Note de la fic :
Publié le 21/12/2013 à 00:24:49 par Ardilla
Lorsque le soir vint sur la place de Live, Pierre s'avança vers la porte Nord, et laissa la charrette dans l'une des étables de la frontière. Il repartit d'un pas vif, les mains dans les poches, sifflotant railleusement la marche militaire et soulevant sa casquette ironiquement à tous les galonnés qui passaient. Il s'avança vers le quartier Moutarde de Live. Les rues se firent un peu plus étroites mais elles gardaient un luxe qui se voulait discret et élégant. Les ateliers des inventeurs, les petites boutiques spécialisées dans l'armement et dans les objets improbables se succédaient. Un petit labyrinthe pour qui ne connaissait pas, et un quartier bien agréable pour qui connaissait Live. Devant une boutique à la devanture élégante verte foncée et or, qui proclamait modestement, en lettres gothiques :
Peter, inventeur de génie
Pierre s'arrêta. Il entendit à l'intérieur les bribes d'une conversation incompréhensible pour le profane qu'il était : « une soupape à l'arrière... Revois la transmission mon cher Tred... Inventeur, revoyez la manivelle... non l'autre... Thé ? ».
Pierre toussota avec force, sans aucune discrétion, devant la boutique. Une tête à moustache et monocle, les cheveux soigneusement gominés en arrière, la cigarette à la bouche, le col blanc amidonné sans aucune tâche passa par la porte.
-Peter, inventeur de génie, oui c'est lui, un peu occupé pour le moment mais toujours disponible. Oh nom d'une patte hydraulique à valeur, c'est Pierre, entre, entre, c'est un peu le capharnaüm, tu comprends avec Tred... Tu veux du thé ?
Le mot « thé » fut accompagné d'un clin d’œil des plus éloquents que Pierre capta d'un air goguenard.
-Inventeur de génie, vous rayonnez de créativité ce soir ! -salua Pierre selon la formule rituelle qu'appréciait tant Peter- Sans sucre, ni lait pour moi le thé, je vous prie.
L'inventeur en question souleva une carafe en verre délicatement ornée de motifs géométriques à la dernière mode. Le liquide rouge à l'intérieur, d'un rouge rubis, glissa vers un verre tout aussi soigneusement ciselé que le précédent contenant. Avec une délicatesse sans pareille et le doigté d'un chirurgien, Peter passa le verre au jeune homme, avant d'en remplir un autre pour la tête de Tred qui venait d'émerger d'un labyrinthe complexe de tuyaux et de vapeur.
-Inventeur, à votre nouvelle invention !
-Merci merci, Pierre. Encore faudrait-il que ces militaires engoncés dédaignent me donner mon argent , quoi qu'il en soit j'en suis assez fier, je veux dire, pas ma meilleure création, mais pas loin d'une révolution en matière de captation d'Images. J'espère pouvoir la tester bientôt, mais je n'ai pas trouver d'Imagés à la mesure, j'aurais préféré Line, j'ignore où elle est partie mais elle aurait fait un excellent sujet, enfin je veux dire...
-Inventeur de génie, laissons cela pour ce soir n'est-ce pas ? -interrompit Tred- Levons nos verres, oublions les militaires, et sachons simplement apprécier la vie.
-Apprécier la vie... Oui... Tant que nous le pouvons n'est-ce pas ?
Pierre remarqua avec surprise la petitesse de la phrase. Habitué aux longs discours sans fin de l'inventeur, il ne pouvait s'empêcher de trouver ces quelques mots que bien peu suffisants. Il leva les yeux pour observer l'inventeur. Celui-ci fixait le rouge de sa boisson d'un air mélancolique, son monocle cachant mal une mélancolie inhabituelle dans ce regard fait pour exploser et rire.
Tred l'avait aussi remarqué, mais il semblait, lui, comprendre ce soudain accès de rêverie. Il leva son verre, le but d'un trait, et sourit doucement à l'inventeur. Celui-ci posa sa cuvée, sans en avoir bu une seule goutte, et se tourna vers Pierre.
-Je suis désolée, je ne vous accompagnerai pas. J'attends un ami, un vieil ami qui devrait arriver ce soir ou demain, et je m'en voudrais de l’accueillir enfariné, après une nuit embrumée par l'alcool. Je me raidis un peu.
Avant que Pierre n'ait pu dire quoi que ce soit, Tred avait remercié l'inventeur et avait entraîné son ami dehors.
-Tred, il se passe quoi ? Peter n'a rien bu de sa cuvée spéciale, il ne nous accompagne pas, je n'ai rien entendu de ses histoires de l'Ancienne Catastrophe.
-Écoute Pierre, moi non plus je sais pas trop. Je sais juste que ça sent pas trop bon pour l'inventeur. Et j'aime bien cet homme là, en dehors de sa capacité à descendre des verres avec nous. Alors on le laisse tranquille et puis on verra, d'accord ?
-... Ok. On file à la Tranchée ?
-Non, je peux pas, ils ont refusé d'augmenter l'heure de mon laissez-passer.
-Quoi ? Mais ça passe d'habitude !
-Ils sont inquiets. Des mouvements ont été signalés entre ici et la ville des sans-fronts. Les passages sont fermés apparemment.
-Images ou hommes ?
-Les deux mon général. Et j'ai aucune envie de me retrouver face à une Image désespérée ou face à une Gueule Tordue.
La fin de la conversation dura dans le silence de Live. Pierre ne dit plus rien, il enfonça les mains dans les poches et continua de marcher, Tred à ses côtés. Ils marchèrent jusqu'à la porte, se quittèrent vite en se promettant de vider la réserve de cuvée Obus de la Tranchée la prochaine fois et prirent chacun leurs affaires.
Peter, inventeur de génie
Pierre s'arrêta. Il entendit à l'intérieur les bribes d'une conversation incompréhensible pour le profane qu'il était : « une soupape à l'arrière... Revois la transmission mon cher Tred... Inventeur, revoyez la manivelle... non l'autre... Thé ? ».
Pierre toussota avec force, sans aucune discrétion, devant la boutique. Une tête à moustache et monocle, les cheveux soigneusement gominés en arrière, la cigarette à la bouche, le col blanc amidonné sans aucune tâche passa par la porte.
-Peter, inventeur de génie, oui c'est lui, un peu occupé pour le moment mais toujours disponible. Oh nom d'une patte hydraulique à valeur, c'est Pierre, entre, entre, c'est un peu le capharnaüm, tu comprends avec Tred... Tu veux du thé ?
Le mot « thé » fut accompagné d'un clin d’œil des plus éloquents que Pierre capta d'un air goguenard.
-Inventeur de génie, vous rayonnez de créativité ce soir ! -salua Pierre selon la formule rituelle qu'appréciait tant Peter- Sans sucre, ni lait pour moi le thé, je vous prie.
L'inventeur en question souleva une carafe en verre délicatement ornée de motifs géométriques à la dernière mode. Le liquide rouge à l'intérieur, d'un rouge rubis, glissa vers un verre tout aussi soigneusement ciselé que le précédent contenant. Avec une délicatesse sans pareille et le doigté d'un chirurgien, Peter passa le verre au jeune homme, avant d'en remplir un autre pour la tête de Tred qui venait d'émerger d'un labyrinthe complexe de tuyaux et de vapeur.
-Inventeur, à votre nouvelle invention !
-Merci merci, Pierre. Encore faudrait-il que ces militaires engoncés dédaignent me donner mon argent , quoi qu'il en soit j'en suis assez fier, je veux dire, pas ma meilleure création, mais pas loin d'une révolution en matière de captation d'Images. J'espère pouvoir la tester bientôt, mais je n'ai pas trouver d'Imagés à la mesure, j'aurais préféré Line, j'ignore où elle est partie mais elle aurait fait un excellent sujet, enfin je veux dire...
-Inventeur de génie, laissons cela pour ce soir n'est-ce pas ? -interrompit Tred- Levons nos verres, oublions les militaires, et sachons simplement apprécier la vie.
-Apprécier la vie... Oui... Tant que nous le pouvons n'est-ce pas ?
Pierre remarqua avec surprise la petitesse de la phrase. Habitué aux longs discours sans fin de l'inventeur, il ne pouvait s'empêcher de trouver ces quelques mots que bien peu suffisants. Il leva les yeux pour observer l'inventeur. Celui-ci fixait le rouge de sa boisson d'un air mélancolique, son monocle cachant mal une mélancolie inhabituelle dans ce regard fait pour exploser et rire.
Tred l'avait aussi remarqué, mais il semblait, lui, comprendre ce soudain accès de rêverie. Il leva son verre, le but d'un trait, et sourit doucement à l'inventeur. Celui-ci posa sa cuvée, sans en avoir bu une seule goutte, et se tourna vers Pierre.
-Je suis désolée, je ne vous accompagnerai pas. J'attends un ami, un vieil ami qui devrait arriver ce soir ou demain, et je m'en voudrais de l’accueillir enfariné, après une nuit embrumée par l'alcool. Je me raidis un peu.
Avant que Pierre n'ait pu dire quoi que ce soit, Tred avait remercié l'inventeur et avait entraîné son ami dehors.
-Tred, il se passe quoi ? Peter n'a rien bu de sa cuvée spéciale, il ne nous accompagne pas, je n'ai rien entendu de ses histoires de l'Ancienne Catastrophe.
-Écoute Pierre, moi non plus je sais pas trop. Je sais juste que ça sent pas trop bon pour l'inventeur. Et j'aime bien cet homme là, en dehors de sa capacité à descendre des verres avec nous. Alors on le laisse tranquille et puis on verra, d'accord ?
-... Ok. On file à la Tranchée ?
-Non, je peux pas, ils ont refusé d'augmenter l'heure de mon laissez-passer.
-Quoi ? Mais ça passe d'habitude !
-Ils sont inquiets. Des mouvements ont été signalés entre ici et la ville des sans-fronts. Les passages sont fermés apparemment.
-Images ou hommes ?
-Les deux mon général. Et j'ai aucune envie de me retrouver face à une Image désespérée ou face à une Gueule Tordue.
La fin de la conversation dura dans le silence de Live. Pierre ne dit plus rien, il enfonça les mains dans les poches et continua de marcher, Tred à ses côtés. Ils marchèrent jusqu'à la porte, se quittèrent vite en se promettant de vider la réserve de cuvée Obus de la Tranchée la prochaine fois et prirent chacun leurs affaires.