Le départ

Trois semaines plus tôt…

-T’es sûr que t’as rien oublié ?
-Oui maman, chui sûr !
-T’as tout ce qui te faut ?
-Mais oui t’inquiète !

Toujours les mêmes questions ! On reconnaît bien là le genre d’interrogations débiles qui hantent nos chères maternelles.

-Bon, alors on y va ! Mets ta valise dans le coffre et arrive !
-J’arrive ‘man !

Wouh ! Trois semaines de pur bonheur chez mon corres’ allemand ! Ca va être trop la classe ! La liberté totale, l’Allemagne, les potes, les mêmes allemands qui étaient chez nous en octobre dernier ! Je vais nager dans la plus pure joie pendant trois semaines ! Bon, c’est pas tout mais j’ai un avion à prendre ! Alors j’obéis et je prends ma valise, la charge dans le coffre, dis vite fait au revoir à mes deux frères et à mon beau-père et hop, en voiture !

-Allez, on y go ! Appuie sur le champignon !
-T’as l’air pressé toi, dis donc ! s’exclame ma mère d’un air amusé.
-Et comment !

Ca y est ! La silhouette imposante de l’aéroport de Saint-Denis de La Réunion s'esquisse enfin dans la nuit étoilée. L'aéroport, le point de départ de cette aventure longue de trois semaines ! Wow c’est super excitant ! Je décharge mes bagages et rejoins le hall principal où pas mal de potes à moi tapent déjà la discut’. En passant, je chope des bribes de convers’ : « Tain, on va trop s’éclater ! » « Eh, faut qu’on foute le bordel dans l’avion ». Ah la la, bande de petits rebelles anarchiques ! Le prof aussi est déjà là, avec les deux accompagnateurs que je ne connais pas encore. Je leur dis bonsoir, ma mère fait de même puis me confie à eux. Un dernier au revoir et elle s’éclipse. Arf ! Enfin peinard, sans famille !

-On enregistre à quelle heure s’il vous plaît ?
-On va pas tarder, me répond mon prof. On vous appellera.
-Okay ! Merci !

J’aperçois Thibault, Louis et Robin qui sont en cercle en train de parler. Je me joins à eux, leur adresse un petit salut et tente d’accrocher à la conversation mais perso, Build and Fight, c’est pas mon truc ! Alors je vais voir les autres. Je discute avec Mégane, je rigole bien avec elle, elle est top !
-Alors, pressée de retrouver Franzi ?
-Ouais trop ! Et toi Lukas ?^^
-Bah oui bien sûr ! En plus, y a des allemands qu’on connaît pas encore ; si ça se trouve, on va en rencontré d’autres qui seront sympa !
-J’avoue…

Puis notre prof nous appelle. On va enregistrer. C’est cool, y a encore personne à l’aéroport, pas besoin de faire la queue. Je salue poliment la madame, lui glisse ma carte d’identité sur le comptoir puis dépose ma valise sur le tapis roulant. Je reprends mes papiers et rejoins ceux qui ont déjà enregistré en attendant les autres. Vingt minutes plus tard, on passe les douanes, on se dessape ; c’est hallucinant, t’as l’impression d’être un terroriste précoce qui planque des explosifs dans son tube de dentifrice ! Enfin, on arrive dans la salle d’attente. Là, on parle tous ensemble, on déconne bien, on joue aux cartes en attendant l’heure de monter dans l’avion. Therese, l’accompagnatrice nous prévient d’un sourire radieux qu’on doit y aller, un petit accent allemand irrésistible dans le timbre de la voix. Alors on la suit comme des bons petits moutons de Panurge tout enthousiastes.

Voilà ! On y est enfin ! On traverse un long couloir de verre afin de monter à bord. Je regarde Saint-Denis s’endormir. Non, cette ville ne me manquera pas. Ce soir, la nostalgie n’est pas avec moi.
« Bienvenue à bord ». Dans onze heures, on sera tous à Paris…