Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

The Heist


Par : VonDaklage
Genre : Réaliste, Action
Statut : C'est compliqué



Chapitre 1 : Concession & Libération


Publié le 17/10/2013 à 01:11:18 par VonDaklage

Le bruit du moteur s'amplifie à mesure que j'accélère. Les klaxons sonnent dans une étrange continuité, tel un cor de guerre, alors que je serpente à travers le trafic urbain afin de semer mes poursuivants. Leurs sirènes divisent la masse de voitures à la manière d'un Moïse, nous facilitant quelque peu la conduite. Je lance un regard à l’intérieur de la voiture m'étant parallèle. Un grand van noir, semblable au mien. Il me regarde dans les yeux et j'y vois ce qu'il pense. La même chose me traverse l'esprit.

- Si ça continue comme ça, on est foutus... Raisonné-je.

Un signe de tête et on se rapproche avant de se mettre à enchaîner les zigzags afin de confondre l'identité des deux véhicules. Je me saisi d'un talkie-walkie posé sous le frein à main et le monte à ma bouche.

- J'm'occupe de tout, à mon signal, tu te casses. Le temps que ça se calme, tu te caches et tu ne sors pas de ta planque. Je te laisse te charger de la répartition.

- Putain Damon, qu'est ce que tu racontes ?! On s'en sort ensemble ou on tombe ensemble !

Un petit rire sort de ma bouche avant que je n'appuie sur le bouton me permettant de parler à Andrew.

- Je compte sur toi. Et tu diras à Eva… Tu lui diras…

Les mots restent bloqués dans ma gorge et mon bras demeure figé devant ma bouche. Un roman pourrait s’en écouler, mais parmi cette océan de phrases pensées, seul quatre mots réussissent à sortir.

- …Que je suis désolé.

- Damon ?! À quoi tu penses ?!

Je regarde à l'arrière du fourgon et y voit un baril ainsi qu'un énorme sac de sport noir débordant d'argent.

- Quel ironie... Soufflé-je.

J'attrape la poignée et le monte au niveau du siège passager. Au loin je peux voir un semi-remorque avancer perpendiculairement à moi, parfait. Je récupère le talkie walkie.

- Regarde devant toi, tu dois passer avant ce camion ! Accélère !

Sans contester ou y réfléchir à deux fois, il me passe devant, me gratifiant d'un regard, avant d'user de la bonbonne de nitro qu'il a installé dans les vans. Je le vois s'éloigner tandis que je prend plusieurs grosses liasses de billets dont je tire le plastique les entourant jusqu’à l’extrémité, de sorte à ce que le tout tienne mais puisse se répandre lors de l’impact, avant d'ouvrir ma fenêtre et de les lancer sur le pare-brise d'une voiture des forces de l'ordre. Je fais mouche au deuxième coup, les billets s'y étalent. Le conducteur enclenche les essuie-glace afin de s'en débarrasser, mais cela me crée une fenêtre de quelques secondes. Je balance mon sac, rempli du butin dont je me suis saisi il y a moins d'une heure, et ce dernier s'écrase sur le pare-brise de la voiture de police qui va s'encastrer dans une autre. Je ne pensais pas que je ferais autant de dégâts d’un coup. Les voitures gardent un peu plus leur distance maintenant. Au détriment des millions présent dans ce sac, j'ai pu glaner une avance non négligeable et surtout, permettre à Andrew de les semer. Mon regard s’arrête alors sur le véhicule de plusieurs tonnes que je peux voir au loin. J'inspire et lève un clapet, dévoilant un bouton bleu marine. Ma main reste immobile au dessus, en suspens, attendant le moment propice. Je frôle une petite voiture jaune et arrive sur une voie dégagée. Ma paume écrase lourdement le bouton. La nitro s’enclenche et la voiture décolle. Les capacités de l'automobile sont poussées au-delà de ses limites et à ce rythme, elle ne tiendra pas très longtemps. Mais « pas très longtemps », c'est mille fois plus de temps que ce dont j'ai besoin.

Intérieurement, une infime partie de moi perd de sa logique et supplie la Fortune, l'Univers et Dieu que tout ce passe comme je l'ai prévu. Le temps semble distendu, étiré à son maximum. Cette impression doit être du à l'adrénaline parcourant mon corps. Malgré l'issue tragique qui m'attend, je me sens vivant comme jamais. Je ne ressens aucune peur, je ne regrette rien. Le véhicule noir file. Je souri à mesure que je me rapproche. J'ai l'impression d’entendre le moteur hurler. Chevauchant mon noble destrier, je suis sur de moi. Sur de moi. Je fonce vers une mort certaine, mais je lui tend les bras, comme à une vieille amie. Les sons ont disparus de mon monde, je n'y prête plus attention. Je suis en apesanteur.

La voiture se lève et percute le semi-remorque. Le camion recule peu, mais se courbe. Le crash provoque une réaction en chaînes, générant un barrage de voitures accidentées, empêchant ainsi la police de se lancer à la poursuite de mon partenaire. J'ai la tête sur le volant dont l'airbag a été déployé. Des acouphènes viennent remplacer les sons environnants. Je me sens engourdi. Je suis sonné. Du sang a coulé dans mon œil gauche, faisant office de filtre rouge à ma vision. Les bruits se mettent à tournoyer autour de moi. Je distingue une sirène parmi ce brouhaha urbain. Mon regard se pose sur le siège du mort. Une silhouette féminine se dessine dessus, installée confortablement, baignant dans un halo de lumière. Eva… Je tend la main afin de l'atteindre mais son image s'évanouit comme un nuage de vapeur.

- J'y étais presque… Pensé-je.

La flammèche de ma conscience fini par s'éteindre, quittant ce chaos urbain que j'ai crée afin qu'ils soient libres.













- Kent, debout, c'est le grand jour ! Gueule le gardien en tapant sur les barreaux de ma cellule avec sa matraque.

Je me lève et le regarde. J'étais prêt depuis bien longtemps. Habillé et lavé, je n'attendais que lui. Et le voilà, fringant dans son uniforme bleu nuit, une calvitie naissante lui dévorant l'avant du crâne et un sourire niais sur les lèvres.

- J'pense que t'es pressé de partir, donc on devrait faire ça rapidement.

Il ouvre la grille et me laisse un espace afin de passer. Il marche devant, à quelques pas de moi, afin de me montrer la voie. On passe devant plus de cellules et de prisonniers que je ne veux en voir. La prison à beau être propre, j'ai l'impression d'être souillé par le simple fait de ma présence ici. Après avoir serpenté entre ses murs bleu marine, on arrive face à une porte battante. Le gardien sonne à l'interphone qui est incrusté dans le mur. Il récite une serie de nombre, probablement son immatriculation, avant qu'un bip sonore ne vienne confirmer l'ouverture de la porte. Il l'ouvre et me fait passer. Je me retrouve dans une petite salle, où un homme est assis derrière un comptoir grillagé dont une petite fenêtre en plexiglas permet de voir son visage. Le maton s'approche de lui et s'accoude sur l’excroissance en bois.

- Damon Kent, lui dit-il.

L'homme s'occupant de la réserve pousse son bureau avec ses mains, ce qui a pour effet de le faire rouler en arrière, entre deux rayons. Il balaye du regard ces derniers en marmonnant mon nom et fini par en tirer une grosse boîte avant de revenir à sa place. Il en soulève le couvercle et en sort trois sachets plastiques ainsi qu'une planche sur laquelle est accrochée une fiche où figure mon nom. Je me rapproche de lui. Il lit la fiche à voix haute.

- Damon Kent, arrêté le 11 octobre et condamné le 27 novembre 2011, pour association de malfaiteur, vol en bande organisée avec arme et dégradation de biens publics et privés, condamné à deux ans de prison ferme pour circonstances atténuantes. C'est bien vous ?

J'acquiesce. Il reprend sa lecture.

- Lors de votre arrestation, vous aviez sur vous... Cette montre, ce portefeuille et une chaîne en argent, dit-il en les posant respectivement devant moi à leur énonciation. Vous confirmez que ces effets personnels sont bien à vous ?

Question piège.

- Je ne m'en souviens pas, c'est sûrement le cas.

Le réserviste lance un regard à son collègue avant de faire passer la planche avec la fiche dans un espace creusé sur le comptoir. Le policier me donne un stylo et appose son doigt sur une zone précise de la feuille.

- Signe ici.

Je balaye des yeux l'ensemble des écritures parcourant la feuille et une fois que je suis certain de sa sureté, j’appose ma signature sur le document. Je repose l'ensemble et le fait à nouveau passer par la fente d’où il est venu. Il met les affaires qu’il a sorti de la boite dans un tiroir à renfoncement, qu’il pousse afin qu’il sorte de mon coté du mur. J’en sors tout ce qu’il y a et me décide à ouvrir le premier sachet plastique, celui contenant la chaîne en argent. Je la prend dans ma main en son milieu, les deux extrémités pendant dans le vide. Elles se balancent, doucement. Une chaîne assez longue, aux mailles serrées, duquel pend une croix chrétienne, sur laquelle figure un mot, « DARMEM », traversant la croix horizontalement. Je tire le loquet permettant de décrocher les deux bouts du collier avant de le passer autour de mon cou. Je me sens instantanément mieux et des images se mettent à défiler dans ma tête, mais je coupe court à la nostalgie en me saisissant du deuxième objet, une montre noire.

Son cadran est recouvert d'une pellicule dorée et à l'intérieur se livre une bataille féroce entre l'obscurité des ténèbres et l'oisiveté de l'or. Les aiguilles indiquent des chiffres romains, mais en dessous de celles-ci se trouvent des rouages visibles, réfléchissant la lumière timidement de par leur surface dorée. Je l’accroche à mon poignet, surpris qu'elle soit en aussi bon état après l'accident qu'elle a subie.

Il ne reste que mon portefeuille. Je le prend en main et imprime la marque de mes doigts dessus. Quelques secondes après, mes empreintes ont disparues du cuir noir. Je l’ouvre et regarde ce qu'il me reste à l'intérieur. Dix dollars, ma carte bleue et une photo de ma mère. J'ai beau connaître chaque détail de cette image, je ne peux m'empêcher de la contempler à chaque fois que je l'ai en main. Ses longs cheveux châtains, aux doux reflets dorés, ses yeux en amande légèrement maquillés, son nez légèrement retroussé, lui donnant un air déterminé, et sa bouche... Ses lèvres s'espacent en deux courbes distinctes pour donner naissance à un sourire magnifique, fenêtre d'une dentition sans défaut. Je pourrais reproduire cette image les yeux fermés. Je range tout dans le portefeuille et enfourne ce dernier dans ma poche arrière. Le réserviste tire le compartiment afin d’y glisser un sac en papier de taille moyenne.

- Il contient les habits avec lesquelles tu t'es fait arrêter.

Je me saisi du sac et y jete un œil. Mes affaires sont dans des sacs plastiques sous vide. Je tourne les talons. Le gardien marche à mes côtés. Cette marche me semble durer une éternité, mais on fini par arriver aux portes du pénitencier. Le gardien me sourit tandis que nous sommes face à la sortie.

- Bon retour à la vie réelle et profite de ta liberté, on en a qu'une, déclare-t-il dans un élan de lyrisme.

Il fait un signe de tête et les énormes battants du portail se mettent à grincer, avant de s'ouvrir dans un bruit désagréable. Mélange de jointures mal huilées et du frictionnement des battants avec les pierres. Devant moi, une rue. J'avance. Une dizaine de pas et je dépasse le délimitement de la prison.

Je suis libre.

Je lève le nez et remarque qu'il commence à neiger. La brume s'est abaissée sur la ville. Je regarde ma montre, elle indique 09h34. Etonnant qu’elle marche encore, ils sont vraiment forts ces suisses. Il fait frais, le col roulé que je porte ne me permettra pas de supporter cette température longtemps. Je balaye la zone du regard, jusqu'à voir un peu d'activité au coin d'une rue. Je m'y rend et y voit différents magasins, mais je m'attarde sur un café. J'y rentre, faisant sonner une cloche suspendue au-dessus de l'entrée et m'assoie sur une banquette collée à la fenêtre et me donnant vue sur la rue. L'ambiance y est assez chaleureuse. Les murs sont peints de jaune, de marron et de blanc, tandis que l'ensemble du mobilier est fait de bois, verni et peint pour s'accorder à la pièce. Il doit bien y avoir une vingtaine de personnes, sans compter le personnel. Une serveuse arrive à ma table. Elle est grande et fine, des cheveux bruns mi-longs accrochés par un élastique mais une mèche couvre son front. Elle porte l'uniforme de travail de l'établissement, une robe marron, rose et bleue ciel sur laquelle sont dispersés des pois blancs. Tout sourire, elle me tend la carte.

- Bonjour !

Je fais un signe de la main signifiant que je n'en ai pas besoin.

- Un chocolat chaud et un croissant s'il vous plaît.

Elle semble étonnée et me gratifie d'un sourire plus vrai, avant de retourner là d'où elle vient. Je regarde par la fenêtre et constate le maigre trafic de la zone, lorsqu'une voiture noire arrive et se gare. La serveuse arrive avec ma commande, me distrayant quelque peu.

- Et voilà ! Ce sera tout ?
- Oui, merci.
- Dans ce cas, tenez...

Elle pose l'addition sur ma table et me sourit à nouveau. 3,78$.

- Bon appétit !

Un tintement de clochette indique que quelqu'un vient de rentrer dans l'établissement. La jeune fille me regarde avec curiosité avant d'ouvrir la bouche.

- Vous y avez passé combien de temps ? Demande-t-elle.

Elle se rapproche du côté de la table, bouchant ma vision, tandis que le nouveau client passe derrière elle au même moment, avant de s'asseoir sur la banquette me faisant dos.

- Pardon ?
- En prison.

Elle vient de capturer mon attention et elle semble s'en rendre compte, car dans la seconde, elle reprend la parole.

- Excusez-moi, c'est déplacé de ma part. C’est juste que je me demande ce qu'un homme comme vous a bien pu faire pour se retrouver en prison.

Je la regarde dans les yeux.

- Comment vous l'avez su ?

Son sourire rétrécit mais reste présent.

- Vous savez, vous n'êtes pas le premier prisonnier à venir ici juste après avoir été libéré, donc à force, j’ai appris à les reconnaître, m'explique-t-elle le plus naturellement du monde.

Je me tourne vers ma tasse et bois une gorgée. Je la sens prête à renoncer à la question qu'elle m'a posée, car elle est sur le point de partir.

- Un cambriolage. Répond-je d'une voix monocorde, le regard perdu dans le vide.

Je l'entend émettre un bruit d'amusement et elle s'abaisse pour m'embrasser sur la joue. Surpris, je me tourne quelques instants après.

- Je vous souhaite un bon retour dans le monde réel !

J'ai déjà entendu ça aujourd'hui. Elle se redresse en s'appuyant sur mon dossier et sur la table. Je remarque qu'elle a laissé un papier sur cette dernière. Dessus y est écrit « Alexis » suivi d'une suite de chiffres… Son numéro de téléphone. Elle bouge ses lèvres lentement avec un sourire espiègle et je réussi à y lire sans difficulté ce qu'elle cherche à me dire.

- Appele-moi.

Elle se tourne l'air de rien et va s'occuper de la personne installée derrière moi. Je jette un coup d'œil au papier et fini par le mettre dans ma poche, ne pouvant réprimer mon envie de sourire. Je prend le croissant et le trempe dans mon chocolat chaud avant de le croquer. Au même moment, j'entend la personne derrière moi prendre sa commande. Je continue mon repas et entend les chaussures d'Alexis battre le carrelage à mesure qu'elle s'éloigne.

- À peine sorti que ça joue les jolis cœurs hein...

Entendre une voix familière me fait plus plaisir que je ne l'aurais cru.

- C'est elle qui m'a fait du rentre-dedans.
Un petit rire parvient à mes oreilles.

- Alors ces deux ans à l'ombre ? Me demande la personne dos à moi.
- Un peu long, mais rien d'insurmontable, répond-je en regardant droit devant.
- À ce que je vois, t'as pris du muscle.
- Il n'y a pas grand chose d'autre à faire là-bas tu sais.

Un silence s'installe. Mais pas de ces silences gênants, non. Le genre de silences qui précèdent un éclat de rire. Sauf qu'il n'y en a pas. Alexis passe devant moi et tient une tasse de café et sa soucoupe, qu'elle dépose sur la table derrière.

- Tenez, je préfère régler maintenant. Gardez la monnaie.
- Merci, c'est très généreux de votre part ! Dit-elle en manifestant son enthousiasme habituel.

Elle s'éloigne à nouveau. Un autre silence. Différent cette fois, tendu.

- Mais tu sais ce que j'ai fais d'autre là-bas ? L'interrogé-je. J'ai réfléchi. Toute cette histoire, notre plan. Tout était parfait. Mais ça a foiré. Tu sais pourquoi ?

Je marque un temps avant de mener ma pensée à sa conclusion.

- Parce qu'on nous a balancé.

Troisième silence. Un autre type encore. Propre à la réflexion.

- Je mentirai si je te disais que cela ne m'a jamais traversé l'esprit, mais je n'y crois pas. Aucun membre de DARMEM n'aurait fait ça.

Il prend une pause, je peux l'entendre siroter son café.

- Cependant, c'est vrai qu'il n'y a aucune autre raison pour que le casse se soit passé aussi mal… Et si tu mets ça sur la table, c'est que tu dois avoir ta petite idée sur l’identité du responsable.

Il me connaît bien. Je fini mon chocolat chaud avant d’enfoncer mes dents dans mon croissant. Je le fais attendre, volontairement, avant d'avaler ce que j'ai dans la bouche.

- Jonathan Brooks.

Je sens mon ami songeur.

- Si c'est bien lui, tout s’emboite parfaitement. Me répond-il avant de marquer un temps. Et tu comptes faire quoi ? Ta part est en sécurité, tu sais ? Elle n'attend que toi pour être dépensée.

J'entame la dernière bouchée de ma viennoiserie avant de m'essuyer la bouche et de sortir le billet de 10 dollars de mon portefeuille. Je le pose sous mon assiette avant de frotter mes mains.

- Je vais lui faire payer.

J'entend le café passer dans sa bouche et le bruit que fait la tasse lorsqu'il la repose.

- Je savais que tu dirais ça, soupire-t-il. Si tu y vas, DARMEM ira. On t'a laissé faire une fois mais c'était la première et dernière fois. La famille avant tout.
- La famille…

Il se lève et passe à côté de moi. Je le fixe, tandis qu'il réajuste le col de son long manteau noir. Il a renoncé à ses cheveux mi-longs et arbore une coupe vraiment courte, lui donnant un air plus sérieux et mature. Il semble sortir de chez le barbier tant son collier parait net. Un bouc encadre sa bouche. Lui qui ne supportait pas les poils faciaux. Il coince une cigarette au coin de ses lèvres et sort un briquet. Il a perdu du poids aussi. Il a bien changé. Seuls ses yeux sont restés les mêmes. Ces disques gris, hypnotisants, magnétiques. Avant j'arrivais à y lire facilement. Je me demande si je le peux toujours. Il sert légèrement son écharpe et se met à avancer vers la sortie. Il ouvre la porte et fait sonner la clochette. Je le vois sur le pallier, il allume sa cigarette. Les mauvaises habitudes ont la vie dure il faut croire. Il disparaît de mon champ de vision. Je me lève à mon tour, empoigne mon sac et capte le regard d'Alexis. Je quitte finalement l'établissement et me dirige vers la voiture que j'avais remarquée plus tôt.

Une Audi R8 Valkiry Carbon aux vitres fumées. Toujours aussi bon goût en ce qui concerne les voitures. Ça m'étonnerait qu'il n'ait pas déjà ajouté sa touche personnelle sur ce bolide. J'arrive côté passager et ouvre la porte avant de m'asseoir confortablement sur le siège en cuir noir. Je pose le sac à mes pieds avant d'accrocher ma ceinture. Une poignée de secondes s'écoulent où le seul bruit présent est celui qu'il fait lorsqu'il expire la fumée de sa cigarette. Je tourne la tête vers le conducteur en même temps que je boucle ma ceinture.

- Dis-moi… Où est-ce que tu comptes m'emmener Andrew ?

Il remonte la fenêtre de son côté après avoir jeté son mégot. Il enfile une paire de gants en cuir noir avant de poser ses mains sur le volant. Il le caresse, lentement, comme pour entrer en symbiose avec le véhicule. Il tourne la clé et met le contact. La machinerie se met en route et Andrew fait rugir la bête. Les Enfers semblent prêts à se déchaîner, tandis que mon ami me montre les capacités du monstre.

- Je te ramène à la maison, on va réunir la famille.


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