Note de la fic : Non notée
Publié le 09/11/2013 à 13:06:32 par OwenZilco
De cette pluie nuptiale aux fines gouttes de cristal laissant refléter au travers de leur pureté ces bâtisses cyniques me vient cette haine. Cette haine qui m'anime de toute mon âme. Cette haine faisant jaillir ma flamme. Cette haine me donnant la force d'être arrivé ici. Tout simplement, cette haine de cette société illusoire.
On m'a enseigné tant de valeurs chères à l'Homme, tant de valeurs qui ne sont que les brumes d'une idylle perdue.
Cette pluie qui bat son plein, qui me frappe au visage... Elle n'est autre que le reflet de tout ce que l’on veut nous inculquer. Cette averse est similaire à ces valeurs, qu'on souhaite tellement, qui nous sont fondamentales, qui nous permettent de survivre mais qui sont impossible à saisir.
Ces si précieuses valeurs qui nous glissent entre les doigts dès que l'on veut les retenir...
Qu'est-ce que la morale si ce n'est un amas d'hypocrisies étouffées de haute société pour nous imposer un point de vue et nous donner un idéal qu'eux-mêmes, grands hommes, ne savent pas suivre ?
Ah, ils nous ont servis nos Voltaire, Rousseau et autres grands philosophes ! Le peuple est toujours aussi stupide... La démocratie. La monarchie douce oui... Ah ! Je rigole de votre naïveté, vous croyez vraiment que vous avez le choix ! Je fonds en larmes tellement vous êtes risibles ! Pitoyables créatures vaniteuses qui ne pensent qu'à choisir leur destin mais qui ne sont pas capable de voir qu'ils ne contrôlent absolument rien.
Justice, morale, altruisme... Tous ces termes ne trouvant leur sens que dans leur opposé.
Je suis cette ombre dansant au travers de ces ruelles. Je suis cette ombre vibrant sur ces murs. Je suis cette ombre souhaitant la fin de ce système. Je suis cette ombre séparant les ténèbres du chaos, et même si mon destin n'est semblable qu'à une nébuleuse dominant tel un voile sombre ce ciel étoilé, je ne cesserais de vivre que lorsque cette société se sera perdue.
Justice, morale, altruisme... Ces mots sans signification...
Où trouver de la morale lorsque les gens ne souhaitent que l'honneur ? Où trouver de l'honneur lorsque les gens ne souhaitent que survivre ? Même si ce n'est que tel des chiens rampants et dégoulinants d'intéressement envers leurs supérieurs.
Justice, morale, altruisme... Ces valeurs factices.
Nous ne savons même plus vers qui nous tourner lorsque nous sommes victimes. Personne ne nous aidera, et surtout pas la justice.
Je hais cette société fausse. Mais elle ne trouvera jamais de fin sous un tel système. Et pour faire tomber ce système, il faut faire tomber ce gouvernement. Oh oui... Notre très cher gouvernement... Qui nous manipule et qui n'a de cesse que de faire ce qu'il souhaite. La politique...
Tant de pouvoirs délégués à des hommes cupides...
Je suis cette ombre voulant la fin de tout ceci. Oui. Un moralisateur. Un fou. C'est ainsi que le commun me nommera.
Je vous sens, vous vous demandez ce qu'il me passe par la tête. Qu'est-ce qu'il peut bien m'arriver.
J'en ai simplement assez de ce monde sans cesse en proie à la guerre, de ce monde où règne l'injustice, de ce monde pourri.
Ne vous êtes-vous jamais senti mal dans votre peau ? N'avez-vous jamais ressenti ce genre de crasse indécrottable ? Je ne veux pas parler d'un point de vu physiologique, mais... au plus profond de vous-même ? Ce genre de sentiment inexplicable qui reste coincé au travers de la gorge et que rien n'arrive à retirer ? Non ? Et bien moi c'est ce que j'ai ressenti.
Lontania... Poétique comme nom n'est-ce pas ? Si vous savez quelle mélancolie il m'inspire... Un envol de colombes ne formant plus qu'un doux nuage délicat et blanc comme de la neige où les anges y poseraient leur tête pour un long repos.
Et bien la vérité y est tout autre. C'était la chose de trop dans cet enfer de monde. Et vous allez comprendre mon ressentiment.
Des scientifiques se sont demandés si l'humain était vraiment un animal. Ils ont proposés un programme à notre cher gouvernement, dans lequel beaucoup de questions étaient posées mais également dans lequel certaines conditions étaient imposées.
L'Homme peut-il vivre détaché de son modèle de société ?
Jusqu'où l'instinct de survie peut pousser l'Homme ?
L'Homme sans toutes ses conventions n'est-il pas semblable à un animal ?
L'Homme est-il un animal ?
Tant de questions auxquelles on ne peut allouer que des hypothèses. Mais là était toute la différence. Dans cette expérience les scientifiques proposaient tout simplement de faire construire une ville.
Dix milles personnes, pas de nourriture, des armes à foison, une ville entourée d'une muraille titanesque que même un dieu ne pourrait franchir, et tout cela dans un immense désert, durant quarante jours.
Des familles à travers le monde furent enlevées et installées dans cet enfer. On s'amusa également au choc culturel bien entendu. Personne ne sut ce qu'il était arrivé à tous ces gens. Classé secret défense, cette expérience si bénéfique aux yeux du gouvernement ne pouvait cependant être révélée au grand public. Etrange.
Moi ? Non, je ne faisais pas parti de ces dix milles personnes. Moi c'est ce sentiment de culpabilité qui me rongeait qui m'a poussé à entrer dans cette ville avant qu'elle ne se trouve condamnée.
Je suis un haut placé de l'Etat qui ne cautionne pas ce qu'il se passe. Je ne veux pas faire semblant, je veux revenir avec une trace de tout cela. Montrer au monde entier ce qu'il se passe dans notre dos. Pour montrer au monde entier ce qu'on nous cache. Pour montrer au monde entier que ce gouvernement est pourri.
Certains ne comprendront pas le but de cette expérience alors qu'il y a toutes ces guerres à travers le monde. Et bien vous savez quoi ? Moi non plus je ne comprends pas le pourquoi d'une telle expérience.
Je ne supporte pas ce qu'il se passe à la surface de cette planète, et récemment, j'ai tenté de me suicider. Tentative loupée, la vie s'accrochait encore à moi. Alors quand j'ai enfin pu voir que je pouvais faire quelque chose pour changer cette merde et peut-être faire comprendre aux gens ce qui cloche dans ce monde, j'ai préféré prendre le risque d'aller crever en tentant de dévoiler la face cachée de cette société plutôt que de partir en lâche.
C'est à travers cette expérience que je veux que le commun se monte en révolution, pour former un nouvel Eden.
Allez, c’est l’heure de la désillusion les enfants. Je vous ai présenté tout cela comme horrible, mais je ne suis pas tout rose non plus. Vous voulez savoir comment je suis entré là-dedans ?
Simplement, je suis un terroriste qui s’est fait arrêter alors que je préparais un attentat. En échange de ma liberté, on m’a engagé comme mercenaire pour veiller en haut de la muraille à ce que personne ne s’évade. Chose plutôt plaisante. Je méprise ces êtres et on m’a donné ordre de tirer à vue sur quiconque tenterait de franchir par n’importe quel moyen la muraille. Voilà d’où je tire le titre de haut placé de l’Etat.
Ils sont peut-être pourris jusqu’à l’os et mauvais au gouvernement, mais ils sont loin d’être idiots. Exiger à des prisonniers de longues dates d’assurer la sécurité pour éviter d’y amener leurs propres soldats. De toute manière, on ne pourra pas fuir vu l’endroit dans lequel nous avons été déposé, je ne saurais même pas comment sortir de ce désert même avec une jeep.
Je sais qu’à présent, dans vos petites cervelles de simples humains conformistes, je vous apparais comme un vilain terroriste tout pas beau. Mais la réalité est tout autre, je suis simplement votre sauveur. Je suis entré dans un groupe d’extrémistes religieux pour le simple fait de savoir que j’aurais du sang sur les mains et que je pourrais épurer cette planète. Je ne croyais pas à leur histoire de dieux. S’ils ont besoin d’un ami imaginaire pour leur dire ce qui est bien ou non, grand bien leur fasse. S’il y avait un Dieu, notre monde ne serait pas aussi désuet. Les seuls dieux actuellement sont ceux qui ont tous les pouvoirs, les politiciens. En tant que tels, je me vois pratiquement comme un tueur divin. Une fois que les dieux auront été détrônés, l’Humanité pourra revivre de ses cendres et être fière. Mais jusqu’alors, je ne laisserais personne survivre. J’ai définitivement perdu foi en l’espèce humaine actuelle. Il faut la refonder, non plus avec des valeurs inutiles et fausses, mais avec ce qui fait l’essence même de l’Homme : l’instinct. Exactement, en laissant notre instinct prendre le dessus et revenir à nos origines. Ainsi nous serons purs.
Vous me direz alors pourquoi je m’oppose à cette expérience faisant en sorte de prouver que l’Homme est un animal ? Tout simplement car le gouvernement tournera cela de telle sorte que vous croirez que l’on a besoin d’un modèle de société. Mais moi, j’arriverais avec une toute autre version, je montrerais que c’est comme cela que nous devons vivre, comme des animaux. Et tout le monde comprendra enfin le message que je souhaite faire passer ! Tout le monde sera à mes pieds lorsque je leur aurais ouvert les yeux. Je deviendrais le roi des animaux ! On me respectera, j’aurais des femmes par milliers, on m’amènera la nourriture ! Ce sera l’anarchie ! Plus de lois inutiles, plus de justice ne fonctionnant pas ! Il n’y aura plus que l’honneur, l’instinct et le besoin qui primeront ! L’économie n’existera plus, il n’y aura plus d’autres leaders que moi ! Les gens me remercieront de leur avoir rendu leur liberté ! Absolument tout le monde sera heureux ! Nous primerons sur l’ancienne espèce humaine !
Ah ! Quelle vision de bonheur… Mais je ne me leurre pas et je sais rester rationnel, même si une fois sorti d’ici je pourrais montrer tout cela, il faut encore que je m’en sorte !
Que de joie à portée de mains…
Je me doute que vous n’en avez que faire de m’entendre déblatérer encore et encore, c’est pourquoi, je vais dès à présent vous raconterez mon histoire au sein de cette ville jusqu’au moment où je vous parle actuellement.
Je m’en souviens comme si c’était hier. J’ai été longuement transporté en voiture avec un sac sur la tête. Il faisait horriblement chaud, ça en devenait étouffant, plus d’une fois j’ai cru tourner de l’œil. La chaleur était oppressante et ce sac m’empêchait de respirer correctement.
Je savais qu’on était plusieurs. J’entendais d’autres véhicules aux environs et l’un de mes voisins de banquette m’exaspérait. Il ne cessait de se plaindre. J’ai brièvement entendu un coup de feu. Le bonhomme ne m’a plus jamais énervé. J’ai rapidement compris qu’on éliminait à la moindre rébellion. Je ne saurais dire si c’était au bout de plusieurs minutes ou de plusieurs heures, mais les jeeps s’arrêtèrent. Le trajet avait été assez long. On m’a fait descendre du véhicule et on ouvra une porte.
J’ai gravis de nombreuses marches et l’on m’a enlevé ce que j’avais sur la tête. On m’a donné un fusil à lunette de précision et on m’a donné les instructions que j’avais citées auparavant, celle de tirer à vue. Ensuite, nous avons fait le tour de l’endroit, et nous avons été assignés tour à tour à un endroit pour surveiller. Un mercenaire était posté tous les dix mètres. Sachant que la muraille faisait le tour de la ville, je vous laisse imaginer le nombre de personnes engagées. Nous avions chacun cinq mètres carrées pour nous dans lesquels nous avions un lit de fortune (bien que l’on aurait plutôt cru à une toile surélevée sur quatre poteaux), une caisse d’armes relativement petite comportant deux grenades de divers types et des munitions, une boîte de vivre contenant eau et rations militaires pour deux mois (à défaut de la qualité, il y avait au moins une quantité plus que suffisante), une lampe et enfin, une fenêtre de chaque côté de la muraille pour surveiller.
D’ailleurs, ayant jeté un coup d’œil rapide sur la « ville », je me souviens avoir eu un léger rictus. Une ville. Quelle bonne blague. Cet endroit paraissait minuscule, je me demandais comment on pouvait y mettre dix mille personnes là-dedans. Un vrai travail de fonctionnaire ! Des immeubles comportant, je supposais, de ridiculement petits appartements étaient empaquetés les uns sur les autres. On y distinguait à peine les ruelles et il n’y avait que quatre allés principales se rejoignant en forme de croix vers le centre de la ville.
Passons. Nous n’avions que peu d’espace vital, comme je l’ai dit, chacun cinq mètres carrés, sachant que chaque voisins mordaient toujours sur l’espace d’un autre pour avoir son endroit comme convenu.
Les militaires nous ayant déposés partirent dès la visite finie en nous indiquant que les cobayes seraient tous en ville dès demain. Ca laissait la nuit pour prendre mes marques…
Certains installèrent de façon moins sommaire l’endroit, d’autres mangèrent, d’autres encore inspectèrent la ville avec leur lunette de précision, mais aucun (du moins, de ce que je voyais de là où j’étais) ne fit l’effort de tenter de parler à un autre.
N’ayant que faire de toute cela, je me rinça juste la gorge avec un peu d’eau et parti dormir. La nuit était plutôt calme, personne ne fit de bruit, et malgré la pauvre installation nous servant de lit, je n’eus aucun mal à dormir. Je sais que la nuit, contrairement à la journée, il fait extrêmement froid dans la désert. Pourtant, je ne ressenti pas durant une seule seconde ne serait-ce qu’un frisson. La muraille était bien isolée. Dans un sens, ce n’est pas étonnant non plus. Quand je la voyais par la fenêtre, elle ressemblait à une immense structure métallique que même un char d’assaut chatouillerait.
J’aurais pu dire que je commençais à me plonger au sein du royaume des songes si ce qu’il s’était passé ne s’était justement pas passé. Un type me réveilla en faisant tomber juste à côté de moi une boite de conserve. Il avait la main dans ma caisse de nourriture.
Il va s’en dire que je me suis levé d’un bond et que je lui ai collé mon fusil sur la tempe avant de hurler à tout le monde pouvant le voir de bien le regarder. La plupart des lampes s’allumèrent. Le type ne bougeait plus, le fusil sur le crâne, la main à l’intérieur de mon bien.
La majorité des gars se contentèrent d’observer ce qu’il allait se passer, il n’y en a juste un qui s’approcha en courant en suppliant de ne pas tirer. Sa tête explosa après un magnifique coup de feu d’un mec qui lui indiqua après coup de laisser faire. Je ne le voyais pas, il était trop loin, mais ce qui était amusant, c’était de voir s’arrêter net l’autre chevalier blanc dans une effusion de sang, je déteste ce genre de personnes.
Une fois l’incident passé, je me souviens avoir dit pratiquement mot pour mot : « Nous avons tous assez de rations pour vivre pendant plus que la durée du séjour, les citoyens ne sont pas encore arrivé, beaucoup n’ont même pas encore mangé, et cette ordure se permet de me piquer de la bouffe pendant mon sommeil. Sachez une chose, je ne le tolère pas. »
Et sur ces douces paroles, j’appuyai sur la détente. Son crâne se fit projeter à quelques mettre en se détachant de son corps grâce à la puissance du tir. Le tronc s’écroula en laissant un joli jet rouge s’échapper de sa gorge, comme de la confiture qu’on ferait bouillir. Ça me rappelait des souvenir d’enfance, c’était amusant.
Cependant, son sang impur m’avait giclé au visage, et c’est non sans dégoût que je pris ses chaussettes pour m’essuyer le visage. Je ne voulais pas que l’essence de vie d’un sous-être entre en contact avec ma personne.
Il se trouvait que ce type était celui qui logeait juste à côté de moi. Ça me laissait donc un plus grand espace de vie dès à présent et ça me permettait également de me servir à mon bon vouloir dans son ancienne caisse.
Les lumières s’éteignirent ensuite au fur et à mesure, dans un silence pesant qui voulait tout dire. On me respectait. Qui ne me respecterait pas ?
Je m’endormis de nouveau sur mes deux oreilles cette fois-ci. Et mon second réveil ne fut autre que très tôt le matin, lorsque des cris et des pleurs retentirent en ville.