Note de la fic : Non notée
L'Attrape-Rêve
Par : MassiveDynamic
Genre : Science-Fiction, Fantastique
Statut : C'est compliqué
Chapitre 1 : La Séance
Publié le 30/08/2013 à 05:04:00 par MassiveDynamic
"C'est vous ? "
On aurait dit l'un de ces jeunes égarés à la dérive, qui cherchait désespérément un raccord à quelque chose. Qu'importe la nature de de l'aide, tant que cela le hisserait loin du typhon qui l'aspirait dans sa mare de problèmes. Il avait passé la porte et s'attendait à un endroit formel, organisé. Au lieu de ça, le jeune homme se tenait debout, hagard, dans un décor faisant plus office de petit studio que de cabinet de consultation. L'endroit ressemblait en de nombreux points à un appartement. Et le tout tenant plus d'un rendez-vous à domicile qu'à une vraie expérimentation, le client était sceptique et réticent à l'idée de s'essayer au processus. D'autant plus que la personne en charge semblait plus frêle et jeune que sur l'affiche. Il suspectait une éventuelle arnaque permettant à l'intéressé de récolter un peu d'argent sur le dos de certains crédules. Le jeune arrivé ne put s'empêcher de laisser une question rhétorique s'échapper de sa bouche, au risque de paraître impoli. L'autre homme lui faisait face. Il lui tendit la main, tout sourire.
"C'est bien moi. Je sais ce que vous vous dites. Appartement. Petit. Classique. Vous espériez peut-être quelque chose de plus mystique ? "
Le client paraissait un peu gêné. L'homme l'invita à s'asseoir.
" Je suis Théo. Et si vous êtes ici c'est qu'on a du vous parler de moi. Désirez-vous quelque chose à boire ? "
Théo s'installa à son tour dans un fauteuil face à son client. Le jeune lui répondit qu'il se nommait Maxime et qu'il avait entendu parler de lui via un ami. Il déclina dans le même temps le rafraîchissement.
"Bien. La séance coûte cinquante euros. Je préfère être payé avant le début de cette dernière, si vous n'y voyez pas d’inconvénient. "
L'homme hésita un instant, puis se décida et mis la main au porte-monnaie. Pendant que Théo rangeait l'argent, Maxime observait la pièce attentivement. L'endroit semblait à la fois cloisonné ,de part son manque d'espace presque oppressant, et à la fois gigantesque, car recelant une multitude d'autres pièces malheureusement verrouillées par de nombreuses portes. Son attention se porta sur les nombreuses horloges accrochées au mur. Il avait déjà remarqué en rentrant la montre à gousset accrochée autour du cou de Théo. Étrange, cette obsession pour les horloges, se dit-il. Ses yeux lorgnèrent sur une peinture représentant un étrange symbole en forme de triangle barré, puis Théo captiva à nouveau l'attention du jeune égaré en l'interpellant.
" Merci pour votre patience. Avant de commencer, sachez que tout est sans danger, et que tout ce que vous verrez paraîtra réel et le sera d'une certaine façon, mais il vous sera impossible d'interagir avec ce que vous verrez, ni modifier quoi que ce soit. Ca sera comme visionner un film, en somme. "
Maxime écoutait attentivement les dires de son interlocuteur. Pour autant, il se demandait s'il n'était pas en train de se faire manipuler en se faisant assommer de paroles pour mieux croire à toute cette histoire. Mais d'après les échos qu'il avait eu, il n'y avait aucun doute. Théo avait un don.
"Une dernière chose. C'est à propos de quoi ? "
En entendant cette phrase, Maxime parut se rétracter. Il se racla la gorge, mais Théo l'empêcha de parler et lui dit que, finalement, il n'avait pas besoin de le savoir. Maxime n'avait juste qu'à se concentrer. Théo se leva puis se rapprocha du mur derrière Maxime. Il posa les mains sur un drap et le souleva, laissant découvrir ce qu'il recouvrait.
"Fermez les yeux, Maxime. Détendez-vous et profitez du voyage. "
Théo s'installa sur un tabouret. Il prit une profonde inspiration puis clos ses yeux. Et, instinctivement, il laissa ses doigts faire le travail. Théo n'était pas croyant. Il n'avait pas de définition particulière pour le divin, mais ce qu'il faisait à ce moment précis avait bien un aspect qui lui échappait. Qu'importe, se dit-il. Ses pensées filtraient, dansaient. Le silence monotone de la pièce fut brisé par les douces notes d'un piano. Rapidement, une mélodie prit forme et s'anima aux oreilles de Maxime. Les deux êtres furent transposés dans un autre espace, dans un autre temps. La musique absorbait entièrement Maxime. Elle était partout, sous toutes les formes. Dans les choses, dans toute entité, et même en lui. Le son mélodieux du piano rendit le monde harmonieux en une poignée de secondes. Ce que ressentit Maxime ne pouvait pas être décrit. C'était comme être là sans véritablement l'être. Il eut l'impression d'être happé dans un ailleurs en totale fracture avec son monde. Et soudain, il prit conscience. Ca avait fonctionné. Elle était là. Il était devant elle. Et elle l'embrassa. Les notes de musiques fusaient, Théo interprétait sa composition comme un véritable artiste. Maxime se trouvait au bord d'un étang, une fille à ses côtés. La mélodie se faisait de plus en plus douce et s'amenuisait dans ses oreilles. Bientôt, il n'entendait plus que la voix de sa dulcinée.
"Je t'aime Maxime. "
Son sourire. Ses fossettes. Maxime se perdait sur chaque détail du visage de son amoureuse. Mais il n'avait aucun contrôle réel sur son propre corps. Il ne faisait que voir à travers ses yeux, ou plutôt revoir. Revoir les souvenirs d'un temps désormais révolu. Cela semblait si réel... Maxime ne pouvait pas croire ce qu'il vivait. Pourtant, ses yeux ne pouvaient le trahir. Et à nouveau, il entendait ce qui furent au commencement des promesses éternelles.
"Toujours unis. Il n'y aura que nous deux. "
Elle disait ça avec tant de naïveté. Lui, il ne pouvait pas s'empêcher de douter.
"Je ne suis pas le premier. Et, tu sais, ça m'est égal d'être le dernier ou pas. C'est juste que... je me sens bien avec toi. Là, ici, par exemple, je suis bien. Parfaitement à ma place. Je pourrais faire un millier d'autres choses, ça ne me procurerait pas le plaisir que je ressens actuellement. Et ça me suffit. Alors pas de promesses. J'ai horreur des promesses. "
Après ça, Maxime se tut.Un baiser fit office de conclusion à la conversation. A nouveau, il revoyait ses meilleurs souvenirs avec elle. Il souriait. Ce qui n'était qu'un souvenir prit enfin forme. Maxime avait bien été heureux.
La musique continuait de manière soutenue, mais le décor s'effaça progressivement, l'étang fut remplacé par la table du salon de Théo et l'herbe verte se métamorphosa en un carrelage froid. L'horizon se referma et des murs vinrent le délimiter. Maxime était revenu. Étonné, Théo interrompu son morceau. Le piano s'arrêta, et un vide s'empara à nouveau de la pièce.
" Il vous suffisait de penser à un autre souvenir pour vous transposer dedans à nouveau ! Pourquoi êtes-vous déjà revenu ? "
Théo s'installa aux côtés de Maxime. Ce dernier semblait à la fois heureux et nostalgique. Un coeur rempli d'amertume, en somme. Les yeux vitreux, il prit la parole, tête baissée.
"Je ne pouvais pas m'empêcher de penser à comment ça s'est terminé. Parce qu'il faut toujours qu'il y ait une fin. Et je ne voulais pas revivre ça. Alors j'ai pensé très fort à votre appartement. "
Théo acquiesça silencieusement. Ça n'était pas la première fois qu'un client agissait de la sorte.
"Je vois. Si vous le souhaitez, nous pouvons explorer d'autres souvenirs. "
Maxime se leva précipitamment.
"Non, merci, non. C'est tout ce que je voulais. J'ai douté de vous, mais vous êtes véritablement béni. Pouvoir faire ce que vous faites avec un simple instrument... Merci. J'en parlerai autour de moi. "
Le jeune homme quitta la pièce. Théo savait qu'il ne le reverrait plus jamais, mais le temps d'un court moment, il avait partagé sa vie, vécu ses souvenirs. Cela nourrissait également les siens, d'une certaine façon. Il sourit un moment, effleura son piano des doigts, puis le recouvra à nouveau de son drap blanc, en attendant le prochain client.
Théo quitta son salon pour rejoindre sa chambre. Un gigantesque tableau comportant une photo le représentant au milieu de trois autres personnes le représentait. Il resta devant une dizaine de secondes en le contemplant calmement, puis s'assis sur le lit. Il décrocha sa montre à gousset de son cou puis la posa sur sa table de chevet et il retira son polo puis son pantalon, laissant ainsi apparaître le tatouage sur sa cuisse représentant un triangle barré. Épuisé par la séance, il ferma les yeux, et, en fredonnant sa mélodie, Théo se laissa emporter dans les steppes infinies de son esprit.
On aurait dit l'un de ces jeunes égarés à la dérive, qui cherchait désespérément un raccord à quelque chose. Qu'importe la nature de de l'aide, tant que cela le hisserait loin du typhon qui l'aspirait dans sa mare de problèmes. Il avait passé la porte et s'attendait à un endroit formel, organisé. Au lieu de ça, le jeune homme se tenait debout, hagard, dans un décor faisant plus office de petit studio que de cabinet de consultation. L'endroit ressemblait en de nombreux points à un appartement. Et le tout tenant plus d'un rendez-vous à domicile qu'à une vraie expérimentation, le client était sceptique et réticent à l'idée de s'essayer au processus. D'autant plus que la personne en charge semblait plus frêle et jeune que sur l'affiche. Il suspectait une éventuelle arnaque permettant à l'intéressé de récolter un peu d'argent sur le dos de certains crédules. Le jeune arrivé ne put s'empêcher de laisser une question rhétorique s'échapper de sa bouche, au risque de paraître impoli. L'autre homme lui faisait face. Il lui tendit la main, tout sourire.
"C'est bien moi. Je sais ce que vous vous dites. Appartement. Petit. Classique. Vous espériez peut-être quelque chose de plus mystique ? "
Le client paraissait un peu gêné. L'homme l'invita à s'asseoir.
" Je suis Théo. Et si vous êtes ici c'est qu'on a du vous parler de moi. Désirez-vous quelque chose à boire ? "
Théo s'installa à son tour dans un fauteuil face à son client. Le jeune lui répondit qu'il se nommait Maxime et qu'il avait entendu parler de lui via un ami. Il déclina dans le même temps le rafraîchissement.
"Bien. La séance coûte cinquante euros. Je préfère être payé avant le début de cette dernière, si vous n'y voyez pas d’inconvénient. "
L'homme hésita un instant, puis se décida et mis la main au porte-monnaie. Pendant que Théo rangeait l'argent, Maxime observait la pièce attentivement. L'endroit semblait à la fois cloisonné ,de part son manque d'espace presque oppressant, et à la fois gigantesque, car recelant une multitude d'autres pièces malheureusement verrouillées par de nombreuses portes. Son attention se porta sur les nombreuses horloges accrochées au mur. Il avait déjà remarqué en rentrant la montre à gousset accrochée autour du cou de Théo. Étrange, cette obsession pour les horloges, se dit-il. Ses yeux lorgnèrent sur une peinture représentant un étrange symbole en forme de triangle barré, puis Théo captiva à nouveau l'attention du jeune égaré en l'interpellant.
" Merci pour votre patience. Avant de commencer, sachez que tout est sans danger, et que tout ce que vous verrez paraîtra réel et le sera d'une certaine façon, mais il vous sera impossible d'interagir avec ce que vous verrez, ni modifier quoi que ce soit. Ca sera comme visionner un film, en somme. "
Maxime écoutait attentivement les dires de son interlocuteur. Pour autant, il se demandait s'il n'était pas en train de se faire manipuler en se faisant assommer de paroles pour mieux croire à toute cette histoire. Mais d'après les échos qu'il avait eu, il n'y avait aucun doute. Théo avait un don.
"Une dernière chose. C'est à propos de quoi ? "
En entendant cette phrase, Maxime parut se rétracter. Il se racla la gorge, mais Théo l'empêcha de parler et lui dit que, finalement, il n'avait pas besoin de le savoir. Maxime n'avait juste qu'à se concentrer. Théo se leva puis se rapprocha du mur derrière Maxime. Il posa les mains sur un drap et le souleva, laissant découvrir ce qu'il recouvrait.
"Fermez les yeux, Maxime. Détendez-vous et profitez du voyage. "
Théo s'installa sur un tabouret. Il prit une profonde inspiration puis clos ses yeux. Et, instinctivement, il laissa ses doigts faire le travail. Théo n'était pas croyant. Il n'avait pas de définition particulière pour le divin, mais ce qu'il faisait à ce moment précis avait bien un aspect qui lui échappait. Qu'importe, se dit-il. Ses pensées filtraient, dansaient. Le silence monotone de la pièce fut brisé par les douces notes d'un piano. Rapidement, une mélodie prit forme et s'anima aux oreilles de Maxime. Les deux êtres furent transposés dans un autre espace, dans un autre temps. La musique absorbait entièrement Maxime. Elle était partout, sous toutes les formes. Dans les choses, dans toute entité, et même en lui. Le son mélodieux du piano rendit le monde harmonieux en une poignée de secondes. Ce que ressentit Maxime ne pouvait pas être décrit. C'était comme être là sans véritablement l'être. Il eut l'impression d'être happé dans un ailleurs en totale fracture avec son monde. Et soudain, il prit conscience. Ca avait fonctionné. Elle était là. Il était devant elle. Et elle l'embrassa. Les notes de musiques fusaient, Théo interprétait sa composition comme un véritable artiste. Maxime se trouvait au bord d'un étang, une fille à ses côtés. La mélodie se faisait de plus en plus douce et s'amenuisait dans ses oreilles. Bientôt, il n'entendait plus que la voix de sa dulcinée.
"Je t'aime Maxime. "
Son sourire. Ses fossettes. Maxime se perdait sur chaque détail du visage de son amoureuse. Mais il n'avait aucun contrôle réel sur son propre corps. Il ne faisait que voir à travers ses yeux, ou plutôt revoir. Revoir les souvenirs d'un temps désormais révolu. Cela semblait si réel... Maxime ne pouvait pas croire ce qu'il vivait. Pourtant, ses yeux ne pouvaient le trahir. Et à nouveau, il entendait ce qui furent au commencement des promesses éternelles.
"Toujours unis. Il n'y aura que nous deux. "
Elle disait ça avec tant de naïveté. Lui, il ne pouvait pas s'empêcher de douter.
"Je ne suis pas le premier. Et, tu sais, ça m'est égal d'être le dernier ou pas. C'est juste que... je me sens bien avec toi. Là, ici, par exemple, je suis bien. Parfaitement à ma place. Je pourrais faire un millier d'autres choses, ça ne me procurerait pas le plaisir que je ressens actuellement. Et ça me suffit. Alors pas de promesses. J'ai horreur des promesses. "
Après ça, Maxime se tut.Un baiser fit office de conclusion à la conversation. A nouveau, il revoyait ses meilleurs souvenirs avec elle. Il souriait. Ce qui n'était qu'un souvenir prit enfin forme. Maxime avait bien été heureux.
La musique continuait de manière soutenue, mais le décor s'effaça progressivement, l'étang fut remplacé par la table du salon de Théo et l'herbe verte se métamorphosa en un carrelage froid. L'horizon se referma et des murs vinrent le délimiter. Maxime était revenu. Étonné, Théo interrompu son morceau. Le piano s'arrêta, et un vide s'empara à nouveau de la pièce.
" Il vous suffisait de penser à un autre souvenir pour vous transposer dedans à nouveau ! Pourquoi êtes-vous déjà revenu ? "
Théo s'installa aux côtés de Maxime. Ce dernier semblait à la fois heureux et nostalgique. Un coeur rempli d'amertume, en somme. Les yeux vitreux, il prit la parole, tête baissée.
"Je ne pouvais pas m'empêcher de penser à comment ça s'est terminé. Parce qu'il faut toujours qu'il y ait une fin. Et je ne voulais pas revivre ça. Alors j'ai pensé très fort à votre appartement. "
Théo acquiesça silencieusement. Ça n'était pas la première fois qu'un client agissait de la sorte.
"Je vois. Si vous le souhaitez, nous pouvons explorer d'autres souvenirs. "
Maxime se leva précipitamment.
"Non, merci, non. C'est tout ce que je voulais. J'ai douté de vous, mais vous êtes véritablement béni. Pouvoir faire ce que vous faites avec un simple instrument... Merci. J'en parlerai autour de moi. "
Le jeune homme quitta la pièce. Théo savait qu'il ne le reverrait plus jamais, mais le temps d'un court moment, il avait partagé sa vie, vécu ses souvenirs. Cela nourrissait également les siens, d'une certaine façon. Il sourit un moment, effleura son piano des doigts, puis le recouvra à nouveau de son drap blanc, en attendant le prochain client.
Théo quitta son salon pour rejoindre sa chambre. Un gigantesque tableau comportant une photo le représentant au milieu de trois autres personnes le représentait. Il resta devant une dizaine de secondes en le contemplant calmement, puis s'assis sur le lit. Il décrocha sa montre à gousset de son cou puis la posa sur sa table de chevet et il retira son polo puis son pantalon, laissant ainsi apparaître le tatouage sur sa cuisse représentant un triangle barré. Épuisé par la séance, il ferma les yeux, et, en fredonnant sa mélodie, Théo se laissa emporter dans les steppes infinies de son esprit.