Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

Tard dans la nuit


Par : Warser
Genre : Fantastique
Statut : Terminée



Chapitre 3


Publié le 30/10/2013 à 00:18:25 par Warser

- C'était magnifique...
C. lui adressa un sourire. Tout se passait parfaitement. Il ne restait plus qu'à éclaircir ce petit détail, qui le gênait toujours.
- Peut-être que je rejouerai pour vous, plus tard... Mais, dites moi, vos parents... J'ai l'impression qu'ils ne viennent pas souvent ici, si ?
- Oh non. Ils ne sont jamais là, toujours dans leurs appartements parisiens. A propos, je vous proposerais bien leur chambre, mais vous avez pu constater les goûts très originaux de mon père... Il reste ma chambre, acheva-t-elle.
Un demi-sourire passa sur les lèvres de C. C'était facile.
- S'il le faut, répondit-il avec un regard appuyé.
Il chercha les yeux de la jeune fille, qui semblaient le fuir. Elle aime jouer, se dit C. L'espace d'un instant, il trouva ses pupilles d'un vert profond. Une sensation étrange, agréable et inquiétante, le submergea pendant cette seconde où il plongeait son regard dans ces deux amandes douces, qui paraient si bien leur écrin d'albâtre. Il cligna des yeux, et vit à nouveau la jeune fille enjouée qui avait bu ses paroles toute la soirée avec admiration
- Je vais nous chercher à boire, dit-elle en souriant.

C. s'enfonça dans un canapé, parfaitement détendu, puis jeta un regard aux tableaux qui trônaient, accrochés aux murs de la pièce. À en juger par les vêtements et coiffures des personnages représentés, leur existence remontait peut-être au 18ème siècle. Un couple et une jeune fille, sur certains d'entre eux. Puis, sur d'autres, la jeune fille était seul. Une peau blanche, et nacrée, de longs cheveux bruns, des yeux verts brillants.
Était-ce sa charmante hôte, sur les derniers tableaux ? Oui, sans aucun doute. L'artiste avait su saisir avec justesse l'étincelle d'identité du personnage. Les gens de cette maison avaient décidément un style de vie bien étrange, se disait C.. Un père excentrique hors de son temps, recouvrant le mur de son salon de tableaux de sa fille, c'était peu commun, peut-être même un peu malsain.
Il se leva, et s'approcha de l'un d'entre eux. En dessous, sur une plaque dorée et à l'encre noire, était inscrit : « Lena Dwaight, 1835-1856 »
C. sentit son cœur s'accélérer. C'était impossible. Ce n'était pas elle, c'était une ancêtre. Une ressemblance troublante, ça pouvait arriver. Mais alors... Pourquoi avait-il peur ? C'était cette satanée collection, il en était sûr. Ce père. Des papillons morts, fichés au mur... la pensée lui retraversa l'esprit, et il la chassa aussitôt. Pour le moment, il était seule avec cette fille superbe et pendue à ses paroles, il n'avait plus qu'à porter le coup de grâce pour profiter de sa victoire. C. se promit de partir le plus tôt possible, à l'aube. Mieux valait ne rien risquer avec de vieux riches marginaux et un peu fous.
Il respirait lentement, tentant de se calmer. Après tout, qu'en savait-il ? Il n'y avait pas de raison que l'homme soit dangereux. Sans doute juste un peu étrange.

Charles entra, sa silhouette droite dessinée dans l'encadrement de la porte.
- Tout va bien, monsieur ? J'ai entendu du bruit.
- Ah, vous tombez bien. Depuis quand êtes vous en service ici ?
Charles haussa un sourcil.
- Vingt ans, monsieur. Pour autant que je me souvienne.
- Le maître des lieux est un peu... excentrique, n'est-ce pas ?
- Je crains qu'il y aie un malentendu, monsieur. Voilà longtemps que mademoiselle est seule maîtresse ici, répondit-il.
C. écarquilla les yeux sous la surprise.
- Mais...
- Je me dois de vous laisser, monsieur, coupa le majordome d'une voix presque empressée. Mademoiselle s'occupera de vous.
Le majordome sortit, laissant C. enfoncé dans un canapé, toujours sous l'effet du coup. Avant qu'il n'aie pu peser les conséquences de cette révélation, la porte s'ouvrit à nouveau, sur la silhouette longue et fine de son hôte.
- Lève toi, dit-elle.
C. sentit ses jambes agir contre son gré. Il était debout, au milieu de la pièce, suant à grosses gouttes, sans exactement savoir pourquoi. Les yeux verts de la jeune fille ne brillaient plus, et sa peau, à la lumière du feu, semblait plus blanche que jamais. Son sourire avait disparu. Elle était belle, belle et froide.
- Tu connais mon nom maintenant, reprit-elle d'une voix douce. Je veux savoir le tien.
- Camille, répondit C. malgré lui.
- Maintenant, nous allons boire, comme promis, Camille.
Elle s'approcha de lui lentement. À chaque pas, il sentait tous les instincts de son corps remonter, et crier de concert avec violence. L'instinct de survie, surtout, dépassait tous les autres. Il avait peur, mais il ne pouvait pas fuir, ses jambes ne répondaient plus aux messages de détresse qu'il leur envoyait.
- C'était facile, Camille.
Son visage s'approchait de celui de C. Il sentait son souffle inodore lui glacer les os. Oui, elle avait eu partie facile. Les lèvres de Lena s'approchaient de son cou.
- Calme toi, Camille. Je veux faire durer le plaisir, poursuivit-elle, presque murmurante.
- C. ferma les yeux, incertain de ce qui allait se passer. Il sentait juste la fin venir, avec douceur.Il sentit deux canines presser contre sa nuque, sur l'artère principale. Un dernier murmure lui parvint aux oreilles.
- Tu es doué, Camille. Tu seras délicieux.


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