait personne pour le réveiller. Il était maintenant dans sa cinquantaine, commençait à devenir chauve, et son ventre n'était plus aussi fin qu'il avait été. L'énergie lui manquait peu à peu, mais tout ce qu'il avait à faire était de s'occuper de quelques tâches administratives, et payer son employé pour qu'il fasse le reste.

Ledit employé, bien plus jeune et en forme que son patron, avec en plus des cheveux blonds qui tenaient sur sa tête, débarqua alors que sa montre affichait huit heures. Il était bien trop tôt pour qu'il y ait des clients, mais il n'avait lui non plus pas grand chose à faire. Toutefois, il croisa quelqu'un au moment même où il entra à l'intérieur. Timing parfait, encore une fois, se dit-il. Un léger sourire s'afficha sur son visage, tandis qu'il bloquait la sortie de son pied, que l'autre ne remarqua même pas et s'en trouva à terre.

De l'extérieur, l'homme à terre aurait juste ressemblé à un alcoolique viré de bon matin, alors qu'il ne buvait absolument pas. Il se remit debout et continua son chemin, dans l'obscurité et l'isolement totale que lui procurait ses cheveux noirs. Il marcha aveuglement, sans même tâter le chemin devant lui, comme s'il le connaissait par cœur. Arth le regarda partir un court instant, puis soupirant, reprit ses propres affaires.

« Pourquoi est-ce qu'on loge ce gamin inutile, demanda-t-il à haute voix. Il est même pas foutu de regarder devant lui ! »

Il n'eut en réponse que des grognements de la part du patron, encore endormi sur son tabouret. Il déposa ses sacs et alla remonter l'un des volets roulants, permettant aux faibles rayons du matin d'illuminer le lieu. Peut-être que ses cheveux pousseraient, s'il sortait un peu plus souvent de son bar. Ou si on l'arrosait. Hilare de sa propre idée, il se versa un verre d'eau froide, et quelques gouttes sur le crâne dégarni de son employeur.

Le vieux sursauta tout en éternuant, et chercha à comprendre pourquoi il était debout quand il ouvrit ses yeux. Il se calma rapidement et se reposa sur son siège, déjà fatigué. Ignorant son farceur, il se mit à fixer la rue, bien qu'elle fût aussi déserte que le reste de la basse ville.

« Bonjour, patron, l'interpella Arth. Le gosse est parti sans encombres.
— Il se passe jamais rien avec lui, de toute façon, répondit-il en baillant. Sers-moi plutôt un verre. »

Son verre servi, il alla se changer en tenue de barman, et revint prêt à travailler, bien que les chances d'avoir un client à ces heures-là étaient minimes. Il sortit de l'un de ses sacs de quoi manger, et s'assit, lui-aussi, n'ayant rien à faire.

« Vous n'avez pas faim ?
— Je mangerai plus tard, j'ai mal à la tête.
— Vous devriez sortir vous rafraîchir l'esprit, patron, dit-il après un long silence.
— Plus tard, on dirait qu'il va pleuvoir. »

Les nuages commençaient à masquer l'astre solaire, et une demi-heure plus tard les gouttes coulaient sur les vitres du bar. Pas de client ce soir, si ça continue comme ça, pensa Berno, avant de s'affaler à nouveau sur le comptoir. Les plaines d'en face ne furent rapidement plus visibles alors que la bruine se déchaînait, isolant les deux hommes de toute rencontre. Pourtant, les carillons résonnèrent dans l'obscurité, annonçant l'arrivé d'un nouveau visiteur. Arth ne jeta même pas un coup d'œil dans la direction de l'entrée, il savait qu'il était six heures. Il était temps pour lui de revenir.

Toujours les cheveux en travers de sa figure, il traversa toute la salle pour monter les escaliers, conservant le silence que ni Berno ni Arth ne brisait. Ils savaient que cela ne servait à rien de discuter avec lui, il ne répondrait pas. Un détail les échappa pourtant, et ils réalisèrent leur inattention en entendant le grincement d'une chaise, juste à côté de l'entrée.

« Bonsoir, est-ce bien un restaurant ? demanda l'individu trempé de la tête aux pieds.
— On voit plus le panneau dehors avec ce temps, hein ? Y a un parapluie là-bas, dit-il en désignant un panier près de l'entrée, pour aller lire le menu.
— Fous-lui la paix, Arth, répliqua Berno. Tu sais très bien qu'on fait aussi de la cuisine.
— Bon, qu'est-ce que vous voulez, cher client du Phare ? »

Enlevant sa capuche, il exposa sa jeune tête d'adolescent imberbe et ses cheveux bruns, descendant jusqu'aux épaules. Il s'attacha les cheveux en arrière, sortant un élastique, puis demanda pour la première nourriture qui lui passait par la tête, retournant sa main dans ses poches pour en tirer de l'argent. Il avait avec lui un sac à dos, et ses habits étaient suffisamment délabrés pour qu'il ne se soit pas changé depuis des semaines. Arth comprit rapidement à quoi il avait à faire, et ne put qu'être intrigué. Il avait en face de lui un étranger pour la première fois. Son teint de peau et son visage n'avaient rien d'exceptionnel, mais il était certain d'avoir à faire à un voyageur venu de l'extérieur.

« Master, ça te dit quelque chose ? »

Il lança à Berno les pièces de cuivre que lui présentait le client, incapable d'en déterminer la valeur lui-même. L'écriture-même lui était inconnue, et il n'avait encore jamais vu le serpent vert, tordu comme un éclair, que les pièces représentaient. Cette devise parvint même à choquer le vieillard toujours inintéressé qu'était Berno.

« Est-ce qu'il y aurait un problème avec ma monnaie ? demanda le garçon, gêné.
— Où est-ce qu'on utilise ça ?
— Au nord, déclara-t-il. Beaucoup de régions utilisent ces pièces, récemment.
— Je vois, dit Berno, déçu. C'est donc juste une nouvelle monnaie … »

Il retourna à son comptoir, peu convaincu par les propos de l'étranger. Arth ne s'en soucia que peu, tant que le patron acceptait l'argent, et alla simplement préparer la commande. L'invité mangea rapidement son repas, surveillé par d'incessants regards du patron, soupçonneux, et n'attendit même pas l'arrêt de la pluie pour s'en aller. Il se leva, puis demanda, ouvrant la porte :

« Au fait, quel est le nom de cette ville ?
– Farlan. »

Sans aucun aurevoir, il repartit et disparût du champ de vision d'Arth. L'oubliant, il alla ramasser sa table, et une fois fini, regarda l'heure. Sept heures ? On finit tôt, aujourd'hui. Il sortit de la boutique respirer l'air frais, et s'assit pour fixer l'horizon vert et gris qui s'étendait en face de lui.


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