Note de la fic :
Publié le 04/11/2012 à 20:20:24 par VonDaklage
Du sang. Des hommes à terre. Mes mains et ma chemise recouvertes de sang. Une caméra pointée vers le bureau du président. Je m'y assis.
- Peuple des États-Unis, ainsi que partout dans le monde, écoutez bien ce que j'ai à vous dire. L'état ne pourra m'empêcher de vous déclarer la vérité qu'elle vous, non, qu'elle NOUS cache, depuis maintenant bien trop longtemps...
C'était un rêve, encore, ou plutôt les souvenirs de cette nuit qui le poursuivaient jusque dans ses songes. Il avait été réveillé par les lumières de sa cellule.
- Hey champion, debout ! C'est l'heure de manger !
Le gardien ouvrit la porte avant de poser le plateau aux pieds du prisonnier. Adam regarda le plateau avant de lever les yeux vers celui qui le lui avait ramené.
- Non merci...
Il mit sa tête entre ses genoux, tentant de s'endormir. Le gardien était à la fois exaspéré par le comportement du détenu mais également préoccupé par son état de santé.
- Tu ferais mieux de manger, t'as un autre rendez-vous aujourd'hui. Une psychologue t'attend.
- C'est une blague ? Demande-t-il en levant la tête vers le représentant de l'ordre.
- Pas du tout. Le gouvernement voudrait un second avis sur ton état mental, il semblerait que les personnes là-haut espèrent vraiment que tu sois fou, réplique-t-il avec un sourire en coin.
- Et toi, que penses-tu de ma prétendue folie ?
- Ce que j'en pense ? C'est pas contre toi, mais pour moi t’est juste bon à interner.
- Je vois...
- Le prend pas mal… Mais tout ce que tu as dis, j'y crois pas trop.
- ...
- Mange, ça va faire longtemps maintenant que tu n'as plus rien dans le ventre.
Il referma la porte, laissant le jeune homme seul avec lui-même. Adam se décida à manger, malgré ses chaînes, il avait maintenant l'habitude. Pour ne pas changer, ce repas n'était pas fameux mais il s'en contentait, cela faisait longtemps qu'il n'avait plus goût à rien. Après avoir fini, il se mit à réfléchir. Au monde qui l'entourait, au sens du mot « liberté », à la vie, à sa vie. L'humanité traversait une période extrêmement difficile, même si elle ne le savait pas nécessairement. Adam se relevait et appelait le gardien afin qu'il débarrasse le plateau de sa cellule.
- Je peux t'amener dans la salle maintenant si tu veux, la psy est là depuis longtemps, propose le gardien.
- Tant qu'à faire...
Il détacha un trousseau de clés de sa ceinture et enleva les menottes aux poings et aux chevilles de l'étudiant en commerce.
- Pourquoi ? S'interroge le jeune homme.
- On m'a dit de prendre les mesures qui étaient nécessaires et je ne pense pas que tu aies besoin de ces chaînes.
- Merci…
Les deux hommes marchaient sans dire un mot, seul le bruit de leurs pas résonnaient dans ce long couloir blanc. Ils arrivèrent devant la salle d'interrogatoire et le gardien lui ouvrit la porte.
- Je t'ai enlevé tes chaînes alors ne me le fais pas regretter, à moins que tu ne veuilles finir avec une balle entre les deux yeux.
- Je ne trahirais pas ta confiance, ne t'inquiète pas, le rassure-t-il avec un léger sourire.
Le gardien passa devant lui, avant de se faufiler seul par l'autre porte de la salle, laissant le jeune étudiant lui emboiter le pas. Adam entra dans la salle et s'assit sur la même chaise que deux jours auparavant. La dernière fois il n'avait pas prêté attention à l’agencement de cette pièce. Il y avait deux portes côte-à-côte, celle par laquelle il venait de passer et l'autre, par laquelle viendrait la personne chargée de le diagnostiquer, menant au monde extérieur. Derrière lui, des fenêtres d'une trentaine de centimètres de largeur et d'à peu prés un mètre de hauteur, recouvertes de mailles en acier afin d'empêcher les potentielles tentatives de fuites. La table en face de lui était en métal. Elle était grise et polie, reflétant la lumière des néons accrochés au plafond. Les murs étaient d'une couleur pâle, une teinte de gris donnant à cette salle une aura mécanique, sans âme. La seconde porte s'ouvrit et une femme entra, un dossier à la main. Un chemisier blanc par dessus lequel était posé un tailleur pourpre et une jupe de la même couleur, ainsi que des jambes recouvertes de collants couleur chair. De grands yeux marrons quelque peu rouge et cernés, des sourcils bien dessinés, une bouche assez pulpeuse et très peu de maquillage. Une mèche couvrant son front et ses cheveux tombant, ramenés vers son crâne et accrochés grâce à une pince. C'était une belle femme. Adam l'avait analysée dès l'instant où elle fit son entrée et semblait savoir à quoi s'en tenir tandis que la psychologue se confondit en excuse.
- Excusez-moi, j'étais là en avance mais j'ai du signer des tonnes de papiers... Se justifie-t-elle en souriant. Mais j'en oublie mes bonnes manières…
Elle passa de l'autre côté de la table après avoir posé son tas de feuilles et tendit la main au prisonnier.
- …Je m'appele Jennyfer Ann.
Il dévisagea Jennyfer quelques instant avant de se lever et de la lui serrer. Il se rassit aussitôt.
- Je n'ai pas besoin de me présenter je pense...
Un petit sourire se posa sur ses lèvres alors qu’elle reprenait place sur sa chaise.
- Non effectivement, vous êtes maintenant mondialement connu.
Adam fixait la belle brune tandis que cette dernière passait un rapide coup d'œil à ses notes en silence, lunettes sur le nez.
- Je ne comprend pas.
- Pardon ? S'interroge-t-elle en relevant la tête.
- J'ai été diagnostiqué sain d'esprit, alors pourquoi un deuxième test ?
La psychologue esquissa un sourire et enleva ses lunettes avant de regarder le détenu dans les yeux.
- Qu'est ce qui vous dit que vous avez été diagnostiqué sain d'esprit, Monsieur Williams ? Demande-t-elle d'une manière presque provocatrice.
Elle jouait avec lui, et il le savait. Elle s'était levée et était passée de l'autre côté de la table et s'appuyait contre celle-ci. Il la regardait comme si elle venait de l'insulter, mais semblait presque heureux de sa réponse. Elle le prenait de haut, dans les deux sens du terme, mais ce petit jeu lui plaisait. Il n'avait aucune source de divertissement ici.
- Pour la simple et bonne raison que je le suis, répond-t-il avec le plus beau sourire qu'il avait à offrir. Maintenant, je vais poser ma question différemment. Pourquoi le gouvernement me balance un deuxième diagnostic alors que le premier est concluant ?
La psy haussa les sourcils et regarda ses pieds l'espace d'un instant avant de faire à nouveau face à son interlocuteur.
- Mesure de précaution, afin d'avoir un deuxième avis je pense.
- Non, le deuxième avis ils l'ont eu. Ils étaient deux la dernière fois et n'avaient rien à voir, que ce soit dans leur approche ou dans leur façon d'être. La raison pour laquelle vous êtes là, c'est parce qu'ils ont peur.
- Peur de quoi ?
- De moi ! De ce que je dis, car les hauts placés savent que mes actions reposent sur une vérité à laquelle ils ne sont pas prêts à faire face !
- En quoi votre passage à la télé est-il si dangereux pour eux ?
- Pour le moment, vous ne comprenez pas, mais ça ne saurait tarder, le monde en tremblera…
Il prit une profonde inspiration tandis que Jennyfer était pendue aux lèvres de son patient, attendant de savoir ce qu'il allait dire.
- Dites-moi, qu'est ce que vous savez de ce qu'il s'est passé ce jour-là ? S’informe-t-il.
- Hum... Vous vous êtes introduit avec votre bande dans la Maison Blanche et avez tués à peu près deux cents gardes ainsi que le président des Etats-Unis avant de faire votre fameux discours. Ensuite d'autres gardes sont arrivés, tuant vos cinquante partenaires avant de vous emprisonner.
Williams se mit alors à rire de manière incontrôlée, démente, tandis que Jennyfer le regardait, impassible et muette. Les larmes montaient aux yeux du condamné en sursis, qui les essuya d'un revers du poignet durant sa crise de rire. Après une bonne minute de bidonnage, il se calma tant bien que mal.
- Puis-je savoir qu'est ce qui est aussi hilarant ? Demande la psychologue de la manière la plus sérieuse possible.
- Ah désolé, dit-il en essayant de maîtriser son rire, mais les gens croient vraiment à ça ?!
- Bien sur, pourquoi ?
- Et vous, vous y croyez ? S'enquiert-il avec l'ombre d'un sourire après avoir marqué un temps, zappant totalement la question de Jennyfer.
- Bah oui, enfin je ne sais pas...
Le prisonnier avait récupéré son air immuable et fixait son docteur dans le blanc des yeux. Par sa seule phrase, il venait d'insinuer le doute dans l'esprit de la jeune femme.
J'étais seul ! Et puis sérieusement, vous m'avez vu ? Moi, éliminer 200 gardes formés à tuer et autant aux aguets que des chiens de chasse ?! Et puis même, cinquante hommes pénétrant dans la Maison Blanche sans se faire remarquer, vous y croyez sérieusement ? Non, c'est juste impossible, cette baraque est encore mieux gardée que Fort Knox.
Il marqua un temps, afin de donner du poids à ses propos, avant de reprendre et d’exprimer son opinion envers la jeune psychologue.
- Et moi qui vous prenait pour une femme intelligente, vous me décevez grandement...
Adam accompagna sa dernière phrase d'un signe de tête afin de l'appuyer. La femme semblait perplexe et réfléchir aux paroles de son patient.
- Voila comment l'État marche, il dissimule la vérité à ses citoyens et la transforme totalement afin d'avoir le beau rôle, c'est triste mais c'est comme ça.
- Et donc, c'est quoi la vérité ? Questionne-t-elle d'un air décidé.
- La vérité ? C'est que je ne suis pas fou, répond-t-il avec un sourire dégoulinant de fausseté. Maintenant, je pense qu'on a assez parlé pour que vous ayez diagnostiqué mon état mental.
Les deux individus se dévisageaient, livrant une bataille de regard où leurs convictions s’affrontaient par le biais de leurs yeux. L’échange est la clé. Si cette conversation était une avenue, elle sentait qu’elle approchait d’un cul-de-sac, elle fit donc marche arrière. Elle devait essayer de le comprendre, sonder son esprit afin de savoir de quoi il en retournait en réalité.
- On peut se tutoyer ?
- Pourquoi pas. Répond-t-il avec désinvolture.
- Pourquoi est-ce que tu ne feins pas la folie ? Dans l'hypothèse où tu serais vraiment sain d'esprit, bien sur ?
Le jeune homme se leva et se mit devant les fenêtres grillagées afin de pouvoir bénéficier d'une luminosité dont la source n'était pas artificielle.
- Enfant, ma mère me répétait : « Tu dois toujours dire la vérité, même si elle n'est pas bonne à entendre. »… Feindre la folie serait cracher sur mon honneur et plier face aux grandes instances. Mais quand bien même, ça ne servirait à rien. La preuve de ce que j'avance s'imposera d'elle même aux yeux du monde.
- Ton honneur compte donc plus que ta vie ?
- Mon honneur fait en sorte que j'essaye de sauver des vies tout simplement. Rétorque-t-il du tac au tac.
- Et en quoi sauves-tu des vies ?
- Des personnes ont entendues ce que j'avais a dire, elles sauront quoi faire en temps voulu...
- Alors là... Je peux te dire qu'il y a de fortes chances que tu sois atteint de schizophrénie couplée à un délire ! Tu es peut-être fou et ton esprit a inventé tout ça, qu’est ce que tu en sais après tout ?!
Adam se tourna vivement vers la psychologue et la fixa.
- Pourquoi… Pourquoi faire ça ?
Le président a articulé cette phrase avec difficulté, un filet de sang coulant de sa bouche. Je m'accroupi afin d'être à sa hauteur et de contempler la taille de sa plaie. Il va mourir.
- Je n'ai rien à voir avec votre mort monsieur le président, mais je vais vous répondre. Si je suis ici en ce jour, c'est pour prévenir le peuple du danger qui le guette.
Les yeux du chef d'état s'ouvrent grand avant de récupérer leur taille initiale.
- Vous êtes complètement fou, murmure-t-il.
- Peut-être bien…
Nos regards se croisent.
- Je vais mourir ?
Je n'ai pas le cœur de lui répondre et le serre dans mes bras afin d'éviter de lui confirmer sa mort prochaine.
- Les urgences ne vont pas tarder à venir vous chercher, ne vous inquiétez pas.
Je lui souris d'une manière que je veux réconfortante. Sur son pâle visage, un faible sourire se dessine.
- Je vois…
À la fin de sa phrase, je sens son dernier souffle de vie quitter son corps. Il se fige. Dans le doute, je passe ma main devant ses yeux. Aucune réaction. Il est bien mort. Je pose ma main sur ses paupières et les ferme. Il aura quitter ce monde le sourire aux lèvres. Je me relève et contemple l'œuvre de la mort partout dans le bureau ovale. Le rouge domine l'ensemble de la pièce. Le même rouge qui couvre à la fois mes mains et mes vêtements.
Son regard avait changé et il parlait, à voix basse, de manière presque inaudible.
- Mon esprit aurait inventé tout ca ? Je ne suis pas fou, j'ai vu le sang couler, entendu des coups de feu et sentit la mort à mes côtés ! Crie-t-il, son sang froid s’étant envoler d’un seul coup. Si j'étais fou, comment aurais-je atterris à la Maison Blanche ?! Tu as vu mes soi-disant partenaires ? Non ? Car ils n'existent pas tout simplement !
- Mais...
- Mais quoi ?! L'interromp-t-il. Je vois bien le ton avec lequel tu t'adresses à moi. Ce regard hautain… Tu te penses supérieur à moi parce que tu n'es pas emmurré ici, mais regarde-toi !
Son interlocutrice ne put retenir un frisson, provoqué par son interlocuteur, lui indiquant que ses propos ont fait mouche. Il pointa la main gauche de la jeune femme d'un geste fluide et rapide.
- Je peux la voir sur ta main. La marque d'une alliance fraîchement enlevée. Tu viens probablement d'entamer une procédure de divorce. Vu l'état de tes yeux, tu dors très mal, probablement parce que tu sais que t'auras pas la garde de tes gosses. Le travail te bouffe, ça se voit. Tu dois avoir pris l'habitude de t'enfiler quelques petites bouteilles de vins afin d'oublier tout tes problèmes, non ? Mais le truc, c'est que tes problèmes, c'est de la merde. Regarde-moi…
- Adam… Laisse-t-elle échappée, visiblement blessée par les mots du jeune homme.
- Regarde-moi !
Sa voix était amplifiée par l'écho de la pièce, impressionnant encore plus la jeune femme.
- Je suis dans le couloir de la mort et j'en ai strictement rien à foutre, souffle-t-il. Tu sais pourquoi ?
- ...Pourquoi ?
- On est tous sensés mourir un jour et je ne peux rien faire pour changer ma situation, alors autant faire ça en grande pompe !
Il laissa un petit rire s'échapper de sa gorge tout en écartant les bras. Il garda un sourire figé qui se tarit rapidement, jusqu'à laisser place à un masque d'indifférence. Dans cette posture immobile, il était semblable au Christ Rédempteur. Au-dessus de la masse.
- Mais plus tard, je serais dans les mémoires. Celui qui est mort pour vos péchés, un martyr... Et ce jour-là, vous vous en mordrez les doigts.
La psy ne savait quoi dire face à ce que venait de lui balancer celui qui aurait pu devenir un grand économiste sans cette histoire.
- Ne prenez pas la peine de répondre, je pense qu'on en a fini. Vous pouvez me déclarer fou ou sain d'esprit, je me fous bien de votre avis. J'emmerde le monde, je n’ai besoin de personne pour être certain de mon état mental.
Le prisonnier passa alors à côté de la jeune femme et frappa à la porte afin qu'on la lui ouvre. Le gardien ouvrit l'autre porte et fit signe à Adam de le suivre. Adam se tourna une dernière fois vers Jennyfer, qui la regardait.
- Je ne suis pas fou.
La porte se referma derrière lui et la psy restait plantée la.
- On va se promener. Attends-moi dans le couloir, je dois aller chercher tes menottes, dit le gardien.
Adam était seul dans la salle d’observation. Il éteignit la caméra qui avait filmée l’ensemble de l’entretien avant de lancer un dernier regard à la jeune femme à travers le miroir sans teint. À sa sortie de la salle, il se retrouva nez-à-nez avec elle. Helena. Belle comme toujours. Elle lui sourit.
- Et bien, t'as pas été tendre avec elle dis donc ! Dit-elle d'un air taquin, presque moqueur.
- Laisse-moi, j'ai eu une dure journée, lui répond-t-il avec un sourire en coin.
- Peuple des États-Unis, ainsi que partout dans le monde, écoutez bien ce que j'ai à vous dire. L'état ne pourra m'empêcher de vous déclarer la vérité qu'elle vous, non, qu'elle NOUS cache, depuis maintenant bien trop longtemps...
C'était un rêve, encore, ou plutôt les souvenirs de cette nuit qui le poursuivaient jusque dans ses songes. Il avait été réveillé par les lumières de sa cellule.
- Hey champion, debout ! C'est l'heure de manger !
Le gardien ouvrit la porte avant de poser le plateau aux pieds du prisonnier. Adam regarda le plateau avant de lever les yeux vers celui qui le lui avait ramené.
- Non merci...
Il mit sa tête entre ses genoux, tentant de s'endormir. Le gardien était à la fois exaspéré par le comportement du détenu mais également préoccupé par son état de santé.
- Tu ferais mieux de manger, t'as un autre rendez-vous aujourd'hui. Une psychologue t'attend.
- C'est une blague ? Demande-t-il en levant la tête vers le représentant de l'ordre.
- Pas du tout. Le gouvernement voudrait un second avis sur ton état mental, il semblerait que les personnes là-haut espèrent vraiment que tu sois fou, réplique-t-il avec un sourire en coin.
- Et toi, que penses-tu de ma prétendue folie ?
- Ce que j'en pense ? C'est pas contre toi, mais pour moi t’est juste bon à interner.
- Je vois...
- Le prend pas mal… Mais tout ce que tu as dis, j'y crois pas trop.
- ...
- Mange, ça va faire longtemps maintenant que tu n'as plus rien dans le ventre.
Il referma la porte, laissant le jeune homme seul avec lui-même. Adam se décida à manger, malgré ses chaînes, il avait maintenant l'habitude. Pour ne pas changer, ce repas n'était pas fameux mais il s'en contentait, cela faisait longtemps qu'il n'avait plus goût à rien. Après avoir fini, il se mit à réfléchir. Au monde qui l'entourait, au sens du mot « liberté », à la vie, à sa vie. L'humanité traversait une période extrêmement difficile, même si elle ne le savait pas nécessairement. Adam se relevait et appelait le gardien afin qu'il débarrasse le plateau de sa cellule.
- Je peux t'amener dans la salle maintenant si tu veux, la psy est là depuis longtemps, propose le gardien.
- Tant qu'à faire...
Il détacha un trousseau de clés de sa ceinture et enleva les menottes aux poings et aux chevilles de l'étudiant en commerce.
- Pourquoi ? S'interroge le jeune homme.
- On m'a dit de prendre les mesures qui étaient nécessaires et je ne pense pas que tu aies besoin de ces chaînes.
- Merci…
Les deux hommes marchaient sans dire un mot, seul le bruit de leurs pas résonnaient dans ce long couloir blanc. Ils arrivèrent devant la salle d'interrogatoire et le gardien lui ouvrit la porte.
- Je t'ai enlevé tes chaînes alors ne me le fais pas regretter, à moins que tu ne veuilles finir avec une balle entre les deux yeux.
- Je ne trahirais pas ta confiance, ne t'inquiète pas, le rassure-t-il avec un léger sourire.
Le gardien passa devant lui, avant de se faufiler seul par l'autre porte de la salle, laissant le jeune étudiant lui emboiter le pas. Adam entra dans la salle et s'assit sur la même chaise que deux jours auparavant. La dernière fois il n'avait pas prêté attention à l’agencement de cette pièce. Il y avait deux portes côte-à-côte, celle par laquelle il venait de passer et l'autre, par laquelle viendrait la personne chargée de le diagnostiquer, menant au monde extérieur. Derrière lui, des fenêtres d'une trentaine de centimètres de largeur et d'à peu prés un mètre de hauteur, recouvertes de mailles en acier afin d'empêcher les potentielles tentatives de fuites. La table en face de lui était en métal. Elle était grise et polie, reflétant la lumière des néons accrochés au plafond. Les murs étaient d'une couleur pâle, une teinte de gris donnant à cette salle une aura mécanique, sans âme. La seconde porte s'ouvrit et une femme entra, un dossier à la main. Un chemisier blanc par dessus lequel était posé un tailleur pourpre et une jupe de la même couleur, ainsi que des jambes recouvertes de collants couleur chair. De grands yeux marrons quelque peu rouge et cernés, des sourcils bien dessinés, une bouche assez pulpeuse et très peu de maquillage. Une mèche couvrant son front et ses cheveux tombant, ramenés vers son crâne et accrochés grâce à une pince. C'était une belle femme. Adam l'avait analysée dès l'instant où elle fit son entrée et semblait savoir à quoi s'en tenir tandis que la psychologue se confondit en excuse.
- Excusez-moi, j'étais là en avance mais j'ai du signer des tonnes de papiers... Se justifie-t-elle en souriant. Mais j'en oublie mes bonnes manières…
Elle passa de l'autre côté de la table après avoir posé son tas de feuilles et tendit la main au prisonnier.
- …Je m'appele Jennyfer Ann.
Il dévisagea Jennyfer quelques instant avant de se lever et de la lui serrer. Il se rassit aussitôt.
- Je n'ai pas besoin de me présenter je pense...
Un petit sourire se posa sur ses lèvres alors qu’elle reprenait place sur sa chaise.
- Non effectivement, vous êtes maintenant mondialement connu.
Adam fixait la belle brune tandis que cette dernière passait un rapide coup d'œil à ses notes en silence, lunettes sur le nez.
- Je ne comprend pas.
- Pardon ? S'interroge-t-elle en relevant la tête.
- J'ai été diagnostiqué sain d'esprit, alors pourquoi un deuxième test ?
La psychologue esquissa un sourire et enleva ses lunettes avant de regarder le détenu dans les yeux.
- Qu'est ce qui vous dit que vous avez été diagnostiqué sain d'esprit, Monsieur Williams ? Demande-t-elle d'une manière presque provocatrice.
Elle jouait avec lui, et il le savait. Elle s'était levée et était passée de l'autre côté de la table et s'appuyait contre celle-ci. Il la regardait comme si elle venait de l'insulter, mais semblait presque heureux de sa réponse. Elle le prenait de haut, dans les deux sens du terme, mais ce petit jeu lui plaisait. Il n'avait aucune source de divertissement ici.
- Pour la simple et bonne raison que je le suis, répond-t-il avec le plus beau sourire qu'il avait à offrir. Maintenant, je vais poser ma question différemment. Pourquoi le gouvernement me balance un deuxième diagnostic alors que le premier est concluant ?
La psy haussa les sourcils et regarda ses pieds l'espace d'un instant avant de faire à nouveau face à son interlocuteur.
- Mesure de précaution, afin d'avoir un deuxième avis je pense.
- Non, le deuxième avis ils l'ont eu. Ils étaient deux la dernière fois et n'avaient rien à voir, que ce soit dans leur approche ou dans leur façon d'être. La raison pour laquelle vous êtes là, c'est parce qu'ils ont peur.
- Peur de quoi ?
- De moi ! De ce que je dis, car les hauts placés savent que mes actions reposent sur une vérité à laquelle ils ne sont pas prêts à faire face !
- En quoi votre passage à la télé est-il si dangereux pour eux ?
- Pour le moment, vous ne comprenez pas, mais ça ne saurait tarder, le monde en tremblera…
Il prit une profonde inspiration tandis que Jennyfer était pendue aux lèvres de son patient, attendant de savoir ce qu'il allait dire.
- Dites-moi, qu'est ce que vous savez de ce qu'il s'est passé ce jour-là ? S’informe-t-il.
- Hum... Vous vous êtes introduit avec votre bande dans la Maison Blanche et avez tués à peu près deux cents gardes ainsi que le président des Etats-Unis avant de faire votre fameux discours. Ensuite d'autres gardes sont arrivés, tuant vos cinquante partenaires avant de vous emprisonner.
Williams se mit alors à rire de manière incontrôlée, démente, tandis que Jennyfer le regardait, impassible et muette. Les larmes montaient aux yeux du condamné en sursis, qui les essuya d'un revers du poignet durant sa crise de rire. Après une bonne minute de bidonnage, il se calma tant bien que mal.
- Puis-je savoir qu'est ce qui est aussi hilarant ? Demande la psychologue de la manière la plus sérieuse possible.
- Ah désolé, dit-il en essayant de maîtriser son rire, mais les gens croient vraiment à ça ?!
- Bien sur, pourquoi ?
- Et vous, vous y croyez ? S'enquiert-il avec l'ombre d'un sourire après avoir marqué un temps, zappant totalement la question de Jennyfer.
- Bah oui, enfin je ne sais pas...
Le prisonnier avait récupéré son air immuable et fixait son docteur dans le blanc des yeux. Par sa seule phrase, il venait d'insinuer le doute dans l'esprit de la jeune femme.
J'étais seul ! Et puis sérieusement, vous m'avez vu ? Moi, éliminer 200 gardes formés à tuer et autant aux aguets que des chiens de chasse ?! Et puis même, cinquante hommes pénétrant dans la Maison Blanche sans se faire remarquer, vous y croyez sérieusement ? Non, c'est juste impossible, cette baraque est encore mieux gardée que Fort Knox.
Il marqua un temps, afin de donner du poids à ses propos, avant de reprendre et d’exprimer son opinion envers la jeune psychologue.
- Et moi qui vous prenait pour une femme intelligente, vous me décevez grandement...
Adam accompagna sa dernière phrase d'un signe de tête afin de l'appuyer. La femme semblait perplexe et réfléchir aux paroles de son patient.
- Voila comment l'État marche, il dissimule la vérité à ses citoyens et la transforme totalement afin d'avoir le beau rôle, c'est triste mais c'est comme ça.
- Et donc, c'est quoi la vérité ? Questionne-t-elle d'un air décidé.
- La vérité ? C'est que je ne suis pas fou, répond-t-il avec un sourire dégoulinant de fausseté. Maintenant, je pense qu'on a assez parlé pour que vous ayez diagnostiqué mon état mental.
Les deux individus se dévisageaient, livrant une bataille de regard où leurs convictions s’affrontaient par le biais de leurs yeux. L’échange est la clé. Si cette conversation était une avenue, elle sentait qu’elle approchait d’un cul-de-sac, elle fit donc marche arrière. Elle devait essayer de le comprendre, sonder son esprit afin de savoir de quoi il en retournait en réalité.
- On peut se tutoyer ?
- Pourquoi pas. Répond-t-il avec désinvolture.
- Pourquoi est-ce que tu ne feins pas la folie ? Dans l'hypothèse où tu serais vraiment sain d'esprit, bien sur ?
Le jeune homme se leva et se mit devant les fenêtres grillagées afin de pouvoir bénéficier d'une luminosité dont la source n'était pas artificielle.
- Enfant, ma mère me répétait : « Tu dois toujours dire la vérité, même si elle n'est pas bonne à entendre. »… Feindre la folie serait cracher sur mon honneur et plier face aux grandes instances. Mais quand bien même, ça ne servirait à rien. La preuve de ce que j'avance s'imposera d'elle même aux yeux du monde.
- Ton honneur compte donc plus que ta vie ?
- Mon honneur fait en sorte que j'essaye de sauver des vies tout simplement. Rétorque-t-il du tac au tac.
- Et en quoi sauves-tu des vies ?
- Des personnes ont entendues ce que j'avais a dire, elles sauront quoi faire en temps voulu...
- Alors là... Je peux te dire qu'il y a de fortes chances que tu sois atteint de schizophrénie couplée à un délire ! Tu es peut-être fou et ton esprit a inventé tout ça, qu’est ce que tu en sais après tout ?!
Adam se tourna vivement vers la psychologue et la fixa.
- Pourquoi… Pourquoi faire ça ?
Le président a articulé cette phrase avec difficulté, un filet de sang coulant de sa bouche. Je m'accroupi afin d'être à sa hauteur et de contempler la taille de sa plaie. Il va mourir.
- Je n'ai rien à voir avec votre mort monsieur le président, mais je vais vous répondre. Si je suis ici en ce jour, c'est pour prévenir le peuple du danger qui le guette.
Les yeux du chef d'état s'ouvrent grand avant de récupérer leur taille initiale.
- Vous êtes complètement fou, murmure-t-il.
- Peut-être bien…
Nos regards se croisent.
- Je vais mourir ?
Je n'ai pas le cœur de lui répondre et le serre dans mes bras afin d'éviter de lui confirmer sa mort prochaine.
- Les urgences ne vont pas tarder à venir vous chercher, ne vous inquiétez pas.
Je lui souris d'une manière que je veux réconfortante. Sur son pâle visage, un faible sourire se dessine.
- Je vois…
À la fin de sa phrase, je sens son dernier souffle de vie quitter son corps. Il se fige. Dans le doute, je passe ma main devant ses yeux. Aucune réaction. Il est bien mort. Je pose ma main sur ses paupières et les ferme. Il aura quitter ce monde le sourire aux lèvres. Je me relève et contemple l'œuvre de la mort partout dans le bureau ovale. Le rouge domine l'ensemble de la pièce. Le même rouge qui couvre à la fois mes mains et mes vêtements.
Son regard avait changé et il parlait, à voix basse, de manière presque inaudible.
- Mon esprit aurait inventé tout ca ? Je ne suis pas fou, j'ai vu le sang couler, entendu des coups de feu et sentit la mort à mes côtés ! Crie-t-il, son sang froid s’étant envoler d’un seul coup. Si j'étais fou, comment aurais-je atterris à la Maison Blanche ?! Tu as vu mes soi-disant partenaires ? Non ? Car ils n'existent pas tout simplement !
- Mais...
- Mais quoi ?! L'interromp-t-il. Je vois bien le ton avec lequel tu t'adresses à moi. Ce regard hautain… Tu te penses supérieur à moi parce que tu n'es pas emmurré ici, mais regarde-toi !
Son interlocutrice ne put retenir un frisson, provoqué par son interlocuteur, lui indiquant que ses propos ont fait mouche. Il pointa la main gauche de la jeune femme d'un geste fluide et rapide.
- Je peux la voir sur ta main. La marque d'une alliance fraîchement enlevée. Tu viens probablement d'entamer une procédure de divorce. Vu l'état de tes yeux, tu dors très mal, probablement parce que tu sais que t'auras pas la garde de tes gosses. Le travail te bouffe, ça se voit. Tu dois avoir pris l'habitude de t'enfiler quelques petites bouteilles de vins afin d'oublier tout tes problèmes, non ? Mais le truc, c'est que tes problèmes, c'est de la merde. Regarde-moi…
- Adam… Laisse-t-elle échappée, visiblement blessée par les mots du jeune homme.
- Regarde-moi !
Sa voix était amplifiée par l'écho de la pièce, impressionnant encore plus la jeune femme.
- Je suis dans le couloir de la mort et j'en ai strictement rien à foutre, souffle-t-il. Tu sais pourquoi ?
- ...Pourquoi ?
- On est tous sensés mourir un jour et je ne peux rien faire pour changer ma situation, alors autant faire ça en grande pompe !
Il laissa un petit rire s'échapper de sa gorge tout en écartant les bras. Il garda un sourire figé qui se tarit rapidement, jusqu'à laisser place à un masque d'indifférence. Dans cette posture immobile, il était semblable au Christ Rédempteur. Au-dessus de la masse.
- Mais plus tard, je serais dans les mémoires. Celui qui est mort pour vos péchés, un martyr... Et ce jour-là, vous vous en mordrez les doigts.
La psy ne savait quoi dire face à ce que venait de lui balancer celui qui aurait pu devenir un grand économiste sans cette histoire.
- Ne prenez pas la peine de répondre, je pense qu'on en a fini. Vous pouvez me déclarer fou ou sain d'esprit, je me fous bien de votre avis. J'emmerde le monde, je n’ai besoin de personne pour être certain de mon état mental.
Le prisonnier passa alors à côté de la jeune femme et frappa à la porte afin qu'on la lui ouvre. Le gardien ouvrit l'autre porte et fit signe à Adam de le suivre. Adam se tourna une dernière fois vers Jennyfer, qui la regardait.
- Je ne suis pas fou.
La porte se referma derrière lui et la psy restait plantée la.
- On va se promener. Attends-moi dans le couloir, je dois aller chercher tes menottes, dit le gardien.
Adam était seul dans la salle d’observation. Il éteignit la caméra qui avait filmée l’ensemble de l’entretien avant de lancer un dernier regard à la jeune femme à travers le miroir sans teint. À sa sortie de la salle, il se retrouva nez-à-nez avec elle. Helena. Belle comme toujours. Elle lui sourit.
- Et bien, t'as pas été tendre avec elle dis donc ! Dit-elle d'un air taquin, presque moqueur.
- Laisse-moi, j'ai eu une dure journée, lui répond-t-il avec un sourire en coin.
Commentaires
- Pseudo supprimé
27/11/2012 à 09:04:54
Putain de texte ! Quelques erreurs d'inattention, mais c'est tout pour moi.
Serieusement il déboite ! On sent vraiment bien l'ambiance et on a vraiment envie de savoir ce qu'il a découvert, et s'il est fou ou non.
SUITE !!!