Cherilee

Il y a maintenant des années qu'elle est morte. Des années que nous devons vivre sans elle, une fille aussi douce qu'agréable, je vous l'assure. Elle n'a pas rejoint l'autre monde, non. Elle hante mon âme, mes pensées et mes songes. Je refais souvent le même rêve, le rêve où je la vois. Elle me fait un sourire timide et me murmure tout bas ce qu'elle pense bien haut. Je la revois toutes les nuits, elle me fait un sourire, m'appelle, me demande de la rejoindre. Elle dit aussi que je lui manque et qu'elle voudrait être dans mes bras, puis, elle disparaît, me laissant seul avec moi-même... Un réveil assez difficile en somme puisque je ne peux plus que contenter le vide qu'elle a laissé dans ma vie. Elle ne voulait pas partir, elle était trop jeune pour mourir, ils n'avaient pas le droit de se rater, elle ne le méritait pas. J'aurais dû être à sa place.

C'est là que je me dis que j'ai échoué. Maintenant que j'ai perdu la personne que j'aimais. Tout est de ma faute, je le sais. C'est une conséquence de tout mes actes passés, de toutes mes bêtises. Elle m'avait prévenu, elle le savait. Elle disait que je le regretterais amèrement et que je ne pourrais jamais expier ma faute. Elle pleurait, me suppliait de pas le faire, j'étais aveugle, aveuglé par les substances que j'avais assimilé...et conscient du fait que la lune ne faisait pas un éclairage suffisant. Je n'étais plus conscient de mes actes, j'ai agis en connaissance de cause.

Nous chevauchions l'engin de mort lorsque l'accident est arrivé. Quelqu'un venait en sens inverse, pleins phares et il nous a aveuglé. Réflexe humain mais stupide, je veux ralentir et ne maîtrisant plus ma force, j'écrase la pédale de frein arrière. On glisse, je perds le contrôle, on vacille. C'est la chute. Je glisse sur l'asphalte, ma peau se déchirant à chaque contact avec le sol, je finis ma route dans un fossé.
Cherilee elle, est restée en haut. Il y eu un cri et un coup de klaxon, s'en suivit d'un bruit immonde, celui des os qui se brisent. Les ronronnements du moteur s'arrêtent alors, puis vint le claquement d'une portière. Je brisais le silence avec mes gémissements de douleurs, hurlant qu'on appelle les secours, qu'on vienne m'aider.
Je ne savais pas que non loin, un ange retournait après de son maître.

Des bruits de pas s'approchent, j'entends quelqu'un me plaindre, cette même personne semble appeler les secours. Il tente de me rassurer, me dit que tout se passera bien pour moi. Il ne me parle pas d'elle. Il sait que c'en est fini, il sait que nous sommes les seuls responsables. Que je suis responsable.
Les sirènes ne se sont faîtes entendre que tardivement, une heure après l'appel. Crissements de pneus puis une agitation indescriptible. On s'approche de moi, on me parle, on me rassure... On me porte, on me place sur une civière, on me fait monter dans l'ambulance. Je demande des nouvelles de Cherilee. Ils ne me répondent pas. C'est dans leur silence que j'ai compris. Je peux dire que je suis mort à cet instant précis. Mon coeur s'était brisé, mon âme déchirée.
Elle est morte.
C'est un fardeau dont je ne pourrais jamais me débarrasser...
Je voudrais tellement pouvoir te dire que je suis désolé...