Note de la fic : Non notée
Publié le 26/09/2013 à 20:07:26 par Games
« Sérieusement ? Tu pensais que ça allait le faire ? Sors un peu de ton monde Ed’ ! »
Une pile de feuille chamboulée, une porte claquée et un juron lancé. C’étaient les trois éléments qu’Edward enregistra. Ceux-ci démontrent un sentiment de colère aiguë très décelable chez l’être humain. Il analysa le tout et le nota dans son petit carnet. Il notait tout dans celui-ci, tout y était, comme si ses études en psychologie ne lui collaient pas assez à la peau. Après s’être levé de son fauteuil vert matelassé et remis son petit carnet en cuir sur son bureau, il se leva doucement en se passant une main dans les cheveux. Il était un peu désorienté, tonnant intérieurement sur des réponses qu’il aurait dû formuler. Il se traina d’un pas lent jusqu’à l’autre bout de la pièce.
Son appartement était vaste et spacieux, mais sombre. Edward n’aimait pas le bruit ambiant qui se dégageait de la rue en contrebas et tant pis pour la lumière du jour, il se comportait bien sans. Il laissait donc les volets en bois fermés, ce qui le coupait des fois de la réalité, s’imaginant tour à tour vestige d’un temps ancien qui n’attendait que d’être découvert puis ermite philosophe reclus de la civilisation. Dans tous les cas, son aspect misanthrope prenait le dessus et modélisait des histoires tout aussi fantastiques les unes que les autres. Mais son imagination débordante s’était évaporée à cet instant, donnant une sensation de vide chez lui.
Il avait atteint la salle de bain, ses deux mains sur le lavabo et regardait le miroir en face de lui. Un visage blême s’étendait sur la surface polie. Deux yeux bruns surplombaient les poches légèrement violacées trahissant un manque de sommeil évident. Une légère cicatrice partait de l’œil droit jusqu’au milieu de la joue du même côté. En observant cela, un vague souvenir d’enfance s’éveilla en lui mais s’éteignit rapidement, lueur d’une existence moribonde. Il releva une mèche de cheveu brun qui lui courait sur le tympan.
Il tourna lentement le robinet chromé d’eau froide pour se passer une main humide sur le visage qu’il avait observé quelques secondes avant. La fraîcheur du liquide le réveilla de sa torpeur instantanément. Quelques gouttes glissèrent le long de son cou. Il resta là quelques minutes durant, contemplant les traits de son visage, regardant intérieurement en lui-même la source de sa torpeur.
Etait-il lui-même à cet instant ?
Sans doute pas. Il sentit son corps trembler. Il agrippait le rebord du lavabo blanc nerveusement.
Il devait sortir, voir le monde. Il le sentait. Cela avait trop duré. Ces nuits blanches, ces fois où il avait passé des heures à contempler l’esprit humain devant sa bibliothèque, au travers de ces traités, de ces grands hommes. Il voulait soudain explorer la réalité. Il voulait voir si les livres disaient vrais. Il voulait voir si ces chercheurs étaient des rats de laboratoire comme lui ou des penseurs et analystes géniaux.
Il sursauta. C’était la première fois qu’il s’entendait parler d’une telle manière. Mais il avait toujours cette envie frénétique de sortir de son appartement. Celle-ci ne cessait de croître.
Il renfila rapidement son t-shirt, pris ses clefs puis se figea. Son petit carnet noir était toujours posé sur son bureau. Le livret brillait au milieu de l’enchevêtrement de livre, de brouillon et de feuillet griffonné à la hâte. Le cuir sombre reflétait presque le visage d’Edward, en proie à de soudains enjeux.
Fallait-il qu’il le prenne ?
Devait-il sortir sans sa précieuse source d’information ?
Un petit recueil qui concentrait presque l’intégralité de sa jeunesse. Sa main s’avança lentement vers la couverture satinée. Il la caressa, tendrement, comme si il se trouvait en présence d’une jeune fille. Soudain, il le prit violemment, un rictus déchirant ses lèvres, et le jeta de l’autre côté de la pièce tamisée, fracassant sur son passage un bouquet de fleur aux pétales dépassées, pour ensuite aller se loger dans la porte en contreplaqué d’un meuble bas et poussiéreux.
Edward se précipita, dans une frénésie explosive, sur le parquet grinçant et brunît. La lourde porte métallique s’ouvrit pour laisser passer le jeune homme entre ses montants lambrissés. Il ne prit même pas la peine et le temps de fermer à clef, continuant sa course vers les ascenseurs.
Il s’arrêta net à leur niveau, appuyant nerveusement sur les boutons. Les grands panneaux d’aciers ne s’ouvraient pas, en fait, ils ne s’ouvraient jamais. L’étudiant venait de remarquer le petit panneau en carton qui indiquait l’état dégradé des élévateurs.
Plusieurs secondes passèrent avant qu’il ne comprenne que l’escalier de service était ouvert à gauche des cages d’ascenseurs. Sa folie impétueuse reprit de plus belle quand il poussa le battant pour s’engouffrer dans les marches tortueuses et irrégulières qui semblaient descendre jusqu’aux Enfers. Il sauta plusieurs marches d’un bond, prenant appui sur la rampe mangée aux mites. Jamais dans sa vie il n’avait expérimenté une telle agilité. Celle-ci le faisait grimper, sauter, bondir, courir, glisser dans un escalier dont il avait habituellement la phobie.
Sa précipitation le fit dévaler la longue suite d’escalier et de couloir labyrinthique, se retrouvant enfin devant la massive porte de chêne. Une simple frontière le séparait maintenant du reste.
D’un côté, la rue, la ville, la civilisation.
De l’autre, lui.
Une pile de feuille chamboulée, une porte claquée et un juron lancé. C’étaient les trois éléments qu’Edward enregistra. Ceux-ci démontrent un sentiment de colère aiguë très décelable chez l’être humain. Il analysa le tout et le nota dans son petit carnet. Il notait tout dans celui-ci, tout y était, comme si ses études en psychologie ne lui collaient pas assez à la peau. Après s’être levé de son fauteuil vert matelassé et remis son petit carnet en cuir sur son bureau, il se leva doucement en se passant une main dans les cheveux. Il était un peu désorienté, tonnant intérieurement sur des réponses qu’il aurait dû formuler. Il se traina d’un pas lent jusqu’à l’autre bout de la pièce.
Son appartement était vaste et spacieux, mais sombre. Edward n’aimait pas le bruit ambiant qui se dégageait de la rue en contrebas et tant pis pour la lumière du jour, il se comportait bien sans. Il laissait donc les volets en bois fermés, ce qui le coupait des fois de la réalité, s’imaginant tour à tour vestige d’un temps ancien qui n’attendait que d’être découvert puis ermite philosophe reclus de la civilisation. Dans tous les cas, son aspect misanthrope prenait le dessus et modélisait des histoires tout aussi fantastiques les unes que les autres. Mais son imagination débordante s’était évaporée à cet instant, donnant une sensation de vide chez lui.
Il avait atteint la salle de bain, ses deux mains sur le lavabo et regardait le miroir en face de lui. Un visage blême s’étendait sur la surface polie. Deux yeux bruns surplombaient les poches légèrement violacées trahissant un manque de sommeil évident. Une légère cicatrice partait de l’œil droit jusqu’au milieu de la joue du même côté. En observant cela, un vague souvenir d’enfance s’éveilla en lui mais s’éteignit rapidement, lueur d’une existence moribonde. Il releva une mèche de cheveu brun qui lui courait sur le tympan.
Il tourna lentement le robinet chromé d’eau froide pour se passer une main humide sur le visage qu’il avait observé quelques secondes avant. La fraîcheur du liquide le réveilla de sa torpeur instantanément. Quelques gouttes glissèrent le long de son cou. Il resta là quelques minutes durant, contemplant les traits de son visage, regardant intérieurement en lui-même la source de sa torpeur.
Etait-il lui-même à cet instant ?
Sans doute pas. Il sentit son corps trembler. Il agrippait le rebord du lavabo blanc nerveusement.
Il devait sortir, voir le monde. Il le sentait. Cela avait trop duré. Ces nuits blanches, ces fois où il avait passé des heures à contempler l’esprit humain devant sa bibliothèque, au travers de ces traités, de ces grands hommes. Il voulait soudain explorer la réalité. Il voulait voir si les livres disaient vrais. Il voulait voir si ces chercheurs étaient des rats de laboratoire comme lui ou des penseurs et analystes géniaux.
Il sursauta. C’était la première fois qu’il s’entendait parler d’une telle manière. Mais il avait toujours cette envie frénétique de sortir de son appartement. Celle-ci ne cessait de croître.
Il renfila rapidement son t-shirt, pris ses clefs puis se figea. Son petit carnet noir était toujours posé sur son bureau. Le livret brillait au milieu de l’enchevêtrement de livre, de brouillon et de feuillet griffonné à la hâte. Le cuir sombre reflétait presque le visage d’Edward, en proie à de soudains enjeux.
Fallait-il qu’il le prenne ?
Devait-il sortir sans sa précieuse source d’information ?
Un petit recueil qui concentrait presque l’intégralité de sa jeunesse. Sa main s’avança lentement vers la couverture satinée. Il la caressa, tendrement, comme si il se trouvait en présence d’une jeune fille. Soudain, il le prit violemment, un rictus déchirant ses lèvres, et le jeta de l’autre côté de la pièce tamisée, fracassant sur son passage un bouquet de fleur aux pétales dépassées, pour ensuite aller se loger dans la porte en contreplaqué d’un meuble bas et poussiéreux.
Edward se précipita, dans une frénésie explosive, sur le parquet grinçant et brunît. La lourde porte métallique s’ouvrit pour laisser passer le jeune homme entre ses montants lambrissés. Il ne prit même pas la peine et le temps de fermer à clef, continuant sa course vers les ascenseurs.
Il s’arrêta net à leur niveau, appuyant nerveusement sur les boutons. Les grands panneaux d’aciers ne s’ouvraient pas, en fait, ils ne s’ouvraient jamais. L’étudiant venait de remarquer le petit panneau en carton qui indiquait l’état dégradé des élévateurs.
Plusieurs secondes passèrent avant qu’il ne comprenne que l’escalier de service était ouvert à gauche des cages d’ascenseurs. Sa folie impétueuse reprit de plus belle quand il poussa le battant pour s’engouffrer dans les marches tortueuses et irrégulières qui semblaient descendre jusqu’aux Enfers. Il sauta plusieurs marches d’un bond, prenant appui sur la rampe mangée aux mites. Jamais dans sa vie il n’avait expérimenté une telle agilité. Celle-ci le faisait grimper, sauter, bondir, courir, glisser dans un escalier dont il avait habituellement la phobie.
Sa précipitation le fit dévaler la longue suite d’escalier et de couloir labyrinthique, se retrouvant enfin devant la massive porte de chêne. Une simple frontière le séparait maintenant du reste.
D’un côté, la rue, la ville, la civilisation.
De l’autre, lui.
Commentaires
- Droran
26/09/2013 à 21:01:22
La fin m'a fait sourire. Comment tenter de faire du suspense avec une future action pas épique pour un sou
J'ai bien aimé, et je me demande quel genre de récit ce sera. Je lirai la suite.